LE DEFI DES OVNI
"Le statut d'une hypothèse ne se détermine pas par la quantité de faits observés mais par leur qualité. Une théorie trouvera toujours des adeptes."
Depuis que nous existons, notre curiosité nous a permis de maîtriser certains phénomènes naturels. D'autres phénomènes restent difficiles à cerner. Ainsi en est-il de ces humanoïdes sortis des "soucoupes volantes" et présumés issus d'un point précis de l'univers où une autre forme de vie évoluée existerait. La caricature est assez sévère mais c'est bien là que ce cache l'objet du débat.
Chacun de nous a déjà entendu parlé de ce phénomène et bon nombre de personne le tourne en dérision. Mais ne l’enterrons pas trop vite. Je crois, sans trop me tromper, que la majorité d’entre nous aimerait bien qu’”ils” existent afin de conforter notre filiation cosmique. Comme nous l’avons expliqué ailleurs 1 , cette découverte serait fondamentale et aurait des conséquences inimaginables sur notre avenir.
Feu le Dr.James E.McDonald 2 , physicien de l'atmosphère travaillant activement dans les années 1960 à élucider le problème OVNI, estimait que c'était "le plus grand problème scientifique de notre temps". En compagnie de quelques chercheurs, il défendit farouchement l'étude scientifique du problème OVNI. Malheureusement, quarante ans plus tard, la majorité des scientifiques demeurent réservés, sceptiques voire hostiles au phénomène.
Les plus hostiles, parmi lesquels nous trouvons des astronomes, considèrent que les OVNI relèvent de méprises ou d’hallucinations, d’autres - une minorité aujourd’hui - sont convaincus que ce phénomène n’a pas sa place dans un cadre scientifique. Les uns en appel à notre méconnaissance des lois de la Nature, les autres à la sociopsychologie, au paranormal, voire au mythe religieux. Toutes ces tentatives d’explication ne sont pas négatives pour autant. Car ce que l’on considérait jadis comme du ressort de la métaphysique ou du paranormal trouve aujourd’hui une explication rationnelle. Les éclairs, les météorites, les comètes ou les éclipses n’effrayent plus personne. La théorie du Big Bang nous permet d’entrevoir les forces de la Création et la physique quantique nous permet de sonder les soubassement de la matière et d'entrevoir une harmonie entre énergie et matière. Ces théories sortent du cadre de la métaphysique et nous les considérons avec le plus grand respect.
Notre attitude est toute différente en ce qui concerne le phénomène OVNI car il soulève de nombreuses questions sur sa nature et par voie de conséquence sur la complétude de nos théories. Nous verrons plus loin que ces “objets” issus on ne sait d’où ont quelquefois laissé des traces tangibles sur le sol, sur les objets et même sur quelques malheureux observateurs trop téméraires. Ces apparitions étant fugaces et aléatoires, sans preuves indiscutables reproductibles ce sujet rencontre difficilement l'approbation des scientifiques. C'est la principale raison pour laquelle la plupart d'entre eux ont rejeté la problématique OVNI dans le domaine des pseudosciences. Toutefois il faut saluer le courage de quelques chercheurs qui n’hésitent pas à quitter leur laboratoire pour tenter d'expliquer l'impossible.
Aujourd'hui, contrairement à la période antérieure à l'exploration spatiale, on peut sérieusement considérer que le phénomène OVNI est du ressort des sciences exactes; il peut-être étudié par les physiciens par exemple. La Science met à leur disposition des moyens de détection, pour ne citer que les satellites artificiels. On ne peut plus être d'accord avec les scientifiques qui considèrent que le phénomène OVNI ne peut-être abordé que par les disciplines qui touchent aux sciences humaines. Les associations qui osent s'attaquer à ce problème disposent aujourd'hui d'arguments suffisamment étayer pour tenir tête à leurs détracteurs. J’espère que le texte qui suit vous en convaincra.
1
Cf l'ouvrage consacré à la bioastronomie, "Bouillon de culture". 2 J.McDonald, "OVNI : Le plus grand problème scientifique de notre temps", texte présenté à la Société américaine des Directeurs de Journaux, traduit in Phénomènes Spatiaux, N° spécial, 1969.
Ainsi que le compte-rendu historique le rappellera ci-dessous, le Dr.Hynek fut conseiller scientifique de l'Armée de l’air américaine et considéré comme l'un des astronomes les plus objectifs de cette controverse, souhaitant une étude approfondie du problème OVNI. Décédé 3 en 1986, il était directeur du centre de recherche astronomique Lindheimer de la NorthWestern University en Illinois et avait fondé en 1973 le Center for UFO Studies (CUFOS) toujours actif aujourd'hui. Il relata son expérience de plus de 20 années d'étude du phénomène OVNI dans un ouvrage célèbre intitulé Les Objets Volants Non Identifiés : mythe ou réalité ? 4 , dans lequel il définit un OVNI de la façon suivante : "La perception relatée sous forme écrite, d'objets ou de lumières, observés dans le ciel ou au sol et dont l'aspect, la trajectoire, le comportement général et la luminescence ne suggèrent pas une explication logique et conventionnelle, et qui est non seulement mystérieuse pour l'observateur original, mais demeure non identifiée après examen minutieux de toutes les preuves disponibles par des personnes qui sont techniquement capables de procéder à une identification de sens commun, si cela est possible".
Si on estime à quelques centaines les notifications d'OVNI, qui chaque jour, sont rapportées sur l'ensemble de la Terre, on peut se demander pourquoi le phénomène OVNI reste-t-il si mystérieux. En fait, les OVNI sont observés par Monsieur-tout-le-monde, vous et moi le cas échéant, et à de rares exceptions près, jamais deux fois par la même personne et dans les mêmes conditions. C'est le premier facteur qui démotive les scientifiques.
Devant l'ampleur du phénomène, de nombreux pionniers, souvent indépendants et solitaires ont cherché à comprendre ce que la science refusait de reconnaître.
Il faut en effet bien constater que depuis des dizaines d'années, les témoins ont aperçu quelque chose d'inhabituel dans le ciel ou près du sol, qu'un jour ou l'autre les universités devront prendre en considération et surtout ne pas négliger. C'est le premier pas d'une démarche scientifique qui, nous le verrons, n'est pas toujours prise en compte. De nos jours cette prise de conscience s'effectue de façon discrète, notamment à travers la participation de quelques chercheurs avec les associations nationales.
Aux yeux des témoins, les lumières ou les objets qu'ils ont vu présentent tous les aspects de la réalité, mais chacun reconnaît qu'il s'agit là d'une interprétation subjective qui doit être objectivée. La plupart du temps l'observation est en effet bien réelle, les canulars étant plutôt rares. Mais ainsi que nous le verrons, les témoins ont peut-être assisté à la manifestation d'un phénomène rare mais naturel, dont ils ignoraient l'existence : combien d'entre nous ont déjà vu un éclair en boule ou la réflexion de lumières dans l'atmosphère ? Mon père a personnellement assisté aux deux phénomènes, c'est exceptionnel, mais il confirme la règle.
Ce qui est "non identifié" pour les uns est de nature bien définie pour d'autres. Chacun de nous voit tous les jours des objets "non identifiés" : une ombre fugitive dans un arbre, un point brillant qui file dans le ciel, une masse qui s'engouffre dans un fourré. Par l'expérience acquise, l'observation détaillée de la nature et notre culture, nous savons par exemple que les objets entr'aperçus sont respectivement un oiseau, un avion de ligne et peut-être notre chat. Pour être précis nous aurions eu besoin d'affiner notre analyse de la situation. C'est l'expérience du témoin et la précision des données qui bien souvent font défaut dans les notifications d'OVNI.
A l'heure actuelle, dans la majorité des cas, l'interprétation rationnelle des faits permet d'élucider jusqu'à 90% des témoignages. A travers une critique des sources méthodique qui tamise très finement les comptes-rendus, des enquêteurs aguerris à ce genre de travail peuvent conclure sereinement, au grand regret des témoins, que la plupart du temps ces derniers ont eu la méprise de confondre un OVNI avec un phénomène naturel ou un objet connu.
L'impact des réactions sociopsychologiques est un autre aspect du phénomène qui n'est pas négligeable non plus. L'étude du comportement des hommes en société, l'influence inconsciente des médias et les motivations du témoin sont des facteurs dont les enquêteurs doivent tenir compte et nous prendrons le temps d'analyser cette approche du phénomène.
Malgré le filtrage de l'information brute, une fois objectivée il reste un pourcentage de manifestations réfractaire à toute explication. Après avoir conduit une enquête minutieuse auprès des témoins et tenté de trouver une explication rationnelle à leur observation, le mystère demeure. Parfois les faits sont corrélés avec des conditions physiques particulières que l'on retrouve dans d'autres notifications équivalentes. Malgré la collaboration des autorités - souvent impliquées dans des missions tenues secrètes -, dans un certain nombre de cas irréductibles, tous les spécialistes avouent finalement leur incompétence devant notre méconnaissance de la nature.
3 K.Henize, "J.Allen Hynek: 1910-1986", Sky & Telescope, August 1986. 4
J.A.Hynek, "The UFO Experience - A Scientific Inquiry", Chicago:Henry Regnery, 1972 traduit in J.A.Hynek, "Les Objets Volants Non Identifiés: mythe ou réalité ?", Belfond, 1974; Robert Laffont, 1978 - J.A.Hynek, "The Hynek UFO report", Dell, 1977.
Les traces matérielles d'OVNI ou leur photographie, les échos radars multiples et corrélés avec les observations des témoins ou les rencontres rapprochées avec des humanoïdes symbolisent toute la problématique du phénomène OVNI. Nous avons des traces tangibles ou des mesures physiques mais l'expérience n'est pas reproductible.
Notre démarche n'est pas ambiguë car c'est une saine curiosité qui nous motive. Malgré la nature indéterminée du phénomène et son inconstance, nous devons réunir toutes les compétences pour repousser toujours plus loin les limites du savoir. Seuls des chercheurs non conformistes, ayant le goût de comprendre l'inexpliqué renverseront le statut de l'ufologie, celui d'une science en quête de légitimité.
Toutes manifestations d'OVNI confondues, on recense sur les 4 continents des événements inexpliqués. Les observations sont pour la plupart effectuées dans les pays où sont menées les investigations les plus actives. Il s'agit notamment des Etats-Unis, du Canada, de la France, de l'Espagne, de l'Australie, de l'Argentine et de l'Angleterre. Il faut également citer le Brésil, l'Allemagne et la Belgique qui, ces dernières années, ont fait l'objet de nombreuses dépositions.
Tous les témoins relatent l'observation d'objets matériels ou de lumières, mobiles ou fixes, plus ou moins rapprochés, de traces sur le sol ou des effets inhabituels, et exceptionnellement de la présence de créatures douées de mouvement à l'entoure. Au-delà de la méprise ou d'un signe de folie, ces expériences relatent des incidents réels mais temporaires que le Dr.Hynek 5 classa naturellement en deux grandes catégories d'événements.
1. Les rapports dans lesquels l'OVNI est décrit comme ayant été observé à une certaine distance :
2. Les rapports concernant les observations rapprochées :
- La rencontre rapprochée du 3e type : ce sont des rapports mentionnant la présence d'"occupants" tout autour de l'OVNI. Cette catégorie impose la crédibilité foncière du témoin.
Le Dr.Hynek fait une distinction nette entre les rapports de ceux qui font état de la présence d'être supposés intelligents dans l'"engin spatial" et ceux qui émanent de soi-disant "contactés", car ils se croient souvent chargés divinement de diffuser un message. Non seulement ces "communicants" se révèlent-ils souvent être des fanatiques pseudo-religieux, mais ils présentent invariablement un très faible indice de crédibilité. Cela provoque la risée des scientifiques et du public, renforçant l'image populaire des "Martiens" et le côté science-fiction du problème. Ces derniers “sont dit-il, en général "refoulés au portail" par le filtrage”.
J.A.Hynek, "Les Objets Volants Non Identifiés: mythe ou réalité ?", op.cit., pp46-51.
Les OVNI font partie du décor de l'humanité depuis la préhistoire et l'apparition de l'art pariétal. Mais suffit-il d'interpréter une peinture rupestre ou une statue en fonction de ses émotions pour affirmer qu'il s'agit de la représentation d'êtres extraterrestres ? Bien sûr que non. Et pourtant. Les ufologues idéalistes voient par exemple dans les fameuses peintures des grottes du Sahara ou de Valcamonica en Italie du nord, des figures humaines portant des casques hermétiques hérissés d'antennes. Pour le paléoethnologue Jean-Loïc Lequellec 7 il s'agirait plutôt de la symbolisation d'un masque "calebasse". Ailleurs, dans les grottes d'Altamira ou en Ardèche les hommes préhistoriques ont dessiné des objets possédant une sorte de "train d'atterrissage". Lequellec ou Anati y voit des symboles initiatiques.
Scientifiquement parlant, de nombreux témoignages ont été recueillis depuis l'Antiquité mais ils ne reposent sur aucune donnée fiable. Les comptes-rendus sont allégoriques, fragmentaires et manquent souvent de crédibilité. Tous les auteurs citent toutefois l'observation d'objets brillants en vol ou sur le sol. Citons les "chars volants" et les "dragons de feu" de la Chine impériale, les "buissons ardents" du Proche-Orient ou le projectile "flamboyant, brûlant d'un feu sans fumée" dans le Drona Parva indien. Plus récemment, nous pouvons lire les descriptions de "chérubins s'élevant de terre, accompagnés de roues" chez le prophète Ezéchiel 8 (-593 ACN) ou la poursuite de l'armée d'Alexandre le Grand (-329 ACN) par deux objets volants. Tite-Live, Pline l'Ancien ou Cicéron rapportent des manifestations d'OVNI tout aussi énigmatiques.
D'autres soi-disant preuves sont reproduites sur des fresques médiévales ou de la Renaissance. On y voit des objets dans le ciel, renfermant quelquefois une silhouette. Enfin de nombreux "experts" ont reconnus des "extraterrestres" dans des statuettes japonaises, de l'île de Pâques, du Pérou, d'Egypte ou d'Australie. Tous ces indices n'ont encore une fois qu'une valeur anecdotique et chacun sait qu'une oeuvre d'art, comme un texte sacré, peuvent être interprétés par chacun de plusieurs façons.
Nous reviendrons sur ces thèmes et leurs interprétations en temps utile, mais il déjà aisé de comprendre que beaucoup de ces phénomènes s'expliquent aujourd'hui de façon naturelle.
Nous pouvons toutefois citer quelques événements historiques qui ont marqué la mémoire des hommes, au point de figurer dans les comptes-rendus scientifiques. En 1561 par exemple les habitants de Nuremberg observèrent des objets cylindriques et des sphères en évolution au-dessus de leur ville tandis que le même événement se reproduisit à Bâle en 1566.
Le 20 mai 1646 au-dessus de Londres “d’étranges signes sont apparus dans le ciel et des sons indésirables”. L’événement fut remarqué par “divers civils honnêtes, sobres et de bon crédit” écrivit T.Forcet cette année là. Les témoins ont vu des hommes dans le ciel faisant des efforts, s’acharnant et tirant ensembles, l’un d’eux tenant un glaive. Plus tard “entre Newmarket et Thetford ont vit un pilier de nuages descendre sur la terre, la garde d’épée dirigée vers le bas”. Le phénomène dura environ une heure et demi.
De 1762 à 1870 de nombreuses observations ont été consignées. Quelques unes décrivent des lumières mystérieuses dans le ciel ou des objets arrondis observés de jour. Il est important de relater ces observations car à cette époque il n’existait pas de télégraphe, ni de téléphone ou de radio pour rapidement propager ces nouvelles.
De 1870 au tournant du siècle, une série de notifications font état de la présence d’objets en vol. En Angleterre, le Times rapporta l’observation d’une forme elliptique suivie d’une sorte de queue qui s’étendait sur quelque 30” d’arc et qui traversa le limbe de la Lune. La même année l'astronome français Trouvelot de l'Observatoire de Paris observa dans le ciel des objets qui ressemblaient à ceux de Bâle et de Nuremberg et qui "se déplaçaient comme un disque tombant dans l'eau". Le 1er août 1871, un grand objet circulaire fut observé au-dessus de Marcinelles, en France. Il se déplaçait lentement dans le ciel, apparemment à haute altitude et fut visible environ 15 minutes.
C’est le 25 janvier 1878 que pour la première fois on compara un OVNI avec une soucoupe volante. John Martin, fermier habitant près de Denison, Texas, rapporta dans le Daily News avoir observé le mardi matin un objet sombre dans le ciel qui se rapprochait de lui : “Sa forme particulière et sa vitesse d’approche ont attiré mon attention. L’objet est passé presque au-dessus de moi à une
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H.Evans, J.Spencer et BUFORA “Phenomenon - Forty years of Flying saucers”, Avon Books, 1989 -Pour ceux qui préfèrent consulter des ouvrages iconographiques grand format lire, “Le phénomène des OVNI”, Time-Life, 1988 - J.Spencer, “World Atlas of UFOs”, Smithmark, 1991 - “UFO: The conituing enigma”, Reader’s Digest, 1991.
7
J.-L.Lequellec, "Les Martiens du Sahara", OVNI Présence, 51, 1993, p4 - J.-L.Lequellec, "Symbolisme et art rupestre au Sahara", L'Harmattan, 1993, p553. 8 La Bible, Ezéchiel, ch.10, Jn.19 - J.Blumrich, "The Spaceships of Ezekiel", Bantam, 1974 - J.Vallée, “UFO’s in space -Anatomy of a Phenomenon”, Ballantine Book, 1974 -D.Knight, "UFOs: A picturial History from Antiquity to the Present", McGraw-Hill, 1979 - C.Piens, "Les OVNI du passé", Marabout, 1977 - Pline l'Ancien, "Histoire naturelle" (livre II) - Cicéron, "De la Divination".
altitude respectable et avait la dimension d’une grande soucoupe. Il ressemblait à un ballon. Il est ensuite parti si rapidement que je l’ai vite perdu de vue dans le ciel”.
Le 22 mars 1880, plusieurs objets brillamment lumineux furent observés à Kattenau en Allemagne. Observé juste avant le lever du Soleil, ils ont été décrits comme venant de l’horizon et se déplaçant d’est en ouest. Cette observation a été publiée dans la magazine Nature 9 .
En 1885 le magazine français L’Astronomie publia la première photographie d’un OVNI. Elle avait été prise le 12 août 1883 à l’Observatoire de Zacatecas au Mexique par Jose Bonnila. Alors qu’il observait la surface solaire au télescope, il vit plus de 300 objets traverser le disque du Soleil. Equipé de plaques photographiques humides il prit plusieurs photographies du phénomène au 1/100e de seconde. Malgré les bruits les plus divers, il semblerait toutefois que Bonnila ait observé une formation d’oies sauvages. La même année, M.Mavrogordato observa en Turquie de curieux objets évoluant à basse altitude. L'un d'eux ressemblait à un disque dont la taille apparente valait 4 à 5 fois celle de la Lune.
En 1893, des roues et des disques diurnes furent observés en mer du Japon. Le 26 août 1894, un amiral anglais rapporte l’observation d’un grand disque muni d’une sorte de queue.
L’année suivante, anglais et écossais relatèrent l’observation d’objets de forme triangulaire, similaires à ceux observés dans les Indes Hollandaises. Etant donné qu’aucun avion ou dirigeable ne ressemblait à ces objets, plusieurs astronomes ont supposé que ces mystérieux objets pouvaient provenir de l’espace.
Les Etats-Unis connaîtront leur première vague d'OVNI en novembre 1896 lorsque plusieurs centaines d'habitants de la région de San Francisco aperçurent un grand objet sombre "en forme de cigare, avec des ailes tronquées". L'objet sera aperçu dans les heures qui suivirent par des milliers d'autres personnes au nord de la Californie. Quelques mois plus tard, en avril 1897, le New York Herald Tribune 10 rapporta cette observation : "Pendant plusieurs jours, des milliers de personnes ont signalé un mystérieux aéronef en forme de torpille, qui volait au-dessus des Etats-Unis : Kansas City, Chicago, Benton, etc. La nuit, des lumières rouges et vertes scintillaient sur ses côtés. De puissants faisceaux lumineux partaient de l'appareil, explorant le paysage en-dessous de lui". Selon les astronomes qui l’observèrent à l’oculaire d’un télescope, de petites ailes se projetaient sur les côtés de l’objet. L’OVNI fut observé dans le Mid West mais également au Sud de St Louis et dans le Colorado.
Le 16 avril l’objet disparu du Mid West pour réapparaître -ou un objet similaire -le 19 avril à SisterVille en Virginie occidentale. Ce matin là la ville fut réveillée par les sifflements d’une scierie. Les personnes qui sortirent de leur maison firent une étrange observation. Un objet en forme de torpille se trouvait au-dessus d’eux, projetant une lumière aveuglante vers le sol, en balayant la région. L’OVNI semblait mesurer 60m de long et 10m de diamètre. Il disposait de bouts d’ailes et de lumières rouge et verte sur les côtés. Durant près de 10 minutes l’objet survola la ville puis tourna vers l’est et disparu.
Ces deux étranges ballets aériens méritent d'être relatés parce qu'ils impliquèrent des milliers de personnes. Le raisonnement qu'on applique d'ordinaire à l'observation isolée, en la rejetant bien souvent par manque de données ou comme étant le produit de coïncidences ou d'une méprise, s'applique difficilement lorsqu'il se produit en présence d'une masse de témoins. La probabilité qu'il s'agit d'une coïncidence est extrêmement... improbable, car le risque d'avoir mal interprété un phénomène connu n'existe pratiquement plus (on peut toujours quantifier une probabilité négative).
Du reste, il est possible que certains observateurs aient conservé en mémoire le vol expérimental du “vaisseau de Pennington” qui s’envola du Mont Carmel en Illinois en 1891, et relaté à l’époque dans Scientific American. Construit à l’image des vaisseaux de Jules Verne, ce dirigeable en forme de torpille disposait d’une immense hélice à l’avant, d’une grande crête dorsale et d’un empennage de belle taille. En-dessous de la torpille, dans laquelle était disposée deux hélices verticales, se trouvait une longue nacelle équipée de 13 hublots. Illustrant l’un des nombreux projets de l’époque, ce vaisseau a pu servir de modèle à la vague de 1896.
M’adressant aux détracteurs du phénomène OVNI, les objets observés durant la vague américaine sont également intéressants car ils décrivent des "airships" dont les performances et les caractéristiques ne pouvaient pas être égalées par les aéronefs de l'époque. Le Zeppelin ne sera inventé que trois ans plus tard, en Allemagne, et ne disposait pas de projecteurs. Quant au premier avion, il est français. En 1897 Clément Ader effectuera un vol de 300m sur l'Eole III.
Il n’empêche qu’à cette époque là déjà, l’ufologie avait ses détracteurs et ses canulars 11 . Ainsi en 1824, l’astronome allemand Franz von Paula Gruithuisen raconta comment il avait découvert les
9
Nature, 22, 1880, p64. 10 New York Herald Tribune, 10 april 1897. 11 Michael J. Crowe, “Extraterrestrial Life Debate (1750-1900). The Idea of a Plurality of Worlds from Kant t Lowell”, Cambridge
University Press, 1986.
traces d’une forteresse sur la Lune. D’autres soi-disant découvertes seront publiées dans les années qui suivirent, tant en Europe qu’aux Etats-Unis. En 1835 par exemple, le journaliste newyorkais Richard Adams Locke du nouveau journal, le Sun 12 publia un article rapportant que l’éminent astronome John Herschel, alors en Afrique du Sud, avait découvert un humanoïde portant une toison de la plus belle teinte cuivrée et doté d’ailes de chauve-souris... Locke vendit la mêche l’année suivante lorsque l’astronome Camille Flammarion réfuta la découverte d’Herschel devant l’Académie des Sciences à Paris. Cela avait été pour Locke “une façon de se moquer de certains astronomes avocats de l’existence d’une vie intelligente sur la Lune”. Cette fois-ci le fondateur du Sun, Benjamin Day, avait été complice de cette supercherie pour accroître les ventes de son journal. Enfin, en 1896 le colonel H.G.Shaw 13 dit avoir rencontré des humanoïdes près à l’enlever à bord d’un “airship” à destination de Mars et un journal de Virginie 14 relata le débarquement de sept géants martiens au crâne disproportionné en 1897. On peut donc considéré que le concept de l’enlèvement extraterrestre tel que nous le connaissons aujourd’hui remontent à cette époque là, bien qu’il existe des textes antérieurs à cette époque.
Parmi les récits a priori dignes de foi, l’observation la plus étonnante fut réalisée le 2 juillet 1907, près de Burlington, Vermont, lorsque plusieurs témoins ont observé un objet en forme de cigare survoler la ville. Peu après l’avoir vu, un objet rond lumineux descendit du ciel en clignotant, puis explosa 15 .
Le 8 avril 1914, des témoins ont observé à Fort Worth, Texas, une étrange ombre sous les nuages bas. Elle semblait provoquée par un énorme objet planant au-dessus des nuages. Malgré le fait que la couche nuageuse se déplaçait, l’ombre demeurait immobile. Elle diminua ensuite de taille et disparu rapidement, comme si elle s’élevait verticalement 16 .
En 1934 Nicholas Roerich 17 , chef d’une expédition au Tibet et ses équipiers observèrent très haut dans le ciel national un objet se déplaçant à grande vitesse du nord au sud. Muni de jumelle, Roerich nota que l’objet avait une forme ovale, visiblement de grande taille et reflétait les rayons du Soleil comme s’il s’agissait d’un matériau brillant poli. Alors qu’il le suivait du regard, l’objet a soudainement changé de direction pour se diriger vers le sud-ouest. Il disparu en quelques instants.
A cette époque les dirigeables était bien connus de la plupart des gens. Certains pensaient qu’il s’agissait de vaisseaux américains. Mais une vérification ultérieure prouva qu’aucune nation ne possédait de tels vaisseaux.
Ce fut la dernière observation faite avant la seconde guerre mondiale. Durant l’été de 1946, après que les Russes aient pris Pennemunde, la base de missile Nazi, des “fusées fantômes” furent observées au-dessus de la Suède. Pratiquement toutes les observations furent faites de nuit et personne ne put les décrire comme des soucoupes volantes ou similaires aux objets diurnes “habituels”. Les témoins dirent avoir observé des lumières rouge, verte, bleue et orange souvent floues ou vaporeuses suite à leur grande vitesse de déplacement.
Vers janvier 1947, la vague de “fusées fantômes” s’évanouit progressivement en Europe. Au même moment, le phénomène OVNI resurgit aux Etats-Unis.
Mais il est plus étonnant encore que des lumières et quelques fois des soucoupes volantes soient simultanément notifiées au-dessus de la Turquie, de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal et même du Maroc.
Sans dire qu’il y eut des milliers d’autres témoins, parfois groupés en un même lieu, on peut raisonnablement conclure que des OVNI sont apparus dans le ciel à la fin du XVIIIe et au XIXe siècle. Si ces objets proviennent véritablement de l’extérieur du Système solaire, il y la matière à penser, sujet sur lequel nous reviendrons car il pose plus de questions qu’il n’en résout.
Même si les détails de ces observations sont perdus, la question est de savoir ce que ces témoins ont observé. Considérant que les témoins ont relaté une expérience authentique, leur profession - militaires, astronomes, chefs d’entreprises, responsables publics -me poussent à penser que leur désir de discrétion fut contré par une situation extraordinaire qui dépassa leur entendement. Sinon, autant le dire brutalement : tous les témoins sont des mythomanes !
De nos jours les scientifiques restent très prudents quand ils se prononcent sur le sujet. La plupart des astrophysiciens questionnés considèrent que nous connaissons encore fort mal les phénomènes atmosphériques et géophysiques en général, sous-entendant que les OVNI ne
12
Sun (New-York), 25 august 1835.
13
Evening Mail de Stockton (Californie), 26 november 1896. 14 Daily State Journal, 1897 (Parkersburg, Virginie). 15 Weather Review, 1907, p310. 16 Weather Review, Nr 4, 1913, p599. 17 N.Roerich, Altai Himalaya, p361.
seraient que des manifestations bien naturelles ou des interprétations erronées de phénomènes connus. S’ils n’en sont pas, ces OVNI tombent alors dans le domaine du mythe et des comportements socio-psychologiques... Les rares scientifiques ayant tenté leur chance dans la voie d’une explication en relation avec les “extraterrestres” ont encore beaucoup de travail à abattre pour persuader leurs confrères 18 .
C’est ainsi que feu le Dr.Donald H. Menzel, astrophysicien et ancien directeur du Harvard College Observatory et membre du Smithsonian Astrophysical Observatory était un farouche adversaire de la thèse extraterrestre. Il voyait dans tous ces événements des effets optiques ou des hallucinations collectives.
Mais la répétition et la cohérence des témoignages nous poussent à considérer que tous les narrateurs ne sont pas des mythomanes. Si les événements qu'ils ont relatés ont dépassé leur sens commun, on peut valablement imaginer qu'ils ont observé quelque chose d'inhabituel dans le ciel ou sur le sol à cette époque là. Quant à savoir s'ils avaient toutes les données en main, probablement pas, mais personne ne peut l'affirmer. Dans ces conditions il serait contraire à la démarche scientifique de ne voir dans toutes ces manifestations que des phénomènes naturels ou des créations de l'esprit. Nous sommes toutefois contraints de les classer dans la rubrique des anecdotes par manque de preuves, d'évidences comme diraient les avocats de la défense.
C'est ce manque de rigueur qui enferme toute la problématique OVNI dans un débat oiseux et stérile où les réactions sont souvent épidermiques. Si nous voulons discuter sérieusement de ce problème, poser aujourd'hui les jalons d'une future discipline à part entière, nous devons donc nous tourner vers des sources contemporaines 19 , pour lesquelles tout l'arsenal de la science peut-être mis en oeuvre.
18 Cie l et Espace, “OVNIS L’avis des astronomes”, 268, avril 1992, p26. 19 R.Hall, "Uninvited Guests. A documented history of UFO sightings, Alien Encounters and coverups", Santa Fe: Aurora, 1988 -E.Evans et J.Spencer, "UFOs 1947-1987", Fortean Tomes, 1987 - J.Randles et P.Warrington, "Science and the UFOs", Basil Blackwell, 1985.
La naissance d’un phénomène
On peut dire que le phénomène OVNI fut médiatisé avec l'ampleur que nous savons à partir de 1947. En effet, en avril de cette année, alors qu’un observateur météo suivait un ballon au théodolite au-dessus de Richmont, en Virginie, un curieux objet traversa son champ de vision. L’observateur délaissa son ballon et essaya de suivre le mystérieux objet malgré sa grande vitesse. Malheureusement, ce premier rapport fut censuré par l’US Air Force. Nous ne connaissons toujours pas l’altitude, la vitesse, ni la forme de l’objet qui parait-il fut estimée avec précision.
Et ainsi que chacun le sait aujourd’hui, c'est le 24 juin 1947 qu'un habitant de l'Oregon, Fred Johnson, observa dans le ciel limpide des monts Cascades 6 disques lumineux évoluant à faible vitesse. Durant l’après-midi, un pilote privé de 32 ans, Kenneth Arnold 20 , survola l'état de Washington entre Chehalis et Yakima, cherchant les traces d'un C-46 perdu par l'armée américaine. Vers 14h à hauteur du mont Rainier, dans les montagnes Rocheuses, il croisa 9 disques très brillants et très rapides qu'il ne put identifier. Il estima leur longueur entre 12 et 15 m. Ils montaient presque à la verticale atteignant plus de 3500m d'altitude et effectuaient des piqués à une vitesse estimée à 2700 km/h. Ils volaient, déclara Arnold 21 , “comme des oies, formant une chaîne en diagonale, comme s’ils étaient attachés ensembles”. Les OVNI serpentaient entre les pics montagneux et disparaissaient parfois derrière ceux-ci. Chacun avait un mouvement sautillant, analogue à celui d'"une soucoupe avançant sur de l'eau".
Arnold signala son observation lors d'un ravitaillement et repris son travail. Les observations se répétèrent, si bien qu'en cette journée du 24 juin on recensa une vingtaine d'observation d'OVNI. A la fin de sa journée, les reporters de Yakima attendirent Arnold au pied de son avion. Il leur raconta son histoire et le lendemain les rédacteurs baptisèrent ces mystérieux objets volants "soucoupes volantes" : le mot fit fortune et devint une expression courante, bien que désuète aujourd'hui.
Pour le Dr.Menzel les soucoupes volantes d'Arnold étaient des nuages lenticulaires ou une illusion créée par "des tourbillons de neige qui enflent comme des ballons au sommet des crêtes rocheuses" et qui réfléchissaient le Soleil comme des miroirs. L'ATIC (Air Technical Intelligence Center) était divisée en deux camps. Les uns pensaient qu'Arnold avait vu des avions à réaction ordinaires volant en formation et qu'il fit une mauvaise estimation de leur distance et de leur vitesse. Les autres pensaient qu'il s'agissait bien "d'aéronefs interplanétaires". Le physicien Bruce Maccabee de l'Université de Washington ne partageait pas les convictions de Menzel et des sceptiques membres de l'ATIC, d'autant que ces "nuages" étaient censés se déplacer à 2700 km/h et étaient passé derrières les montagnes ! Nous le retrouverons plus tard, en 1979. Menzel avait à coeur de défendre la "théorie du mirage" auprès du Pentagone, mais elle était indéfendable, même par les attachés scientifiques 22 de l'Air Force ! Ruppelt conclut néanmoins que l'histoire fut classée parmi les cas "Inconnus".
En juillet 1947 des témoins rapportèrent qu’un mystérieux objet s'était écrasé près de la base de Roswell, au Nouveau-Mexique. La manchette du journal local parla d'une soucoupe volante mais cette hypothèse fut rapidement démentie par les autorités militaires. Une rumeur diffusa l’idée que l'objet, qui avait été suivi au radar par les contrôleurs de White Sands, était couvert par le secret car des militaires se seraient immédiatement emparés de tous les débris qu'ils transportèrent à la base de Wright-Patterson de Dayton, en Ohio pour analyse. William Mac Brazel, son principal témoin sera mis au secret pendant 24 heures et les militaires impliqués dans cette mission n'en parlerons plus. L'histoire en resta là, jusqu'à ce que la rumeur resurgit en 1967 et amplifie l'affaire comme jamais elle ne le fit depuis en matière d'ufologie 23 . Partisans et détracteurs de la thèse extraterrestre s’affrontent encore sur le sujet, mais aucun scientifique, à quelque niveau de sécurité qu’il soit ou ait été ne peut confirmer l’origine extraterrestre de l’objet ramassé à Roswell.
20 K.Arnold, “I did see the flying disks”, Fate, spring 1948, vol.1, n°.1, p4 et suivantes - E..Ruppelt, "Report on Unidentified Flying Objects", Doubleday- Ace, 1956; "Face aux soucoupes volantes", France-Empire, 1958, p28. 21 “Project Blue Book”, Brad Steiger Ed., Ballantine, 1976, p23. 22 Cf "Quantitative Aspects of Mirages", Report 6112 du premier-lieutenant F.Menkello attaché à l'Environmental Technical Applications Center.
Trop controversé et sans preuves indubitables, l'incident de Roswell est repris en annexe.
Les notifications d'OVNI se répétant, l'US Air Force fut contrainte d'ouvrir une enquête. Fin 1947 des contacts épistolaires eurent lieu entre le commandant général de ce qui était alors les Forces Armées de l'Air et le chef de commandement du Matériel Aérien de l'ATIC, à la base aérienne Wright-Paterson de Dayton. Le 23 septembre 1947, le directeur de l'ATIC écrivit au commandant de l'Armée de l’air que les OVNI existaient réellement, et il s'engageait personnellement au nom de son personnel à trouver la justesse de cette proposition, ce qu'il fit durant les mois qui suivirent.
Le 22 janvier 1948 le Projet Sign était sur pied, affecté d'une priorité 2 A, immédiatement derrière la priorité majeure 1 A. Son but était de vérifier si ces OVNI étaient un danger pour la sécurité de l'état ou s'il s'agissait de simples phénomènes naturels. Le Pentagone demanda les services du professeur J.Allen Hynek, alors professeur d'astronomie, attaché à l'Université d'Etat de l'Ohio. Son rôle consista à contrôler si les notifications pouvaient avoir une origine astronomique mal interprétée. On le pria de travailler indépendamment des autres conseillers et des membres du programme, dans le but de le préserver de tout parti pris. L’observation d’Arnold sera classée “Incident ·#17” dans le Project Sign.
Mais Hynek apprit rapidement que des dissensions régnaient à l'intérieure de l'équipe. L'opinion des membres était scindé en trois camps : ceux qui maintenaient qu'il s'agissait d'engins russes, les fervents défenseurs de la thèse extraterrestre et les adeptes de l'interprétation sociopsychologique. C'est ainsi que le Projet Sign dut faire face à une "rupture d'explication" : puisque une technologie extraterrestre ne pouvait pas exister; donc cela n'existait pas. Il avait à sa décharge à traiter un grand nombre de comptes-rendus qui, reconnu Hynek 24 "péchaient tant par la qualité que par la présentation, le pire (notifications ineptes, observations de Vénus ou de météores non reconnus pour ce qu'ils étaient) et le meilleur leur étant proposé indistinctement". En fait, ce rejet était simplement provoqué par un manque de coordination. Comme le dira le capitaine Edward J.Ruppelt 25 , "on s'attaqua au problème au milieu d'une confusion organisée".
Au printemps 1948 le terme "soucoupe volante" fut introduit en couverture du premier numéro du magazine américain Fate qui raconta l'aventure de Kenneth Arnold 26 . Nous assistions à la naissance d'une prise de conscience collective : le phénomène OVNI existait bien 27 .
L'armée continuait cependant à mépriser les témoins. En fait écrit Hynek 28 à propos du Projet Sign, "en 1947-1948
il n'avait guère de quoi faire travailler son imagination. Sans doute le contenu de certains rapports n'offrait-il aucune prise à une explication physique normale, mais il n'en demeurait pas moins de qualité médiocre car ils n'avaient pas fait l'objet d'investigations approfondies. Dans cette première série de 237 cas, pas un récit de Rencontre Rapprochée n'égalait en qualité les rapports détaillés que nous avons connus plus récemment, et quant aux notifications radars, elles étaient rares et indigentes. La catégorie prépondérante était celle des Disques Diurnes, et seuls quelques rapports de Lumières Nocturnes méritaient de retenir l'intérêt".
Cette année là deux avions de ligne au moins frôlèrent de peu la collision avec un OVNI et déclarèrent un "AirMiss". L'un d'entre eux volait à 11000 km/h, près de 10 fois la vitesse atteinte par le commandant Yeager qui venait juste de franchir les 1200 km/h à bord de son prototype d'avion à réaction, le Bell X1 ! Hynek avança l'idée que l'un des OVNI pouvait être un météore mais les pilotes de ligne n'acceptèrent cette conclusion que pour certaines observations seulement. L'ATIC rédigea une note privée dans laquelle ils considéraient que les pilotes avaient put observer des objets d'origine extraterrestres. Au yeux du général Hoyt S.Vandenberg, chef de l'Etat-major de l'Armée de l’air, après avoir enquêté près d'un an sur les notifications d'OVNI, cette conclusion discréditait toute l'action du Projet Sign. Il annula le projet, détruisit la note de l'ATIC ainsi que tous les documents et l'Etat-major dispersa ses membres, sans avertir le Dr.Hynek.
Mais un autre incident allait plongé les militaires dans la perplexité. Le 1 octobre 1948, à 20h30, le lieutenant George Gorman 29 , pilote dans la Garde Nationale Aérienne du Nord Dakota et ancien instructeur pendant la guerre, approche de l'aérodrome de Fargo, à l'issue d'un vol d'entraînement. Vers 21 h, alors qu'il amorce sa descente vers l'aérodrome il aperçoit un Piper Cub en-dessous de lui. Tout à coup il observe ce qu'il croit être un feu de queue sur un autre avion passant sur sa droite, à environ 1 km de distance. Il prévient la tour de contrôle qui lui signale qu'il n'y a aucun autre avion en vol mis à part le Piper Cub. Ne voyant aucune analogie entre le Cub et le
24
J.A.Hynek, "Les Objets Volants Non Identifiés: mythe ou réalité ?", op.cit., p214.
25
E.Ruppelt, "Report on Unidentified Flying Objects", Doubleday-Ace, 1956; "Face aux soucoupes volantes", France-Empire, 1958. 26 K.Arnold, "The truth about the flying saucers", Fate, Sping 1948 -K.Arnold et R.Palmer, "The Coming of the saucers", édité à compte d'auteur, Boise:Idaho, 1952.
27
T.Bloecher, "Report on the UFO Wave of 1947", Institute of Atmospheric Physics, University of Arizona, 1967.
28
J.A.Hynek, "Les Objets Volants Non Identifiés: mythe ou réalité ?", op.cit., p215.
29
E.Ruppelt, "Face aux soucoupes volantes", op.cit., p62-63 - “Project. Blue Book”, op.cit., p66 - Fate, winter 49, “Flying Saucers definitively proved”, p47.
feu mystérieux Gorman augmente les gaz et se dirige en direction de la lumière : "Elle avait entre 10 et 20 cm de diamètre, avec un contour bien précis, et elle clignotait". Soudain, alors qu'il s'en approchait, les clignotements cessèrent, la lumière obliqua brusquement sur la gauche et plongea vers le sol. Elle exécuta une passe au-dessus de la tour et prit de l'altitude. Gorman fit de même, piqua à 640 km/h sans pouvoir rattraper l'intrus qui, tout à coup, changea de trajectoire et amorça une chandelle et vira à nouveau à 2000 m.
Gorman ne pouvait pas laisser tomber une si belle occasion. Il vira sur la droite et "nous nous sommes retrouvés fonçant droit l'un sur l'autre. Lorsque la collision m'a paru inévitable, je crois bien que j'ai eu peur !". Il piqua vers la terre pour l'esquiver et vit passer l'objet à quelque 150 m au-dessus de sa verrière. Gorman repartit à la poursuite de l'OVNI qui se retourna et fonça à nouveau sur son avion. Cette fois-ci, l'objet monta en chandelle juste avant la collision. Gorman le suivit, mais son avion toussota et cala vers 4200 m d'altitude. L'objet se dirigea vers le nord-nord-ouest puis repassa deux fois au-dessus de lui. Arrivé à 25 miles au sud-est de Fargo, l’OVNI disparu.
L'incident avait duré 27 minutes. A propos des performances de l'OVNI, Gorman "eu l'impression très nette que ses manoeuvres étaient commandées par la pensée ou la raison" car elles rappelaient trop celles des combats aériens; esquives brusques et très rapides qui autrement étaient inexplicables. L'incident fut partiellement confirmé par quatre observateurs de Fargo, dont le Dr.A.D.Cannon, le pilote du Cub et son passager, Einar Neilson. Tous deux virent une lumière "se déplaçant très vite" mais ne virent pas les manoeuvres décrites par Godman. Deux autres témoins au sol virent également une lumière passer au-dessus du terrain. Le statut officiel de l'incident sera "inexpliqué". Une fois encore les ufologues, et Keyhoe en particulier, reconnurent qu'il s'était passé un phénomène inexplicable et que Godman s'était montré trop curieux.
Les "soucoupes volantes" faisaient toujours l'objet de nombreuses dépositions. Depuis 2 ans en effet, des boules de feu vertes survolaient le nord du Nouveau Mexique. Le Dr.Joseph Kaplan et le Dr.Edward Teller voulaient y voir des météores mais les descriptions les obligeaient à être d'un avis différent. Les physiciens du laboratoire de Los Alamos étaient sceptiques, comparant ces boules de feu à des balles de tennis peintes de couleur fluorescente que des plaisantins se lançaient. Mais tous les témoins parlaient d'une chose "terrifiante", "aussi grosse que la Lune" et "éblouissante". Toutes les hypothèses étaient évoquées, y compris celle, rapporte Ruppelt, d'un "aéronef, planant à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de la terre". A la fin de l'été 1949 le laboratoire de l'Armée de l’air de Cambridge, spécialement chargé de l'étude des phénomènes naturels, ouvrit en secret le projet Twinckle (Scintillement) pour étudier ces phénomènes. Apprenant que des boules de feu avaient survolé la base militaire d'Holloman, l'Armée de l’air demanda l'installation d'un poste d'observation sur le site même équipé de trois cinéthéodolites 30 , espérant être le témoin privilégié de leur prochain passage. L'équipe du projet Twinckle y resta plus de six mois mais ne bénéficia que d'une seule caméra qu'elle devait déplacer chaque fois qu'un événement était signalé. Ce fut un échec. L'équipe ne photographia rien d'anormal ou arrivait chaque fois trop tard. Découragé et exaspéré par ce jeu de cache-cache, sans appui moral, le projet mourut silencieusement quand la guerre de Corée éclata, en même temps que l'intérêt des autorités pour les boules de feu vertes s'amenuisait. L'Etat-major reconnu toutefois qu'une certaine confusion régnait dans son esprit.
En janvier 1949, au moment de la prolifération des boules colorées, de mystérieuses lumières furent signalées au-dessus d'un site tenu secret que Ruppelt refusa de citer. Les descriptions parlaient de trois lumières en forme de V se déplaçant dans le ciel en changeant de couleur, passant du bleu pâle à l'orange et inversement, avec une période de 2 secondes. "Leur vitesse n'atteignait pas celle d'un météore" mais dépassait "celle d'un avion à réaction". Bien que les rapports furent transmis à l'ATIC, celle-ci était bien trop préoccupée par l'affaire d'Holloman. Au bout de deux semaines, le commandant des installations militaires dressa un plan d'observation et, sans surprise, tous les G.I. présents se portèrent volontaires pour cette mission. Malheureusement l'Armée de l’air étrangla l'initiative, considérant que "les OVNI ne pouvaient pas exister". Ruppelt ne compris pas l'attitude officielle, d'autant plus que la moitié de ceux qui en faisait partie "croyait toujours aux soucoupes volantes [...] Comme beaucoup d'autres personnes, je me demandai s'il n'existait pas quelque raison cachée derrière ce changement [...]Tout le monde semblait encore se rappeler l'émotion qu'avait provoquée l'émission d'Orson Welles, "La guerre des mondes" diffusée le 30 octobre 1938". Devant cette attitude étrange et ambiguë, l'ATIC qui était pourtant partie avec l'intention de prouver l'existence des OVNI, se rabattit sur la nouvelle hypothèse pour éviter d'être ridiculisée.
Edgar Hoover, le directeur du FBI pris alors les choses en main et reçu un mémorandum qui stipulait entre autre "au cours d'une récente conférence [...], le sujet [...] des soucoupes volantes a été abordé. Le sujet est considéré comme "top secret" par les officiers de renseignement de
30
Il s'agit d'une sorte de caméra de 35 mm qui tout en photographiant un objet photographie également trois cadrans qui indiquent l'heure, l'orientation et l'angle de pointage de la caméra.
l'armée et de l'Air Force". Mais il passa bientôt le gant aux militaires car visiblement rien de concret venait étayer cette hypothèse ni celle russe. Le FBI restait malgré tout attentif aux notifications. Il faut dire qu'à cette époque les Etats-Unis étaient en pleine Guerre froide et les autorités considéraient plus volontiers les notifications d'OVNI comme d'éventuels projectiles de l'Armée rouge. Cette paranoïa touchait même les rédactions journalistiques ainsi qu'en témoigne le journal Sunday Graphic 31 qui titrait :
"Les "Soucoupes Volantes" sont-elles une invention Russe ? L'ancien maire Oskar Linke qui s'est échappé de la zone soviétique avec sa fille prêta le serment devant un juge qu'il avait vu deux formes métalliques et une soucoupe de 15 mètres munie d'une tourelle de 3 mètres décoller dans la lisière d'une forêt, à 6.5 km dans la zone Russe".
Dans les années 1950, l'Etoile Rouge, organe de l'armée soviétique, dénonça à son tour les soucoupes volantes comme appartenant... à l'arsenal de la propagande capitaliste. Toutefois, à la veille de la célébration de la gloire de la Russie le 1er mai 1955, un membre de l'Académie soviétique des Sciences aborda le thème des OVNI pour modérer les craintes du public. Il affirma que les soucoupes volantes n'existaient pas. Juste de quoi entretenir la confusion générale !
A l'insu du Dr.Hynek, le 16 décembre 1948, à la demande du directeur de la Recherche et du Développement, l'Etat-major de l'Armée de l’air transforma le projet Sign en Projet Grudge (Rancune), le nom de code ayant été soi-disant compromis. Cette fois l'armée rejeta en bloc le problème OVNI, s'efforçant de trouver une explication naturelle à toutes les observations :
"Auparavant écrivit Ruppelt 32 , quand le Pentagone posait une question, on répondait : "C'est sans doute vrai, mais nous ne pouvons pas le prouver". Désormais on leur répondait avec assurance : "C'était un ballon", et, de l'ATIC au Pentagone, on se congratulait. Tout le monde était content".
Malgré ce parti pris, au bout de six mois un quart des comptes-rendus restait inexplicable (56 cas sur 244). Une certaine presse 33 s'étant rapprochée des positions de l'Armée de l’air avec l'accréditation du Pentagone, ce soutien opportun lui permit de conclure que les témoignages relevaient d'hallucinations ou de plaisanteries et puisqu'ils ne mettaient pas en doute la sécurité nationale, l'armée classa l'affaire sans lui donner suite. Le personnel fut renouvelé et les plus éminents spécialistes du Renseignement disparurent. Certains se consacrèrent à des besognes moins ingrates, d'autres, ceux qui n'avaient pas abandonnés leurs premières impressions, furent "remerciés". Pour le major Ruppelt cette période fut
"l'âge des ténèbres, définie par le dictionnaire comme une période de stagnation intellectuelle"
.
Bien plus tard, Hynek apprit qu'en février 1949 le Projet Sign avait stipulé dans un rapport d’évaluation tenu secret 34 que les objets observés avaient été regroupés en quatre catégories par l'armée, dont l'alternative ne laissait rien présager de bon :
"On ne possède pas encore de preuves définitives permettant de confirmer ou d'infirmer l'existence d'OVNI en tant que types nouveaux et inconnus d'aéronefs. Un nombre limité de cas ont pu être identifiés comme des objets connus [...] Les objets observés ont été groupés en quatre classes correspondant à leur aspect :
Les trois premiers groupent sont susceptibles d'évoluer dans les airs par des procédés aérodynamiques ou aérostatiques et peuvent être propulsés et dirigés par des méthodes connues des constructeurs aéronautiques."
Hynek reconnaissait toutefois que dès cette époque les OVNI se distribuaient selon un schéma type qui persistera dans les années à venir.
C’est à cette époque que le premier rapport faisant état de soucoupes volantes fut consigné par l’armée américaine 35 . Son nom fut explicite, “Saucer”. Le 27 août 1949, l’US Air Force admit que ce projet n’avait pu trouver de réponse aux notifications d’OVNI. Les “vaisseaux spatiaux” (spaceships) furent officiellement étiquetés de non identifiés. Mais pendant ce temps les officiels de la base de Wright Field travaillaient toujours sur la question 36 :
“L’existence de certains objets volants non identifiés nécessite une vigilance constante de la part du personnel du projet “Saucer”, ainsi que de la part de la population civile.
Des réponses ont été -et seront - données à propos de l’activité de recherche concernant les missiles guidés, les ballons, les phénomènes astronomiques... Mais il reste de nombreuses questions en suspens.
31
Le 6 juillet 1952, manchette du journal "Sunday Graphic" (via SOBEPS).
32
E.Ruppelt, "Face aux soucoupes volantes ", op.cit., p82-83.
33
Sidney Shallet, rédacteur en chef du journal "Saturday Evening Post" publia à deux reprise un article anti-soucoupiste, le 30 avril et le 7 mai 1949.
34
“Project Blue Book”, op.cit., p171.
35
Air Force Project “Saucer” Report, 30 décembre 1949.
36
Extrait de Air Force Report, M-26-49, “Preliminary Studies on Flying Saucers”, 27 april 1949.
La possibilité que les soucoupes sont des vaisseaux étranger a été considérée... Mais les observations basées sur la recherche menée sur l’énergie nucléaire dans ce pays a étiqueté comme “hautement improbable” l’existence sur Terre de moteurs suffisamment petits que pour alimenter les soucoupes.
La vie intelligente sur Mars... si elle n’est pas impossible n’est pas du tout prouvée. La possibilité d’une vie intelligente sur la planète Vénus n’est pas considérée comme complètement irraisonnable par les astronomes 37 .
Les soucoupes ne sont pas des blagues. D’ailleurs elles provoquent des alarmes”.
Au fil du temps, des météorologistes, des radaristes, des pilotes observèrent des phénomènes inhabituels. Leur bonne foi n'étant plus mise en cause, ces observations firent grand tapage dès la fin de l’année.
Face au sentiment de frustration que ressentait la population, fin 1949 le magazine True fit appel au journaliste indépendant Donald E.Keyhoe afin qu'il mène sa propre enquête. Ancien major de l'infanterie de Marine à la retraite, il avait servit de pilote d'avion et d'aérostat pendant la Seconde guerre mondiale. Spécialisé en matière aéronautique il était en bon terme avec certains officiers de l'Armée de l’air et ses articles avaient acquis une certaine notoriété.
En janvier 1950, après une enquête de plusieurs mois, Keyhoe 38 publia un article sous le titre : "Les soucoupes volantes sont réelles". Dans un article de 8 pages, il expliquait avec son cynisme habituel que si l'Armée de l'air ne parlait pas du phénomène OVNI c'était simplement parce qu'elle cachait quelque chose d'une importance considérable, afin de ne pas alarmer la population. Il reprenait les trois "classiques", Mantell, Chiles-Whitted et Gorman et mettait en pièce les conclusions de l'armée. Il sous-entendait également qu'il détenait les preuves de l'existence des OVNI. Il concluait son plaidoyé par ses mots : “les soucoupes ne sont pas une blague”. Son article recevra l'écho qu'il attendait et True récolta beaucoup d'argent au détriment des autres magazines qui n'avaient pas pris part à cette aventure.
Deux mois plus tard, un commandant de marine dénommé Robert B.McLaughlin 39 , expert en missiles guidés, publia un article dans le magazine True. Dans le cadre du programme Skyhook, en collaboration avec Charles Moore et d'autres marins, il avait lancé de la base de White Sands, au Nouveau-Mexique, un ballon-sonde et l'avait suivi au théodolite, un instrument de visée qui grossissait 25 fois. Alors que McLaughlin suivait le "ballon", Moore observa son ascension à l'oeil nu un certain temps. Quand il revint au théodolite il nota que l'instrument était orienté dans une autre direction. En arrachant l'instrument à son collègue, il découvrit dans le champ du théodolite un objet elliptique blanchâtre. Il volait à 9000m d'altitude et se déplaçait à 5° de déplacement azimutal par seconde, soit 80 km/s. Dans le théodolite l'objet sous-tendait un arc de plusieurs minutes et devait faire environ 31.5m de diamètre. Tout le groupe vit aisément l'objet à l'oeil nu. Il monta encore plus haut, à une vitesse de 4 km/s puis sa hauteur angulaire augmenta soudainement. Ils le perdirent de vue dans une rapide escalade après être demeuré visible pour tout le groupe durant plus d'une minute. Un quart d'heure plus tard McLaughlin lança un second ballon qui, assurait-il dans son article, n'avait pas eu le même comportement que l'OVNI qu'ils avaient observé. McLaughlin était convaincu que :
"c'était une soucoupe volante et, de plus, que ces disques sont des vaisseaux de l'espace venus d'une autre planète".
Ayant tenu ces propos à titre professionnel, son observation fit des remous dans l'Etat-major. En effet, les conclusions du projet Grudge étaient en pleine contradictions avec l'observation de l'un de leurs observateurs. L'Armée de l'air réagit immédiatement face à cette polémique et un officier général organisa une conférence de presse, rappelant que l'armée ne cachait rien mais ne croyait pas aux soucoupes volantes. Continuant à utiliser les mots magiques comme "hallucinations" et "mystifications", le public n'y cru pas un mot et se moqua de lui ainsi que des étoiles qu'il arborait. Le 27 décembre 1949 le Projet Grudge fut dissous et son rapport fut publié quelques jours plus tard 40 . Le rapport final contenait parmi d'autres annexes, un rapport du Dr.Hynek. Ayant étudié 327 notifications, il concluait que 32% des OVNI admettaient une explication astronomique. Le Service Météorologique de l'Aviation et le Laboratoire de Cambridge considérèrent que 12% étaient des ballons. Il restait donc 56% d'observations inexpliquées. En écartant encore 33% de mystifications et de méprises avec des avions, le Projet Grudge ne garda finalement que 23% d'OVNI. Mais le service psychologique du Laboratoire aéromédical leur fit un sort :
"Il existe assez de raisons psychologiques pour fournir des explications plausibles aux observations qui ne peuvent en recevoir de positives".
Il sous-entendait qu'étant donné que 70% des gens avaient observé un objet
37 N’oublions pas que les premiers relevés radars du sol de Vénus ne seront réalisées qu’en 1956 par l’US Naval Observatory et que les premiers sondes spatiales (Russes) ne pénétreront dans son atmosphère qu’à partir de 1961.
38
D.Keyhoe, "The Flying Saucers are Real", True, jan 1950, p11.
39
R.McLaughlin, "How scientists Tracked a Flying Saucer", True, march 1950 - J.A.Hynek, "Les Objets Volants Non Identifiés: mythe ou réalité ?", op.cit., p90.
40
"UFO - Project Grudge. Rapport technique N°. 102-AC-49/15-100".
légèrement coloré en haute altitude, alors qu'un objet volant en altitude devait paraître sombre devant le ciel, les OVNI ne pouvaient pas être réels ! Or ces 23% représentaient réellement la substance de tout le rapport : 54 observations demeuraient inexpliquées. Aussi, la prochaine fois que vous verrez un avion coloré voler très haut, dites-vous bien que vous êtes victime d'une illusion... et oublier le bruit qu'il fait !
Toutefois il manquait un document clé pour confirmer les observations d'OVNI : une photographie. Cette lacune sera comblée à deux reprises mais ravivaient encore plus la polémique.
Le premier document faisait suite à l'observation d'un soucoupe dans la nuit du 26 mars 1950 volant près du rivage de Galveston, au Texas. Selon les témoins "elle portait des marques de nationalité américaine". Quarante-huit heures plus tard, une station de télévision locale interrompit son programme et montra ce qu'elle appela les premières images de la soucoupe volante militaire. Il s'agissait d'un appareil expérimental le XF-5-U de l'US Navy, mais il ne vola jamais.
Début avril les magazines U.S. News et World Report prétendirent que les OVNI appartenaient bien à la Marine et exhumèrent à nouveau le prototype XF-5-U.
Le second document fut pris le 11 mai 1950, lorsqu'un fermier de McMinnville en Oregon, Paul Trent, prit deux photographies d'un objet métallique en forme de disque surmonté d'une petite tourelle, qui était passé lentement au-dessus de sa résidence. Le document fit le tour du monde et les experts ne purent pas y déceler de trucages. La Commission Condon précisa cependant : "tous les facteurs étudiés... sont en parfait accord avec l'hypothèse d'un extraordinaire objet volant argenté, métallique, et manifestement artificiel". Une photographie quasi identique sera prise en mars 1954, au-dessus de Rouen par un pilote militaire français. La similitude entre les clichés est stupéfiante. Jusqu'à preuve du contraire, les photos sont authentiques.
La confusion du public était à présent totale. Au printemps tout revint dans l'ordre lorsque la télévision diffusa un documentaire impartial et que le New York Times, resté neutre, publia un article intitulé : "Les soucoupes volantes... existent-elles ou non ?".
Mais si publiquement l’armée considérait que les OVNI ne constituaient pas une menace et étaient tout au plus des phénomènes naturels inexpliqués, le 9 mars 1950 l’Armée de l’air publia le rapport suivant qui demeura classifié “Secret” :
“La fréquence des rapports de cette nature a récemment augmentée; des instructions ont donc été données à toutes les installations radars avec l’ordre de rapporter les observations d’objets inhabituels” 41
. En fait l’US Air Force était incapable d’expliquer ce qui se passait au-dessus de sa tête.
Bien que les soucoupes volantes semblaient à nouveau s'agiter, le 25 juin 1950 les armées de la Corée du Nord franchirent le 38e parallèle, si bien que le problème des OVNI ne fut plus une priorité. Qu’à cela ne tienne, le 8 septembre, un certain Frank Scully publia un livre intitulé Behind The Flying Saucers, révélant que des savants avaient découvert au Mexique trois modèles de soucoupes volantes et les avaient analysées. Elles avaient été construites avec un métal inconnu, ultra-résistant. Ils détenaient également de petits hommes en uniforme bleu se nourrissant d'aliments concentrés et buvant de l'eau lourde. Scully détenait son histoire du multimillionnaire Newton et du "Dr.Gee". Deux ans plus tard, on apprit que les trois auteurs étaient condamnés pour escroquerie, Scully n'étant pas à son coup d'essai.
Le 10 février 1951, un avion cargo quitta l'Islande en direction de Terre-Neuve. Il volait à 3000m d'altitude à 370 km/h. Le ciel était clair et le vol transatlantique devait se dérouler sans aléas. Juste avant l'aube, au large des côtes du Groenland, B. et K., le pilote et le copilote restés anonymes, observèrent une lueur jaune à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest. Croyant avoir dévié de leur cap, ils vérifièrent leurs coordonnées, mais il n'en était rien. A 8 km de distance, alors que les lumières ressemblaient à un cercle d'une blancheur éclatante, les lumières s'éteignirent. Seul un halo jaune se reflétait dans l'océan. Soudain, le halo vira à l'orangé puis au rouge vif et fonça droit sur l'avion : "il vint alors dans notre direction à une vitesse fantastique. On s'attendait à être engloutis". Le copilote manoeuvra en catastrophe pour éviter l'objet qui fit le tour de l'avion et se stabilisa à 60 ou 90m devant leur nez et 30m plus bas : "l'objet avait la forme d'une soucoupe de 60 à 90m de diamètre et était translucide ou métallique". Après quelques instants l'objet s'éloigna et fila à une vitesse que le pilote estima à plus de 2400 km/h.
Ils avertirent le champ d'aviation de Gander, à Terre-Neuve, leur demandant s'ils avaient observé quelque chose. A leur atterrissage, les services de renseignements demandèrent aux deux hommes de faire une déposition complète dès leur retour aux Etats-Unis. Par la suite ils apprirent que le radariste de Gander avait suivi un écho qui se déplaçait à la vitesse de 2900 km/h, c'est-à-dire près de 2.5 la vitesse de l'avion à réaction le plus rapide connu à cette époque !
Le 10 septembre 1951 un pilote observa au-dessus de la base de Forth Monmouth, dans le New Jersey, un objet rond et argenté, relativement plat de 9 à 15m d'envergure. Les OVNI se rapprochant à nouveaux des bases militaires et les dépositions se succédant, l'Armée de l’air se résigna à rouvrir le projet Grudge. A sa tête se trouvait le capitaine Ruppelt, un vétéran de la
41
J.A.Hynek, “The Hynek UFO Report”, op.cit., p122.
dernière guerre, réputé pour avoir la tête froide. Le professeur Hynek était le conseiller astronomique. En moins d'un an ils recensèrent plus de 1500 notifications (1501 exactement), une véritable vague dont les magazines Life, Look et le New York Times se firent l'écho. Le projet Grudge devint rapidement un organisme national sous le nom de Project Blue Book.
Entre-temps, des rapports parvinrent à l'ATIC sur des lumières nocturnes apparues au-dessus de Lubbock, au Texas. Ce dossier, dépouillé par le capitaine Ruppelt 42 , est révélateur de la prudence que peuvent et doivent avoir les enquêteurs face aux notifications d'OVNI. Cet incident ci fut observé à la fois par des radars, des centaines de témoins et de façon répétée et même "confirmé" par des photographies. Il s'étendit sur plusieurs semaines et sembla toucher une région de 2000 km d'étendue. Autant d'éléments confortent a priori l'authenticité du phénomène. Mais l'attitude du capitaine Ruppelt mérite que l'on s'y attarde. Sa méthode de travail initiale fut exemplaire et force notre respect. Nous retrouverons une méthode similaire, plus tard, chez certains scientifiques. Seul bémol, sa spectaculaire volte-face à deux pas de conclure me laisse encore pantois et détruisit toute sa crédibilité. Plus que jamais, son attitude inexplicable, et inexpliquée, met le doigt sur les arguments scientifiques que prétendent défendre les enquêteurs et les influencent qu'ils subissent, consciemment ou non.
Le premier rapport qu'il analysa fut envoyé par la 34e escadrille de défense aérienne stationnée à Kirtland. Le 25 août, vers 21 h, près d'Albuquerque au Nouveau-Mexique, un employé de la Commission de l'énergie atomique de l'ultra-secrète Sandia Corporation et sa femme observèrent un immense engin traverser rapidement et silencieusement le ciel au-dessus d'eux. L'objet volait très bas, mais ils le distinguèrent nettement. Ils estimèrent sa hauteur entre 250 et 300 mètres. Il avait la forme d'une "aile volante", une fois et demi plus longue qu'un B-36. L'aile s'inclinait fortement sur l'arrière, prenant presque la forme d'un V. Ils ne distinguèrent pas de couleur mais remarquèrent que des bandes sombres rayaient l'objet dans le sens de la longueur. Le bord arrière de l'OVNI se caractérisait par six ou huit paires de lumières faibles et bleuâtres ponctuelles.
Presque simultanément à Lubbock, moins de 20 minutes après l'observation d'Albuquerque et à 380 km de distance, quatre enseignants, W.I.Robinson, géologue, A.G.Bert, enseignant la chimie industrielle, George, un physicien et W.L.Ducker, ingénieur de l'industrie pétrolière, aperçurent une formation de lumières de couleur bleues-verdâtres et douces passer au-dessus de leur domicile. L'objet avait une forme semi-circulaire et ils pouvaient compter de 15 à 30 lumières. L'OVNI se déplaça du nord au sud. Elles réapparurent une heure plus tard. Cette fois les professeurs ne s'étaient pas laissé surprendre par l'événement et reconnurent les détails de la première observation, mais les lumières ne constituaient pas une formation régulière, elles étaient simplement groupées. Dans les deux semaines qui suivirent, accompagné de deux nouveaux observateurs, il aperçurent douze autres formations similaires. Après enquête, il s'avéra que les formation lumineuses décrivaient un arc de 90° en 3 secondes, soit une vitesse angulaire de 30° par seconde et se déplaçaient toujours à 45° au-dessus de l'horizon sud. La formation ne fut jamais régulière et il leur advint même d'en observer deux ou trois au cours de la même nuit. Malheureusement, malgré des tentatives d'évaluer leur altitude par trigonométrie, ils ne purent déterminer l'altitude des lumières.
Dans la matinée du 26 août, soit quelques heures seulement après l'observation de Lubbock, une station de la défense aérienne d'une petite ville de l'Etat de Washington, c'est-à-dire à 2000 km de là, signala que deux radars avaient enregistré des échos non identifiés à 3900m d'altitude et volant à 1450 km/h. L'objet resta sur les écrans pendant 6 minutes, mais il disparu quand un F-86 décolla pour l'intercepter. Si les observations d'Albuquerque et de Lubbock se rapportaient au même phénomène, l'OVNI parcouru 380 km en l'espace d'un quart d'heure; il volait effectivement à une vitesse d'environ 1500 km/h.
Cinq jours plus tard, un étudiant dénommé Carl Hart prit 5 photographies d'une formation nocturne en forme de V, constituée d'une vingtaine de sources lumineuses ponctuelles régulièrement espacées. Il avait vu les lumières surgir dans le nord, traverser le ciel et disparaître au-dessus de sa maison. Elles présentaient une coloration bleu-vert mais contrairement aux descriptions des enseignants, celles-ci formaient un V parfait. Après enquête l'OVNI avait parcouru un arc de 120° en 4 secondes, ce qui correspondait bien à la vitesse mesurée par les enseignants. Selon Ruppelt, cette description était analogue à celle de l'aile volante d'Albuquerque : "le fait était extraordinaire... Jamais encore on n'avait obtenu des rapports aussi concordants !".
Pendant les deux semaines qui suivirent des centaines de personnes de la région de Lubbock virent également ces formations lumineuses. Par la suite, Ruppelt retrouva un vieil homme de Lamesa qui lui donna une précision. La troisième fois qu'il vit les lumières, l'une d'elles avait émis un bruit analogue au cri du pluvier. Il connaissait bien cet oiseau, de la taille d'une caille. Ruppelt et
42
E.Ruppelt, “Face aux soucoupes volantes”, op.cit., ch.8 - “Project Blue Book”, op.cit., p78.
les enquêteurs se rendirent chez le conserveur du gibier du district de Lubbock, mais on leur confirma que jamais il n'avait entendu parlé d'un vol groupé de quinze à trente de ces oiseaux. Les canards, certainement, mais les pluviers, probablement pas. Il notait cependant qu'il y avait plus de pluviers cet automne là qu'à l'ordinaire, pour une raison inconnue. On aurait également put dire à Ruppelt que les pluviers n’ont pas encore de lampe torche autour du coup !
Les négatifs de Hart furent analysés par le laboratoire photographique de Wright Field. Chaque image était un peu floue, le sujet avait bougé, la durée de pose ayant été de 1/10e de seconde à f/3.5. L'analyse minutieuse des négatifs révéla que bien que les photographies aient été prises par une nuit très claire (même les enseignants ne purent évaluer la hauteur de l'OVNI car il y avait très peu de nuages), on ne voyait aucune étoile à l'arrière plan. Cela démontrait donc que les formations lumineuses étaient soit beaucoup plus brillantes que les étoiles, soit très rapprochées ou impressionnaient plus fortement la pellicule sensible. Malheureusement, en essayant de reconstituer ce que Hart prétendait avoir photographié et à la vitesse angulaire estimée, Ruppelt et les spécialistes du Laboratoire de Reconnaissance Photographique du WALC n'aboutirent qu'à des clichés flous et beaucoup plus mauvais que ceux de Hart. De l'avis du Dr.Menzel 43 , si les lumières se déplaçaient aussi rapidement que les enseignants le prétendaient, personne n'aurait put les photographier avec la netteté qu'ils présentaient sur les clichés pris avec l'appareil Kodak 35 de Hart. Il devait s'agir des reflets des lumières de la ville ou de l'éclairage de phares d'automobiles sur une nappe de brume. Mais ni le physiologiste du laboratoire aéromédical ni les photographes professionnels du magazine Life n'acceptèrent cette déclaration. Si Hart avait l'habitude d'utiliser son appareil, il pouvait prendre des clichés beaucoup plus nets que ceux que l'armée tenta de reconstituer et s'il était excité par son observation, il pouvait facilement prendre trois clichés en l'espace de quatre secondes.
L'enquête se reporta alors sur les observations. A la question de savoir pourquoi les formations étaient tantôt en V parfait, tantôt irrégulières et groupées, selon les gens du laboratoire de l'armée, cela était tout à fait possible si les lumières émettaient un rayonnement infrarouge, auquel l'oeil n'est pas sensible, au contraire de la pellicule. L'affaire des "lumières de Lubbock" était donc dans une impasse. Quant au bruit, le centre balistique d'Aberdeen, dans le Maryland, considéra qu'un projectile bien caréné ne sifflerait sans doute pas. Etant donné qu'on ne pouvait pas non plus estimer la hauteur des lumières qu'avaient vu les quatre enseignants, si l'OVNI plafonnait à 2000 m de hauteur, sa vitesse aurait pu atteindre 5760 km/h et la formation aurait eu une largeur de 525 mètres. Mais elle pouvait être à n'importe quel altitude. Autrement dit Ruppelt aboutit dans une nouvelle impasse.
Restait les échos radars. Les spécialistes de l'ATIC confirmèrent qu'en tenant compte des conditions de propagation d'alors, il ne s'agissait pas d'aberrations ni d'oiseaux, les images des deux radars étant par ailleurs identiques sur les deux écrans.
Il manquait en fait de précieux renseignements sur la dynamique du phénomène, sa hauteur, sa vitesse, la dérive ou non de l'OVNI ainsi qu'une description précise de la luminosité des lumières par rapport aux étoiles et aux réverbères à vapeurs de mercure, qui eux aussi donnaient une lumière bleuâtre. En fait cette dernière comparaison ne fut pas nécessaire car d'autres témoins, habitant à plusieurs kilomètres des artères éclairées, avaient également vu ces formations lumineuses.
La conclusion officielle de Ruppelt sera : "Rien ne prouve que ces photos soient des truquages, mais rien ne prouve non plus leur authenticité". Il reconnaissait cependant sans détour et avec une rigueur qu'il faut lui reconnaître, que les quelques renseignements recueillis par les enseignants "paraissaient exacts, mais ils restaient bien trop insuffisants pour permettre de bâtir une explication".
En avril 1952, le magazine Life publia un long article de fond sur le sujet qui présentait le problème d'un point vue très original pour cette époque. Il avait été écrit par une équipe de journalistes qui reçu toute l'aide nécessaire de Ruppelt et des membres de son équipe d'enquêteurs. On pouvait ainsi lire ceci : "ces objets ne peuvent être expliqués par la science moderne comme des phénomènes naturels mais seulement comme des engins artificiels créés et manoeuvrés par une intelligence supérieure", une conclusion sommes toute hâtive qui correspond bien aux idées que ce font certains journalistes, avides de sensations, du problème OVNI. A leur décharge, contrairement à ce que pensait Menzel, les auteurs concluaient que ces phénomènes ne pouvaient pas être attribués à des manifestations météorologiques, comme des ballons-sondes, des inversions de température, des reflets, des mirages, voire des hallucinations mentales. Pour sa part, interrogé à propos de l'article, le porte-parole de l'Armée de l’air remit les chose à leur juste place, considérant "que cet article reposait sur des faits réels mais que ses conclusions n'engageaient que la responsabilité de leurs auteurs".
43 D.H.Menzel et R.A.Hall, "The World of Flying Saucers", Doubleday, 1963. C'est probablement l'un des rares livres qui soit anti-soucoupiste, les auteurs n'ayant volontairement pas voulu examiner les données d'un point de vue objectif.
Un mois plus tard, dans un article publié dans la revue Look, le Dr.Menzel 44 montra comment il était parvenu, en laboratoire, à reproduire sous certaines conditions les lumières de Lubbock. La réfraction d'un faisceau lumineux dans un liquide donnait un halo lumineux. Mais où trouvait-il de l'eau dans les descriptions de Lubbock ? Aux yeux de Menzel tous les observateurs avaient monté un canular... : "si un trucage était possible, disait-il c'est qu'il y avait eu trucage". Officiellement, en 1956 Ruppelt reconnu que "les observations, sauf celles faites au radar, demeurent sans explication". Mais finalement, convaincu par les explications d'un "savant dont il a promis de respecter l'anonymat", on conviendra qu'il ne peut s'agit que du Dr.Menzel, dans le rapport du Project Blue Book, il attribua les lumières de Lubbock "à un phénomène naturel très commun et facile à expliquer". Il dut perdre la mémoire car chacun sait combien il lui fut facile d'expliquer cet incident : il consacra 16 pages d'explications dans son fameux livre Face aux soucoupes volantes, avec pour seule ponctuation des points d'interrogation ! Mise à part cette maladroite volte-face dans la dernière ligne droite, Ruppelt avait abattu un travail considérable avec une grande objectivité. Dommage qu'il bâclât finalement tout et perdit ainsi toute crédibilité. L'erreur est humaine.
La conclusion officielle ne satisfit personne et encore moins lorsque Menzel prit position à propos de l'observation d'un OVNI par un pilote de DC-4 de la PanAm. Le 14 juillet de cette année le capitaine Nash et son copilote William Fortenberry avaient observé six disques rouges brillants, chacun faisant une trentaine de mètre de diamètre. Les OVNI volaient en formation rapprochées, à 600m au-dessus des eaux de la baie de Chesapeake, près de Norfolk en Virginie. Nash et Fortenberry précisèrent que lorsque les disques furent presque à la verticale de leur avion, ils perdirent leur éclat et s'inclinèrent sur le côté, comme le ferait un avion qui vire sur l'aile. Leur bord d'attaque faisait environ 4.5m d'épaisseur et la partie supérieure des disques semblaient être plate. Ils avertirent immédiatement l'Armée de l’air et le lendemain, 12 heures après l'incident, après avoir été interrogés ils survolèrent la région pendant deux heures, sans trouver quoi que ce soit d'anormal.
Il apprirent par la suite que les disques avaient été observés par sept autres témoins dans la même région. Le Project Blue Book classa l'incident comme "inexpliqué". Mais c'était sans compter sur l'imagination du Dr.Menzel. Après avoir longtemps discuté avec Nash, il finit par conclure que les deux témoins avaient été trompés par des lucioles piégées dans le double vitrage du cockpit ! Puis, au mépris des conditions météos relevées le même jour, il conclut qu'il s'agissait une nouvelle fois des reflets de lumières terrestres sur de la brume ou une inversion de température. De telles conclusions n'étaient pas exceptionnelles et l'ouvrage du Dr.Hynek en mentionne plus d'une, qu'il n'acceptait évidemment pas. Quel délire !
Ouvrons une parenthèse. Sous le couvert de l'establishment, Donald Menzel, docteur en astrophysique de surcroît, réagit comme s'il s'agissait, à chaque fois, d'une mauvaise interprétation d'un phénomène naturel, qu'évidemment lui seul était à même de découvrir. Devant le fait accompli, chacun devait accepter son interprétation qui ne souffrait aucune exception, parole "d'expert". Cette attitude irrationnelle, ce parti pris évident, ne confirme pas l'esprit d'ouverture que doivent avoir et revendiquent les scientifiques. On ne peut que montrer du doigt et rejeter de la communauté scientifique ce représentant d'une science jamais mise en défaut. J'ignore si on ne lui dit jamais en face, mais le Dr.Menzel s'était trompé de métier; il aurait mieux fait de s'occuper de pseudoscience, statut qui semblait lui coller à la peau mais qui est loin de correspondre à celui de l'ufologie. A trop regarder les OVNI, on fini aveuglé par les lumières nocturnes.
Après l'article retentissant de Life, la presse continua à relater les notifications d'OVNI. En mars 1952 le projet Grudge, devenu prestigieux si l’on en croît Ruppelt, se transforma en "Project Blue Book". La petite équipe d'enquêteurs devint une organisation portant le titre d'"Aerial Phenomena Group". Le Project Blue Book était à présent indépendant. La publication de ses résultats était assurée par le Bureau de l’Information du Secrétariat de l’Air Force, le SAFOICC.
Dans les mois qui suivirent, le rythme des apparitions s'accéléra, si bien que l'on assista à une véritable vague d'OVNI pendant l'été 1952 : 1200 observations en 5 mois, qui touchèrent non seulement la presse locale et nationale mais également les services gouvernementaux. La vague américaine connaîtra son paroxysme en juillet 1952 avec 50 notifications d'OVNI pour la seule journée du 28, alors qu'en temps normal on assistait à 10 ou 20 observations par mois.
Ainsi, le 19 juillet à 23h40, les contrôleurs aériens de l'aéroport national de Washington 45 , situé à quelques kilomètres de la Maison Blanche, observèrent sept spots sur deux écrans radars ARTC. D'après le contrôleur en chef Harry G.Barnes, ils se trouvaient à 24 km de distance et se déplaçaient de 160 à 210 km/h. Barnes appela la tour et apprit que les contrôleurs radar de la base
44
D.Menzel, "The Truth about Flying Saucers", Look, 17 june 1952.
45
E.Ruppelt, "Face aux soucoupes volantes", op.cit., ch.12.
aérienne d'Andrews, située à 25 km de là au Maryland, avaient les mêmes images devant leurs yeux. Brusquement, deux échos accélérèrent et sortirent des écrans avec une vitesse estimée à 10500 km/h. A ce moment là les objets étaient entrés dans la zone interdite, au-dessus de la Maison Blanche et du Capitole. A 3h du matin Barnes avertit le commandant d'escadrille de garde et deux chasseurs prirent l'air une demi-heure plus tard. Après un survol du site, les chasseurs rentrèrent bredouille. Après leur atterrissage les spots réapparurent sur les écrans radars et y demeurèrent jusqu'au petit jour.
L'agitation gagna le Pentagone où, au premier étage, Al Chop, représentant civil du Project Blue Book éprouvait beaucoup de difficulté à contenir l'ardeur des journalistes, tandis qu'au quatrième étage, les officiers de renseignements se prenaient la tête pour tenter d'expliquer cet affaire. Pour Menzel il s'agissait à nouveau d'une inversion de température. Mais Barnes n'accepta pas cette explication : "Les signaux d'inversion sont toujours reconnus par les experts. Nous sommes habitués aux interférences causées par les conditions météorologiques, les oiseaux ou autres". Menzel, qui n'était pas un radariste ne répondit pas.
Le même phénomène se reproduisit le samedi 26 juillet. Quatre ou cinq signaux semblaient se diriger vers le sud de Washington. Les pilotes des avions commerciaux volant aux alentours signalèrent également d'étranges lumières à proximité de l'aéroport. A 23h Harry Barnes avertit le Pentagone qui envoya, avec un peu de retard, deux avions F-94 à leur reconnaissance 25 minutes plus tard, en vain. Lorsque les chasseurs furent en vol, les OVNI disparurent des consoles radars. Après 10 minutes de recherche infructueuses au-dessus de la région, les chasseurs regagnèrent leur base tandis que les échos réapparurent quelques minutes plus tard. Entre-temps des gens situés aux alentours de la base de Langley, près de Newport News téléphonèrent à la tour de contrôle de Washington qu'ils voyaient d'étranges lumières "tournantes et changeant de couleur". Voyant également les lumières, la tour demanda l'envol d'un intercepteur. Un F-94 qui se trouvait alors en l'air fut guidé par les témoins et se dirigea vers la lumière, mais elle s'éteignit brusquement, "comme lorsqu'on ouvre un interrupteur de lampe". Le pilote garda le cap et obtint un contact sur son radar, mais il ne dura que quelques secondes. L'écho semblait avoir prit de la vitesse et disparu. Le même phénomène se reproduisit deux autre fois. A 3h20, les échos d'OVNI étant toujours présents, deux nouveaux chasseurs décollèrent. Cette fois les OVNI restèrent sur les écrans radars et l'un des pilotes observa 4 lumières. Soudain, il annonça que les lumières encerclaient son avion, et il demanda ce qu'il devait faire au contrôleur au sol. Avant même qu'il n'ai reçu une réponse, les lumières s'étaient évanouies dans l'obscurité. Les avions restèrent en vol puis durent rentré à leur base, par manque de carburant. La même nuit un radar de Californie repéra un écho suspect et un F-94C s'envola. Le pilote et l'opérateur radar constatèrent qu'ils fonçaient vers une grosse lumière de couleur jaune orangé. C'est alors qu'une véritable partie de cache-cache débuta. L'OVNI s'écarta à une vitesse terrifiante chaque fois que l'avion arrivait à portée de tir. Puis, au bout d'une ou deux minutes, l'objet ralentissait et le petit jeu reprenait. Lorsque le Soleil se leva, tous les objectifs avaient disparus.
Bob Ginna, le spécialiste des questions d'OVNI chez Life avec été prévenu de l'incident par son bureau de Washington et appela Ruppelt qui lui dit sans mentir qu'il ignorait ce que l'Armée de l’air comptait faire. Le lendemain matin le Pentagone fut submergé de demandes d'explications. Les autorités restèrent très évasives, si bien que les journaux du lundi soir titrèrent d'énormes manchettes 46 : "Des objets en feu échappent aux avions à réaction au-dessus de la capitale Enquête enveloppée de secret - Des chasseurs à réaction alertés contre des soucoupes volantes Vaine poursuite dans le ciel de la capitale - Arrivé d'un expert pour enquêter sur les objets aperçus de nouveau dans le ciel". Ruppelt se souvint d'avoir demandé à son compagnon qui pouvait bien être cet expert. Il comprit quand les journalistes se ruèrent sur lui !
Le surlendemain, le 29 juillet 1952 on parla beaucoup au quatrième étage du Pentagone mais comme le dira Ruppelt, on n'agissait pas. Tous les officiels étaient persuadés que les radars avaient eu des contacts avec des objets solides, mais peu de pilotes avaient eu la confirmation visuelle. Vers 10 heures, le général Landry, aide de camp du Président Truman s'inquiéta même de savoir ce qui se passait sur terre ou ailleurs. Ruppelt lui répondit : "les radars peuvent avoir été victimes d'une aberration météorologique, mais nous n'en avons aucune preuve".
Dans l'après-midi, le général Samford, directeur des services de renseignement de l'Armée de l’air, tint une conférence de presse qui fut rapportée par Donald Keyhoe 47 . Fidèle à la politique de la maison, pour laquelle il fallait absolument "dégonfler" toute l'affaire, il annonça que les lumières apparues au-dessus de Washington au cours des deux dernières semaines étaient dues à "des phénomènes naturels d'inversions de température". Le général Samford se déroba si bien devant les questions des journalistes qu'ils avaient l'impression qu'on leur cachait quelque chose.
46
Washington Post, 28 juillet 1952.
47
D.Keyhoe, "Flying Saucers from outer Space", Tandem, 1973.
Plusieurs mois plus tard, Ruppelt apprit qu'un pilote de ligne avait un jour été prié par la tour de contrôle de Washington d'identifier un OVNI en avant de la piste, quelque part au-dessus du Potomac. Chaque fois que le pilote effectuait une passe, la tour lui disait qu'il avait dépassé l'objectif. Finalement, il examinèrent le terrain en-dessous d'eux et la seule chose qu'ils virent était le bateau des Wilson Lines qui effectuait la liaison de Washington à Mount Vernon : "J'ignore si le radar avait un truc pour l'altitude dit-il, mais, à coup sûr, c'était ce bateau qu'il repérait. Il y a tant d'enseignes lumineuses dans la région de Washington, qu'on peut regarder n'importe où et apercevoir une "lumière mystérieuse"". Prenons-en bonne note, même si cela n'explique pas la fréquence des observations et semble discréditer la compétence des opérateurs radars.
Ce genre de conclusion, souvent invoquée lorsqu'on parle des "anges radars" ou faux échos, mérite quelques explications qui, au demeurant, n'expliquent pas du tout évidemment les lumières de Washington. Si je garde un bon souvenir de mes études, dans des conditions normales, la température et le taux d'humidité diminuent à mesure que l'altitude augmente. Mais il arrive que le contraire se produire, que soit la température soit l'humidité augmente avec l'altitude. Une couche d'air chaud peut ainsi se trouver au-dessus d'une couche d'air froid et provoquer ce qu'on appelle une "couche d'inversion de température". Ce phénomène peut jouer des tours extraordinaires aux ondes radios et optiques. L'ancien radioamateur que je suis peut vous confirmer que ces couches d'inversion peuvent dévier la trajectoire des ondes-courtes et les propager à plusieurs dizaines de kilomètres pour leur faire toucher le sol dans un pays limitrophe. La surface de réflexion ne doit pas être ionisée pour autant, la surface plate d'un véhicule ou d'un bâtiment pour faire office de miroir. Le lecteur doit peut-être connaître une variante de ce phénomène : il se manifeste parfois comme des images fantômes sur les téléviseurs mal réglés; un édifice distant de 20 km apparaissant en silhouette sur votre écran.
Etant donné que ces couches d'inversions évoluent au gré des vents, les échos eux-mêmes peuvent apparaître en différents endroits de la région surveillée, donnant l'impression qu'ils se sont déplacés à grande vitesse. Un opérateur ne pensera pas immédiatement à un "ange", il faudra en effet vérifier les conditions météorologiques à cet instant et déterminer le trajet des ondes. Vient se greffer sur ce calcul l'influence du rayonnement solaire en fonction de la fréquence qui modifie relativement fort la propagation des ondes courtes (la différence est très marquée entre la nuit et la journée par exemple). Quand tous ces paramètres sont évalués, il reste à déterminer la probabilité qu'il s'agisse d'un vrai ou d'un faux écho. Il arrive encore que des oiseaux réfléchissent les ondes radios ou la lumière et soient pris pour des OVNI. Le traitement informatique des signaux permet aujourd'hui d'isoler la plupart des "anges" sur base de leur signature atypique et de paramètres dynamiques. L'opérateur expérimenté peut également fonder son appréciation sur l'image plus ou moins floue qu'il observe, mais cela reste très subjectif et donc sujet à polémique.
Après la vague de l'été 1952, le nombre d'observations se réduisit à mesure que la publicité se relâcha et on ne compta "plus que" 3712 notifications d'OVNI entre 1952 et 1956. Comme nous l'avons dit dans l'introduction, la presse publia plus de 16000 articles sur le sujet, y compris les explications de soi-disant spécialistes. Début 1953 la CIA devint même hystérique, considérant que la publicité faite autour des OVNI minait la confiance de la population dans l'armée. Il fallait absolument considérer que les OVNI n'existaient pas.
La CIA publia donc des comptes-rendus dans la presse et plusieurs pilotes vétérans de la guerre, des physiciens, des prix Nobel et même des illusionnistes donnèrent leur avis Les histoires de soucoupes volantes amusaient les gens et certains chercheurs tournaient volontiers les observations en dérision. Parmi ceux-ci nous retrouvons le Dr.Menzel, qui crut trouver, malheureusement peut-on dire, une explication à chaque observation.
Après avoir étudié pendant 6 ans les notifications d’OVNI soviétique, son équivalent le Pr. Boris Kukarin 48 disait en 1952, “les soucoupes volantes sont une illusion d’optique qui grossit à mesure que s’étend la psychose de la guerre... encouragée par ceux qui y trouve un intérêt”. Ceux qui y croyaient étaient étiquetés de non patriotiques et pro-guerriers ou avaient eux-mêmes participés à la construction de prototypes de soucoupes volantes, tel le Pr. S.Zonshtein.
Le psychanalyste autrichien Wilhelm Reich 49 voyait dans les soucoupes volantes les émissaires d'un monde hostile. Carl Jung 50 , le célèbre psychanalyste suisse voyait dans les soucoupes volantes la projection affective d'une image symbolisant l'harmonie et la plénitude. Il devait toutefois reconnaître dans le magazine anglais Flying Saucer Review que si
"l'origine extraterrestre du phénomène devait se trouver confirmée [...] les autorités qui sont en possession d'informations importantes, ne devraient pas hésiter à éclairer le public aussi vite et aussi complètement que possible et devraient, avant tout, cesser ces simagrées ridicules de mystères et de vagues allusions".
Nous nuancerons son point de vue un peu plus loin.
Les comptes-rendus allaient eux aussi dans tous les sens.
L'astronome amateur George Adamski 51 raconta comment il rencontra des Vénusiens, Grady Barnett découvrit les restes calcinés d'une soi-disant soucoupe volante et de son pilote à Roswell, Daniel Fry s'efforça d'entrer en contact radio avec des extraterrestres, tandis qu'un peu partout, en Amérique latine, en Europe et en Russie, on vit des extraterrestres. Ces notifications suscitaient tant de curiosités qu'en 1952 plusieurs associations se constituèrent en parallèle de l'Armée de l’air. Certaines d'entre elles deviendront célèbres tel l'APRO (Aerial Phenomena Research Organization), le MUFON (Mutual UFO Network) et le NICAP (National Investigations Committee on Aerial Phenomena). Cette dernière organisation comptait parmi ses membres l'ancien responsable de la CIA et des officiers supérieurs en retraite. Elle détient aujourd'hui une collection monumentale de documents 52 . Nous reviendrons sur son activité.
Au cours de 1952, de nombreux ingénieurs et scientifiques vinrent consulter les rapports d'OVNI de l'Armée de l’air, mais tous avouèrent qu'il leur faudrait beaucoup plus de temps pour se forger une opinion rigoureuse sur le sujet. Ruppelt et ses collègues de l'ATIC reconnurent qu'il serait opportun de réunir un groupe de scientifiques des Etats-Unis afin d'étudier ce phénomène et de proposer quelques axes de recherches qui seraient proposés, le cas échéant, au Président.
Cette initiative avait été durement acquise car jusqu'alors aucune preuve tangible ne venait supporter ce genre de réunion. Mais cette fois, un incident pouvait intéresser les scientifiques. En novembre 1949, un groupe de scientifiques entrepris de mesurer la radioactivité naturelle en différents endroits des Etats-Unis lorsqu'un groupe d'étudiants découvrit par hasard, au Nouveau Mexique, un lien possible avec la manifestation d'OVNI. Des enregistrements suspects s'étant manifestés jusqu'en février 1950 puis encore en juillet, il pouvait y avoir matière à réflexion, même si les conseillers scientifiques de l'Armée de l’air jugeaient qu'il n'y avait "rien de probant".
Sous l'approbation de l'Armée de l’air, la CIA organisa une rencontre entre des scientifiques, sous la présidence du physicien H.P.Robertson, expert en armement. Le "Robertson Panel" également connu sous le nom de “Rapport Durant” - comprenait Edward Ruppelt, le prix Nobel Luis Alvarez qui participa à l'élaboration de la bombe atomique, le Dr. Lloyd V.Berkner, géophysicien, le Dr. Thornton Page, astrophysicien, Frederick C.Durant, spécialiste des missiles et des fusées, le Dr. Samuel Goudsmit qui collabora aux travaux d'Einstein et le Dr.Hynek. Le 12 janvier 1953, pendant 7 jours, ils interviewèrent 14 personnes dont Ruppelt, des membres de la CIA/OSI et de l’ATIC. Ils analysèrent 75 rapports et 2 films en couleurs montrant des lumières évoluant dans le ciel de Tremonton et de Montana, films qui avaient déjà été visionné pendant des milliers d'heures sans que personne n'ait pu trouver la moindre explication.
Ruppelt consacra les deux premiers jours à expliquer son travail, signalant qu'il avait récolté 4400 rapports mais n'en avait retenu que 1593. D'après ses estimations, on ne lui signalait que 10% des observations faites sur le territoire des Etats-Unis, de sorte qu'il devait y avoir quelque 5000 observations d'OVNI chaque année. Après enquête, 429 observations restaient inexpliquées. Le jury consacra toute une journée à poser des questions sur les 26,94% d'événements classés "inconnus" pour savoir s'ils pouvaient être attribués à l'action d'être intelligents : "La réponse était délicate avoua Ruppelt, parce qu'elle n'était pas officielle, et elle n'était pas officielle justement parce qu'elle était délicate : elle aboutissait à conclure qu'il s'agissait bien de véhicules interplanétaires. Personne n'avait voulu approuver notre idée" 53 .
Ruppelt présenta ensuite les deux meilleurs films du Blue Book. Tous invoquèrent la méprise ou recherchèrent logiquement des lacunes dans les hypothèses proposées, en vain, bien que le doute subsista. Tous les membres présents savaient que ni les Etats-Unis ni aucun autre pays du monde ne possédait de technologie assez poussée pour construire les appareils capables d'effectuer les performances dont parlait les rapports.
Après deux jours de délibération, les invités relurent les rapports, firent projeter une nouvelle fois les films, consultèrent d'autres savants pour vérifier leurs idées et discutèrent abondamment entre eux. Enfin, ils rédigèrent leurs conclusions :
Pour le Dr Page, “d’après nos connaissances actuelles du système solaire, l’existence d’êtres intelligents... ailleurs que sur Terre est extrêmement improbable, et la concentration de leur attention par n’importe quel moyen contrôlable sur un quelconque continent de la Terre plutôt irrationnel”.
Tous conclurent : "En tant que groupe, nous ne croyions pas à l'impossibilité que d'autres corps célestes soient habités par des créatures intelligentes. Il n'est pas impossible, non plus, que ces créatures aient atteint un degré de développement intellectuel leur permettant de visiter la terre. Cependant, rien dans tout ce que nous avons lu dans les rapports relatifs aux prétendues "soucoupes volantes", ne tend à indiquer que ce soit bien le cas". En bref, à choisir entre les trois verdicts : phénomène connu, inutile de poursuivre les enquêtes; données insuffisantes, le programme est maintenu; et les OVNI sont des véhicules extraterrestres, le jury concluait dans ses "Recommandations", au plus grand étonnement de Ruppelt, qu'il fallait quadrupler l'effectif du Project Blue Book et lui adjoindre des spécialistes dans tous les domaines, électronique, photographie, météorologie, physique, etc., afin d'obtenir des mesures et des enregistrements précis. Les chercheurs militaires et civils seraient également alertés afin qu'ils puissent participer aux observations. Finalement, ils recommandaient d'informer le public à chaque stade de l'enquête afin de dissiper l'atmosphère de mystère et pour maintenir l'Armée de l’air en éveil pour éviter les réactions hâtives ou les négligences.
Finalement le jury conclu que les OVNI ne représentaient aucune menace pour le pays, mais que sa répétition continue constituait bien une menace. Proposé en lecture aux plus hautes instances gouvernementales et aux scientifiques, les avis furent partagés. Ceux à qui cela déplut estimèrent que le jury n'avait pas osé s'affranchir de ses préjugés et avait eu peur de prendre ses responsabilités. Dans leur esprit il n'y avait aucune raison de ne pas continuer à assimiler les OVNI aux extraterrestres.
Le jury recommanda enfin de tout communiquer au public et de ne rien tenir secret. Cinq ans plus tard, lorsque Ruppelt rédigea son fameux livre, 4 membres du Robertson Panel manquaient à l’appel et il ne publia même pas la liste des personnes interviewées par le Robertson Panel, liste publiée... dix-huit ans plus tard dans le Blue Book... Pire encore : lorsque Ruppelt soumis au Pentagone son intention de diffuser le film de Tremonton au public, mentionnant clairement qu'il pouvait s'agir d'un vol de mouettes, sa réponse fut un "non" catégorique. Cette attitude sera confirmée le 7 janvier 1954 lorsque le Renseignement de l'Armée de l’air déclara encore : "On parle beaucoup trop des OVNI... Taisez-vous".
Le Dr David Saunders 54 et R.Harkins dénoncèrent cette conspiration du silence. A leurs yeux le rapport du Robertson Panel ne fut qu’une couverture, “conçue et exécutée dans le double but d’embrouiller les services d’intelligence étranger et rassurer le cadre de notre propre establishement. Il y a de nombreux précédents où l’on utilisa de telles doubles et triples couvertures de sécurité en relation avec des projets d’importance réelle. Par exemple, la simple existence du Projet Manhattan fut tenue secrète, mais la nature et l’importance de ce projet fut un plus grand secret encore”.
Un an plus tard, probablement suite au manque d’ouverture des autorités, le capitaine Edward J.Ruppelt donna sa démission et quitta l’Armée de l’Air. En mai 1954 il publia un long article de 18 pages dans le magazine True 55 expliquant, notait l’éditeur en bas de page, les raisons pour lesquelles
“l’auteur, maintenant un civil, croit que les soucoupes volantes sont des vaisseaux interplanétaires ou n’existent pas”.
Les vagues successives d'observations et le manque de compétences de l'Armée de l’air finirent pas agacer les parlementaires américains. En 1966 deux membres du Congrès, Weston Vivian, député démocrate d'Ann Arbor et le futur président Gerald Ford, alors chef de file d'une minorité de républicains à la Chambre, demandèrent à L.Mendel Rivers, député de Caroline du Sud une enquête sérieuse sur la question, concluant : "Fermement convaincu que la population méritait une meilleure explication que celle fournie par l'Armée de l’air, je recommande instamment qu'une enquête soit menée sous l'égide d'une commission". Gerald Ford n'obtint pas son enquête mais une simple convocation à huis clos des trois acteurs du Project Blue Book devant la Commission du Congrès 56 : Harold Brown, secrétaire de l'Armée de l’air, le commandant Hector Quintallina Jr, directeur du Project Blue Book et le Dr.J.Allen Hynek, conseiller scientifique.
Rivers leur demanda ce qu'il était ressortit de leurs recherches "car on ne pouvait tout de même pas éliminer ces objets très lumineux d'un seul coup de plume". Confiant et se voulant rassurant, Harold Brown expliqua que "ces phénomènes ont été identifiés comme étant des étoiles brillantes, des planètes, des comètes ou des météores. Sur les 10147 enquêtes, 9501 avaient été expliquées par des scientifiques, des ingénieurs, des techniciens et des conseillers, autrement dit des experts soigneusement sélectionnés et hautement qualifiés, utilisant les laboratoires de l'Armée de l’air, les centres d'essais, les méthodes et les équipements scientifiques et techniques les plus perfectionnés. Restait 646 cas pour lesquels il n'y avait pas suffisamment de données".
Brown expliqua ensuite à Rivers que malgré le manque de résultats, l'Armée de l’air poursuivrait ses investigations avec un esprit d'ouverture. Rassuré par ces conclusions, Rivers ne vit plus de raison de maintenir le huis clos et accepta de laisser entrer les journalistes.
Brown répéta ses conclusions puis Rivers demanda au Dr.Hynek s'il avait quelque chose à déclarer. "Monsieur dit Hynek, la presse n'a pas été tendre à mon égard... La presse m'a décrit comme "la marionnette de l'Air Force", et a déclaré que je ne dis que ce que l'Air Force me fait dire. Je voudrais... lire à la commission une déclaration... qui ne m'a certainement pas été dictée par l'Air Force".
Il précisa que "la masse des informations qui s'était accumulée depuis 1948 méritait d'être étudiée très attentivement par une commission civile composée de spécialistes des sciences physiques et sociales, et qu'il conviendrait d'assigner à une telle commission la tâche d'examiner le problème des OVNI d'un point de vue critique dans le but précis de déterminer s'il existe réellement là un problème majeur". A ses yeux il restait 20 cas inexpliqués. Il faisait remarquer qu'en tant que scientifique il avait les mains en quelque sorte liées par l'Armée de l’air, qui semblait ignorer la démarche scientifique : "En tant qu'homme de science, je ne dois pas ignorer les leçons du passé; trop souvent il est arrivé que des questions de grande valeur pour la science aient été négligées simplement parce que le phénomène n'était pas conforme aux opinions courantes de la science contemporaine." L'audition fut suivie par quelques plaisanteries à propos d'une observation de Martiens relaté par le magazine Life, mais interrogé par les membres de la Commission, le commandant Quintallina dit qu'il n'avait pas eu connaissance de cette affaire. Cela n'était pas très étonnant. Un peu plus d'un tiers (38%) seulement des atterrissages d'OVNI recensés sur le territoire des Etats-Unis étaient notifiés dans le Blue Book. Jacques Vallée, fervent ufologue et consultant en informatique à l'Université de Stanford, cite 1024 incidents de ce type connus en 1966 dont 60 seulement furent notifiés par Quintanilla.
Ainsi se terminait la convocation du Congrès. Après une journée d'examen contradictoire, la Commission publia un rapport en février 1966. Malgré le luxe de moyens dont parlait Brown, les membres du Congrès n'avaient pas été dupes. La persévérance d'Hynek avait été profitable. La Commission constata le manque de moyen du programme Blue Book, qui disposait en fait d'un seul officier et de sa secrétaire et de moyens techniques limités. Les talents et les ressources du laboratoire de recherche de Cambridge (AFCRL) et du Bureau de recherche Scientifique de l'Armée de l'air (AFOSR) avait, de l'aveu même de Hynek, rarement été mis à contribution. La Commission reconnu son besoin de s'entourer de personnes qualifiées recrutées dans les universités. Quelques semaines plus tard, une commission spéciale du Bureau du Conseil Scientifique fut mise sur pied par le général-major E.B. LeBailly, directeur de l'Information de l'US Air Force (SAFOI), qui indiquait notamment : "En conséquence, il est demandé qu'une commission scientifique de travail [...] soit organisée pour examiner le Blue Book [...] et pour indiquer à l'Air Force les améliorations souhaitables. [...] Le Dr.J.Allen Hynek, président de l'Observatoire Dearborn de la NorthWestern University, est le conseiller scientifique du Project Blue Book. Il s'est déclaré prêt à travailler avec une telle commission afin de placer le problème dans la perspective qui convient". Sous la présidence du Dr.Brian O'Brien, cette commission spéciale avait recommandé en autres : "de passer des contrats avec quelques universités choisies, qui fourniraient des équipes scientifiques pour étudier de façon approfondie et dans les meilleurs délais des observations d'OVNI sélectionnées... le choix des universités devrait respecter un bon équilibre géographique".
Ainsi que le rappela le lieutenant-colonel J.F.Spaulding du SAFOI dans une lettre adressée au Dr.Hynek, l'idée qu'une organisation civile collabore avec l'Armée de l’air n'était pas nouvelle et fut émise à plusieurs reprises depuis 1948. En 1952 par exemple, l'analyse des rapports d'OVNI fut confiée au Battelle Memorial Institute de Colombus 57 , en Ohio : "Si mes souvenirs sont exacts écrivait le Lt-Col Spaulding, nous comptions un psychologue et même un aumônier ! Mais il s'agissait là d'un effort intérieur, non soutenu d'en haut, et la commission ne tint pas longtemps". En fait les statisticiens responsables de Battelle signalèrent une pénurie évidente d'information valables et précisèrent que même les notifications bien documentées n'offraient pas toutes garanties quant à la validité des données. Le SAFOI souhaita également la collaboration de la NASA et la NSF (National Science Foundation) qui habituellement signaient des contacts de recherches avec le privé, mais sans plus de succès. Le Lt-Col Spaulding concluait sa lettre : "Bien entendu, je serais moi-même tout disposé à apporter mon aide à cette commission pour tout ce qui relève de la compétence, et j'envisagerais même, si cela pouvait contribuer à placer le problème dans la perspective qui convient, de me mettre momentanément en disponibilité de l'université". Hynek envoya une copie de cette lettre en "haut-lieu", au Dr.Winston Markey, directeur des services scientifiques de l'Armée de l'air et au Dr.Harold Brown.
57 Publié ultérieurement dans le rapport N°.14 du Blue Book.
Cette lettre eu l'effet escompté, car quelques semaines plus tard E.B.LeBailly adressa des recommandations au Bureau du Conseil Scientifique dans lesquelles on retrouve plusieurs phrases similaires aux siennes. Les recommandations du Dr.Hynek seront retenues mais personne n'imaginait qu'elles le seraient si rapidement...
Deux mois après le compte-rendu du Congrès, le commandant Hector Quintanilla enquêta sur un événement qui bouleversa tout le pays. Si la description faite par les témoins est étonnante, je le cite avant tout pour bien mettre évidence les carences des organisations gouvernementales qui, bien souvent, au mépris des preuves, ne prennent pas la peine de mettre sur pied une procédure d'autocontrôle, avec tous les risques de dérapages que cela entraîne. Elle met en évidence tout le problème de la réalité des observations d'OVNI, la méthodologie et l'honnêteté scientifique.
Le cas rapporté par William Weitzel 58 , professeur de philosophie à l'Université de Pittsburgh est typique d'une rencontre rapprochée. Elle fut tellement éprouvante pour ses acteurs que Steven Spielberg la monta à l'écran dans le film "Rencontre du troisième type". Pour l’anecdote le Dr.Hynek y apparaît brièvement en tant que conseiller scientifique, un magazine d'ufologie en main et c’est Jacques Vallée qui servit de modèle pour le personnage de Lacombe. Enfin, ce récit sera réutilisé comme base de scénario pour un épisode de la série télévisée “Dark skies” qui fut diffusée sur les chaînes françaises en 1997. Pour l'heure il s'agissait d'une rencontre rapprochée du premier type. Voici les faits.
Alors qu'il faisait encore nuit, le 17 avril 1966 à 4h45 du matin, le shérif-adjoint Dale F.Spaur, attaché au bureau du shérif du Portage County en Ohio et Barney Neff, un mécanicien qu'il prenait souvent comme adjoint-monté, reçurent un appel radio les informant qu'une habitante du Summit County, un conté situé à l'ouest de Portage County, venait de signaler un objet dans le ciel "aussi gros qu'une maison. L'objet, disait-elle, volait trop bas pour être un avion, et trop haut pour être confondu avec un éclairage public". Ni Spaur ni Neff ne prirent la chose au sérieux.
En s'engageant sur la route nationale 224 en direction de l'ouest, il s'arrêtèrent auprès d'une voiture abandonnée. Après être sorti de leur véhicule pour observer les alentours, méfiant, Spaur regarda autour de lui pour ne pas être pris par surprise, quand l'aventure commença réellement : "-Quand mes yeux se sont posés sur la zone boisée située derrière nous, [à 300 m environ à l'ouest et au-dessus des arbres,] j'ai vu cette chose. A ce moment là, elle montait. Et à cet endroit, il y a une légère éminence; elle a grimpé jusqu'au niveau de la cime des arbres, soit à une trentaine de mètres de hauteur. Elle a commencé à se déplacer dans notre direction -elle est passée au-dessus des arbres qui se dressent sur l'éminence en question, au bord de la route [...] Et pendant tout ce temps, je ne l'ai pas quittée de l'oeil. Elle était si bas qu'on ne pouvait la voir que si elle arrivait sur nous. J'ai regardé dans la direction de Barney (Neff), et il était encore en train de surveiller la voiture arrêtée devant la nôtre; la chose devenait de plus en plus lumineuse et tout le coin commençait à s'éclairer; cette fois je me suis tourné vers Barney et je lui ai dit de regarder pardessus son épaule. C'est ce qu'il a fait. Il n'a rien dit, il est simplement resté pendant une minute la bouche ouverte, et il a dû baisser les yeux parce que l'éclat était trop fort. J'en ai fait autant, je regardais mes mains. Quand elle s'est immobilisée juste au-dessus de nous rien n'a pris feu, ni mes vêtements ni autre chose. La seule chose, le seul bruit que nous ayons entendu était un ronflement. Mais il n'était ni fort ni perçant. Et puis de temps en temps il se modifiait légèrement -c'était un bruit ressemblant à celui d'un transformateur en charge, et, quand il se modifiait, à celui d'un transformateur survolté. "- Pendant deux minutes j'ai eu si peur que je suis resté pétrifié; et puis j'ai bougé mon pied droit, et tout semblait en ordre. Barney avait dû se décider comme moi à mettre quelque chose entre la machine et lui, car nous nous sommes précipités ensemble vers la voiture, nous y sommes montés et nous n'en avons plus bougé. Je ne m'aventurerai pas à dire si ça a duré 10 secondes, 30 secondes ou 3 minutes - elle restait suspendue là, à planer ; nous, nous ne faisions aucun mouvement, rien du tout; elle est passée sur notre côté droit, elle s'est arrêtée une seconde, et il ne m'arrivait toujours rien, et Barney avait l'air d'aller bien. J'ai pressé le bouton d'appel radio, le voyant s'est allumé et j'ai pris le micro. Je voulais d'abord leur dire que cette chose était là. Et puis je me suis dit qu'ils allaient penser que - alors je me suis contenté de dire à Bob qui était en ligne : "cet objet lumineux, celui dont le monde dit qu'il circule par ici, eh bien, il est là". Et il me répond : "Descendez-le !". Spaur dira plus tard : " Il faut dire que cette chose, ce n'était pas un jouet; bon Dieu, c'était grand comme une maison ! Et si lumineuse qu'on en avait les yeux qui pleuraient. Je n'ai jamais rien vu d'aussi lumineux de ma vie". Spaur décrivit à l'opérateur ce qu'il voyait : "Ca mesure environ quinze mètres de large. On aperçoit une coupole, ou quelque chose comme ça, sur le dessus, mais c'est très sombre. Il en sort un faisceau de lumière qui fait un grand cercle en dessous. On dirait qu'il est assis sur ce faisceau".
58
J.A.Hynek, "Les Objets Volants Non Identifiés: mythe ou réalité ?", op.cit., p131 - United Press International, 18 avril 1966.
L'objet recommença à se déplacer. L'opérateur leur ordonna de le prendre en chasse, ce qu'ils firent immédiatement, et envoya une voiture équipée d'une caméra à leur rencontre. Mais l'agent se trompa de route et ne rencontra jamais la voiture de Spaur ni l'OVNI. L'agent Wayne Huston qui patrouillait avec une voiture près d'East Palestine entendit leur conversion et rejoignit Spaur sur la Nationale 15, lorsqu'il vit la chose à 8 km de distance. Elle arriva ensuite juste sur lui : "Elle volait à environ 250m du sol. Je ne l'ai pas vue descendre plus bas. J'étais debout à côté de ma voiture, et je l'ai regardée passée droit au-dessus de moi. Elle avait un peu la forme d'un cornet de glace quand la glace a partiellement fondu. La pointe du cornet était dirigée vers le bas; le sommet ressemblait à un dôme. Spaur et Neff débouchèrent immédiatement derrière elle. Je les ai suivis. Nous faisions du 130-135 km/h, avec des pointes de 170. Une fois au moins nous avons été pare-chocs contre pare-chocs, et nous en avons profité pour nous assurer que nous voyions bien la même chose. Elle nous précédait de 800 à 1000 m."
La course se poursuivit sur 130 km entre l'état d'Ohio et de Pennsylvanie. Vers 5h20 du matin, l'agent Frank Panzanella, membre des forces de police de Conway, descendait la seconde Avenue lorsqu'il vit un objet lumineux sur sa droite : "- J'ai pensé que c'était le reflet d'un avion. Je suis alors sorti de voiture et j'ai de nouveau contemplé l'objet. J'ai vu s'arrêter deux autres voitures de police; les agents qui en sont sortis m'ont
Vers 5h du matin, la Lune, Vénus et les autres planètes étaient situées à moins de 25° au-dessus de l'horizon est. Notez la présence de Vénus, brillant à la magnitude de -4.3, au-dessus et à droite de la Lune. Selon D.Spaur et ses collègues, l'OVNI était très lumineux et se déplaçait principalement à gauche de la Lune. Compte tenu des caractéristiques de l'objet, son comportement, les péripéties de la poursuite et la cohérence des divers témoignages, l'hypothèse "astronomique" proposée par le major Quintallina est donc inacceptable.
demandé si je le voyais. Ils désignaient l'objet du doigt, et j'ai répondu que je le regardais depuis dix minutes. Très lumineux, d'un diamètre de 8 à 11m, il avait la forme d'un ballon de rugby coupé en deux. Se déplaçant à environ 300m d'altitude, il est parti vers l'Harmony Township; là il a stoppé puis est monté à toute allure jusque vers 1100m (et, selon un autre témoignage, s'est immobilisé). J'ai alors appelé ma base et j'ai dit à l'opérateur de notifier l'aérodrome de Pittsburgh. Il m'a demandé si je n'étais pas un peu malade et je lui ai répondu que si j'étais malade alors mes trois autres collègues l'étaient aussi. L'objet, qui grimpait toujours, n'était plus qu'un tout petit point lumineux. En prenant la Lune comme point de repère, il se situait à sa gauche et paraissait être relativement éloigné (Vénus se situait à droite de la Lune). D'où j'étais, je n'apercevais par la Lune. L'objet a été vu à l'est, s'encadrant entre deux antennes, au-dessus d'une arrière cour de l'autre côté de la rue. Tous les quatre nous avons vu l'objet grimper en flèche et disparaître". La folle nuit d'observation se terminera peu avant 5h42, heure à laquelle le Soleil se leva.
Le lendemain United Press International titrait : “Police Car Chase UFO 85 Miles in Two States” suivi d’un article détaillé sur plusieurs colonnes.
Le commandant Quintanilla prit l'affaire en main, d'abord par téléphone, avec la ferme intention de la résoudre en cinq minutes. Le Congrès le pressa toutefois de se rendre sur place, à Ravenna, en Ohio, pour entendre Spaur et Barney Neff. Quintanilla prit non seulement les dépositions des deux témoins mais interrogea également le shérif-adjoint Robert Wilson, l'opérateur radio Wilson qui avait gardé le contact avec les deux policiers et le shérif de Portage County, Ross Dustman, à qui l'on demanda surtout de se porter garant de ses auxiliaires. Quintanilla exclut d'office le témoignage de l'agent Hudson d'East Palestine qui s'était joint à la poursuite de la voiture de Spaur et Neff et de celui de Frank Panzanella qui suivit les trois autres dans les rues de Conway.
A la demande de Spaur, Weitzel enregistra l'entretien qui impliquait plus de dix personnes et totalisera 60 heures d'enregistrements. Quintanilla interrogea longuement Spaur et l'opérateur Wilson. Il ne visa pas à éclaircir l'observation mais la noya dans une description embrouillée qui finalement reflétait bien mal la situation. Elle mettait surtout en exergue l'état psychologique de Spaur qui n'a pas détecté le stratagème du directeur du Project Blue Book et utilisa consciemment des mots clés comme "dingue", "hallucination" ou "imagination" à son compte. Le contexte du dialogue suivant n'échappera pas au lecteur. Quintanilla devait absolument corroborer sa propre hypothèse, à savoir qu'il s'agissait d'un phénomène "astronomique" ou d'un mirage, quitte à éluder les faits criants. Voici les derniers extraits, qui bien sûr ne reflètent pas toute la déposition. "- Spaur : Bon, donc elle [Vénus] est sur l'écliptique. Admettons. Maintenant ça, cette chose, elle est grande comme ça, grosse comme ça, et aussi bas que ça, et des gens dans la région de Mogadore l'ont vue; ils la signalent, et je la prends en chasse, et Barney est avec moi. On roule; et vous, vous allez laisser tomber, parce qu'on est deux dingues; on court après Vénus. Mais Vénus...
Contrairement à ce que dira Quintanilla, pour accréditer leurs observations, Spaur et ses trois autres collègues avaient pris soin de noter des repères, tant au sol par rapport à l'environnement, que dans le ciel vis-à-vis d'avions de ligne de passage ou des astres proche de la Lune. A mesure que le jour commença à poindre, la silhouette de l'OVNI devint de plus en plus distincte alors que l'éclat de Vénus s'estompa graduellement.
Entre-temps, Quintanilla eut la confirmation que les aéroports n'avaient pas relevés d'échos radars. Pourtant les témoins s'accordaient pour reconnaître que l'OVNI, en vol stationnaire au moment où un avion venait de décoller de l'aérodrome, était passé juste en-dessous de lui avant de s'envoler. Ne jugeant pas opportun de prendre les dépositions de tous les témoins, cinq jours plus tard Quintanilla confirma auprès de l'Armée de l’air que les policiers avaient suivi le satellite artificiel "Echo" et peut-être même Vénus ! Or les éphémérides de l'Observatoire d'astrophysique de la Smithsonian Institution montraient qu'aucun satellite Echo voire même Pégase n'étaient alors visible au-dessus de Portage County. L'incident sera classé parmi les observations de Vénus 59 dans les statistiques du Blue Book, alors que les témoins avaient signalé avoir vu simultanément Vénus et l'objet, et que leur éclat respectif évolua différemment dans les lueurs de l'aube. Le cas est d'autant plus délicat que le Dr.Hynek avait bien précisé que les notifications du Blue Book ne consigneraient jamais d'explications astronomiques sans consulter l'avis d'experts.
59 Pour être objectif, il faut reconnaître que Vénus a souvent été confondue avec un OVNI. Un cas célèbre cité par Flammarion dans "L'Astronomie" est la poursuite de Vénus pendant plusieurs heures au large de Brest par un aviso (bâteau-courrier).
Les policiers avaient été secoués par cet événement et refusèrent évidemment l'explication de l'armée. Le Dr.Hynek appuya leur désaccord. La suite de cette affaire s'avéra désastreuse.
La presse et le Blue Book s'acharnèrent sur Spaur, en négligeant quasiment les autres témoins. Suite à la publication de l'entretien qu’il eut avec Quintanilla, l'opinion publique conclut que Spaur était un déséquilibré mental et qu'il avait été victime d'une hallucination. Il devint la risée du public et la combinaison de tous ces événements détruisit son foyer. Quelques mois plus tard sa femme le quitta et il démissionna, subsistant grâce à de petits travaux. Le choc occasionné par cette folle poursuite et l'incompréhension des autorités l'avait bouleversé.
Comme le dira plus tard le Dr.Hynek 60 à propos de la façon dont fut conduit l'enquête de la Commission Condon :
"la façon dont on a méprisé les preuves "exemplifie" le caractère grotesque de certaines enquêtes du Blue Book".
Cette incompétence qui aura des conséquences tragiques sur Spaur conduira Hynek 61 à dire cyniquement à propos des conclusions déduites de plusieurs autres procès-verbaux équivalents : "Si l'hypothèse de l'insanité passagère des policiers est la plus probable, alors, considérant la quantité de rapports bizarres émanant, un peu partout dans le pays (comme aussi à l'étranger), d'officiers de police, peut-être serait-il bon de réviser sérieusement notre méthode de sélection de ce personnel de sécurité. On frémit en pensant à ce qu'il adviendrait si des officiers de polices aussi dénués de jugement et d'objectivité venaient témoigner en justice. Comment pourrait-on ajouter foi à leur déposition ?".
Finalement, devant l’attitude du gouvernement, le Dr.Hynek publia en décembre 1966 un nouvel article dans le magazine Post 62 , exprimant ouvertement le sentiment d’impuissance qu’il ressentait devant le conservatisme et le mutisme de l’US Air Force.
Un an et demi plus tard le journaliste John G.Fuller - celui qui publia en 1966 le récit de l’enlèvement des Hill à bord d’une soucoupe volante -raconta dans le magazine Look 63 “l’extraordinaire histoire d’une farce d’un demi million de dollars pour faire croire aux Américains que le comité Condon a mené une recherche objective”. Effectivement, ainsi que le rappela en détails son article, l’étude des soucoupes volantes avait été un fiasco.
Les manifestations d'OVNI restaient un sujet sensible. En 1967 plusieurs bases de missiles stratégiques du Montana furent survolées par des OVNI; Minot, Great Falls et Malmstrom. Pour la première fois des ogives nucléaires furent déprogrammées sans raison apparente 64 .
Devant l'insistance du public et du gouvernement, l'Université du Colorado releva le gant et passa officiellement un contrat avec l'Armée de l’air le 6 octobre 1966. Ce contrat N° F44620-67-C-0035 stipule que "Les rapports d'observations à étudier seront choisis par la Force Aérienne". L'enquête qui porterait sur l'entièreté du phénomène OVNI depuis 1947 était confiée au professeur de physique Edward U.Condon. Il s'entoura de 36 professionnels, parmi lesquels le Dr.Hynek, James McDonald et Carl Sagan, trois savants favorables à la vie extraterrestre, mais non moins rigoureux.
Mais des indiscrétions jetèrent un doute sur la bonne fin de l'enquête. Hynek apprit par ses amis que trois psychologues ne s'accordaient pas sur la matière à étudier. L'un d'eux considérait déjà que les gens "avaient simplement des visions" et refusait d'admettre qu'ils avaient pu observer un phénomène matériel inconnu jusqu'alors. Ainsi que le relatent D.Saunders et R.Harkins 65 , dans le questionnaire qu'il proposait aux témoins, le psychologue réservait une page à la description du phénomène... et vingt pour décrire le profil psychologique du témoin. Soyons impartial et rappelons au lecteur que le Dr.Saunders plaçait l'hypothèse extraterrestre au centre du débat, au point que dans son esprit le public considérait que le terme OVNI était synonyme de visites extraterrestres...
Saunders réalisera toutefois un excellent travail, s'attaquant à l'encodage de toutes les notifications du Blue Book sur ordinateur, en vue de leur analyse ultérieure; au terme du programme cela représenta 30000 rapports (dont 1200 seront traités par Saunders). Saunders créa également des questionnaires types pour les témoins et des formulaires de notifications pour les enquêteurs. Il fut également chargé d'envoyer des équipes d'enquêteurs sur le terrain afin de valider les événements et d'essayer de les reconstituer. Condon le renverra cependant pour "incompétence", en réalité pour des raison de dissensions personnelles, et il ne tenu pas compte de ces résultats dans son analyse finale. Alors que Jacques Vallée et Hynek prièrent la commission
60
J.A.Hynek, "Les Objets Volants Non Identifiés: mythe ou réalité ?", op.cit., p130.
61
J.A.Hynek, "Les Objets Volants Non Identifiés: mythe ou réalité ?", op.cit., p69.
62
J.A.Hynek, “Are Flying Saucers Real ?”, Post, 17 Dec. 1966, p17-21.
63 J.G.Fuller, “The extraordinary story of the half-million-dollar “trick” to make Americans believe the Condon committee was conducting an objective investigation - Flying Saucer Fiasco”, Look, 14 may 1968, p58-63. 64 Des événements similaires se produisirent en 1975 et 1976. Dans les années 1980 des satellites en orbite autour de la terre perdirent à leur tour le fil de
leurs programmes puis l’on retrouvé spontanément sans qu’aucun opérateur n’intervienne. 65 D.R.Saunders et R.Harkins, "UFOs ? Yes !", op.cit.
d'utiliser la méthode statistique pour mettre en évidence des schémas globaux, communs à toutes les observations, la Commission Condon n'exploita que 87 rapports, dont 14 étaient déjà analysés dans le Blue Book et classés comme méprises... une sélection dérisoire qui ne correspondait pas du tout à l'image et à l'importance réelle du phénomène. Pour sa part le Dr.Saunders continua d'analyser les notifications sur ordinateur et finit par rassembler quelque 85000 observations, constituant l'une des plus grosses bases de données informatique sur le phénomène OVNI.
La méthodologie était au centre des débats. Dans un mémorandum 66 daté du 9 août 1966, Robert Low, doyen de l'Université du Colorado écrivait notamment que son établissement souhaitait conserver sa respectabilité : "L'astuce consisterait, à mon avis, à décrire le programme de telle sorte qu'il apparaisse au public comme une étude résolument objective tout en présentant, aux yeux de la communauté scientifique, l'image d'un groupe de sceptiques faisant son possible pour rester objectif mais avec une espérance quasi nulle de trouver une soucoupe". En apprenant la nouvelle, James McDonald écrivit un article dans le magazine Look 67 et le sénateur J.Roush, défenseur des OVNI, dénonça violemment à la Chambre des Représentants la malhonnêteté de l'équipe qui entourait le professeur Condon.
Le 26 janvier 1967, le journal Star-Gazette de l'Etat de New York publia une déclaration du Pr. Condon : "Je tendrais dès maintenant à recommander que le gouvernement abandonne l'affaire. Pour moi, je suis déjà persuadé qu'il n'y a rien là-dedans... mais je ne suis pas censé déposer mes conclusions avant un an encore. Peut-être son étude (celle du problème OVNI) serait-elle valable pour les groupes qui s'intéressent aux phénomènes météorologiques".
Deux mois plus tard Warren Rogers, éditeur du magazine Look 68 écrivit avec lucidité à propos de la mission confiée au Pr.Condon : “Il est peu probable que ses efforts soient couronnés d’un prix populaire. Il expliquera trop à ceux qui veulent y croire et pas aussez à ceux qui n’y croient pas”. Mais W.Rogers croit encore à cette époque que “Condon conduit cette quête de réponses, armé seulement de curiosité et de logique scientifique”.
En fait, selon le Dr.Saunders 69 , Condon se préoccupait surtout des aspects farfelus du phénomène OVNI, se moquant gentiment des témoins crédules et des ufologues qui brillaient le titre de scientifiques : "Le psychologue que je suis en était profondément choqué. Peut-être avaient-ils besoin qu'on leur vienne en aide mais sûrement pas que l'on se moque d'eux. C'était comme si Condon avait perdu tout sens des perspectives et sacrifiait ces malheureux pour se débarrasser de ses propres frustrations... Il semble que dès qu'il estimait avoir assez ri d'un cas, il passait à un autre encore plus amusant..."
L'intervention de Condon discrédita complètement l'oeuvre de la Commission et son prestige aux yeux du public. Trois mois après la mise sur pied de la Commission d'enquête, Condon avait déjà trouvé la solution. Ses conclusions étaient tellement triviales qu'il demanda une rallonge de 259146 dollars quelques mois plus tard, qui s'ajoutaient au 313000 dollars initiaux, pour poursuivre une étude inutile...
On peut en rire aujourd'hui ou crier au scandale, mais comme le disait le Dr.Hynek 70 en 1953: "La méthode scientifique n'a que faire du sarcasme, et il ne faut pas enseigner au public qu'il en est partie intégrante...Le flot régulier des rapports, souvent rédigés de concert par plusieurs observateurs valables, soulève la question de l'obligation et de la responsabilité scientifiques. Demeure-t-il, une fois les divers rapports débarrassés des enjolivements et fioritures qui dissimulent avec art leur aridité foncière, un résidu digne de l'attention scientifique ? Et, dans la négative, le public ne doit-il pas en être averti - non pas avec esprit mais avec sérieux, afin de ne pas entamer la confiance publique dans la science et dans les savants ?"
On discutera encore longtemps de l'opinion des personnes "avisées", des "autorités en la matière" ou des "experts". Tous les débats reçoivent un jour ou l'autre de tels scientifiques à leur table, dont les déclarations, surtout en matière d'OVNI, sont préjudiciables à l'entretien d'un bon rapport entre la science et la société. Les propos de ces chercheurs sont souvent perçus comme faisant autorité dans le public. Pourtant, s'ils acceptent d'assister à ce genre d'émission, pour l'heure ils s'écartent délibérément des sciences - et du programme de recherche qu'ils conduisent professionnellement -, mais cela, le public n'en a pas conscience. Il recherche une réponse à ses questions et c'est donc au scientifique de définir les limites de sa démarche. Mais nous en reparlerons en détails dans un autre livre 71 .
En 1968 la Commission Condon était toujours sur pied, mais stagnant sur place, se perdant en conjectures sur quelques notifications mystérieuses, le physicien de l'atmosphère James McDonald plaida pour que la NASA prenne une part active dans cette démarche scientifique. Plusieurs ingénieurs des universités de Caltech, Harvard et MIT partageaient son opinion. Le Dr.Hynek écrivit plus tard que parmi les notifications relatées dans le Blue Book, il y avait "quelques cas intéressants, noyés dans un véritable flot d'élucubrations". A l'instar de ses collègues astronomes, il ne croyait pas à la réalité physique d'émissaires d'une civilisation technologiquement avancée, mais reconnaissait l'intérêt du sujet 72 : "s'il n'y a pas d'extraterrestre, eh bien ! nous touchons là à un domaine qui est aussi étranger et inconnu pour nous que l'était l'énergie nucléaire pour Benjamin Franklin". En bref, après avoir accumulé des preuves 20 ans durant, il plaidait en faveur de l'étude du phénomène OVNI.
Le Dr.Hynek 73 était également conscient des polémiques que suscitaient le sujet et du besoin de l'entourer d'une extrême rigueur. Il écrivit notamment ceci : "Je pense que l'Académie Nationale des Sciences reconnaîtrait sans difficulté qu'une méthodologie scientifique (et il souligne lui-même) doit se garder, en abordant un problème, de la partialité, des idées préconçues et du sarcasme... On ne doit jamais préjuger de la réponse à une recherche à un degré tel que cette anticipation en colore l'orientation. Chaque fois que j'ai eu le plaisir de rencontrer les membres et les associés du groupe d'étude de l'Université du Colorado, j'ai pu constater leur réelle objectivité...Par contre il en allait tout autrement du directeur du programme".
En 1969, un volumineux Rapport Condon de 1465 pages, richement commenté et illustré fut publié. Il contenait parmi d'autres annexes, un sondage Gallup sur lequel nous reviendrons. Soumis en lecture à l'Académie des Sciences, le rapport fut approuvé. Edward U.Condon 74 déclara dans l'introduction du document : "Aucune grande priorité ne saurait être accordée [à la recherche sur les OVNI] au vu de l'analyse des données étalées sur deux décades d'investigations du phénomène. Nous sommes unanimes pour reconnaître que ce travail a été un effort honorable d'utilisation objective des techniques scientifiques appropriées pour trouver une solution au problème OVNI. Le rapport reconnaît qu'il reste des observations d'OVNI difficilement explicables. Néanmoins, le Rapport suggère tant de directions raisonnables et possibles dans lesquelles une explication pourrait être éventuellement trouvée qu'il semble qu'il n'y ait aucune raison de les attribuer à des causes extraterrestres sans preuves convaincantes. Le Rapport montre également les difficultés qu'il y a à appliquer avec quelque chance de succès des méthodes scientifiques à des observations éphémères. Si une étude de certains aspects du sujet (des phénomènes atmosphériques par exemple) peut être intéressante, celle des OVNI, en général, n'est pas une manière prometteuse d'améliorer la compréhension scientifique des phénomènes. Sur la base de nos connaissances actuelles, l'explication la moins probable est l'hypothèse qu'il s'agit de visites d'êtres extraterrestres intelligents. Notre conclusion générale est que rien ou pas grand chose n'est sorti de l'étude des OVNI au cours des 21 années écoulées qui aurait enrichi les connaissances scientifiques, et qu'une étude approfondie des observations d'OVNI n'est pas justifié". Cette conclusion était fausse, car elle était fondée sur une minorité de cas. Elle était facilement démontrable si les responsables de la Commission avaient prit la peine d'investiguer dans le détail les 20 cas réellement inexplicables et, par-delà, les centaines d'autres qui n'avaient pas été étudiés. En excluant toutes les observations qui tombaient sous le sens commun, il restait quelques cas typiques qui demeuraient en désaccord avec les lois de la physique contemporaine. C'est ainsi que les "scientifiques" jugèrent un peu vite que le phénomène OVNI n'apporterait rien à la science.
L'Université du Colorado 75 considérait également que l'armée pouvait dorénavant ignorer le phénomène OVNI : "Il nous paraît [que porter] une si grande attention à ce sujet (les OVNI) ne devrait être considérée par le Département de la Défense que d'un stricte point de vue de la défense. [...] Nous avons l'impression que la fonction de défense pourrait s'effectuer dans le cadre d'opérations d'intelligence et de surveillance sans [l'assistance d'une] unité spéciale telle le Project Blue Book, mais c'est une question qui concerne les spécialistes de la défense plutôt que les chercheurs scientifiques".
L'affaire était close et en décembre 1969, sur bases des conclusions des scientifiques, le Pentagone 76 mis fin aux activités du Project Blue Book : "...Ces études ont conclu : (1) qu'ils n'existaient aucune preuve selon lesquelles les notifications d'OVNI représentent une menace pour notre sécurité nationale; (2) l'Armée de l’air n'a reçu aucune preuve ou n'a fait aucune découverte selon laquelle les observations classifiées comme "non identifiées" représentent des développements technologiques ou des principes en avance sur les connaissances scientifiques
contemporaines; (3) il n'y a aucune preuve indiquant que les observations classifiées comme "non identifiées" soient des véhicules extraterrestres."
Malgré l'attitude controversée de l'Armée de l’air, elle sortit honorablement de la polémique. Mais aux yeux du public, cette enquête se terminait en queue de poisson et ne répondait toujours pas à ses espérances : les notifications d'OVNI restaient inexpliquées.
Les OVNI n’ont évidemment pas manqué de se manifester sur le vieux continent. Bien que les écrivains ayant abordé le sujet soient moins prolixes que leurs collègues américains, des dizaines de livres ont été écrits sur le sujet par des journalistes ou des scientifiques, parfois objectifs. Les OVNI se sont manifestés en France dès les années 1950. En juillet 1952 le gouvernement mis sur pied un comité de recherche qui sera confirmé dans son statut en 1954, à l’époque de la première grande vague française. C’est M.Catroux, Secrétaire d’Etat, qui demanda à Jean Nocher de créer une commission “pour étudier ce phénomène objectivement en extrayant la vérité des erreurs et des canulars”.
Entre fin 1973 et début 1974, la France connu une seconde vague d’observations d’OVNI que la gendarmerie s’empressa de rapporter au CNES, le Centre National d’Etudes des phénomènes Spatiaux.
En 1974 le Ministre de la Défense Robert Galley annonça qu’un département avait été créé au sein du Ministère des Armées dont l’activité consistait à récolter et étudier les nombreux rapports d’observations d’OVNI qui s’étaient accumulées durant la grande vague de 1954.
L’un des cas les plus étonnants s’était produit le 10 septembre 1954. A 22h30 Marius Dewilde habitant près de Quarouble fut alerté par les aboiements de son chien. Il prit sa torche et regarda à l’extérieur.
“Deux créatures comme je n’en n’avais jamais vu auparavant se trouvaient à quelques mètres de moi... Celle qui était la plus proche se tourna vers moi. La lumière de la lampe se réfléchit sur du verre ou du métal à l’endroit où devait se trouver sa tête. J’avais vraiment l’impression que sa tête était enfermée dans un casque de pilote. En fait, les deux créatures portaient une combinaison d’une seule pièce comme en portent les plongeurs. Ils étaient de très petites taille, probablement inférieure à 1m, mais ils avaient des pieds très larges et le casque qui me paraissait protéger leur “tête” semblait énorme. Je pouvais voir leurs jambes, petites proportionnellement à leur hauteur, mais d’un autre côté je ne voyais pas de bras. Je ne sais même pas s’ils en avaient”.
Dewilde essaya d’attraper l’entité mais lorsqu’il fut à 1.8m de la première il fut aveuglé par une lumière extrêmement intense provenant d’une sorte de boîte ouverte qui se trouvait près des rails du chemin de fer.
“J’ai fermé les yeux et j’ai essayé de crier, mais je ne pouvais pas. J’étais comme paralysé. J’ai essayé de bouger, mais mes jambes ne m’obéissaient pas”. Finalement la lumière s’est éteinte et Dewilde put à nouveau bouger. Il profita de cette occasion pour courir vers les rails du chemin de fer. L’objet s’éleva du sol et plana. Une traînée sombre et épaisse s’échappa de sa partie inférieure avec un léger sifflement. Le vaisseau s’éleva verticalement et finalement disparu.
Dewilde réveilla sa femme et un voisin et couru prévenir la gendarmerie la plus proche distante de plus d’un kilomètre. Ainsi qu’Aimé Michel le relate, le témoin était dans un tel état d’agitation que le préposé le pris pour un lunatique et ne le pris pas au sérieux. Il alla alors chercher le commissaire qui pris son observation plus au sérieux.
La Direction de la Surveillance du territoire, la DST, l’équivalent français du FBI américain ou du MI5 anglais enquêta sur cette affaire. Leurs investigations ont démontré qu’un objet pesant au moins 35 tonnes s’était posé sur les rails du chemin de fer.
Un autre cas reconnu officiellement survenu le 19 février 1956 à 22h50 à l’aéroport d’Orly. Un “blip” apparu sur les écrans radars dont la taille était deux fois supérieure à celle d’un avion conventionnel. Il semblait survoler la région, planant puis accélérant à une vitesse fantastique. Il fut observé durant plus de 4 heures.
L’objet se dirigea ensuite vers Gometz-le-Châtel en Seine et Oise puis disparu à une vitesse de 3600 km/h.
Un second “blip” apparu ensuite à hauteur de la position d’un DC-3 de Air France au-dessus de la base de Les Museaux à 1590m d’altitude et 150m plus haut que l’avion de ligne. Orly prévint immédiatement le pilote qu’un trafic non identifié croisait approximativement sa route. L’officier radio Beaupertuis vit l’objet à travers la lucarne à tribord. Il était énorme, au contour mal défini et présentait une lueur rouge par endroit, mais il ne disposait d’aucun feu de navigation. L’équipage l’observa durant 30 secondes puis l’objet disparu à bâbord en direction du Bourget. Dix minutes plus tard la tour de contrôle rappela pour dire que l’objet se trouvait à nouveau à quelques kilomètres du DC-3. Mais l’équipage ne put le voir.
Jusqu’alors toutes les observations d’OVNI étaient soit tenues secrètes, soit méprisées. Jusqu’au milieu des années 1970, ni la DST ni la DGSE, la Direction Générale de la Sécurité Extérieure, ne publièrent aucun document relatif aux OVNI -pas plus que les autres pays -alors que les Etats-Unis disposaient déjà de la liberté d’accès à de telles informations (FOIA).
Le général Lionel Chassin 77 , ancien commandant des Forces Alliées en Europe Centrale, qui fut président du GEPAN (Groupe d’Etude des Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés) de 1964 à 1970 écrivit en 1958 : “Il n’est plus de bon ton de se moquer des témoins ayant observé des OVNI. L’explication “psychologique” est inappropriée car le nombre de personnes sensées, intelligentes, éduquées et en pleine possession de leur faculté ayant “observé quelque chose” et l’ayant décrit augmente chaque jour. Rejeter toutes leurs observations serait de plus en plus présomptueux”. Et de poursuivre à propos du scénario de guerre nucléaire : “Si on persiste à refuser de reconnaître l’existence de ces OVNI, nous finirons un jour, par ignorer les missiles lancés par l’ennemi; et le pis nous arrivera”.
Heureusement, dès avant 1958, les stations radars analysaient déjà automatiquement les signaux électromagnétiques qu’ils traitaient sur ordinateur afin d’éliminer toute interprétation subjective. Ce procédé de filtrage était très efficace car il supprimait par exemple tous les échos terrestres (mobiles, arbres, bancs d’oiseaux, etc) afin que les contrôleurs se concentrent sur les véritables trafics.
En 1977, le GEPAN se développa sous les auspices du CNES, dirigé par le Dr Claude Poher, directeur de la division Fusées du CNES. Le groupement donna libre accès aux scientifiques de France ainsi qu’à d’autres agences étrangères.
Dans un premier temps tout se déroula comme promis. En 1978 ils annoncèrent que neuf cas présentaient des caractéristiques de vol et de comportement qui dépassaient nos connaissances humaines. Mais un an plus tard, après une réunion privée tenue au CNES de Toulouse, le Dr Gilles, chargé de recherche au CNRS annonça que les scientifiques attachés au GEPAN ne pouvaient consacrer que 10% de leur temps à l’étude des procès-verbaux qui leur étaient transmis par la gendarmerie. Tous ceux qui présentaient le plus haut indice d’Etrangeté/Probabilité n’arrivaient pas au GEPAN mais certainement dans d’autres institutions. En bref, le Dr Gilles considérait le GEPAN comme une agence public gérée par le gouvernement. Quelques années plus tard, cette impression fut confirmée par l’astrophysicien Pierre Guérin.
Malgré les rumeurs de démantèlement du GEPAN, en 1983, Charles Hernu, Ministre de la Défense décida que le GEPAN continuerait ses recherches sous la direction de deux ingénieurs du CNRS. Son activité s’avérera fructueuse.
L’étude du sol sur les lieux des atterrissages révéla par exemple des anomalies en fonction de la distance au centre du site. La chlorophylle et les autres constituants des plantes avaient diminué entre 30 et 50%, le sol avait été écrasé par un objet très lourd, provoquant parfois des effets thermique et mécanique et laissant des résidus de combustion.
Lors d’une interview tenue le 12 mai 1984 sur France-Inter, Jean-Pierre Petit, physicien au CNRS annonça que M.Metzle, responsable des relations publiques du CNES avait dit lors d’une réunion à Paris qu’”il était nécessaire de tranquilliser l’opinion du public à propos du phénomène OVNI. C’est dans cet esprit que le GEPAN fut créé”. Entre 1977 et 1985, le responsable du GEPAN, J.-J.Velasco annonça qu’ils avaient collationné 1600 observations d’OVNI mais que la plupart concernaient des phénomènes naturels ou des avions. J.Velasco remarqua que 38% des observations ne tombaient pas dans cette catégorie, un pourcentage en soi extrêmement élevé.
Y avait-il donc des preuves que les OVNI étaient d’origine extraterrestre ? Malheureusement l’Armée de l’Air française n’est pas concernée par la vie extraterrestre -le terme OVNI étant dans ce cadre assimilé à extraterrestre - même si les OVNI se moquent de l’interdiction de survol du territoire. Il faut donc espérer que le gouvernement français adopte un jour une attitude plus ouverte et accepte la transparence dans ce domaine.
Cette attitude de l’autruche qui consiste à se voiler la face lorsque les preuves parlent d’elles-mêmes se retrouve en Angleterre, en Italie et dans d’autres pays d’Europe.
Ainsi, en Italie, le 1 juillet 1977 à 3h du matin, la base de l’OTAN d’Aviano fut mise en alerte par le soldat Janes Blake lorsqu’un OVNI brillamment éclairé survola à environ 100m d’altitude la zone d’alerte Victor où se trouvait deux avions militaires. L’objet qui fut observé par plusieurs membres de la base faisait environ 50m de diamètre et ressemblait à une toupie qui tournait sur son axe. Au sommet, un dôme changeait de couleurs, passant du blanc au vert puis au rouge. L’objet laissant filtrer un bruit ressemblant à un essaim d’abeilles. L’OVNI resta au-dessus de la base une heure durant, provoquant une coupure d’énergie sur toute la base. A 1.5 km de là, Signor Benito Manfré confirma la scène en même temps qu’il vit la présence d’une “masse” de lumière stationnant au-dessus d’une zone bien précise de la base.
Cet épisode ne sera pas connu du public mais une intense rumeur se propagea dans la base d’Aviano. Les officiels expliquèrent que “le phénomène doit être attribué à la réflexion de la Lune
77 A.Michel, “Flying Saucers & Straight-line Mystery”.
sur quelques nuages bas”. Selon Antonio Chiumiento 78 qui étudia cette affaire, la température de la nuit dans la zone de l’incident était trop élevée pour que le taux d’humidité permettre la création de nuages à cette altitude, et la Lune n’était pas non plus à la bonne place !
On peut dès lors se demander comment la Lune pourrait descendre à 100m d’altitude, présenter un diamètre de 50m et provoquer une alerte majeure qui sera répercutée au quartier général de l’OTAN à Bruxelles...
Finalement en mai 1978, le ministre de la Défense publia 6 rapports d’OVNI déclassifiés observés en 1977, la plupart faisant intervenir des contrôleurs aériens et des pilotes de jets.
Des observations d’OVNI corroborées par des pilotes et des radars au sol seront également enregistrées en Espagne, en particulier le 9 janvier 1967 sur la base de Talvena-Badajoz et le 2 janvier 1975 sur la base de Las Bardenas Reales. En 1976, le Général Castro, Général de Brigade des Iles Canaries confirma la réalité des OVNI. Il révéla que le Ministère de l’Air Espagnol possédait environ 20 notifications qui demeuraient inexpliquées en termes conventionnels. En octobre de la même année, le Ministère de l’Air rendit public 12 dossiers totalisant 300 pages accompagnés de photographies, y compris celles prises avec la gun-camera des avions 79 .
Curieusement, à la même époque, le Bénélux et l’Allemagne semblent relativement épargnées par les OVNI. Est-ce l’opinion du public, des médias et des officiels à ce sujet qui les désintéressa du sujet ou ne faut-il y voir qu’une diminution réelle du nombre d’observation ? Difficile de le dire avec certitude.
L’Angleterre se démarqua également en cette matière, censurant tous les rapports touchant de près ou de loin aux manifestations d’OVNI. Nous verrons un peu plus loin, lorsque nous discuterons de la démarche des militaires, quelle fut l’attitude des autorités de ce pays lors de l’incident de Woodbridge/Rendlesham Forest de 1980, et des relations privilégiées que lient vraisemblablement tous les pays occidentaux avec le Pentagone.
Nous verrons également que les autres parties du monde ne resteront pas à l’écart des manifestations d’OVNI et seront aussi témoins de quelques notifications bien étranges. Des contrées isolées seront également touchées, telle l’Antarctique (l’île de la Déception), l’Atlantique Sud ou la Papouasie.
Les rencontres rapprochées
Les récits historiques que nous avons évoqués jusqu'à présent concernent essentiellement, si l'on reprend la terminologie du Dr.Hynek, de Lumières Nocturnes, de Disques Diurnes ou de Radar-Optiques, exception faite des cas de destruction ou d'enlèvement où lorsque l'observation se faisait à courte distance. Toutes ces observations ont un point en commun : tous les témoins ont été secoués par leur expérience, la plupart n'ayant même pas été porté leur témoignage à la police par peur du ridicule. Cela dit, parmi celles qui nous connaissons, y a-t-il eu ces dernières années des rencontres rapprochées du 1er type exceptionnelles, qui nous auraient par exemple apportées quelles indices sur la nature du phénomène OVNI ?
Il en existe au moins une, et ce n'est pas faire preuve de chauvinisme que de la citer car ses caractéristiques furent telles que la presse internationale s'en fit l'écho. Durant la vague belge 80 de 1989-1991, durant laquelle près d'un millier d'enquêtes furent réalisées, "de nombreux témoins de bonne foi, parmi lesquels des scientifiques confirmés, des gendarmes et des militaires de haut rang, ont fait état d'un nombre surprenant d'observations. Dans plusieurs cas, on trouve des gens qui ne se connaissaient pas et qui produisent des récits concordants, [...] dont certains se réfèrent à des observations diurnes. Dans la plupart des cas, les témoins ont observé un ensemble de trois lumière circulaires, décrites comme des phares ou des "hublots", non éblouissants, émettant une lumière d'un blanc jaunâtre. Lorsqu'une "masse porteuse" était visible, ils parlaient alors d'une forme triangulaire aux sommets émoussés, présentant une certaine épaisseur. Au centre de la face inférieure de l'objet, porteuse des trois lumières blanches, ils distinguaient souvent une lumière rouge, plus petite, décrite très souvent comme un "gyrophare"".
Voici le compte-rendu des premiers témoignages indépendants les plus détaillés 81 enregistrés le 29 novembre 1989 par la SOBEPS, résumant près de 12 heures d'observation continues. Ils ont plus de valeurs que n'importe quel autre document empirique car ils n'ont pas encore subi l'influence de la rumeur publique et des médias (je n'aborde pas ici le bagage socioculturel des témoins). La plupart des témoignages ultérieurs et les photographies prises cinq mois plus tard à Petit-Rechain (province de Liège) présenteront plus d'un point en commun avec ces premières observations, que l'on pourrait qualifier de prototypes. Pour valider notre critique il faut également signaler que les témoins ont proposé d'eux-mêmes les principales hypothèses qui seront évoquées ultérieurement dans la presse. C'est un indice du fait qu'ils n'étaient pas encore manipulés par les médias et cherchaient une explication rationnelle à leur observation, même si ce qu'ils ont observé ne prouve pas l'existence des OVNI en tant qu'engins volants.
Citons pour commencer l'observation des gendarmes d'Eynatten dont toute la presse se fera l'écho. Elle suit les témoignages d'une dizaine de personne qui, depuis 10h30 du matin ont observé les évolution d'un triangle équipé de feux lumineux dans un rayon de 15 km autour du lac de la Gileppe. La journée du 29 novembre avait été très belle et ensoleillée. Le Soleil s'était couché vers 16h45 et bientôt on vit apparaître "un magnifique ciel étoilé, sans lune". Le gendarme J. de la brigade d'Eynatten contrôle les passeports au poste frontière de l'autoroute E40, à Lichtenbusch, à 10 km au nord-est d'Eupen. A un moment donné, entre 17h00 et 17h30, le gendarme J. aperçoit à travers les vitres de l'aubette "un objet qui vole à très basse altitude, avec deux ou trois phares excessivement lumineux". Cet objet volant vient de l'Allemagne et passe à environ 500 m du gendarme. La puissance exceptionnelle des phares attire son attention. Il pense à un hélicoptère, comme ceux qui circulent entre les hôpitaux d'Eupen et d'Aix-la-Chapelle, mais il se demande directement pourquoi cet appareil vole si bas, "avec des phares aussi puissants et à une vitesse anormalement lente". Elle n'est que de 60 ou 70 km/h. L'engin s'est éloigné, en volant parallèlement à l'autoroute E40, du côté est de celui-ci.
L'observation suivante a été faite par le gendarmes v.M. et N. de la brigade d'Eupen. Ils roulent avec leur camionnette de service d'Eupen vers Eynatten, en suivant la N68. Vers 17h20, ils arrivent à la hauteur de "Grosse Weide", entre Kettenis et Merols. Le conducteur de la voiture, v.M., s'étonne alors de la présence d'une "tache de lumière très intense" à droite de la route. Il n'y a qu'une prairie et aucune raison d'y trouver un éclairage aussi puissant que celui d'un stade de football. La tache de lumière couvre une surface dont le centre est situé à environ 50 m de la route et qui s'étend jusqu'à 20 m de celui-ci. "On aurait pu y lire la gazette". Le gendarme v.M. ralentit et indique cette tache de lumière inattendue à son collègue, en disant : "Regardes, pourquoi cette prairie est-elle tellement éclairée ?"
80
SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, op.cit., p5.
81
SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, op.cit., p161. Vous trouverez également un résumé de quelques cas particuliers dans le vol.2, ch.2, p119-219.
Le gendarme N. est assis du côté de la lumière. Il baisse la vitre et voit "une grande plate-forme immobile dans le ciel". Ils roulent maintenant très lentement et observent tous les deux le phénomène. Les autres voitures les dépassent, comme s'il n'y avait rien d'anormal. La face inférieure de la plate-forme est dotée de "trois énormes phares", orientés vers le bas. Les contours des phares sont circulaires et on peut bien discerner les limites des trois cônes de lumière blanche qui en émergent et se prolongent jusqu'au sol. L'air n'est pourtant pas humide [...]. v.M évalue la hauteur de l'objet à environ 210 m, en se basant sur l'angle de vision et la position de la tache dans la prairie.
C'est "le silence de l'engin" qui étonne le plus les deux gendarmes. Ils n'entendent rien qui dépasse le bruit de la voiture et du trafic routier, la vitre étant abaissée du côté de l'engin, à l'est de la route. Ce n'est donc pas un hélicoptère. Regardant plus attentivement, ils voient nettement les contours d'une grande masse sombre sur le fond du ciel crépusculaire. Les phares sont éblouissants, mais la base semble être parfaitement plane. Elle est horizontale et forme "un triangle isocèle, à large base". Les coins adjacents à la base sont coupés. Les gendarmes ont fait attention à la structure globale et non pas à un arrondi éventuels des angles. La pointe du triangle est orientée vers Eynatten, v.M. précisa à A.Meessen qu'il estima les dimensions comme suit : environ 6 m pour la longueur de la partie latérale la plus proche, 30 à 35 m pour la longueur de la base, 25 m pour la hauteur du triangle et environ 2 m pour l'épaisseur de la plate-forme. Le diamètre des phares blancs est d'au moins 1 m, mais il y a aussi "une sorte de gyrophare rouge" au centre de la face inférieure.
Les phares blancs éclairent de manière constante et sont situés relativement près des coins de l'objet. La lumière rouge clignotante est moins intense, mais bien visible. La fréquence du clignotement est de 1 à 2 fois par seconde, mais cette lumière ne s'éteint pas complètement. Cela ressemble à celle d'un gyrophare. Les gendarmes continuent à rouler lentement, en observant l'engin avec étonnement et beaucoup d'attention. A ce moment, l'objet se met en mouvement, pointe en avant. Il se déplace parallèlement à la route, à environ 50 km/h, dans le même sens que les gendarmes. N. dit alors : "Allons nous mettre sur la petite route un peu plus loin, pour bien le regarder." Il s'agit du chemin qui mène de Merols à Raeren. L'objet devait les survoler à cet endroit. Les gendarmes roulent plus vite vers Merols en appelant le dispatching à la caserne d'Eupen, pour signaler la présence de cet objet insolite et demander qu'on s'informe auprès du camp militaire de Elsenborn : "Y a-t-il des manoeuvres avec des engins spéciaux". A ce moment il est exactement 17h24.
Les gendarmes se mettent en place pour attendre l'objet qui se rapproche, mais brusquement, celui-ci "s'arrête, tourne sur place et repart en sens opposé", vers Eupen. Encore plus intrigué par ce comportement pouvant suggérer une réponse à leur tentative d'interception, les gendarmes prennent immédiatement la route de crête (Hochstrasse) qui contourne Kettenis et la ville d'Eupen au nord-ouest. Ainsi, ils peuvent garder l'objet continuellement à l'oeil, en le "poursuivant" discrètement. Il vole très lentement vers Eupen, en longeant la N68. Entre-temps d'autres témoins ont signalé des observations correspondantes.
L'objet finira par survoler la ville d'Eupen vers 17h30 où M.D., surveillant dans une entreprise, situé à l'entrée de la ville, du côté est de la N68, près de la gare, observe un objet ayant exactement les mêmes caractéristiques que celui qu'avaient observé les gendarmes.
A.Meessen poursuit son compte-rendu. La largeur de la surface inférieure de l'objet a fortement impressionné le témoin. M.D. me dit en insistant : "C'est quelque chose de très massif et puissant" (wuchtig). M.D. a bien vu que la face inférieure était plane, parce qu'elle était éclairée par la lumière rouge clignotante. Il entend un léger bruit, mais seulement quand l'objet se trouve tout près de lui. Il le décrit comme un faible bruit de vent (wffff). Quand l'objet passe au-dessus du toit, le témoin court immédiatement vers l'autre côté du bâtiment industriel. Ne voyant pas l'objet, il ouvre rapidement la fenêtre et constate alors qu'il a pris "un virage vers la droite". M.D. le voit encore juste avant qu'il disparaisse derrière un coin du bâtiment où il se trouve. Puisque cela se passait à hauteur de ses yeux, l'objet est descendu... L'objet a probablement traversé la N68 au-dessus du pont de chemin de fer qu'il enjambe. Ensuite, il a probablement longé la rue d'Aix-la-Chapelle, en descendant vers l'hôtel de ville du côté droit de la rue, quand d'autres témoins l'ont aperçu entre 17h30 et 18h.
Mais revenons à la suite de l'observation des gendarmes v.M. et N. Au moment où les deux gendarmes débouchent sur la rue de Herbesthal, ils constatent que l'objet volant commence à survoler la ville d'Eupen. Les phares dirigés vers le bas permettent de le suivre facilement. Ils se rendent alors rapidement à la caserne, située justement sur la route de Herbesthal, à l'entrée d'Eupen. Ils avaient demandé au collègue qui se trouvait au dispatching central, de téléphoner à Elsenborn. Il n'avait pas voulu les croire et avait dit : "C'est sans doute Saint Nicolas qui va atterrir". Arrivant à la caserne, un peu énervé par ce scepticisme, v.M. et N. l'ont vite persuadé du contraire. A Elsenborn, on répond qu'il n'y a pas d'exercices et à l'aéroport militaire de Bierset, on leur dit qu'il n'y a pas d'AWACS en l'air.
Les gendarmes v.M. et N. repartent immédiatement vers la route de crête et se dirigent vers Membach. Ils revoient l'OVNI. Il se déplace vers le barrage de la Gileppe [...], au-dessus duquel il s'est immobilisé, un peu à gauche de la tour éclairée. La distance est d'environ 4 km à l'oeil nu, la résolution angulaire est telle qu'ils ne voient qu'une boule blanche. Elle est parfaitement stationnaire, mais cela ne veut pas dire qu'il ne se passe rien. Au contraire, les deux gendarmes assistent à un spectacle qui rend cet OVNI encore plus mystérieux. "Il émet de manière répétée, mais toujours simultanément, deux minces faisceaux de lumière rougeâtre en direction opposée". Ces faisceaux sont parfaitement rectilignes, de section constante et très fins, mais bien visibles. Ils sortent de l'objet à grande vitesse (rasend schnell) et restent visibles pendant un certain temps. Au moment où ils disparaissent, une boule rouge subsiste aux extrémités des deux faisceaux. "Ces "boules de feu" reviennent vers l'objet et tournent alors pendant quelque temps autour de la boule blanche". Ensuite, le processus recommence et se déroule de manière identique.
Les deux faisceaux restent visibles pendant plusieurs minutes et l'intervalle entre des émissions successives est également de l'ordre de quelques minutes, mais le rythme n'est pas constant. Les faisceaux sont horizontaux et s'élancent chaque fois dans la même direction, transversale pour les témoins. V.M. a gardé l'impression que c'était "extrêmement long", probablement de l'ordre de 1 km. Il a pensé aux flèches que les plongeurs peuvent tirer dans l'eau. La flèche part très vite, mais est retenue par un fil et le plongeur peut donc la ramener lentement vers lui. Son collègue, interrogé séparément, a pensé à des balles attachées à un fil élastique, lancé au moyen d'une raquette.
L'objet est resté stationnaire au-dessus du lac de la Gileppe jusqu'à 19h23. A ce moment il n'y a plus émis de rayon et l'objet s'est simplement mis en mouvement, pour partir en direction de Spa [...]. Après cela, les gendarmes se sont déplacés et ont observé les évolutions d'un autre objet [...]. Vers 18h45, alors qu'ils observent l'OVNI stationnaire au-dessus de la Gileppe, ils voient brusquement surgir "un second objet triangulaire". Il s'élève dans le ciel, comme s'il avait été "catapulté" derrière un bois de sapin. Il ralentit et s'incline légèrement en amorçant un virage. Il expose alors sa superstructure où les gendarmes discernent clairement, à contre-jour, "une coupole" posée sur une calotte sphérique au centre d'une plaque peu épaisse. Cette coupole est "pourvue de "fenêtres" rectangulaires, éclairées de l'intérieur". L'objet s'éloigne vers le nord et fut vraisemblablement vu vers 18h, au premier étage de la caserne d'Eupen, par le gendarme C. Qui aperçoit en direction de Membach un "objet lumineux stationnaire". Vers 18h45, il le voit bouger un peu, puis s'élancer en biais dans le ciel, de manière fulgurante.
Entre 17h10 et 19h15 un OVNI triangulaire équipé de puissants feux lumineux sera successivement observé à l'est de Liège, puis au-dessus de la ville et il disparaîtra à l'ouest, au-delà d'Amay, s'éloignant en direction du nord-nord-ouest.
On retrouve un OVNI triangulaire entre 18h30 et 18h50, sur la route de Mons, à l'ouest de Charleroi, près de Fontaine-L'Evêque. M.P. qui est accompagné d'une autre personne, lui adresse des signaux avec ses phares. "L'objet semble réagir". Il recule un peu en arrière et ensuite il bouge latéralement, vers la gauche et vers la droite. Quand l'objet part, les témoins voient un "feu rouge", qui s'éteint subitement.
A 19h15 le commerçant P. s'engage sur la route N4 à Gembloux. Il est accompagné de son épouse et d'une autre personne. Au moment où leur camionnette s'engage sur la route de Namur, le conducteur voit une lumière qui s'approche lentement de la droite. Il ralentit et arrête finalement son véhicule, car "ils voient maintenant deux objets triangulaires identiques", de couleur sombre, équipé de trois phares très éclairants près des coins. Ces triangles volent en silence à 10 ou 20 m au-dessus des toits des maisons et passent à moins de 100 m de leur camionnette. La face inférieure est parfaitement lisse. Il y a un feu clignotant. M.P. compare la forme de ces engins "à un quartier de camembert, pas très épais". Le bord n'apparaît d'ailleurs qu'au moment où les objets triangulaires prennent un virage vers Bruxelles, en s'inclinant comme un avion.
Vers 19h25 Mme B. aperçoit à Waterloo un objet "excessivement lumineux" qui se déplace silencieusement dans le ciel, un peu moins vite que les avions de ligne à cette altitude, mais sans feux clignotants. "Il est suivi d'un autre objet de même type". Mme B. trouve cela tellement étonnant qu'elle appelle son mari. Il confirme l'observation et écartent tous les deux la possibilité d'une confusion avec un avion, car peu après un avion est passé suivant une trajectoire très semblable, de l'est vers l'ouest. Ils ont parfaitement entendu son bruit et perçu ses lumières clignotantes. Ces observations se prolongeront au-delà de 21h30 dans la région d'Andenne.
Citons enfin le témoignage du physicien Léon Brenig, attaché à l'Université Libre de Bruxelles qui joua un rôle très important dans la prise en charge du dossier de la vague belge de 1989-1991. De part sa formation et la description qu’il fit du phénomène, son observation offre les plus hauts indices de crédibilité et de probabilité. Elles sont cependant entachées d'un correctif du fait qu'il observa seul le phénomène et était prédisposé par le fait qu'il analysa personnellement les comptes rendus de la vague belge et organisa des soirées d'observation dans l'intention de débusquer ce fameux OVNI triangulaire. Son point de vue reste cependant très pertinent.
Son observation 82 remonte au 19 mars 1990, au cours de la troisième nuit de guet : "- Après de nombreuses fausses alertes dues à notre inexpériences, [...] en me rendant à mon lieu d'observation, j'arrêtai brusquement ma voiture et sortis mes jumelles : je venais de remarquer un gros point lumineux au-dessus de l'horizon se déplaçant à une vitesse assez lente perpendiculairement à la route. Le point grossissait à vue d'oeil, à la jumelle il apparut très rapidement comme constitué de trois sources lumineuses circulaires émettant une lumière jaunâtre et d'une luminosité centrale pulsante rouge foncé. Une forme noire triangulaire portant ces lumières se détachait nettement sur le ciel nocturne très éclairé par la Lune. La superficie des trois zones lumineuses jaunes était anormalement grande par rapport à celle de la masse noire porteuse. Alors qu'il était presque à ma verticale et volant silencieusement, l'objet exécuta un mouvement qui me sidéra : il pivota abruptement et partit sur une trajectoire perpendiculaire à l'ancienne. Abasourdi, je ne repris conscience de ce que je devais faire que quelques secondes plus tard : l'objet partait dans la direction d'un des groupes d'observateurs. Je les prévins par mobilophone de son arrivée. Une vingtaine de minutes plus tard, ce groupe le détectait à son tour. Connaissant approximativement la distance à vol d'oiseau me séparant d'eux, j'estimai la vitesse de l'objet à une vingtaine de km/h ! A cette vitesse, un avion se serait depuis longtemps écrasé. Pour un engin plus lourd que l'air, notre technologie actuelle ne permet qu'une seule méthode pour effectuer un vol aussi lent : disposer de réacteurs orientés vers le bas. Mais dans ce cas, l'objet étant passé pratiquement au-dessus de moi, j'aurais entendu un bruit fracassant ! Rien de cela n'avait eu lieu : l'objet était passé dans un silence presque irréel ! La comparaison entre ce que nous avions pu voir et les nombreux témoignages existants me confortèrent dans l'idée que nous avions bien observé l'objet de nos préoccupations [...].
Nous assistions là aux prémices d'une vague belge qui s'étalera jusqu'en mars 1991, avec deux pics d'intenses activités, le 29 novembre 1989 (125 observations) et le 12 mars 1991 (57 observations) alors qu'on enregistrait, en moyenne, qu'une seule observation par jour. Elle représentera quelque 3000 notifications pour un total d’environ 5000 témoins.
Statistiquement parlant, sur 1500 cas rigoureusement analysés en trois ans, 25% des observations ont été effectuées à moins de 500 m de distance et 10% à moins de 50 m. Sur 320 cas, 23% des observations ont duré moins de 5 minutes et 22% moins de 30 secondes. 16% des observations ont duré entre 15 et 60 minutes et 4% durèrent plus d'une heure.
L.Brenig nous rappelle qu'il est intéressant de noter que "souvent ces personnes étaient perturbées par leur observation : troubles du sommeil, dépression, inquiétude latente. Dans les régions concernées, les OVNI étaient au menu des conversations quotidiennes pendant lesquelles on pouvait percevoir une certaine anxiété."
Plusieurs faits remarquables sont apparus après analyse des comptes-rendus par les enquêteurs. Ainsi que nous l'avons évoqué dans l'introduction, bénéficiant de très bonnes conditions d'observations, malgré le manque de précision, plusieurs dizaines des témoins laissent transparaître une certaine constance dans leurs descriptions : une ou deux "plate-forme triangulaire" munie de trois puissants feux colorés sur sa face inférieure s'est déplacée silencieusement à très faible vitesse à basse altitude, sans provoquer de turbulence ou de déplacement d'air appréciable.
Les témoins sont les premiers à être surpris. Dans la plupart cas ils ont pensé de suite à une explication rationnelle, mais en continuant à observer l'objet et à réfléchir, devant le comportement étrange des OVNI ils ont rejeté leurs hypothèses initiales. Dans plusieurs cas les témoins ont provoqué l'objet, en faisant des appels de phares ou en allant à sa rencontre. L'objet semblait parfois répondre aux intention des témoins, faisant demi-tour comme s'il était guidé par une intelligence. S'aventurer plus loin serait pure spéculation.
Le double faisceau de lumière rouge projeté en avant du triangle est comparable, selon A.Meessen 83 , à l'observation faite en 1978 par Ray Stanford, aux Etats-Unis. Il vit un OVNI qui étendait "deux faisceaux rectilignes blancs, extrêmement longs, en sens opposés". Ils sont restés stationnaires pendant un certain temps, mais un détecteur d'induction magnétique enregistrait pendant toute cette observation un signal à une fréquence d'environ 10 hertz. A.Meessen put voir cet enregistrement. Le signal était presque sinusoïdal, mais comportait des irrégularités, ce qui lui fit penser à une possible émission radio en ELF (Extremely Low Frequencies) : "les deux faisceaux opposés précise A.Meessen, formeraient alors une antenne dipolaire produite par une radiation ionisante, créant un plasma conducteur. Ce n'est qu'une possibilité avoue-t-il, mais il faut la signaler pour qu'on prête attention dans l'avenir à des observations de ce genre".
82
SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, op.cit., p337-338.
83
SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, op.cit., p24.
A.Meessen rappelle également que l'observation du cigare semblant issu du petit nuage isolé dans un ciel clair n'est pas sans rappeler, "à l'échelle mondiale, d'autres observations d'OVNI ayant la forme de cigare et qui se sont dissimulés un certain temps dans un petit nuage". Il sera très intéressant d'étudier les constantes entre ces différents phénomènes et les conditions de leurs apparitions.
Enfin, comment expliquer l'absence ou le très faible bruit de l'OVNI et l'inexistence d'effets secondaires (le manque de turbulence au sol, etc.), lié à la propulsion d'un "engin" de 20 à 30 m d'envergure qui ne semble pas soutenir l'hypothèse du dirigeable ? Durant la vague belge, personne n'a relevé de bruits d'hélices, de moteurs ou d'effets électromagnétiques. Considérons la propulsion magnétohydrodynamique (MHD) comme une l'hypothèse de travail. Pour A.Meessen 84 , "ce mode de propulsion MHD implique la présence d'un fort courant électrique, circulant près du contour, à l'intérieur de l'engin. Il devrait créer un champ magnétique, variant de manière périodique. Ce champ crée lui-même un champ électrique autour de l'engin et agit avec celui-ci sur les charges qui résultent de l'ionisation. En augmentant la grandeur de la surface à l'intérieur du circuit parcouru par le courant électrique, on peut diminuer l'intensité de ce courant et donc les effets secondaires perturbateurs. Ce n'est qu'une idée spéculative, mais elle montre que deux aspects importants de cette "vague" pourraient être liés entre eux".
Enfin, il y la question, certes anthropocentrique, de savoir pourquoi ces OVNI veulent être vu de tous et, a priori, sans prendre la moindre précaution... Il est difficile de comprendre ce "devoir de discrétion" quand ils survolent des zones urbaines ou des autoroutes. Si réellement ces vaisseaux sont pilotés par des êtres intelligents, ils savent mieux que quiconque qu'un objet volant peut être intercepté ou détruit en vol, ou encore subir des avaries et éventuellement s'écraser au sol avec toutes les conséquences imaginables. Leur sens de la sagesse me laisse perplexe.
D’un autre côté, il faut rester prudent et rien ne vient étayer l’hypothèse extraterrestre. Une fois encore il faut bien le dire, par définition OVNI n’est pas synonyme d’extraterrestre, il s’agit tout au plus d’un objet volant non identifié.
Le lecteur qui recherche une preuve scientifique ne peut pas ignorer la possibilité du canular. Nous verrons un peu plus loin que cette idée, sans être exclue, nécessite une mise en scène et des moyens techniques peu ordinaires pour expliquer la taille et les performances des objets triangulaires. Quant au prototype d'avion espion, ainsi que nous le verrons, ni le F-117A ni le B2 ni aucun prototype connu d'aile volante ne présentent les mêmes caractéristiques de vol. Comme l'a bien dit L.Brenig, cet OVNI ci dispose d'un système de propulsion qu'aucun chercheur ne connaît.
Du reste, et nous en reparlerons en temps utile, il semble exister une corrélation entre les formes des OVNI et les avions espions ou les prototypes de même qu’entre les vagues d’OVNI récentes et le déclenchement de certains conflits armés. Toutefois, pour différentes raisons l’armée reste la “grande muette”.
Je m'en voudrais de clôturer cette analyse sans envisager la méprise. Ici en effet, plusieurs observateurs, L.Brenig y compris, eurent la désagréable constatation d'avoir confondu... tantôt un réverbère, tantôt une étoile, un avion ou une planète brillante avec un OVNI. Comme le fait judicieusement remarquer Patrick Ferryn 85 qui consacra tout un chapitre à l'analyse des films vidéos et des photographies récoltées durant la vague belge, de nombreux photographes et vidéastes amateurs se sont laissés berner par le zoom de leur optique - les fameux disques à encoches -, des reflets, des images floues ou surimpressionnées à leur insu, et leur manque d'expérience de l'observation des avions. A distance, le feu d'atterrissage d'un avion de combat ou sa tuyère d'échappement ressemble à si méprendre à une lumière en mouvement. Si un avion de ligne allume ces 3 feux d'atterrissages et son anti-crash, il présentera une forme triangulaire soulignée par 3 feux blancs, au centre de laquelle on distinguera un petit feu rouge clignotant. Reste que cette hypothèse ne peut rendre compte de l'observation rapprochée des triangles en pleine journée, où lorsque l'OVNI passa la nuit, au-dessus des témoins, sans faire le moindre bruit et sans créer la moindre turbulence. Cette hypothèse tombe enfin lorsqu'il s'agit d'expliquer les descriptions de lumières tronquées.
Alors, qu'est-ce que cela peut-être ? Un phénomène atmosphérique ? Je vous laisse y réfléchir quelques instants; nous en reparlerons un peu plus loin.
J'aimerais également citer les fameuses "fenêtres", des endroits privilégiés fréquentés par les OVNI. La réserve d'indienne de Yakima, au sud de l'Etat de Washington, est réputée depuis 1964 pour être l'une de ces "fenêtres". Cette réserve se trouve à 8 km du mont Rainier, le célèbre lieu où Kenneth Arnold vit pour la première fois des "soucoupes volantes".
84
SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, op.cit., p48.
85
SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, op.cit.,ch.7, "Vidéofilms et photographies", p397-422.
En l'espace de vingt ans, cette réserve fut le théâtre de 186 apparitions, pour la plupart des Lumières Nocturnes blanches ou rouges-orangées se comportant de façon imprévisibles.
Intrigué par ce phénomène le Dr.Hynek et l'ingénieur électricien David Akers déployèrent une série d'équipements scientifiques sur les lieux : caméra, réseau de diffraction, capteur radioactif, infrarouge et à ultrasons. Pendant 2 semaines, à partir du 19 août 1972, Akers photographia toutes les apparitions de lumières suspectes. Alors qu'il était bien préparé, ses résultats ne furent pas concluants.
Début 1973, une université du Missouri mis sur pied un programme d'étude baptisé "Identification" dont le site d'observation se situait à Piedmont, Missouri. Disposant d'un matériel encore plus sophistiqué, le Pr. Harley D.Rutledge observa personnellement 12 de ces lumières. A partir de ces observations, il entreprit une longue étude qui s'étendit sur 7 années, à laquelle participèrent 40 chercheurs et profanes, disposant de tout l'arsenal de Akers et de bien d'autres instruments, parmi lesquels un spectromètre, un gravimètre et quatre télescopes. L'équipe revint avec 178 clichés d'OVNI, mais la plupart avaient été pris à distance respectable et ne permettaient pas de faire avancer la connaissance de la nature de ces phénomènes.
Des expéditions similaires furent organisées dans la vallée de Hessdalen, en Norvège, autre "fenêtre à OVNI". Leif Havik s'était muni, en autre, d’un télescope de 2m de focale, d'un radar et d'un sismographe. En cinq semaines, de janvier à février 1984, Havik et les villageois aperçurent 188 lumières amorphes, ovales ou des objets en forme de cigare. "C'est ainsi raconte Havik, que fut repéré une lumière de la minceur d'un rayon laser en train de se déplacer sur la neige, au niveau du sol, jouant autour des pieds d'un villageois qui aidait l'équipe, avant de brusquement disparaître". La nature du phénomène demeura inconnue.
Parallèlement à ces recherches, une théorie originale fut proposée par le Dr. Michael A.Persinger 86 , psychophysiologiste canadien. Il avait remarqué que des failles de la croûte terrestre étaient associées à l'apparitions de lumières que les témoins prenaient pour des OVNI. Il considéra que les lignes de fractures - Yakima, Piedmont et Hessdalen sont justement dans des zones de failles - pouvaient comprimer les cristaux de quartz de la roche en libérant une sorte d'énergie piézo-électrique. Persinger pense que cette énergie est capable de produire des boules de lumière de longue durée aux comportements imprévisibles. Une hypothèse similaire fut déjà proposé à l'époque par les sélénologues de la NASA pour expliquer certains phénomènes lunaires transitoires (LTP) 87 . Persinger considère également que cette énergie serait capable d'interférer avec les ondes cérébrales, induisant des interprétations trompeuses chez les témoins. Cette hypothèse est très spéculative.
D'autres chercheurs mettent en doute ces interprétations. Selon Rutledge, les enregistrements effectués à Piedmont témoignent d'une activité de loin plus active que l'activité sismique locale. Hessdalen est criblée de failles, pourtant les chercheurs n'ont enregistré aucune activité sismique durant tout le temps que dura leur programme.
Il reste toutefois à expliquer l'impression que les chercheurs ont ressenti. Les trois équipes eurent l'impression que les OVNI réagissaient quand ils braquaient leurs feux sur eux ou répondaient quand ils les observaient aux jumelles ou au télescope. Ces curieuses lumières semblaient parfois s'éteindre brusquement puis se rallumer comme si elles étaient soucieuses de communiquer avec les observateurs. Il fut même rapporté que certains OVNI semblaient connaître (par l'intermédiaire des communications radio ou par télépathie) le programme prévu par les chercheurs. Comme le dira le Pr. Rutledge : "La réalité de ces expériences dépassa la simple mesure des propriétés physiques des OVNI effectuées par des observateurs neutres. Une relation, une reconnaissance mutuelle s'instaura entre les OVNI et nous-mêmes. Nous participions à un jeu commun".
A la lecture de ces comptes-rendus, la seule chose envisageable est de rassembler encore plus de faits et de procéder à une enquête objective et détaillée de toutes les notifications ayant passé le filtrage de la crédibilité. Il faudrait enfin provoquer l'événement en organisant des journées d'observation et des expéditions scientifiques lorsque les prémices d'une nouvelle vague se manifesteront. C'est notre meilleur moyen pour tenter d'élucider tous ces mystères en gardant bien à l'esprit que sans preuves, les OVNI ne peuvent pas être considérés comme les représentants d'un mystérieux monde extraterrestre, mais tout au plus comme des phénomènes non identifiés.
Du reste des OVNI semblent avoir été observé par les cosmonautes. Le magazine Saga UFO Special publia dans son 3e numéro le récit de Neil Armstrong lors de son séjour sur la Lune en 1969 : “Les petits sont énormes, manifestement énormes. Oh, Dieu, vous ne le croirez pas ! Je
86 M.Persinger, "The Earthquake-UFO Connection", Fate, july 1986 -M.Persinger et G.Lafrenière, "Space-Time Transients and Unusual Events", Nelson- Hall, 1977 - "Dossier OVNIS : l'hypothèse du champ magnétique", Science & Vie, 932, 1995, p82. 87 Cf l'ouvrage consacré à l'étude du Système solaire, "La banlieue terrestre" (La Lune).
vous dis qu’il y a un autre vaisseau alentour... dans l’alignement de la face éloignée du cratère... ils sont sur la Lune nous regardant...”
Maurice Chatelain, responsable des Systèmes de Communications de la NASA, avoua en 1979 que cette rencontre était connue de la NASA mais personne n’en n’avait parlé jusqu’à alors. James Lowell, sur Apollo 8, aurait également dit en revenant de la face cachée, “Sachez qu’il y a un Santa Claus”, Santa Claus étant synonyme de soucoupe volante.
Tous ces propos, pour la plupart relayés dans les foyers domestiques ont souvent été amplifiés par les médias et ne semblent pas être confirmés par leurs auteurs. Tout au plus, chacun d’eux avoua avoir aperçu des lueurs, mais rien de manifestement artificiel ou à proprement parlé d’extraterrestre.
Si les OVNI ne laissaient pas de traces tangibles de leur passage et ne présentaient pas une certaine cohérence entre les témoignages, ces phénomènes n'auraient probablement jamais accédé à la reconnaissance scientifique que leur accordent des chercheurs comme le Dr.Hynek, Jacques Vallée et d'excellents journalistes. Parce qu'il s'enrichit d'une dimension tout à fait étonnante que sont les effets sur la matière, il intéresse au premier chef les physiciens qui, en dépit de leur savoir restent perplexes devant les rencontres rapprochées du 2e type.
Les notifications classées dans cette catégorie se caractérisent par des marques sur le sol, sur les plantes ou sur les arbres provoquées par un objet (trou, affaissement, brûlure, roussissement, calcination, érosion), des coupures électriques soudaines et momentanées (coupure de lumière, de radio, panne ou surchauffe de batterie, etc.), des sensations ou des incommodités diverses sur les témoins (sensation de chaleur, état d'apesanteur, etc.), un comportement inhabituel ou un malaise chez les animaux (hurlement des chiens, panique), etc.
Si la plupart des scientifiques n'y voient que des canulars, des hallucinations ou des méprises, il reste une fois encore quelques cas irréductibles qui ne doivent laisser personne indifférent. Il ne faut surtout pas les rejeter pour la simple raison qu'ils nous paraissent impossible à expliquer. Cette attitude intolérante, fixiste, n'est pas rationnelle et n'est pas à l'honneur de l'impartialité de la démarche que revendiquent les membres de la communauté scientifique. "Douter certainement, mais ne jamais rejeter sans preuves", telle doit être la devise des chercheurs. Allons-nous découvrir ces preuves ? A l'heure actuelle, aucun document ne me permet de l'affirmer. C'est plutôt avec l'intention de dénoncer l'incompétence de certains experts et de proposer une méthode objective que nous analysons ce phénomène.
L'observation de Levelland, qui survint aux Etats-Unis le 2 novembre 1957, est typique de ce genre de rencontre. Elle est aussi particulièrement représentative car elle rapporte l'observation d'un OVNI une heure avant le lancement du deuxième Spoutnik Russe, preuve s'il en est qu'il ne s'agissait pas d'un satellite artificiel... Elle rassembla au total 15 personnes qui assistèrent à la manifestation d'un OVNI qui fut aperçu en différents endroits de la région pendant près de 2h30. Voici la copie du procès-verbal dressé par l'agent de police A.J.Fowler qui centralisa tous les appels, corrigée ultérieurement lors d'une discussion avec le Dr.Hynek 88 .
Le 2 novembre 1957, vers 23 heures, Pedro Saucedo, valet de ferme, se trouvait sur la nationale 116, au volant de son camion, en compagnie de Joe Salaz, roulant vers le nord-ouest. "A environ 6 km de Levelland, au Texas, j'ai vu devant moi une grande flamme, un peu à droite [dans un champ...] J'ai cru que c'était un éclair. Puis il s'est élevé au dessus du champ et est venu dans notre direction en prenant de la vitesse. Mais quand cet objet est arrivé à ma hauteur ce n'était plus pareil, il a éteint le moteur et les phares de mon camion. Je me suis alors arrêté, j'ai sauté dehors et je me suis cogné à la plate-forme de mon camion et j'ai regardé. Au moment où la chose est passée au-dessus de nous il eut un grand bruit et comme une bourrasque. On aurait dit un bruit de tonnerre et mon camion a été secoué. C'était rapide et j'ai senti une chaleur intense, si chaude que je me suis couché au sol. Il y avait aussi des couleurs - jaune, blanc - et il ressemblait à une torpille, comme une fusée, longue d'environ 60 mètres, faisant de 1000 à 1300 km/h. Lorsque l'OVNI s'est éloigné les phares se sont rallumés spontanément. Je n'ai eu aucune difficulté à faire démarrer mon camion".
Les deux hommes roulèrent jusqu'à Whiteface, à 16 km à l'ouest de Levelland, d'où ils appelèrent la police depuis une cabine téléphonique. L'agent Fowler ne crut pas son interlocuteur, croyant qu'il avait affaire à une hallucination d'ivrogne, et oublia aussitôt l'affaire.
Une heure plus tard, Fowler reçu un second appel, cette fois provenant de Jim Wheeler, un automobiliste de Whitharral. Cette personne lui signala avoir observé à 6 km à l'est de Levelland, (c'est-à-dire dans la direction prise par l'engin vu par Saucedo) un objet ovoïde brillamment éclairé,
88 Sun News, 6 et 7 novembre 1957.
d'une soixantaine de mètres de long, posé en plein milieu de la route. En s'approchant de l'engin, le moteur de sa voiture s'était coupé et les phares s'étaient éteints sans explication.
Selon Wheeler l'objet brillait comme une grande enseigne au néon et jetait une vive clarté tout autour de lui. Le témoin qui s'était résolu à descendre de voiture vit l'OVNI s'élever jusqu'à 60 mètres au-dessus du sol, son éclat ou son rayonnement s'étant totalement obscurci. Lorsque l'objet disparu, tout brillait de nouveau.
Selon le rapport conservé dans le Blue Book, durant cette même nuit, cinq minutes après minuit, Newell Wright, un jeune homme de 19 ans, élève de première année à la Tech University de Lubbock, circulait à 9 km au nord de Levelland lorsque soudainement son moteur se mit à toussoter; l'ampèremètre du tableau de bord passa d'un seul coup jusqu'à la charge maximale puis revint à la normale, et le moteur se mit à cogner "comme s'il y avait eu une panne sèche". La voiture s'immobilisa. Les phares perdirent leur puissance et quelques secondes après, s'éteignirent.
Intrigué par ces événements, l'étudiant descendit de voiture et regarda sous le capot sans rien constater d'anormal. Après l'avoir refermé, il se retourna et c'est alors dit-il, qu'il remarqua pour la première fois un objet oblong, à fond plat, reposant sur le ventre au milieu de la route et entouré d'une lueur bleu-vert. Il estima sa longueur à une quarantaine de mètres. La coque de l'objet ressemblait à de l'aluminium; elle n'offrait ni signe distinctif ni détails particuliers. Effrayé, il sauta dans sa voiture et essaya en vain de la faire démarrer.
Résigné, il demeura assis derrière son volant quelques minutes et contempla l'objet qui était planté là, devant lui, sur la route. Il s'attendait à ce qu'une voiture vienne à sa rencontre, mais la route resta déserte. Quelques minutes plus tard l'OVNI s'éleva "presque à la verticale" et disparut "en une fraction de seconde". Wright démarra et son véhicule répondit parfaitement. Le témoin est rentré chez lui et n'en parla à personne avant le retour de ses parents, par peur du ridicule. Ils l'empressèrent de porter son témoignage à la police qui fut informé de l'incident vers 13h30 le dimanche 3 novembre.
Entre-temps le téléphone de Fowler ne cessait de sonner. A minuit quinze, soit quinze minutes après l'appel de Wheeler, Fowler reçu encore un autre appel, émanant cette fois de Jose Alvarez qui téléphonait d'une cabine téléphonique située près de Whitharral. Les circonstances étaient toujours les mêmes. L'homme avait rencontré à 17 km au nord de Levelland un objet bizarre en forme d'oeuf posé sur un chemin de terre. Alors qu'il s'en rapprochait à bord de sa voiture, les phares s'éteignirent et le moteur cessa de tourner. Peu après l'objet s'est envolé à la verticale, très rapidement, et lorsqu'il eut atteint une altitude d'environ 90 mètres, ses propres lumières s'éteignirent et l'OVNI disparut. Une fois encore, à cet instant les phares et le moteur de la voiture se mirent à nouveau à fonctionner.
L'agent Fowler se doutait à présent qu'il se passait quelque chose d'anormal dans la région. Il avertit le shérif du conté et ses collègues, dont certains partirent enquêter sur les routes. Deux d'entre eux signalèrent des lumières vives mais ne rencontrèrent aucun objet suspect sur leur chemin.
A 0h45, un sixième témoin oculaire qui roulait tout près de l'endroit où deux heures plus tôt Saucedo avait fait sa rencontre insolite, observa une grosse boule de feu orange qui semblait être à 2 km de distance. La boule se rapprocha et atterrit en douceur sur la route nationale à environ 400 mètres du témoin. Elle recouvrait toute la chaussée goudronnée.
Le témoin confirma que le moteur de son camion s'était arrêté et que les phares s'éteignirent. Pendant ce temps, l'objet qui demeurait devant lui, rayonnait suffisamment de lumière pour éclairer le bouchon de radiateur de son camion. En une minute relata le témoin, l'objet grimpa tout droit et, bien sur, tout reprit son cours normal. L'agent Fowler n'eut connaissance de cette observation que le lendemain. Le témoin se rappela qu'en atterrissant, l'OVNI avait changé de couleur, passant du rouge orangé initial à un vert bleuâtre, mais qu'il était revenu au rouge orangé lorsqu'il prit son essor.
Arrêtons-nous un instant sur ces témoignages. Les enquêtes ont confirmé que cette observation fut corrélée avec celles de tous les autres témoins, tous isolés, et confirme l'existence d'un phénomène inconnu de la physique. Les propriétés de l'OVNI sont constantes de même que son comportement. A défaut de mesures objectives, on peut donc considérer que l'observation est intersubjective, et qu'un objet lumineux a bien atterrit en plein milieu d'une voie à plusieurs reprises en provoquant des coupures électriques momentanées. Précisons enfin que la plupart des observateurs ressentirent de la peur lorsque leur voiture s'immobilisa devant l'objet et éprouvaient une certaine réticence à prévenir les autorités, signe du caractère insolite de leur expérience. Mais les choses ne devaient pas s'arrêter là.
A 1h15 du matin, Fowler reçu encore un appel, cette fois d'un homme terrorisé, extrêmement nerveux, un camionneur de Waco, au Texas qui se trouvait à ce moment juste au nord-est de Levelland, sur la grand route de l'Oklahoma. Il dit à Fowler que le moteur et les phares de son camion avaient flanché alors qu'il se trouvait à moins de 60 mètres d'un objet lumineux ovoïde. Il indiqua que l'objet brillait par intervalles, comme une enseigne au néon et qu'il avait environ 60 mètres de longueur. Il précisa que lorsqu'il descendit de son camion, l'OVNI partit en flèche avec un grondement et qu'il avait disparu comme un éclair.
Pendant ce temps, plusieurs policiers patrouillaient déjà sur les routes de toute la région, à la recherche du ou des mystérieux objets qui terrorisaient les automobilistes. A 1h30, à 6 ou 8 km de Levelland, sur la grand route de l'Oklahoma, le shérif Weir Clem et son adjoint Pat McCulloch repérèrent "une lumière ovale ressemblant à un soleil couchant rouge et lumineux, en travers de la route", à quelque 300 ou 400 mètres d'eux qui, pendant quelques secondes éclaira toute la chaussée devant eux. L'objet fut confirmé par deux officiers de police qui patrouillaient en voiture à quelques kilomètres derrières Clem. Les deux hommes déclarèrent qu'ils avaient vu : "un éclair de lumière bizarre, qui semblait être au loin sur la route, à 1500 ou 2000 mètres. Il se dirigeait d'est en ouest et se trouvait apparemment près du sol".
La vitesse de l'objet fut confirmée à 2h du matin par un douzième témoin, l'officier de la force publique (constable) Lloyd Ballen d'Anton, Texas, qui vit : "un objet traverser le ciel sombre à une telle vitesse que j'ai simplement vu comme un éclair filant d'est en ouest".
La voiture des policiers ne fut pas affectée par le rayonnement de l'OVNI, mais le capitaine des pompiers Rayn Jones, qui recherchait également l'OVNI, signala que juste au moment où il remarqua un "rayon lumineux" au nord de la grand route de l'Oklahoma, ses phares pâlirent et son moteur toussa mais sans caler.
Une autre enquête, menée par James Lee d'Abilene pour le compte du NICAP, découvrit que la même nuit deux moissonneuses-batteuses, chacune munie de deux moteurs, qui opéraient à Petit, à environ 25 km au nord-ouest de Levelland, avaient été momentanément interrompues par le passage d'un OVNI lumineux.
Le lendemain, Fowler recensa 15 témoignages en relation avec cet événement. Il nota que tous les témoins étaient particulièrement nerveux en relatant les faits au commissariat et que toutes les descriptions étaient concordantes entre elles. Le Dr.Hynek analysera cet incident et considéra l'hypothèse que les différentes rencontres avec l'OVNI et les pannes multiples constituaient des coïncidences fortuites étaient "statistiquement impossible - et impensable -si les notifications de ces incidents sont vraiment indépendantes les unes des autres (et notre système de filtrage permet de penser qu'elles le sont)".
Comment peut-on expliquer ces événements ? Les lumières de Levelland se disputèrent la une du journal Sun News avec l'annonce de la mise sur orbite du Spoutnik II. L'Armée de l'air enquêta sur les lieux mais ne dépêcha qu'un seul officier. Il ne resta que 24 heures et n'interrogea que 6 témoins.
A l'époque du lancement du satellite russe le Dr.Hynek n'avait pas su se libérer, étant responsable du repérage du nouveau satellite à la chambre Baker-Nunn et souscrivit sans trop y réfléchir à la conclusion du capitaine Gregory, responsable du Blue Book à cette époque : il s'agissait d'un éclair en boule, sachant qu'un orage se développait cette nuit là dans la région de Levelland. Un communiqué fut diffusé dans la presse expliquant qu'il s'agissait "d'un phénomène atmosphérique de nature électrique, généralement désigné comme le feu de Saint-Elme provoqué par des conditions orageuses parmi lesquelles la brume, la pluie, les orages et les éclairs". Toutes les pannes électriques survenues aux véhicules des témoins étaient probablement la conséquence "de circuits électriques humides".
Mais beaucoup de témoins n'acceptèrent pas cette version des faits. Après analyse, Hynek se rétracta. Les carnets des observateurs météo indiquaient que le ciel était bien couvert et qu'il pleuvait, mais il n'y avait pas eu d'éclairs. Hynek reconnaîtra plus tard "si j'y avais seulement un peu réfléchi, j'aurais vite réalisé que les éclairs en boule n'ont pas la réputation d'arrêter les moteurs de voiture et d'éteindre les phares". A quoi on peut ajouter, qu'ils n'ont jamais eu 60 mètres de diamètre.
Le phénomène resta inexpliqué et passionna la population qui n'avait encore jamais rien entendu de pareil. Par la suite des dizaines d'observations similaires ont été recensées. Chaque fois les témoins ont prit peur lorsque l'électricité de leur véhicule se coupa et qu'ils découvrirent l'objet. Le cas suivant est typique.
Nous sommes le 20 janvier 1967, trois personnes 89 roulent sur la route de Methuen, dans le Massachusetts. "Janice remarqua l'objet, et Kim stoppa. Elles voulaient sortir de l'auto, mais pas moi. Brusquement le moteur a calé, la radio et les phares se sont éteints. Plus personne alors ne voulut sortir. A dire vrai, j'ai eu bien trop peur pour observer soigneusement l'objet. J'ai seulement remarqué les quatre lumières lorsqu'elles sont passées. Finalement Kim a réussi à démarrer".
89
Rapport de l'enquêteur Raymond Fowler transmis à J.A.Hynek en 1967.
Comme le dira Kim, la conductrice, la voiture ne démarrait pas parce que le moteur était noyé ou parce que les témoins étaient paniqués. Au contraire, les trois jeunes filles étaient bien conscientes de la situation - leur récit ultérieur le confirme dans les détails - et le circuit électrique de leur voiture était en excellent état : "Quand nous sommes arrivés près de l'objet, la voiture a calé, les phares et la radio se sont éteints au même moment. Ensuite j'ai essayé deux fois de faire démarrer la voiture tandis que l'objet paraissait demeurer stationnaire. Pensant que les phares et la radio tiraient trop sur la batterie... j'ai baissé la manette des phares et tourné le bouton de la radio. Et puis j'ai encore essayé à deux reprises de faire partir la voiture, mais elle ne démarrait pas. Ensuite, l'objet dans le ciel a commencé à s'éloigner. J'ai encore essayé de faire partir le moteur et aussitôt il s'est mis à tourner, donc il n'était pas noyé..." Rationnelle, le témoin pensa ensuite à ce que toute personne imagine : "Comme nous avions changé de batterie trois semaines plus tôt, je ne pense pas qu'il s'agissait d'un mauvais fonctionnement. Et je n'avais pas lâché l'embrayage puisque j'étais en train de me ranger sur le bas-côté". Que soupçonner encore ? L'hystérie collective ne tient pas puisqu'il s'agit d'une perturbation sur un système électrique et puisque la voiture s'est immobilisée à l'improviste, avant que la conductrice ne voit l'objet. Les choix qui s'offrent à nous sont limités. Quelque chose s'est donc passé sur cette route cette nuit-là, un objet déclencha un processus qui coupa l'allumage d'une voiture et tout son circuit électrique.
Il faut également noter un autre phénomène inexpliqué relatif à cet incident. Lorsque l'objet s'est envolé, "il ne faisait plus aucun bruit, et il n'a pas affecté les lampadaires qui éclairaient la chaussée". Quelle boule de plasma ou quel autre phénomène connu pourrait prétendre influencer de façon si inhabituelle son environnement, au point de discriminer le circuit électrique d'une automobile de celui d'un lampadaire... Question d'humidité ? L'éclairage public est protégé contre ce facteur climatique. Une différence dans les propriétés électriques et chimiques des deux dispositifs est concevable (tension, conductibilité, composition, etc.), reste à démontrer cette influence et les comptes-rendus actuels sont bien trop imprécis à ce sujet. Le mystère demeure.
Les coupures d'électricité qui surviennent aux voitures qui circulent sur la route voire même aux bourgades entières ne sont qu'un des aspects des rencontres rapprochées du 2e type. A côté de ce phénomène, qui touche évidemment de près les témoins et dont on trouve une relation avec les OVNI dans 92% des cas 90 , il existe des manifestations parfois indirectes, des effets sur l'environnement qui peuvent être photographiés durant des jours et mêmes des années.
Rappelez-vous la photographie de ce champ de soja à Van Horne, en Iowa, dont une partie circulaire fut calcinée le 12 juillet 1969 vers 23h. Les deux adolescentes qui rapportèrent l'incident eurent la plus grande frayeur de leur vie quand elles virent, en regardant par la fenêtre de leur chambre, un objet éclairé s'éloigner de la ferme en vol plané, accompagné d'un son proche de celui d'un avion à réaction. L'observation ne dura pas plus de deux minutes. Le fermier, père d'une des jeunes filles, avait précisément inspecté son champ ce jour-là sans rien y remarquer d'anormal. Etant donné qu'il avait plut la nuit, le lendemain il retourna vérifier s'il n'y avait pas eu de dégâts. C'est alors qu'il découvrit une surface dévastée d'environ 12 mètres de diamètre qui, assurait-il, n'existait pas la veille au soir. L'endroit où les jeunes filles avait vu l'objet s'envoler coïncidait grossièrement avec l'aire calcinée.
Le Dr.Hynek visitera le site plusieurs semaines plus tard et constata que le centre de la zone était complètement dénudé. Alentour, "sur chaque plant les feuilles pendaient, flétries comme si elles avaient été soumises à une chaleur intense, mais les tiges elles-mêmes n'étaient ni brisées ni courbées, et le sol ne portait aucune marque. Tout se passait comme si la chaleur ou l'agent destructeur avait été dirigé d'en haut et de très près, mais sans qu'il y ait eu de contact direct."
Les deux jeunes filles qui avaient vu l'OVNI par la fenêtre (à 1500 mètres environ du champ) précisèrent que l'objet disparu en laissant une lueur orange dans le ciel. Il tournait sur lui-même dans le sens contraire des aiguilles d'une montre et avait la forme d'une écuelle au fond concave.
Il était d'une couleur métallique gris-noir mat et cerclé à peu près aux deux tiers de sa hauteur par un anneau lumineux orange tirant sur le rouge. C'est le rayonnement de la lumière orange qui dessinait la forme de l'objet. Les deux jeunes filles ne remarquèrent ni protubérances ni lumières isolées -rien que l'anneau lumineux orangé. Quant à sa taille, il avait de trois à quatre fois le diamètre de la Lune, l'une des jeunes filles estimant que l'objet était aussi grand qu'une voiture vue à la même distance.
Pour accréditer cette observation, précisons que le fermier interdit que l'on interroge directement les deux jeunes filles mais accepta volontiers de répondre lui-même aux questions des enquêteurs. Il préféra que l'on ne fasse pas de publicité autour de cette affaire et ne tenta en aucune façon de tirer avantage de la situation. Habituellement, si un fermier perd une partie de ses
90 Sur la relation entre les coupures d'électricité et les OVNI, consulter le magazine "APRO-Bulletin", march-april 1970, p5 qui présente un graphique résumant les incidents survenus aux Etats-Unis entre 1954 et 1966. La relation est étonnante. Concernant les effets électromagnétiques, lire R.Hall, MUFON UFO JOURNAL, 192, Feb 1984, p14-15 - MUFON Symposium Proceedings, 1992, p101-131, R.Haines, “Fifty-six aircraft pilot sightings involving electromagnetic effects”.
cultures, il est normal qu'il désire récupérer la contrepartie financière, le manque à gagner. On peut donc en conclure que ce fermier fut bel et bien le témoin d'un événement inexpliqué, qu'il ne s'agit en aucun cas d'un "coup monté" de sa part. Le cas échéant, il faudrait tout de même expliqué par quel procédé il aurait créé cet effet qui resta visible durant des années, laissant le sol aride pendant plusieurs saisons...
Citons également quelques observations plus étonnantes qui nous apportent quelques indices sur la nature des OVNI.
L'année 1952 fera l'objet de deux incidents très curieux. L'un survint en Norvège. Des pilotes militaires repérèrent une épave sur l'île du Spitzberg. L'objet ressemblait à un disque argenté posé sur la glace dans un fouillis de fils. Au centre on distinguait une cabine de pilotage partiellement détruite. L'engin disposait de moteurs à réactions.
La patrouille norvégienne regagna la base de Narvick et le commandant de la base envoya sur les lieux le Dr.Norsel, spécialiste des fusées. Il déclara que l'engin possédait un noyau de plutonium et un transmetteur capable d'émettre sur toutes les longueurs d'ondes. Il était d'origine soviétique...
Mais une commission de l'Etat-major norvégien infirma cette identification. Dans le journal Stuttgarter Tageblatt 91 daté du 4 septembre 1955, le colonel Gernod Darnbyl, président de cette commission d'enquête aurait déclaré : "Il y a quelques temps, un malentendu s'est élevé sur l'origine de l'engin. On l'a prétendu soviétique. Le disque du Spitzberg n'est pas, j'insiste, de construction terrestre. Les matériaux sont complètement inconnus des experts qui ont participés à l'enquête".
Le second incident, toujours en 1952, se produisit à Washington. Un avion de l'US Navy prend en chasse un OVNI et tire sur lui une rafale de mitrailleuse. Un éclat brillant se détache de l'engin. Après ratissage de la région, le débris est récupéré. L'analyse officielle ne put déterminer sa nature mais les chercheurs sous-entendirent qu'il pourrait s'agir d'une météorite.
Par un enregistrement sur bande magnétique, on apprit que l'Armée de l’air confia le fragment au Dr.Wilbert Smith, spécialiste canadien des télécommunications et directeur de la première station officielle de repérage d'OVNI. Il sera en contact avec au moins deux chercheurs de l'Ohio. Il conclut sans aucune doute qu'il s'agit là d'un fragment de soucoupe volante dont il a défini la composition : orthosilicate de magnésium.
Le 14 décembre 1954, trois disques non identifiés survolent la ville de Campinas, au Brésil. L'un des OVNI oscille et de nombreux témoins voient couler de sa base un mince filet de liquide argenté. L'engin se redresse ensuite et disparaît.
Ce liquide se déposa en plusieurs endroits sur les toits de la ville et les témoins recueilleront plusieurs grammes de cette matière, aussitôt confisquée par l'Armée de l’air brésilienne. Le Dr.Risvaldo Maffei, un chimiste local, réussi malgré tout à prélever une infime partie du métal. Son analyse révèle la présence d'étain et d'autres métaux non identifiables. Le métal n'était pas radioactif. Pour sa part, le porte-parole de l'Armée de l’air fit un communiqué assez laconique, parlant d'étain, mais de rien d'autre.
Trois ans plus tard, le 14 septembre 1957, toujours au Brésil, dans la baie d'Ubatuba de Sao Paulo, des passants voient exploser sous leurs yeux un engin en forme de disque. Une pluie de fragments brillants tombe dans l'océan, à quelques mètres du rivage. Des témoins se jettent à l'eau et repêchent quelques débris de la taille d'une pièce de monnaie. Analysés, ils s'avèrent être du magnésium à l'état pur. Leur teneur explique qu'ils aient laissé des traces brillantes en brûlant dans l'air. L'APRO américaine analysera à son tour les fragments, mais ses résultats restèrent secrets. Dirigée par M.L.Lorenzen, de Tucson, l'APRO avait pourtant la réputation d'être une organisation objective, comptant parmi ses membres plusieurs scientifiques et des professeurs.
Enfin, il y a l'aventure arrivée au capitaine Lawrence Coyne 92 dans la nuit du 18 octobre 1973, à 23h10, près de Mansfield en Ohio. Coyne, qui avait dix ans de vol à son actif, était au commande d'un hélicoptère-ambulance HU-1 Huey de la Force terrestre avec trois hommes à son bord. A 750 mètres d'altitude, le sergent Robert Janacseck, chef d'équipage, repéra sur la droite, à l'horizon, dans la direction de l'est, une lumière rouge. Coyne demanda à Janacseck de vérifier son observation et ce dernier lui précisa que la lumière semblait escorter l'hélicoptère, suivant une trajectoire parallèle à celui-ci.
91
F.Edwards, "Les soucoupes volantes, affaire sérieuse", Laffont, 1967. 92 Ce récit fut relaté dans le magazine APRO Bulletin, september-october 1973 ainsi que dans le journal "National Enquirer" du 16 décembre 1973. Il sera cité dans MUFON Symposium Proceedings, 1989, “The Mansfield Helicopter Case”, p13-30 et traduit dans le magazine "Phénomènes Spatiaux", N°40-41-42, 1974.
Soudain la lumière fonça droit sur l'appareil. Coyne amorça un mouvement de descente afin de l'esquiver : "Mais elle volait à plus de 600 mph (960 km/h)... Elle est venue de l'horizon jusqu'à notre appareil en 10 secondes environ. Avec les routes suivies, la collision semblait inévitable". L'hélicoptère de Coyne descendit ainsi jusqu'à 500 mètres d'altitude : "A 1700 pieds (500 m environ), j'ai rassemblé toute mon énergie en prévision du choc avec l'autre engin. Il arrivait par notre droite. J'étais effrayé : nous disposions de si peu de temps pour réagir. La "chose" était terriblement rapide".
Alors qu'il était en train de signaler la présence de ce qu'il pensait être un avion à réaction à la base aérienne de Mansfield, au moment où la lumière se rapprocha rapidement, son émetteur radio est soudain tombé en panne de façon inexpliquée. C'est à ce moment que Coyne effectua sa manoeuvre de décrochage.
L'objet qui était à moins de 150 mètres de l'hélicoptère réduisit sa vitesse, estimée à 600 mph, à 100 mph (160 km/h) et s'est maintenu au-dessus de l'hélicoptère.
Il n'y eu pas d'impact. L'équipage leva les yeux et aperçu que l'objet s'était arrêté au-dessus d'eux. L'objet ne portait pas de marque visible ni rien qui ait pût ressembler à des hublots, des trous d'entrée ou d'autres orifices de ce genre. Il avait une coque grise, d'apparence métallique, d'environ 18 m de long, en forme de cigare caréné, portant sur l'avant une lumière rouge. Le bord d'attaque était rougeoyant sur une courte distance à partir du nez et présentait un dôme central. Il y avait une lumière verte à l'arrière qui se reflétait également sur la coque. Coyne la décrit : "Cette lumière pivotait comme le faisceau d'un projecteur. Très brillante, elle traversait le dôme de notre hélicoptère, effaçant par son intensité les lueurs des voyants rouges de notre tableau de bord et rendant toutes choses vertes à l'intérieur".
L'objet survola l'hélicoptère pendant quelques secondes puis s'éloigna rapidement vers le nord. Le danger d'une collision étant écarté, Coyne se ressaisit et arrêta la descente de l'hélicoptère. C'est alors que l'équipage connu l'événement le plus extraordinaire de son vol.
Lorsque l'OVNI fonça sur l'appareil, ce dernier était à 1500 pieds sol (450 mètres) et continuait de descendre. Mais lorsque l'objet eut disparu vers le nord, l'altimètre indiquait une altitude de 3800 pieds sol (1150 mètres)... Autrement dit, l'hélicoptère de Coyne fut soulevé de 700 m par l'OVNI avant d'être relâché sans autre explication. Ceci était d'autant plus étrange que cette performance ne pouvait être accomplie en quelques secondes par ce type d'appareil.
Coyne quitta la zone pour éviter que l'objet de revienne sur lui et il constata dix minutes plus tard que sa radio de bord fonctionnait à nouveau.
De retour à sa base Coyne avoua que "s'il avait piloté l'hélicoptère seul, il n'aurait pas rapporté l'incident parce qu'il était par trop invraisemblable et n'aurait pas voulu risquer ainsi sa position de commandant d'unité". Les quatre témoins firent le même récit au commandant de la base ainsi qu'aux enquêteurs. Plusieurs explications furent suggérées : déplacement d'une masse d'air en même temps que l'hélicoptère, erreur de l'altimètre, plasma...
Pendant cet incident, 11 témoins divisés en trois groupes ont observé la scène à partir de leur voiture ou de leur domicile. Plusieurs membres de la famille Elias corroborent la présence d’une lumière verte persistante, intense et localisée autour de l’hélicoptère.
Aucune des hypothèses proposée n'explique la coupure de radio, la poursuite, la collision évitée de justesse et les lumières rouges et vertes localisées. De plus elles mettent en doute la compétence technique du pilote et l'appréciation visuelle des membres de l'équipage et des témoins au sol. Il est impensable qu'il s'agisse d'une méprise ou d'un phénomène météo.
La conclusion de P.J.Vollmer, chef d'opération de la FAA (Federal Aviation Administration) publiée dans le National Enquirer ne laissa planer aucun doute : "Cette observation d'OVNI ne ressemble à rien dont nous ayons eu à nous occuper auparavant. Nous nous demandons quelle sorte de machine volante et quelle sorte d'équipage pourraient passer de 960 à 160 km/h sans dommages apparents. Et, d'après les instruments de bord du capitaine [Coyne], son hélicoptère s'est élevé, à travers les couches d'air, à une vitesse qui est impossible".
A ce jour des centaines de cercles calcinés, roussis ou dénudés, des traces d'atterrissages, quelques traces de radioactivité et quelques menus fragments ont été découverts autour du monde. La plupart sont associés à l'observation rapprochée d'un OVNI, parfois à l'aplomb de sa position. Les témoins en question comprennent une majorité de personnes ayant une formation technique poussée - chercheurs, médecin, pilote de ligne, ingénieur - ainsi que des fermiers, des prêtres, des ouvriers, des enfants.
Si l'on se demande si les principaux acteurs ont prémédité leur "découverte", la réponse la plus probable est non. Elle devient une certitude lorsque l'objet devient une cible militaire ou explose en vol. Il ne fait aucun doute que les témoins ont assisté à des événements inexplicables, qu'aucun physicien ne peut aujourd'hui élucider.
Concernant les marques au sol, lorsqu'il s'agit d'une observation de jour, les traces sont aussitôt décelées. Lorsqu'elle survient la nuit, c'est le lendemain qu'on les découvre, preuve qui renforce l'idée que le témoin ignorait son existence au moment des faits. Elles s'inscrivent habituellement dans un schéma type : soit une aire circulaire aplanie, déprimée, brûlée ou érodée, soit un anneau de plusieurs mètres de diamètre. De façon générale le site persiste durant des semaines, et parfois même des années. Lorsqu'il s'agit d'un canular, les acteurs avouent leurs méfaits quelques années plus tard, exhibant l'objet de la supercherie et les moyens mis en action en reconstituant les faits.
Parfois, le canular n’est même pas remarqué. En décembre 1954 en effet le projet Magnet 93 de l’agence d’investigation du phénomène OVNI du gouvernement Canadien lança une montgolfière sous laquelle était suspendue une nacelle lumineuse ressemblant à un OVNI afin de tester l’attitude du public. Comble de malchance, bien que le ballon stationna à plus de 1500m au-dessus d’un stade de baseball et d’un théâtre drive-in personne ne le remarquera. Par contre le 1 avril 1989, à 5h du matin tout les anglais habitant dans la banlieue de Londres virent l’OVNI lumineux à bord duquel avaient pris place le fameux aérostier Richard Branson et ses deux acolytes martiens ! A d'autres occasions, la supercherie est démasquée par le traitement informatique des images qui fait apparaître de fins détails (empreintes, fils tendus, etc.) imperceptibles sur une photographie ordinaire.
Rappelez-vous à ce propos le canular "topographique" découvert en 1986 dans un champ du Hampshire en Angleterre, au lieu-dit "le Bol à punch du Diable" 94 . Deux pensionnés s'étaient amusés à aplanir des aires circulaires ou rectilignes avec une grande planche en bois. Ils pratiquaient cet exercice de nuit, à l'insu de leur femme. Imagination, quand tu nous tiens... C'est l'un des rares cas ou la supercherie fut amusante, compte tenu de l'âge des protagonistes et trompa bien des professionnels. A leur décharge, il faut bien avouer que ce genre d'expertise ne s'apprend pas dans les livres. Ils auraient toutefois put éviter ce genre de méprise en suivant une méthode critique d'analyse (relevé des traces sur le sol, estimation du poids de l'engin, occupation et recherche de témoins, etc.).
Nous pouvons conclure en reprenant les mots du capitaine Coyne : "J'ai toujours été sceptique quant aux OVNI, et j'espère encore qu'il y a quelque explication logique pour ce qui s'est passé [...]. Mais, pour la sécurité des vols futurs dans cette région, j'espère que quelqu'un apportera une explication".
A partir des quelques cas que j'ai sélectionné se dessine le prototype de la rencontre rapprochée du 2e type. Tous ces événements demeurent très étranges et défient tout description en terme physique. Nous devons toutefois déplorer le manque de données, tant qualitative que quantitative et la maigre quantité de photographies et de fragments qui nous permettraient d'élaborer de véritables hypothèses scientifiques telles que l'exigent la démarche des physiciens.
Au cours d'un symposium consacré au phénomène OVNI qui se tint le 29 juillet 1968 à Washington, au Comité de la Science et de l'Astronautique, sous l'égide de la Chambre des Représentants, le Dr.McDonald aborda la question de leur hostilité 95 .
En suspens, il estimait que "dans une large mesure, on semble devoir parvenir à la conclusion qu'il n'y a pas d'hostilité". Mais en ce qui concerne les périls, il était beaucoup plus nuancé, reconnaissant que "des personnes dignes de foi ont déclaré avoir reçu des blessures sérieuses résultant de quelque action de la part d'un OVNI. Mais dans le phénomène OVNI, on semble se trouver en présence d'un très grand nombre de phénomènes inexpliqués, inhabituels, et si, d'aventure, on rencontre parmi eux des cas où se manifeste un péril, il serait prématuré de leur attribuer une valeur d'hostilité. Néanmoins, aussi longtemps que nous demeurerons aussi profondément ignorants de la nature globale du phénomène OVNI, il paraît prudent de n'émettre à son sujet que des jugements réservés, et à simple titre de suggestions".
Cela me rappelle qu'au milieu des années 1970, "dans le but d'informer préalablement l'opinion publique", l'Université japonaise d'Hokkaïdo et plusieurs collèges du niveau secondaire donnèrent des cours sur la "science clipéologique", c'est-à-dire "l'étude normale des problèmes posés par les OVNI et leurs implications dans les différents domaines de la vie terrestre". Toujours très prudents devant les méfaits de dame Nature ou des hommes, les Japonais prenaient les devants afin d'éviter une panique éventuelle de la population.
93 “Weird Science-Fantasy”, Dec 1954. 94 Consulter Fate, July 1992 dans lequel sont publiés 3 articles à ce propos : J.Michel, “Crop Circles and the mind”, p49; R.E.Guiley, “The mystery of the crop circles”, p55; J.Randles, “Circular logic”, p68.
95
J.McDonald, trad.Phénomènes Spatiaux, 25, septembre 1970 - J.Vallée, "Recent field investigations into claims of UFO related injuries in Brazil", MUFON Symposium Proceedings, 1989, p32 - J.Vallée, "Confrontations", Robert Laffont, 1991, p279.
Cela dit, les faits restent ce qu'ils sont, et les témoignages qui suivent, extraits de quelques autres cas "classiques", nous permettent de conclure qu'à trop s'approcher des OVNI ils peuvent devenir dangereux.
Le 7 janvier 1948 à 13h15, une patrouille routière de police de Louisville, au Kentucky, téléphona à la base de Godman, proche de Fort Knox, pour savoir s'il n’y avait pas un avion inhabituel en vol. Des gens avaient observé un étrange objet dans le ciel de 70 à 90m d'envergure. La tour de contrôle ignorait de quoi il s'agissait et interrogea à son tour la base de Wright-Patterson. Celle-ci répondit qu'elle n'avait aucun appareil en l'air. Un peu plus tard la police rappela. L'OVNI était à nouveau signalé et se déplaçait vers l'ouest de Louisville. A 13h45 la base de Godman confirma visuellement la présence de l'objet aux jumelles et le Colonel Hix, commandant d'unité envoya à 14h30 une escadrille de trois P-51 pour l'intercepter.
Le leader de la patrouille est le capitaine aviateur Thomas F.Mantell 96 . Il monte à sa rencontre avec les deux autres chasseurs à une vitesse d'environ 500 km/h, puis vers 14h45 il envoie ses premières impressions par radio : "- Je vois quelque chose en avant de moi et plus haut. Je continue à grimper". Comme l'écriront les enquêteurs, les ufologues lui attribuèrent les phrases suivantes vers 15h15 : "J'ai vu le machin. Il paraît métallique et il a des dimensions énormes... le voilà qui se met à grimper... L’objet est au-dessus et en avant se déplaçant presque à ma vitesse ou plus rapidement. J’essaye de m’approcher pour mieux l’observer". L’un des ailiers estima la vitesse de l’objet à 2900 km/h. Mantell aurait ajouter quelques secondes plus tard : "Il est au-dessus de moi et je gagne sur lui. Je monte à 6000m". Ce fut là son dernier message. A 4500m d'altitude, les deux ailiers essayèrent frénétiquement d'appeler Mantell qu'ils ne voyaient plus. Ils le perdirent dans les nuages, et plutôt que risquer de tomber à court de carburant ils revinrent à leur base, contraint de laisser leur capitaine continuer seul.
En passant par la tour, l'un des coéquipiers déclara ne rien avoir vu, si ce n'est un effet de réflexion sur sa verrière. Les deux avions se poseront à Standiford Field, au nord de Godman. Un des avions refit le plein de ses réservoirs, prit un masque à oxygène et reprit l'air pour explorer la région. Il ne vit rien. La tour de contrôle cessa de voir l'OVNI à 15h50.
Vers 16h, une patrouille de reconnaissance retrouvera le corps du Cap.Mantell dans les débris du P-51 éparpillés sur plusieurs kilomètres près de Fort Knox. L'avion était vraisemblablement tombé en vrille jusqu'au sol. D'après le rapport d'enquête, le P-51 perdit une aile à cause d'une vitesse excessive et effectua un piqué après que Mantell eut perdu connaissance par manque d'oxygène.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Vers 19h20 toutes les tours de contrôle du Midwest signalèrent qu'elles voyaient un autre OVNI dans la direction de l'horizon sud-ouest. Pour l'armée, ce prétendu OVNI n'était que la planète Vénus.
Assaillies de questions, les autorités du Project Sign trouvèrent tout de suite une explication. Un P-51 ayant chassé Vénus quelques semaines auparavant et dans des conditions similaires, ils proposèrent cette hypothèse avant même que les équipes de secours eurent atteint l'avion accidenté. Mais cette fois l'ATIC n'accepta pas cette explication. La rumeur avait déjà rapporté les propos de Mantell : "il paraît métallique et il a des dimensions énormes". Au bout de plusieurs semaines les autorités hésitaient toujours entre Vénus et un ballon stratosphérique et la population avait le sentiment que le Pentagone lui cachait quelque chose. En 1952 le bureau des "Public Relation" du Pentagone fut à nouveau assailli par un flot de demandes concernant l'affaire Mantell. E.Ruppelt rouvrit le dossier de 1949 et réanalysa les microfilms.
C'est ainsi qu'il apprit que c'était le Dr.Hynek qui portait la responsabilité de cette confusion, Hynek proposa l'hypothèse d'une confusion avec Vénus parce qu'elle se trouvait presque au même point du ciel que l'OVNI à 15h. Il s'en excusa et refit avec Ruppelt une analyse minutieuse de la situation et des descriptions d'alors. Après vérifications, Ruppelt fut convaincu qu'il y avait bien eu quelque chose en haute altitude ce jour là et qu'il ne s'agissait ni de faux soleil (parhélie) ni de reflets.
Il est vrai que Mantell revenait d'un vol d'entraînement et volait sans inhalateur à oxygène. De plus Ruppelt rappela dans son rapport que les pilotes connaissaient bien la consigne : "En aucun cas, il ne faut dépasser 4500 mètres sans oxygène". Ruppelt conclut que lors d'expériences dans des chambres à compression "certains d'entre nous résistaient à 4500 mètres, mais personne ne dépassait jamais 5000 mètres". Or les contrôleurs l'avait bien entendu dire : "Je monte à 6000 mètres". Les amis de Mantell savaient que leur coéquipier avait plusieurs années d'expérience et était un pilote extrêmement prudent. L'un d'eux ajouta cependant : "Je ne peux que penser une chose : il a cru remplir une mission plus importante que sa vie ou sa famille". Ruppelt restait perplexe.
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E.Ruppelt, "Face aux soucoupes volantes", op.cit, p48-59 - “Project Blue Book”, op.cit., p44..
En continuant son enquête il découvrit qu'un astronome domicilié au nord de Nashville, dans le Tennessee, avait observé un OVNI à 16h45 au télescope et reconnu qu'il s'agissait d'un ballon. Recoupant cette information avec les expériences consignées à Wright Field, les archives ne contenaient aucune trace de lancements en 1948, ceux-ci s'effectuant alors à la base de Clinton County, dans l'Ohio méridional. Malheureusement Ruppelt n'eut jamais connaissance de ces informations. Certains journalistes ont supposé que ces informations étaient gardées secrètes dans le cadre du programme Skyhook. La direction suivie par les vents indiquait toutefois qu'il était tout à fait possible qu'un des ballons lancés de cette base soit aperçu à 100 km de là. De tels ballons-sondes, de plus de 30m de diamètre, pouvaient encore être observé à 18000 mètres d'altitude. Or on ne s'attend pas à trouver un objet de cette taille à cette altitude, dérivant lentement ou grimpant rapidement en fonction des courants. Mais en principe un pilote ou même un observateur attentif est capable d'identifier un tel objet. Il semblerait toutefois que Mantell n'avait jamais entendu parlé de ballons de cette taille et n'en avait jamais vu. Après une enquête minutieuse et objective Ruppelt répondit au Pentagone qu'"il avait pu s'agir d'un ballon". Pour les amateurs de sensations, Mantell sera la première victime des soucoupes volantes.
Le 19 août 1952, vers 21h, Sonny Desvergers 97 , chef scout de West Palm Beach en Floride, âgé de 30 ans, raccompagne en voiture trois jeunes scouts à leur domicile, quand ils aperçoivent une lueur descendre du ciel, sur la gauche et disparaître parmi les pins de Virginie. L’objet était entouré de six lumières rougeâtres. Intrigué, pensant qu'un avion s'était écrasé, Desvergers demanda aux enfants de rester dans la voiture, les laissant écouter une émission à la radio qui devait durer un quart d'heure. Il leur dit que s'il n'était pas de retour d'ici un quart d'heure, il leur faudrait courir jusqu'à la ferme qu'il venait de dépasser, pour y demander de l'aide. Desvergers se rendit seul sur les lieux, muni d'une machette et de deux lampes de poche.
Au bout d'une cinquantaine de mètres, il pénétra dans un fourré de palmiers nains et de broussailles lorsque tout à coup il s'arrêta, prenant conscience de la présence d’une étrange odeur "âcre" et "pénétrante" ainsi qu'une légère différence de température, analogue à celle qu'on ressent le soir, après le coucher du Soleil, devant un mur de brique. Il marcha encore une trentaine de mètre pendant lesquels les enfants pouvaient encore suivre la lueur de sa lampe. Soudain il constata la présence d'une énorme forme immobilisée à quelques mètres au-dessus du sol, cachant presque tout le firmament. Il avait le profond sentiment d'être épié et de perdre sa capacité de raisonnement. En éclairant rapidement mais précisément le bord de l’objet, il découvrit qu'il s'agissait d'une forme circulaire d’environ 10m de diamètre et d’un mètre d’épaisseur, légèrement concave au centre. Sa surface était unie et de couleur grisâtre. La partie supérieure portait une protubérance analogue à une tourelle. Le bord de la soucoupe était épais et recouvert d'ailettes, semblables à celles d'une turbine, écartées d'environ 30 cm, avec une ouverture, pareille à une buse, à la droite de chacune d’elle. Tout d'un coup il remarqua que les ombres de la tourelle se déplaçaient légèrement et il entendit un son, "semblable à l'ouverture d'une porte de coffre-fort bien huilée".
Une petite boule de feu rouge en sortit et descend sur lui. En tombant elle émit un nuage de brume rouge. Laissant choir sa lampe et sa machette, il se couvrit le visage avec les mains et s'évanouit lorsque le nuage l'enveloppa. Les enfants avait tout observé et, lorsqu'ils le virent tombé, descendirent de la voiture et coururent vers la ferme.
Le fermier et sa femme comprirent que leur chef était en difficulté et avertirent la police. Le Deputy Sheriff Mott N.Partin et le Constable Low Carroll de Lake Woth arrivèrent au bout de quelques minutes. Les enfants leur indiquèrent l'endroit de l’incident.
Revenant à lui, Desvergers scruta les alentours, mais l'objet avait disparu. Sa première réaction fut de courir vers la route. Il se trouvait au milieu du fourré de palmiers nains quand les autorités le trouvèrent. Ils déclarèrent n'avoir jamais vu de personne aussi effrayé que le jeune éclaireur.
En accompagnant le shérif au bureau de police, Desvergers se rendit compte qu'il était brûlé au visage et aux bras, et sa casquette de coton était percée de trois trous visiblement brûlés. Le shérif appela directement l'Armée de l’air. Ruppelt et cinq enquêteurs de l'ATIC écouteront attentivement l'aventure du jeune éclaireur et eurent la conviction qu'il disait la vérité. Il ne cessait de leur demander : "Mais qu'est-ce que j'ai vu ?", pensant que l'armée pouvait lui répondre. L'enquête montrera que Desvergers avait des brûlures jusqu'à l'intérieur des narines, mais leur gravité ne dépassait pas celle d'un "coup de soleil anodin". Ses cheveux étaient également un peu roussi, comme s'il avait été victime d'une chaleur intense mais passagère. Les racines des herbes, au-dessus desquelles l'OVNI stationna, étaient carbonisées, ayant subi une température de quelque 150°C. Cependant le rapport de Ruppelt est ici contradictoire. Il dit clairement que l'herbe
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E.Ruppelt, "Face aux soucoupes volantes", op.cit, p218-230 - Fate, dec 1952, p27-28.
en question "n'était pas brûlée". Cherchant les traces d'une mystification, il ne trouva aucun indice pouvant contredire l'histoire de Desvergers. Il conclu : "l'histoire était vraie".
Le 20 mai 1967, à 12h15, Steven Michalak 98 , un mécanicien de 52 ans, aperçoit dans la ville de Falcon Lake, en Ontario, au Canada, deux objets rougeoyants volant à grande vitesse.
L'un des deux OVNI se pose dans un halo incandescent. Michalak resta une demi-heure à observer l'objet, lorsqu'une porte s'ouvrit, diffusant une lumière violente. S'approchant de l'objet, Michalak entendit deux voix quasi humaines. Convaincu d’avoir à faire à un nouvel engin expérimental américain, il interpella les occupants et leur demanda s’ils avaient des problèmes. Ne recevant aucune réponse, Michalak s’approcha de l’engin et le toucha avec ses gants. Il ne remarqua aucun joint de fermeture, la surface de l’engin était polie avec grand soin et ressembla à du verre coloré réfléchissant la lumière. Mais en retirant sa main, il découvrit avec stupeur que son gant avait brûlé et fondu, tout comme le chapeau qu’il portait. A cet instant l’engin se mit à tourner, libérant un jet d’air chaud par une série de petites buses disposées dans la coque. La veste et la chemise de Michalak se mirent à brûler, lui causant une violente douleur au ventre. Il entendit également un son aigre et sentit une odeur ressemblant à un circuit électrique brûlé. L’engin s'éleva ensuite rapidement et disparu dans le ciel.
Souffrant de brûlures sur le ventre, il décida de se faire examiner par son médecin de famille. Celui-ci découvrit que Michalak présentait effectivement de curieux stigmates sur le ventre, des brûlures du 3e degré formant un damier composé de 5 lignes de taches circulaires d'environ 15mm de diamètre disposées sur 4 colonnes. Durant les jours qui suivirent cet incident, Michalak fut incapable de manger et perdit 11 kg. La quantité de lymphocyte contenu dans son sang chuta de 25 à 16%, et revint à la normale au bout de 4 semaines. Il soufra de diarrhée, d’urticaire généralisé et se sentit périodiquement faible, avait des vertiges et fut pris de nausées.
Au total, Steven Michalak fut examiné par 27 médecins mais personne ne fut capable d’expliquer ce qui lui était arrivé. Selon le Dr. Horace Dudly, chef du Laboratoire des Radio-isotopes de l’hôpital de New York, les symptômes présentés par la victime sont “l’image classique d’une exposition sévère et complète à des radiations X ou gamma. Michalak reçu de l’ordre de 100 à 200 roentgens. Il fut heureux que cette dose de rayonnement n’ai duré qu’un court instant sinon il aurait certainement reçu une dose létale...”
Le 13 août de la même année, à Crixas, Etat de Goias, Brésil, Inacio de Souza, un domestique agricole complètement illettré, et son épouse Maria qui n'ont jamais entendu parler des "soucoupes volantes", regagnent la ferme où ils sont employés. C'est une hacienda de plusieurs milliers d'hectares, disposant de sa propre piste d'atterrissage pour l'avion privé du propriétaire, el senior A.S.M.
En arrivant près des bâtiments ils aperçoivent un "drôle d'avion" posé sur la piste : "On aurait dit une cuvette renversée d'environ 25m de diamètre". Mais le couple s'inquiétait encore plus en constatant la présence de 3 silhouettes entre l'objet et la maison : "Ils paraissaient chauves. Ils semblaient jouer comme des enfants, mais en silence. Quand ils nous ont aperçus, ils m'ont désigné du doigt et se sont mis à courir dans notre direction. J'ai pensé qu'ils voulaient nous attaquer. J'ai pris peur, et, comme j'avais ma carabine, j'ai tiré sur le plus proche. Au même moment, un rayon vert, très lumineux, est parti de l'appareil et m'a touché à l'épaule gauche. Je suis tombé à terre. Maria s'est précipitée sur moi, a ramassé le fusil. Mais les êtres étaient rentrés dans leur engin qui s'est élevé verticalement, et à grande vitesse, avec un léger bruit, semblable à un bourdonnement d'abeilles".
Les conséquences de cette action seront tragiques pour Inacio de Souza. Dès le lendemain il fut pris de nausées. Il ressentit des fourmillements et un engourdissement général. Ses mains tremblaient. Inquiète, Maria le conduisit à Goias pour lui faire subir un examen médical complet. Le médecin qui l'examina découvrit sur sa poitrine une brûlure circulaire de 15 cm de diamètre, à hauteur de l'épaule gauche. Le médecin le gardera en observation. Quatre jours plus tard il le renvoya chez lui. Son patron, surpris, demanda des explications au médecin. Il lui répondit : "Votre serviteur est condamné. Il est atteint d'une leucémie foudroyante. Il ne lui reste que deux mois à vivre, au maximum".
Très vite, en effet, l'état d'Inacio se dégrade. Des taches pâles, jaunâtres d'un centimètre carré apparaissent sur sa peau. Il commence à maigrir, ressentant des douleurs terribles. Il mourra le 11 octobre.
D'après les symptômes observés, Inacio aurait été exposé à une dose létale de rayonnements ionisants, dont les nausées furent l'un des premiers effets. Ces symptômes ne durent que 2 ou 3
98 Chris Rutkowski, “Strange Case of Falcon Lake - Parts I-III”, Flying saucer Review, vol.27, N°1,2,3, 1981 - Brian Cannon, “Strange case of Falcon Lake
- Part II”, Canadian UFO Report, vol.1, N°2, 1969.
jours, comme ce fut le cas pour Inacio. Les fourmillements, l'engourdissement général accompagné de tremblements sont également les symptômes classiques d'une irradiation.
Alors, si un jour vous observez un OVNI vous lancer un rayon vert, méfiez-vous. Mal réglé il peut vous tuer ! Je ne plaisante pas car en 1954 Marius Dewilde, à Quarouble, dans le Nord (F) fut paralysé temporairement par un rayon vert analogue, brillant "comme une lueur de magnésium". Vous voilà prévenu.
Nous pouvons également citer des indiens poursuivis dramatiquement par des OVNI aux Etats-Unis et bien d'autres manifestations analogues provoquées par des "éclairs violents" ou les "lumières vertes" jaillies de ces mystérieux engins : une paralysie temporaire (France, 1965), un empoisonnement par radiations (Villas Boas, Brésil, 1957) et même un coma de 5 jours précédé par une perte de la vue et de la parole (Antoine Séverin, Réunion, 1975). Rassurez-vous la victime retrouva la santé.
Enfin, depuis 1975, les ufologues allemands ont répertoriés 1330 cas de rencontres rapprochées (100m de distance ou moins) dans lesquelles se manifestaient des phénomènes électromagnétiques ou gravitationnelles (variation de température, rayonnements divers et même radioactifs, champs magnétiques intenses). Dans 32 cas, alors que l'OVNI dégageait un lumière intense, il y eut simultanément une chute brutale de la température et un rayonnement intense, des phénomènes qu'aucun physicien ne peut aujourd'hui expliquer.
Que peut-on dire de plus ? Que les personnes auraient négligé leur propre sécurité ou se seraient infligées volontairement ou inconsciemment ces blessures ? Malgré leur apparente invraisemblance, il faut malgré tout se demander pour quelle raison un homme sensé et intègre se mutilerait sachant qu'on se moquera finalement de lui ou risquerait sa vie en poursuivant une chimère ? Il m'est difficile de croire que les pilotes qui ont été victimes d'OVNI, et nous en citerons d'autres plus spectaculaires encore, ignoraient à ce point leurs limites et celles de leur machine ou l'aspect des principaux objets (planètes, ballon, nuage de gaz) pouvant apparaître dans l'atmosphère. Ce n'était pas des pilotes d'essai ni des débutants. Les instruments de bord n'ont jusqu'à présent révélé aucune défaillance mécanique, si ce n'est l'asphyxie des pilotes ou de leur moteur par manque d'oxygène. Dans les autres cas, comment imaginer un seul instant qu'il s'agit d'hallucinations quand l'objet est observé par plusieurs témoins ou conduit la victime à l'hôpital, quand il est suivi au radar et observé simultanément par des avions commerciaux ? Force est de constater qu'échafauder une hypothèse par mépris des faits ou par simple analogie est une méthode qui, dans de telles circonstances, va à l'encontre de la démarche scientifique.
L'explication est ailleurs ainsi que nous le démontre la troisième catégorie de rencontre, bien plus étrange encore.
La troisième catégorie de rencontre reprise par le Dr.Hynek est la plus troublante mais également la plus contestée. Non seulement des dizaines de milliers de témoins ont vu des OVNI mais des milliers d'entre eux ont assisté, un peu partout dans le monde, à leur atterrissage. Selon les statistiques d'atterrissages, depuis l'observation de Kelly-Hopkinsville en 1955 sur laquelle nous reviendrons, un quart des témoins déclare avoir vu des "créatures douées de mouvements" à proximité de l'objet. D'autres ont été enlevés avec plus ou moins de succès, c'est-à-dire que certains en sont revenus, mais d'autres ont réellement disparu sans laissé de traces. Laissons de côté pour l'instant les abductions qui soulèvent bien des controverses.
Une nouvelle fois, nous ne pouvons pas ignorer ces faits sur la simple constatation qu'ils restent inexplicables en vertu des lois que nous connaissons. Avant Jean-Baptiste Biot (17741852), les chutes des météorites étaient considérés comme des hallucinations de pauvres gens, jusqu'à ce qu'un scientifique se décide à élucider le mystère des "pierres qui tombaient du ciel" et les considère comme des pierres d'origine extraterrestre.
une lumière." Je lui ai dit : "Eh bien, va chercher l'instituteur Steven Moi. Dis-lui de venir aussitôt; puis j'ai vu que l'objet descendait dans notre direction". Stephen Moi, le rejoignit et tenta d'estimer la dimension de l'objet, en tendant le bras devant lui, le poing fermé : "il cachait à peu près la moitié de l'objet"". Les deux missionnaires seront rejoint par une trentaine de personnes qui
Qui pourrait sincèrement dire que les rencontres du 3e type relèvent de l'absurde quand vous apprenez qu'un ami dû arrêter son véhicule devant une lumière aveuglante et vit descendre deux ou trois créatures de l'engin... Absurde, folie passagère ? Bizarre ou extraordinaire serait un terme plus judicieux. La difficulté en la matière est le préjugé que nous plaçons devant la réalité. Ce principe irrationnel est difficilement ébranlable parce que ce genre de rencontre confronte nos connaissances scientifiques à nos aspirations religieuses voire mystiques et à nos craintes ataviques.
Nous savons que notre intelligence n'est certainement pas le summum de la Création. Si l'homme est unique, nous voilà rassuré et le problème OVNI devient marginal. Mais en discutant de bioastronomie avec des astronomes et des biochimistes en particulier, nous apprenons que l'univers contient probablement des milliards de Système solaire et que parmi ceux-ci, il doit vraisemblablement en exister où la vie a pu se développer. Mais à l'heure actuelle, aucune donnée ne vient confirmer cette hypothèse.
De son côté, la cybernétique nous dit qu'un jour nous pourrons peut-être rencontrer un androïde dans la rue. C'est un être "doué de mouvement", mais avant tout un être artificiel, peut-être même auto-organisé, que nous aurions mis au point par notre intelligence. Nous n'en aurions pas peur. A l'image de "R2D2" ou "Johnny 5", il amuserait même les adultes.
La rencontre avec des extraterrestres est tout autre chose 99 . "E.T." était une gentille créature de fiction qui ne demandait qu'à rentrer chez elle. Rien à voir avec la réalité. Une rencontre avec des êtres animés venant d'une "autre planète" réveillerait nos craintes ancestrales et notre atavisme pour tout ce qui est inconnu et anormal. Nos points de repères seraient ébranlés au point de préjuger des intentions de nos "envahisseurs". Fondées ou non, ses craintes ont permis à l'humanité de vaincre les rivalités territoriales depuis plus de 4 millions d'années et de conserver ses terres.
Si nous acceptons l'idée que ces manifestations puissent se produire, nous avons déjà éliminé certains de nos préjugés. Mais pourquoi les extraterrestres ont-ils de si grands yeux, comment cela se fait-il qu'ils respirent si bien dans notre atmosphère, qu'ils soient tous plus petits que nous et s'enfuient sans laisser d'adresse ni même discuter ? Ces caractéristiques ne tariront pas d'aussitôt les railleries dont les témoins sont victimes.
Il y a d'autres faits qui laissent à penser que certaines observations sont des canulars ou des interprétations involontaires qu'il s'agit d'éliminer. Ainsi en 1970 des écoliers de Malaisie auraient observé trois extraterrestres descendre d'un OVNI en costume national (vêtements colorés et chargés de motifs géométriques, pointe de chaussure remontée, etc.). En 1975 une anglaise reçu la visite d'une "femme de l'espace" portant une longue chevelure et un grand bustier. Ailleurs des gourous parlent au nom du "Peuple de l'espace" ou du "Conseil des Sept Lumières". Ces plaisantins ou ces excentriques rendent les notifications des rencontres du 3e type très sensibles au sarcasme et ridiculisent la démarche du scientifique qui ose s'approcher du sujet. S'agit-il encore de préjugés ? Certes, si certaines notifications ont une odeur de coup monté ou de mythe religieux, il existe trop de témoignages sérieux qui ne peuvent s'assimiler à de simples hallucinations, des fabulations ou des méprises.
Il existe tout d'abord un certain nombre d'observations collectives qui ne sont pas à mettre sur le compte des hallucinations sociopsychologiques, ni plus des phénomènes astronomiques. Ainsi le 26 juin 1959, il était 18h45 lorsque le révérend William Bruce Gill 100 , prêtre anglican diplômé de l'Université de Brisbane en Australie, quitta sa mission de Boainai, en Papouasie, après avoir dîné. "- ...Et comme j'allais tourner le coin de la maison, quelque chose, dans le ciel, a accroché mon regard, et j'ai tourné les yeux vers l'ouest. Là, j'ai vu cette énorme lumière à un angle d'environ 45°. L'objet étincelant a attiré mon attention parce qu'il jetait des éclairs et était très, très lumineux. Il se trouvait au-dessus de Vénus, et j'ai pu le suivre du regard un moment. Et puis il y en avait une. J'ai appelé Eric Kodawara et je lui ait dit : "Que vois-tu là-bas ?" Il a répondu : "On dirait qu'il y a purent observer le spectacle. "Nous nous sommes avancés sur le terrain de jeux et nous avons continué notre observation. J'ai tout noté.. Si à présent je note tout ce que j'observe, alors je saurai que je n'ai pas rêvé". Voici un extrait des notes qu'il a prises dans son journal : "- Heure : 18h45. Ciel : quelques formations basses de nuages. Vu une brillante lumière blanche au nord-ouest. 18h50 appelé Steven et Eric. 18h52, Steven arrivé confirme, pas une étoile. 18h55 envoie Eric chercheur des gens. Un objet au sommet, bougeant - un homme ? Maintenant trois hommes, bougeant, lumineux, faisant quelque chose sur le pont [le sommet de l'OVNI]. 19h10 une couverture de nuages à 600 mètres d'altitude. Homme 1, 3, 4, 2 (nombre apparus dans cet ordre), mince projecteur électrique bleu. Les hommes partis, le projecteur toujours là. 19h12 hommes 1 et 3 apparus, projecteur bleu. 19h20 projecteur éteint, hommes partis. 19h20 l'OVNI traverse le nuage".
Le père Gill a également noté ceci : "- A 19h10 la couverture nuageuse était à environ 600 mètres d'altitude, j'en juge par comparaison avec une montagne. Et tout ceci bien sûr, se passait très en-dessous de la couverture nuageuse. A 19h12 des hommes sortirent de l'OVNI et montèrent sur une sorte de plate-forme au-dessus de l'énorme disque. Il y avait en tout quatre individus, deux à certains moments, puis un, puis trois, puis quatre... Ils paraissaient illuminés de deux manières : soit par la lumière réfléchie, comme des
99 Cf l'ouvrage consacré à la bioastronomie. 100
J.A.Hynek, “The Hynek UFO Report”, op.cit., p216-223 - Flying Saucer Review, 4, aug 1971. Ce dossier est également disponible au CUFOS.
ouvriers que l'on voit tout en haut d'un immeuble, la nuit, dans l'éclat d'un chalumeau, soit par un curieux halo qui soulignait tous les contours de leur corps". "-Ciel clair ici. Très nuageux au-dessus de Degura. Appelé les gens de la station, 28 minutes après 20 heures. "Semblait descendre, grossir. 20h29 deuxième OVNI vu au-dessus de la mer -parfois planant. 20h35 un autre au-dessus du village de Wadobuna. 20h50 nouvelles formations de nuages. Quand ils descendent à travers un nuage, la lumière se reflète sur le nuage comme un grand halo - pas plus de 600 m, probablement moins. Tous les OVNI sont distincts. Le vaisseau "mère" encore grand, distinct, stationnaire. 21h05, numéro 1 disparu au-dessus de nous dans un nuage. 21h20 "mère" de retour. 21h30 "mère" parti, traverse la mer vers Giwa. 21h46 un OVNI reparaît au-dessus de nous, planant. 22h toujours stationnaire. 22h10 planant, disparu derrière un nuage. 22h30 très haut planant dans une échappée de ciel entre les nuages. 22h50 très couvert, pas de signe d'OVNI. 23h04 grosse pluie. Notations d'une observation d'OVNI 18h45-23h04. Signé William B.Gill".
Le père Gill précisa que pendant 4h30 tout les habitants du village observèrent ce ballet aérien : "D'autres OVNI allaient et venaient dans les nuages - souvenez-vous que nous avions alors des formations de nuages. Ils descendaient à travers les nuages et la lueur des disques se reflétait sur a face inférieure des nuages, et puis ils pénétraient à nouveau dans le nuage, et ils semblaient en faire un jeu". Ce spectacle effarant tint l'assemblée en haleine jusqu'à ce qu'il se mette à pleuvoir. La scène se reproduisit le lendemain à 18h et fut cosigné par Gill et 24 autres témoins de la paroisse.
Le ministère de l'Air britannique ne prit pas cette observation au sérieux, et ne prit même pas la peine d'interroger le père Gill. Après analyse du dossier, le Dr.Menzel ramena toute l'affaire à une observation de Vénus sur la simple présomption que le père Gill ne portait soi-disant pas ses lunettes au moment de l'observation. Le Dr.Hynek prouva le contraire. L'Armée de l'air australienne suggéra qu'il y avait eu méprise : "Le calcul du relevé des angles au-dessus de l'horizon suggère que trois des lumières étaient des planètes, à savoir Jupiter, Saturne et Mars". Mais pour avoir réalisé une simulation du ciel local sur ordinateur, je peux dire que l'argument astronomique n'est pas valide. Mars (Mv. 1.8) était trop pâle pour ressortir parmi les étoiles, Mercure (Mv. -0.1) était aussi brillante que Saturne (Mv. 0.0) et n'a pas été signalée et les planètes les plus distantes étaient séparées d'environ 100°. Cette conclusion contredit donc l'explication de l'armée. Le rapport fut cependant expédié au Dr.Hynek et consigné comme tel dans le Blue Book.
Dix ans plus tard, le 12 novembre 1969, l'un de ses assistants demanda des éclaircissements sur cet incident au Département de l'Aéronautique du Commonwealth australien. Le 28 juin 1970 il recevait la réponse suivante : "La RAAF (Royal Australian Air Force) n'a pu parvenir à une conclusion définitive concernant cette notification... Il en résulte que ces observations ont été classées en tant que phénomènes aériens, mais qu'il s'agissait en toute probabilité de la réflexion sur un nuage d'une forte source de lumière d'origine inconnue". Sur ce dernier point au moins, la conclusion de l'armée concordait avec celle des témoins : les OVNI avaient bien traversé la couche nuageuse en illuminant la base des nuages.
Devant ce récit, certains sceptiques peuvent encore se demander si les témoins n'étaient pas déséquilibrés, perdus dans leurs collines de Papouasie. Une population de papous, sans pratiquement de culture technique et scientifique pouvait-elle réellement analyser la situation ? Fort heureusement, les enquêteurs confirment unanimement que les témoins de cette rencontre avaient les idées claires. Un papou n'a peut-être pas nos connaissances scientifiques, mais né dans le berceau de dame Nature, il sait d'instinct reconnaître une étoile d'un OVNI, un point brillant fixé dans la voûte céleste d'un "avion de fer" inconnu. En outre, trois témoins avaient eu une formation universitaire et plusieurs témoins papous étaient instruits.
Non, l'incident de Papouasie ne tombe pas sous le sens commun. Il ne s'agit pas non plus d'un récit fantastique issu de l'imagination débridée des témoins. Comme le dira par la suite le père Gill lors d'un entretien avec le Dr.Hynek : "Bien sûr, à l'époque, je ne croyais pas à ce que l'on appelait les soucoupes volantes. Je n'avais même jamais pensé aux soucoupes volantes en tant que telles. Certains pouvaient s'imaginer en avoir vu, mais sûrement pas moi". Il en était de même pour les indigènes, certains étaient analphabètes et n'avaient jamais entendu parler des "soucoupes volantes".
L'expérience du père Gill ne fut donc pas préméditée bien que sa culture ait pu le prédisposer à voir des "Martiens". Les quelques films de fictions qui existaient à l'époque n'étaient diffusés que dans les grandes villes d'Australie et les romans de ce type n'arrivaient pas dans les missions.
L'incident deviendra un "classique" du genre et résiste encore, plus de quarante ans plus tard, à toutes les explications rationnelles, qu'elles soient sociopsychologiques, astronomique, météorologique ou liée à un effet optique.
Cinq ans plus tard une autre rencontre du 3e type nous ramène dans l'état du Nouveau-Mexique, à Soccoro 101 . Ce jour-là, le 24 avril 1964, à 17h45 l'officier de police Lonnie Zamora poursuivait dans le sud de la ville un conducteur coupable d'un excès de vitesse sur la route US 85. Il abandonna la chasse en voyant descendre un engin qui émettait une flamme bleue. Il entendit simultanément, venant de la direction de l'appareil des bruits d'explosion. Pensant qu'un dépôt de dynamite voisin venait d'exploser, Zamora s'aventura sur le terrain accidenté avec sa voiture et l'immobilisa dans une ravine où il put voir l'engin posé au sol. Distant d’environ 250 m, l’objet ressemblait à une automobile posée sur son champ et remarqua à proximité de l'OVNI une ou deux silhouettes portant des combinaisons blanches : "L'une d'elle, me sembla-t-il, s'est retournée et a regardé ma voiture, comme si je l'avais surprise". Pensant qu'il s'agissait d'une voiture renversée, Zamora informa le shérif par radio qu'il se rendait sur les lieux de l'accident.
En raison des vallonnements du terrain, il perdit un moment l'objet de vue, et ne put l'observer à nouveau qu'après avoir pris un tournant et gravi une côte. A son grand étonnement, il se trouva alors en surplomb au-dessus d'un étroit ravin au fond duquel reposait, exhaussé sur des béquilles, un engin métallique blanc ovoïde. Zamora n'était pas à plus de 45 mètres de l'engin, ce qui lui permit de distinguer sur sa coque un sigle bizarre, rouge, carré, d'environ 40 cm de côté.
Zamora entendit soudain une forte déflagration venant de l'intérieur. Craignant que l'objet n'explose, Zamora fit demi-tour et alla se mettre à l'abri derrière sa voiture. En s'enfuyant il regarda par-dessus son épaule et vit des flammes sortir du vaisseau lumineux et vit l'appareil grimper à la verticale en émettant un curieux vrombissement puis il adopta une course horizontale : "Il avançait en ligne droite et à altitude constante, à 10 ou 15 pieds du sol [3 ou 4.5m]. Il est passé à près d'un mètre au-dessus du dépôt de dynamite...l'objet allait très vite, il a décollé aussitôt, en pleine nature et disparu dans la direction du canyon des Six Milles".
Le sergent M.S.Chavez de la police d’état du Nouveau Mexique arriva sur place peu après. Il s'était trompé de chemin et n'avait pas vu l'objet décoller. Il nota par contre que son collègue était "extrêmement secoué" : "Ca ne va pas, Lonnie ? On dirait que tu as vu le diable", lui dit Chavez. "Cela se pourrait bien" lui répondit Zamora.
Descendant sur le site, Zamora et Chavez découvrirent des empreintes sur le sol et des buissons d'épineux qui fumaient encore à l'endroit où l'OVNI avait décollé. Les deux policiers préviendront des enquêteurs et le site sera passé au crible par les enquêteurs de la base de Wright-Patterson.
Plusieurs jours après l'incident, à la demande du Blue Book, le Dr.Hynek visita le site et interrogea les deux témoins : "j'ai pu contrôler la présence des traces d'atterrissages et de plantes carbonisées". En procédant à une analyse détaillée du site, Hynek découvrit quatre empreintes interprétées comme les marquées laissées par les plots d'un train d'atterrissage : "les diagonales du quadrilatère décrit par les quatre marques dans le sol se coupaient presque à angle droit, [...] le milieu de chaque empreinte se trouvant sur la circonférence d'un cercle, dont le centre coïncidait virtuellement avec la principale marque de calcination sur le sol. Sous certaines conditions, le centre de gravité de l'engin se serait trouvé directement au-dessus du centre du cercle, ce qui rend encore plus significative la présence de la zone brûlée". Plusieurs autres empreintes plus petites, peu profondes et circulaires furent découvertes et correspondraient peut-être aux traces laissées par les créatures aperçues par Zamora.
Hynek revint plusieurs fois sur le site pour poursuivre son enquête de crédibilité sur Zamora et apprit par hasard qu'il y avait eu un autre témoin, non identifié, qui s'était arrêté à la pompe à essence pour faire le plein, juste au nord de la ville. Il avait raconté au pompiste qu'il avait vu "un aéronef bizarre qui semblait en difficulté et tentait de se poser". Il avait dit qu'il devait avoir des ennuis car il avait vu une voiture de police se porter à sa rencontre en roulant à travers champs. Selon lui, ce n'était pas un avion courant. Ce récit confirme l'observation de Zamora. Hynek tenta de lancer une procédure d'identification du deuxième témoin, mais le service de renseignement de l'Armée de l’air et le FBI n'étaient pas du tout intéressé par cette histoire d'OVNI.
Hynek affirmera par la suite : "c'est l'une des apparitions les plus importantes depuis que l'Armée de l’air s'intéresse au sujet".
Parmi les rencontres encore plus extravagantes et pourtant, semble-t-il, véridiques, citons un "classique d'anthologie". Il concerne l'atterrissage d'un OVNI dans un ravin, près de la ferme isolée des Sutton, le 21 août 1955 à Kelly situé à 10 km de Hopkinsville, au Kentucky 102 . La famille Sutton se compose de huit adultes et de trois enfants. Méfiez-vous car les habitants ont la réputation de tirer puis de réfléchir.
101 Project Blue Book, op.cit., p106-137 - J.A.Hynek, “The Hynek UFO Report”, op.cit., p223-229. 102 Project Blue Book, op.cit., p102-104 - J.A.Hynek, “The Hynek UFO Report”, op.cit., p212-216 (Hynek a laissé passé une erreur : il écrit que l’incident s’est déroulé en 1965 au lieu de 1955).
Pour résumé leur aventure, vers 19h, à l'heure du repas, un homme vit atterrir un OVNI et rentra raconter son histoire : "Je viens de voir un drôle de truc dans le ciel: un objet lumineux, rond, qui venait très vite et qui s'est arrêté brusquement. Il est posé derrière l'étable !" "-Une étoile filante, tout simplement ! répondit le père". Et l'histoire en resta là jusqu'à ce que le chien, une heure plus tard, commence à aboyer violemment. Deux des hommes de la ferme, Elmer et John sortirent par la porte arrière afin de surprendre leur visiteur, l'un armé d'un fusil 22 long-rifle et l'autre d'un revolver. C'est alors qu'ils virent "à une vingtaine de mètres une petite créature, phosphorescente comme le cadran d'une montre lumineuse. Elle avait à peine 1m de haut. Ses vêtements avaient des reflets métalliques. Sa tête était très grosse par rapport au reste du corps. Ses bras, très longs, se terminaient par des sortes de mains palmées et griffues. Elle s'est avancée vers nous. Nous avons pris peur et nous avons tiré. Cette créature a basculé sur le dos, comme sous l'effet d'un coup de poing, mais elle s'est relevée aussitôt et s'est enfouie". Elmer et John tirèrent sur l'infortunée créature lorsqu'elle fut à moins de 6 mètres d'eux. Les coups de feu résonnèrent dirent-ils, "exactement comme si l'on avait tiré dans un sceau". Le visiteur s'enfuit dans la nuit. Les deux hommes rentrèrent précipitamment dans la maison, éteignirent toutes les lumières et fermèrent à clé toutes les portes. Seule une lampe restait allumée, près de l'entrée.
Quelques minutes plus tard, un autre visiteur se montra à la fenêtre. "Elle portait une sorte de casque. Ses yeux étaient bridés. Se voyant découverte, elle a pris la fuite. Nous nous sommes précipités à la fenêtre pour l'ouvrir et nous avons tiré sur la petite silhouette. Comme la créature précédente, elle est tombée, puis s'est relevée et est repartie très vite".
Pendant une vingtaine de minutes il ne se passa rien. Elmer et John décidèrent de sortir de la maison pour voir ce qu'il en était. Mais sortant en file indienne, ils virent aussitôt "une chose lumineuse dans un arbre". John resta sous une petite avancée du toit lorsque Elmer vit une main griffue descendre jusqu'à toucher les cheveux de son frère : "J'ai aussitôt tiré dans sa direction avec mon fusil. Nous avons entendu les projectiles ricocher, avec un bruit de métal. La créature à sauté dans le vide. Nous l'avons aperçue quelques secondes plus tard, courant dans un champ. Je me suis retourné vers l'arbre, et j'ai tiré. La créature est tombée et a disparu dans les hautes herbes".
Voyant que les armes à feu n'étaient d'aucune utilité, les onze occupants de la maison se barricadèrent à l'intérieur, les femmes et les enfants s'allongeant sur le plancher. Ils restèrent ainsi, regardant les créatures se montrer aux fenêtres. Deux heures passèrent. Le calme semblant être revenu, ils décidèrent d'aller prévenir le shérif. Ils prirent deux voitures et filèrent en trombe au poste de police distant d'une dizaine de kilomètres.
Le shérif Russen Greenwell fit débarquer une famille terrorisée et il décida aussitôt d'ouvrir une enquête. Evidemment, lorsque la police arriva sur les lieux, tout le petit monde avait disparu et le calme était revenu.
Le lendemain les hommes allèrent au travail comme d'habitude et rentrèrent en soirée. Bud Ledwith 103 , ingénieur et annonceur de la radio locale WHOP était sur place en compagnie d'un policier qui prenait les dépositions des témoins. A l'extérieur l'un des hommes remarqua "qu'il y avait dans les deux sens une file de voitures longue d'au moins huit cent mètres". Leur aventure avait fait le tour de la ville.
Malgré le fait que trois des sept hommes ne se soient pas vu durant la journée, les différents récits se recoupaient de façon à peu près identique et aucun des témoins ne revint sur sa déposition.
Tous concluaient avoir observé de petites créatures "ayant les yeux ronds comme des soucoupes, grands et écartés d'au moins 18 cm; ils semblaient placés latéralement, à mi-hauteur de la tête. Le crâne était rond et complètement chauve au sommet". Les témoins ne s'accordaient pas sur le corps. Ils ne savaient plus s'il y avait un cou ou non, de même qu'ils ne se rappelaient plus si les créatures avaient un nez. Seules les femmes se rappelaient certains détails : "le corps était mince et tout droit, sans formes... Les bras étaient bizarres, presque deux fois plus longs que les jambes... Les mains étaient énormes et massives".
Que dire de plus, si ce n'est que l'OVNI ne fut aperçu que par une seule personne et était tout à fait "conventionnel". Tout le récit tourne autour du caractère bien trempé de ces habitants; "ces gens conclu le policier, ont vu quelque chose d'étrange, il n'y a pas le moindre doute dans mon esprit. J'ignore ce que c'est, mais ils l'ont vu et ils ont tiré dessus par les portes et par les fenêtres. Les trous dans les murs de la maison sont là pour le démontrer". Le rapport du policier précisa que les Sutton "ne possèdent ni téléphone, ni radio, ni télévision, ni livres, ni même beaucoup de meubles". Leur aventure ne pouvait donc pas avoir été suggérée par les émissions de radio ou les romans de science-fiction. Le Dr.Hynek écrivit à propos de cette affaire : "Ils ne pouvaient savoir qu'à de nombreuses reprises, dans le passé, avaient été décrites des créatures semblables à
103
J.A.Hynek, "Les Objets Volants Non Identifiés: mythe ou réalité ?", op.cit., p190.
celles dont ils avaient aidé à dresser un portrait... Ces rencontres constituent ce qui est, probablement, l’aspect le plus incroyable et le plus bizarre de l’énigme OVNI".
Selon l'enquête menée par la journaliste new-yorkaise Isabel Davis, "les Sutton ne semblaient à aucun moment avoir été tentés de faire marche arrière afin d'être à nouveau "bien vus" de leurs semblables... Leur entêtement, rien moins que "payant", à ne pas céder un pouce de terrain, ne prouve pas la véracité de leur histoire mais nous éclaire un peu sur leur caractère." Le Blue Book classa cet incident comme "non identifié". Mais pouvait-il en être autrement ?
Le phénomène des enlèvements, les "abductions" comme les appellent les anglo-saxons est devenu un phénomène social aux Etats-Unis, au point de toucher des millions d'individus et de susciter l'intérêt des universités. Mais à l'heure qu'il est, ce cautionnement implicite n'est toujours pas très apprécié par les autorités académiques 104 qui voient d'un mauvais oeil cet intérêt farfelu pour des fables d'excentriques.
Les cas d'enlèvements suggèrent directement que des extraterrestres viennent sur Terre en provenance d'un autre monde. On les imaginent à l'image des "Martiens" de Welles, des belles créatures blondes d'Adamski, ou des "Petits hommes verts" ou “gris” qui peuplent la littérature de fiction.
Ainsi que nous le verrons à la fin de ce livre, si la vie est l'aboutissement logique du développement d'une structure abiotique élémentaire, la probabilité qu'il existe une autre civilisation extraterrestre au même moment que la nôtre dans l'échelle des temps cosmiques est cette fois très improbable en regard de la complexité de l'intelligence.
Si le Dr.Hynek et quelques fervents adeptes de la thèse extraterrestre pensent que la vie peut exister dans d'autres systèmes stellaires, ils ne croient pas que ces créatures se manifestent sur Terre à travers les apparitions d'OVNI. Sur l'ensemble des notifications, seuls quelques pourcents des cas soutiendraient cette hypothèse.
L'hypothèse extraterrestre se heurte également à l'apparence humanoïde de nos visiteurs. Les biologistes, généticiens et autres physiologistes nous disent que dame Nature est bien plus imaginative que nos quelques témoins d'abductions. Compte tenu du hasard des combinaisons génétiques et des circonstances de son évolution, il est tout à fait improbable que l'on retrouve la même structure humanoïde ailleurs dans l'espace. Ainsi que je tente de l'explique dans un autre livre 105 , l'éventuelle créature extraterrestre qui viendrait à notre rencontre se déplacerait peut-être sur des appendices, analyserait vraisemblablement son entourage au moyens de capteurs sonores ou visuels et se nourrirait au moyen d'un système quelconque. Mais considérer qu'il serait à l'image des Martiens d'Anderson, voire d'E.T., certainement pas. Il faudrait dans ce cas qu'il ait vécu dans un environnement équivalent à celui de la Terre, ce qui très improbable : même quantité de gaz, même constitution atomique et moléculaire dans le sol, dans l'air, dans l'eau et dans les êtres vivants, même force de gravité, même quantité de rayonnements, même chaleur, etc. Même si l'on s'accorde une marge de 10 à 30% sur chacun de ces facteurs, une telle créature a peu de chance d'exister. Alors, un mythe moderne comme le pense le célèbre psychanalyste suisse Carl Jung ? Si l'on croit à la réalité des enlèvements, il faut alors démontrer la présence de ces êtres et expliquer l'origine de ces phénomènes. Une nouvelle fois, sans preuves tangibles, il y a matière à discussions. A vous de juger à travers des événements classiques mais irréductibles à toute explication 106 .
Nous avons tous en tête le cas du couple Betty et Barney Hill qui ont vécu le 19 septembre 1961 une aventure extraordinaire du 3e type, avec leur enlèvement à bord d'un vaisseau spatial 107 . Nous n'allons pas détailler leur aventure qui fit l'objet de nombreuses publications mais extraire deux interviews significatives obtenues lors de régressions sous hypnose. Il nous faut en discuter car elle marqua l'émergence d'une série d'enlèvements similaires inexpliqués dont les descriptions hors du commun, pour ne pas dire farfelues, ne renforcent pas la crédibilité des témoins. On peut résumer cet incident en quelques lignes.
Le couple Hill rentrait de vacance et circulait en voiture sur la nationale 3, dans l'état du New Hampshire, lorsque vers minuit ils aperçurent un objet lumineux comme une étoile, traverser le ciel au sud-ouest. Ils étaient à environ 5 km de North Woodstock lorsqu'ils virent l'OVNI décrire une
104 S.Nadis, "Harvard investigates the “UFO researchers"”, Nature, 375, 1995, p5. 105
Cf l'ouvrage consacré à la bioastronomie, "Bouillon de culture". 106 W.Strieber, " Communion", William Morrow, 1987 - B.Hopkins, " Intruders", Random House, 1987 - B.Hopkins, "Missing Time", Richard Marek, 1981 -J.Vallée, "Passport to Magony : From Folklore to Flying Saucers", Henry Regnery, 1969.
107 John Fuller, “The Interrupted Journey”, The Dial Press, 1966 -Inforespace, 4, p22.
courbe et venir s'immobiliser non loin de leur voiture, dans un bois à droite de la route, à une trentaine de mètres du sol. Barney prit les jumelles qu'il avait prêtée à sa femme et sortit de la voiture. L'OVNI avait une forme de soucoupe et se déplaça vers la gauche lorsqu'il plongea soudainement vers leur voiture. Observant l'objet aux jumelles Barney Hill distingua clairement la présence de hublots éclairés, derrière lesquels il dénombra 11 silhouettes humaines qui semblaient défiler. Ces formes portaient des sortes d'uniformes noirs et brillants et un casque à visière. Barney n’en croyait pas ses yeux et se dit à lui-même 108 : “Non, Dieu non ! Secoue-toi. Il y en a un. Il y en a un. Ca ne peut-être vrai. Ce n’est pas ici. C’est ridicule". Voyant l'OVNI se rapprocher, Barney se rua dans sa voiture en proie à une hystérie et redémarra. Tout en roulant ils entendirent une série de bip-bip inexpliqués en provenance du coffre, faisant vibrer leur voiture. L'incident en resta là, bien qu'il leur semblait s'être écarté de leur route.
Durant les jours qui suivirent Betty se mit à rêver chaque nuit de cette rencontre qui la terrorisait. Barney était devenu anxieux, insomniaque et son ulcère du duodénum s'aggrava. En cherchant la raison de leur état, ils constatèrent avec effroi avoir perdu le souvenir d'une tranche de 2 heures dans leur vie, la nuit où l'OVNI leur apparu. Qu'avaient-ils donc fait durant tout ce temps ?
Betty et Barney Hill furent à ce point choqués par cette amnésie forcée qu'ils attendirent plusieurs années avant de se faire soigner chez un psychiatre, le docteur Benjamin Simon de Boston. Le couple Hill subit des régressions sous hypnose qui débutèrent en décembre 1963. C'est alors qu'ils apprirent la vérité cachée dans leur subconscient.
Ils racontèrent chacun une histoire assez concordante et très étrange qui sera enregistrée sur magnétophone. Ils seraient montés séparément à bord de l'engin qu'ils avaient vu et auraient été traités par les occupants comme le seraient chez nous des cobayes de laboratoire. Ils auraient subi des expériences médicales puis libérés avec injonction hypnotique d'oublier leur aventure.
Après la publication du récit de leur aventure, en 1966 le Dr.Hynek visitera la famille Hill en compagnie du Dr.Simon afin d'assister à une nouvelle régression sous hypnose, ce qui lui permit d'obtenir quelques précisions qui viennent enrichir leur témoignage.
Pendant son récit hypnotique, Betty raconta ceci : "Nous roulons. Barney freine et les freins crissent, et il braque sec à gauche. Je ne comprends pas ce qu'il fait. Nous allons nous perdre dans les bois. Nous obliquons dans un virage [Elle s'arrête.] Barney essaie de la faire démarrer - elle ne démarre pas. Dans les bois maintenant ils viennent vers nous. C'est à ce moment là que j'ai peur et il faut que je sorte de la voiture et que je coure me cacher dans les bois... Hynek. - Aviez-vous jamais vu quelque chose qui ressemble à cela ? Betty. - Non. Hynek.- Est-ce que la Lune l'éclairait ? Pouviez-vous voir la Lune en même temps ? Betty. - Il y avait un grand clair de Lune. Il ne faisait pas aussi clair qu'en plein jour, mais je pouvais voir. C'était par terre, et il y avait une sorte de rebord autour de l'arrête. Hynek. - Reposait-il sur des béquilles ou à plat sur le sol ? Betty. - Le bord était un peu surélevé par rapport au sol et il y avait une rampe qui descendait. Hynek. - Il était grand comment Betty. - [...] Je dirais que s'il était posé là dans la rue - voyons, il irait depuis le coin de la façade jusqu'au-delà du garage. Hynek. - A quoi pensiez-vous en vous en rapprochant ? Betty. - Si possible à sortir de cette nom de D... de situation. Hynek. - Et pourquoi n'était-ce pas possible ? Betty. - Je n'y arrivais pas. Je - leur homme était à côté de moi [...] Et puis quand nous sommes arrivés -j'ai vu cette chose -je savais qu'ils allaient nous forcer à y monter. Mais je ne voulais pas. Je n'arrêtais pas de leur dire que ne monterais pas, que je ne voulais pas monter. Et ils me disaient d'avancer, que tout ce qu'ils voulaient c'était procéder à quelques expériences simples, que dès qu'ils auraient terminé, je regagnerais la voiture. Hynek. - Vous ont-ils dit d'où ils venaient ? Betty. - Non. Hynek. - Quelles sorte de son émettaient-ils ? Betty. -C'était comme [...] quand on apprend le français. Quand on entend pour la première fois un mot en français, on y pense en anglais. Hynek. - Mais vous les compreniez ? Betty. - Oui.
Vient ensuite le détail des "expériences médicales" que subit Betty : "- On m'a emmené dans cette pièce, et quelques hommes sont entrés, en compagnie de celui qui parlait anglais. Ils sont restés quelques instants -je ne savais pas qui ils étaient. J'ai pensé qu'ils faisaient partie de l'équipage... et un autre homme est arrivé. Je ne l'avais jamais vu auparavant. Je
108 John Fuller, “The Interrupted Journey”, op.cit., p85.
pense que c'était un médecin. Ils ont placé une machine au-dessus de mon corps [...] Elle ressemblait à un microscope avec une grosse lentille. Je me suis dit qu'ils prenaient un cliché de ma peau. Puis, à l'aide d'un objet qui ressemblait à un coupe-papier, ils m'ont fait une petite coupure au bras, ici [...] ils avaient préparé une sorte de morceau de Cellophane et après l'incision ils ont mis un peu de mon sang sur ce morceau de plastique.
Betty demanda à celui qui semblait être le chef d'où venait son vaisseau et il lui montra une carte du ciel. Puis elle fut escortée jusqu'à la rampe du vaisseau et reconduite jusqu'à sa voiture.
Le récit de Barney, ne diffère guère de celui de Betty, si ce n'est que son agitation grandissait à mesure qu'il décrivait son enlèvement : "- Betty, c'est là - c'est là, Betty ! Mon Dieu, mais c'est dingue. Je traverse un pont -je ne suis pas sur la nationale 3. Oh, là là ! Oh là là ! Oh, je ne peux pas y croire. Il y a des hommes sur la route. Je n'y crois pas. Je ne peux pas avancer. Il ne peut rien y avoir là. C'est la Lune. Je descends de voiture et je quitte la route pour entrer dans les bois. Il y a une lueur orange; il y a quelque chose là. Nous montons la rampe. Oh, ce que je voudrais foncer dedans mais je ne peux pas. Je voudrais les frapper, mais je ne peux pas... Mes pieds butent et je suis dans un corridor. Je ne peux pas avancer. Je ne sais pas où est Betty [...] Je suis engourdi. Je n'ai plus de sensibilité dans les doigts. Mes jambes sont engourdies. Je suis sur une table. [...] Je sentais qu'ils m'auscultaient avec leurs mains [...] ils ont regardé mon dos et j'ai senti leur contact sur ma peau [...] comme s'ils comptaient mes vertèbres [...] puis on m'a retourné et l'examen s'est poursuivi. On m'a ouvert la bouche et j'ai senti deux doigts qui me forçaient à écarter les mâchoires. Puis j'ai entendu d'autres hommes entrer et je les ai senti bouger à gauche de la table sur laquelle j'étais allongé. Quelque chose, une sorte de bâton, a effleuré mon bras gauche.
Viennent quelques précisions obtenues en 1966 par le Dr.Hynek : Hynek. - Barney, les avez-vous vu ouvrir la bouche et, dans ce cas, l'ouvraient-ils beaucoup ? Barney. - Ils remuaient la bouche, je l'ai vu. Hynek. -Essayez de me dire ce qu'étaient les sons ou s'ils correspondaient à quoi que ce soit que vous connaissez. Est-ce que vous pourriez penser à un animal qui émet des sons semblables ? Barney. - Non. Hynek. - A quoi ressemblaient les sons ? Barney. - Oh, Oh, Oh ! (Barney faisait des Oh chevrotants). Hynek demanda finalement : C'était pendant que vous étiez sur la table ? Barney. -Oui. Je voulais me battre. Je ne savais pas où était Betty, et chaque fois que j'essayais de bouger ou de me débattre cette lumière forte dans ma tête me calmait.
Revenons au récit de Barney : "- Ensuite ils sont repartis. On m'a remis mes chaussures et je suis descendu de la table. Je me suis senti soulagé parce que je savais que c'était fini [...] j'ai descendu [la rampe]; j'ai ouvert les yeux et j'ai continué à marcher. J'ai vu ma voiture [...] et Betty avançait le long de la route, elle a fait le tour de la voiture et a ouvert la portière."
Le couple Hill poursuivit sa route, ne se rappelant de rien mais constata qu'il se trouvait à 55 km de l'endroit estimé.
Après six mois d'examen psychiatrique, le Dr.Simon 109 conclu que ce cas d'enlèvement était un fantasme élaboré par Barney à partir des rêves que fit sa femme après avoir vu l'OVNI. Pendant son examen, Barney avait toutefois apporté quelques explications sur la façon dont il jugeait cet événement : Le Dr.Simon. -D'accord, et maintenant revenons à la fin de votre excursion aux chutes du Niagara, lorsque sur la route du retour vous avez eu cette expérience avec l'objet volant non identifié. Qu'en pensez-vous maintenant ? Avez-vous été enlevé ou non . Barney. - Je pense que j'ai été enlevé. Dr.Simon. - Avez-vous été enlevé ? Non pas “comment le ressentez-vous”. Avez-vous été enlevé? Barney. - Oui. Mais je ne veux pas croire que j'ai été enlevé. Dr.Simon. - Mais vous êtes convaincu de l’avoir été ? Barney. -Je dis simplement que je le pense, parce que comme cela je suis plus à l'aide pour accepter quelque chose dont je ne veux pas accepter qu'elle se soit passée. Dr.Simon. - Qu'est-ce qui pourrait vous mettre à l'aise ? Barney. - De dire que je le pense. Dr.Simon. - Je vois. Pourquoi êtes-vous mal à l'aise en disant “J’ai été enlevé” ? Barney. -Parce que c'est une histoire tellement invraisemblable. Si quelqu'un m'avait raconté que cela lui était arrivé, je ne l'aurais pas cru, et je déteste être accusé d'avoir fait quelque chose lorsque je sais parfaitement que je ne l'ai pas fait.
109 John Fuller, “The Interrupted Journey”, op.cit., p280.
Dr.Simon. - De quoi êtes-vous accusé ? Barney. - Je ne suis pas cru, alors que j'ai fait quelque chose et que je sais que je l'ai fait. Dr.Simon. - Et si vous aviez simplement capté le rêve de Betty ? Barney. - J'aimerais bien voir ça. Dr.Simon. - Vous aimeriez bien voir ça; peut-être est-ce vrai ? Barney. - Non ...[Criant]... je ne voulais pas qu'ils placent ce truc sur moi ! je ne voulais pas qu'ils me touchent ! Dr.Simon. - D'accord, d'accord ! Mais ils ne vous touchent pas à présent, ils ne vous touchent pas. N'en parlons plus. [...]
Malheureusement, ce témoignage n'apporte aucun crédit à cet incident. Barney est à la fois juge et partie, faisant une déposition pro domo, devenant l'avocat de sa propre cause.
Après une longue et minutieuse étude du cas Betty et Barney Hill, le Dr.Simon ne put véritablement trancher la question. Les deux seules explications qui finalement restaient envisageables furent les suivantes : “1. Il s’agit d’une expérience réelle et véritable.
2. Il s’agit d’une expérience qui a été affectée à ce point par l’état émotionnel l’accompagnant, qu’elle a produit une mauvaise interprétation d’une perception et d’une illusion enfouies dans un hypothétique rêve.”
Barney retrouva la santé mais mourut quelques années plus tard, à 46 ans. Betty Hill resta marquée par cet événement et continua à prétendre qu'elle voyait des OVNI, jusqu'à cinquante ou cent certaines nuits. Mais elle ne prétendit jamais plus avoir été kidnappée par des extraterrestres.
A la fin des années soixante, Marjorie Fish, maîtresse d'école et passionnée d'astronomie voulu savoir si les étoiles dessinées par Betty pouvaient se rapporter à quelque constellation ou amas stellaire connu. Elle construisit un modèle sur base des données recueillies par le Dr.Simon à partir des étoiles recensées dans le Catalog of Nearby Stars édité en 1969. C'est alors qu'elle découvrit que le schéma stellaire dessiné par Betty correspondait à une vue de notre banlieue solaire tel qu'on pouvait l'observer à partir de l'étoile Zêta du Reticulum. Plusieurs astronomes vérifieront l'exactitude de son modèle et finiront par conclure que certaines des étoiles mentionnées étaient encore inconnues lors de la publication du catalogue consulté. Les anti-soucoupistes mirent cette preuve sur le dos d'une coïncidence, mais les partisans des époux Hill rétorquèrent qu'une telle coïncidence avait bien peu de chance de se produire.
Hynek fut très frappé par la séance d'hypnose à laquelle il assista et constata que Betty et Barney avaient subit "un choc émotionnel violent qui témoignait de leur très évidente sincérité".
Ce type de témoignage n'apporte cependant aucun preuve de l'incident, d'autant plus qu'il fut obtenu sous hypnose, une technique, qui encore aujourd'hui, reste contestée. Il faut cependant reconnaître que ce genre d'expérience exige de la part des témoins un psychique d'acier et des preuves irréfutables. Le cas reste atypique et on ne peut s'expliquer ce qu'ils ont vécu. Cela dit jamais aucune investigation ne parvint à trancher définitivement la question.
Près de 3700000 américains, près de 2% des adultes prétendent avoir été victimes d’un enlèvement par des extraterrestres. Il ont tous, semble-t-il, vécu des expériences similaires à celle des époux Hill. Un pourcentage notable d’entre eux, entre 10 et 20% en général parlent des mêmes événements : période d’amnésie, flottement dans les airs, cicatrices inconnues sur le corps, sensation d’être paralysé au réveil, etc. Pour les Dr June Parnell, Jean Mundy et Rima Laibow, spécialistes des maladies mentales à l’hôpital Saint Vincent de New York, les centaines de victimes d’enlèvements qu’ils ont reçu à leur cabinet témoignent tous du syndrome post-traumatique, un trouble provoqué suite à un trauma vécu dans leurs chairs, comme pouvaient en présenter en leur temps les vétérans du Vietnam.
Cette angoisse semble confirmer par le fait que beaucoup d’enlevés rapportent que leurs ravisseurs leur ont fait subir des sortes d’examens médicaux souvent douloureux ou humiliant : prélèvements d’échantillons de peau, de sang, de cheveux, d’ovules chez les femmes, de sperme chez les hommes, fécondation d’extraterrestre, etc. Les témoins prétendent que leurs ravisseurs leur ont montré des foetus en cours de développement, des bébés extraterrestres et auraient fécondés certaines victimes pour retirer l’embryon au bout de quelques semaines. La plupart ont été immobilisés sur des tables, nus ou enveloppés dans des tissus tandisqu’on leur introduisit des sondes dans les narines, le conduit auditif, dans la cavité oculaire.
Après leur enlèvement, certaines victimes se sont présentées dans des cabinets de chirurgie. Elles avaient en effet de minuscules implants dans l’orteil, la main, le coup ou près du globe oculaire, souvent attachés à un nerf. D’apparence inerte, au contact du scalpel l’objet étranger à quelques fois donné lieu à des réaction nerveuses directes sur la victime. Tous ces implants ont toutefois été extraits sans dommages. Ils sont aujourd’hui “collectionnés” et analysés par l’ufologue américain Derrel Sims, qui en possède une trentaine... L’origine ou la fonction de ces sortes de pierres ou de petit ressort demeure mystérieuse.
Au cours de leur expérience, les témoins tiennent parfois un discours messianique et se transforment comme le dit avec justesse le psychologue Leo Sprinkle, en “citoyens du Cosmos”. Ces enlevés discourent de cataclysmes qui ravageront la Terre si nous ne la préservons pas, de prophéties ou d’informations, mais qui ne se réalisent jamais. Pire, certains prétendent qu’ont les a démembrés, qu’on leur a retiré le cerveau puis tout remis en place et même guéris de makadies incurrables... A leur décharge il existe quelques témoins. Carl Higdon par exemple, qui vivait depuis sa naissance avec une malformation des poumons inguérissable selon les médecins. Victime d’un enlèvement dans le Wyoming, à son retour il ne présentait plus aucun symptôme de sa maladie 110 ; Alice Haggerty qui contracta la diphtérie étant enfant. Enlevée par des extraterrestres elle en reviendra guérie; John Salter, professeur de sociologie à l’université du Dakota du Nord prétend depuis qu’il a été enlevé avoir moins de rides sur son visage, plus d’excroissance sur le metnon, les cicatrices de ses blessures de guerres disparaissent, il ne fume plus, etc.
Au vu de ces récits, l’historien américain David Jacobs de l’université de Philadelphie pense réellement que la Terre est envahie par des extraterrestres depuis des décennies et que nos envahisseurs sont obligés de guérir leurs captifs s’ils veulent mener à bien leurs expériences génétiques. Mais aucun argument scientifique ne confirme de telles présomptions. En fait aucun indice, ni physique, ni psychique n’est assez convainquant pour convaincre les sceptiques scientifiques qui restent très prudent en cette matière.
A l’inverse, le psychiatre américain John Mack de la faculté de médecine de l’université d’Harvard pense que les enlevés ne sont pas des malades mentaux, mais malheureusement “aucune explication psychologique ou psychiatrique” ne peut étayer leurs expériences.
Du reste il est étonnant et même anachronique qu’aucune victime d’enlèvement n’ait porté de griefs ou se soit mise en colère contre l’agression qu’elle a subie. Tous les témoins gardent le sourire, en parle comme d’une évolution ou d’une mutation vers mieux être, un peu à l’image des expériences de mort rapprochée (NDE). Tout aussi énigmatique, la quasi totalité des enlèvements ont lieu aux Etats-Unis. On n’a enregistré que quelques cas en Europe, au Brésil, mais bien isolés.
Il faut être raisonnable et reconnaître que dans la majorité des cas il s'agit d'abductions "mystiques" qu'il convient d'étudier sur le plan sociologique, ce que nous ne manquerons de faire un peu plus loin. Dans le cas du jeune Antonio Villas Boas 111 par exemple, qui fit parfaitement son devoir avec une occupante mais en sortit visiblement empoisonné, le généraliste qui l'examina n'était pas dermatologue. En outre, son frère et d'autres témoins avaient vu d'étranges lumières peu de temps avant. On considère que le témoin fut la victime d'un rêve éveillé ou d'une
110 Le dessin de l’extraterrestre rencontré par Carl Higdon a tous les traits d’un humanoïde. Seule différence, il n’a pas de main et porte sur la tête deux petites antennes. Carl aurait-il inventé cette histoire ? Que conclure alors de la rémission de sa maladie ? Seul Carl détient la réponse.
111
Phénomène Spatiaux, 10, déc. 1966.
hallucination et qu'il cru voir quelque chose, étant prédisposé par l'observation de son frère. Quand on sait que ce coin du Brésil porte un attrait certain pour les soucoupes volantes, ceci pourrait expliquer cela.
Parallèlement à ces fantasmes et autres fabulations, les "véritables" rencontres du 3e type, c'est-à-dire toutes celles qui sont authentifiées par des traces, d'innombrables témoins, des observateurs scientifiques, des instruments d'analyse ou des séquelles physiques (coma, irradiation, brûlures) demandent que la science déploie tous ses moyens d'investigation afin que l'on puisse enfin répondre à l'inquiétude et à l'effroi des témoins, qui furent tous, sans exception, choqués ou traumatisés après avoir subi de tels événements. Certains d'entre eux, timides ou illettrés perdirent même la raison, conséquence dramatique et irréfutable s'il en est de l'invraisemblable réalité de leur observation.
Vous me rétorquerez que les asiles regorgent également d'êtres persécutés, de César ou de Napoléon prêt à vous raconter leurs batailles. Qui prétendrait ne pouvoir trouver une explication rationnelle à ce qu'ils ont vécu ou inversement tiendrait le pari d'apporter la preuve de l'existence des OVNI en tant que créatures extraterrestres ? Tout en espérant trouver l'explication finale, à l'heure actuelle je demeure sceptique qu'il soit jamais possible de trouver cette "preuve" scientifique objective.
Enfin, pour mémoire, citons les enlèvements où seuls les bâtiments sont retrouvés, sans leur équipage, comme on n’en parla longtemps à propos des événements qui survenaient dans le Triangle des Bermudes.
Comme tous les pays, l’URSS s’est aussi démarquée en matière d’OVNI. Je citerai simplement l’affaire Antonov de 1961.
En janvier 1965 l’ambassade soviétique de Londres transmis à un chercheur anglais dénommé Derek Mansell le compte-rendu suivant. Un Antonov AN-2P chargé de transmettre du courrier décolla de ou près de l’aéroport de Sverdlovsk, à la limite du Kurdistan avec sept membres d’équipage. Quelque 130 à 160 km plus loin, peu après que le pilote ait discuté avec le contrôle au sol, l’avion disparu des écrans radars. Le contrôle au sol essaya de reprendre le contact mais en vain. Les recherches débutèrent impliquant plusieurs hélicoptères et un grand détachement de troupes. Etant donné que le pilote avait signalé sa position lors du dernier contact, les équipes de recherches ne mirent pas longtemps pour retrouver l’avion.
Il se trouvait dans une petite clairière entouré de forêts denses, tout à fait intact. Il était impossible que l’avion ait put atterrir à cet endroit. Les autorités notèrent que c’était comme si l’avion avait été déposé doucement d’en haut. Mais le plus étonnant de tout fut qu’il n’y avait aucune trace de l’équipage. Le courrier était là, intact, et le moteur démarra au premier tour.
L’Institut d’Aviation de Moscou déclara qu’un OVNI avait été suivi au radar par la tour de contrôle et que d’autres signaux radios avaient été entendus à l’instant de leur disparition. Aucune marque ou empreinte ne fut trouvée sur le site mais selon l’enquête menée par Alberto Fenoglio 112 , un cercle d’herbe aplanie de 30m de large avait été découvert à 100m de l’avion. Le cas reste inexpliqué, comme tous ceux de cette catégorie, puisque les témoins... ont disparu.
112 Oltre in Cielo, “Missile e Razzi”, 105, 1-15 jun 1962.
enons-en à ce qui a frappé le plus les imaginations. Pour renforcer l'opinion du public, il y a enfin les observations enregistrées par les autorités militaires, des personnes assermentées donc en principe dignes de foi, ayant une grande expérience de l'observation et très sensibles au ridicule, tout comme les scientifiques.
Rappelons que depuis plus d'un demi-siècle, les militaires auraient été les témoins privilégiés d'étranges phénomènes. Les premières observations militaires connues remontent à 1933 113 , lorsque des avions fantômes furent observés en Suède. N'ayant pu les intercepter et devant l'insistance des autorités, l'Etat-major adressa un rapport à la presse. Quelques années plus tard, en 1942, des objets lumineux seront observés au-dessus de Los Angeles et seront confirmés dans un rapport qu'adressa le général Marshall au président Roosevelt. Deux ans plus tard, pendant la bataille d'Angleterre, les pilotes observèrent des "foo-fighters" 114 (chasseur de feu), sortes de lueurs mobiles qu'ils ne pouvaient identifier. Ces objets changeaient de couleur (rouge, orange ou blanc) et leur dimension pouvait atteindre un mètre de diamère. Les allemands pensaient qu’il s’agissait d’armes alliées et les alliés d’armes allemandes, “des bolides choucroutes”. Mais au dire de certains pilotes, des foo-fighters ont traversé la carlingue de bombardiers, flottant dans la cabine de pilotage avant de ressortir ! Cet effet fit dire aux scientifiques qu’il s’agissait de boules de plasma, de feux de saint Elme ou de foudre en boule.
Laissons de côté l'incident de Roswell qui ne mérite probablement pas le battage publicitaire dont il a fait l'objet et dont le Dr.Hynek ne discuta même pas dans son fameux livre.
Il reste que de temps en temps des contrôleurs aériens voient des échos inexpliqués sur leurs écrans ou des avions de chasses perçoivent ou sont poursuivis par des OVNI, certains avions ont même disparu en vol sans laisser de débris. La plupart du temps les personnes impliquées refusent d'en parler par peur du ridicule ou leurs rapports sont immédiatement mis au secret. S'ils en parlent... c'est sur leur lit de mort. Cette situation est caractéristique de la désinformation 115 .
Mais cela ne signifie pas que les comptes-rendus cachent tous des événements d'intérêt majeur. L'affaire peut simplement être étouffée par intérêt pour les témoins ou par manque de preuves. Elle peut aussi être classée car le phénomène ne présentait aucune preuves "d'hostilités". Le but d'une armée est avant tout de défendre le territoire national. Tout objet volant doit être identifié et ses données techniques consignées par le ministère des transports ou celui des télécommunications. Dans la négative l'objet devra être intercepté et conduit au sol. Si l'objet est un avion militaire, s'il n'est pas immatriculé et n'accepte pas les sommations d'usage, il pourra être abattu pour la sécurité nationale. Tous les pilotes connaissent ces règlements. Ce type d'intervention ne devrait jamais se produire envers des avions civils qui disposent de plusieurs moyens de réponse (automatique ou manuel). Mais il est difficile de comprendre pour quelles raisons les autorités s'empressent de démentir certaines observations.
Alors que de 1958 à 1964 on recensa en moyenne 514 notifications d'OVNI par an, on en dénombra autant au cours du seul été 1965. L'une des observations les plus étonnantes et qui symbolise bien la démarche des autorités militaires concerne une rencontre rapprochée du 1er type, assez similaire à celle de Portage Country, qui eut lieu le 3 septembre 1965 à Exeter 116 , dans l'état du New Hampshire, à laquelle assisterons plus d'une dizaine de témoins.
Alors que le jeune Norman J.Muscarello, âgé de 18 ans, était au bord de la route nationale 150, faisait de l'auto-stop pour rentrer chez lui, il vit une énorme sphère de couleur rouge s'élever au-dessus des arbres qui bordaient un pré. L'OVNI bascula vers l'avant et se déplaça au-dessus d'une maison qu'il éclaira violemment d'une lueur écarlate. Muscarello estima la taille de l'objet à 25 ou 30m de diamètre, plus grand que la maison qu'il illuminait de tous ces feux. Il était ceinturé par un anneau de feux rouges clignotants et zigzaguait pendant ses déplacements. Muscarello n'entendit aucun bruit de moteur. Soudain l'objet plongea dans sa direction. L'adolescent s'engouffra dans le fossé et l'OVNI disparu derrières les arbres.
Essayons d'imaginer un instant la situation. Une route de banlieue. La nuit est claire, noire d'encre. Les belles étoiles de la constellation d'Orion montent dans le ciel. Soudain à la cime des
113
J.A.Keel, “Mystery Aeroplanes of the 1930s”, Flying Saucer Review, Part I, Vol.16, N°3, 1970, p10-13; Part II, Vol.16, N°4, 1970, p9-14. 114 C., J. et F.Lucius, “The Mysterious FooFighters of WWII”, UFO Report, Vol.2, N°3, 1975, p44-47 et p64-66. 115 J.Guieu, "Black-out sur les soucoupes volantes", Fleuve Noir, 1956; rééd.l'Omnium littéraire - L.Stringfield, "Alerte générale OVNI", France Empire, 1978 -J.-C.Bourret, "L’armée parle", France-Empire, 1979 -J.-P. Petit, "Le mur du silence", Belin, 1983 - T.Good, "Above Top Secret”, Random Century, 1991 (une nouvelle édition mise à jour a été publiée en 1996) - L.Fawsett/B.Greenwood, "Clear Intent:the Government Coverup of the UFO Experience", Prentice Hall, 1984. 116 J.Fuller, "Incident at Exeter", chapitre I, G.P.Putman's Sons, 1966 - J.A.Hynek, “The Hynek UFO Report”, op.cit., p154-166.
arbres, un immense objet rouge et lumineux apparaît dans le ciel. Aucun bruit ne s'élève mis à part le va et vient des quelques voitures de passage. L'objet descend vers vous et pivote sur lui-même en vous aveuglant littéralement. Qu'elle n'a pas dû être la réaction du jeune Muscarello. Il n'est pas étonnant qu'il ait été pris de panique en voyant surgir cette étrange apparition... Une histoire qui s'avéra somme toute réelle et qui touche pourtant au fantastique !
Muscarello s'empressa d'aller frapper à la porte de la maison, mais personne ne lui ouvrit. Il vit les phares d'une voiture et couru sur la route lui faire de grands signes afin que la voiture s'arrête. Le couple le pris en charge et le conduisit à Exeter, d'où il averti la police du conté à 2h25. L’adolescent était blême, presque en état de choc et secoué. Il lui raconta sa rencontre insolite mais l’officier de garde, M.Toland, ne le pris pas au sérieux : "Ecoutez, répondit Muscarello énervé, je sais que vous ne me croyez pas. Je le comprends, mais vous devez appeler quelqu'un pour m'accompagner sur les lieux". Constatant malgré tout que le garçon était bouleversé, il appela une voiture de patrouille.
Quelques minutes plus tard le policier Eugene Bertrand rejoignit le poste. Quand le garde lui expliqua ce que l'adolescent avait observé, Bertrand se remémora un incident qui avait eut lieu une heure plus tôt. Il s'était arrêté derrière une voiture stationnée en bordure de la route 101. Une femme était au volant, affolée. Elle disait avoir été suivie sur 19 km par un objet brillant, rouge et silencieux. L'objet était resté à quelques mètres de sa voiture jusqu'à ce qu'elle arrive à Exeter, où d'un seul coup l'objet s'éleva dans les airs à très grande vitesse et disparu. Bertrand n'avait pas jugé bon de prévenir le shérif. A présent, le compte-rendu de l'adolescent donnait à ce témoignage une toute autre signification.
Tous deux retournèrent près de la propriété où le garçon avait vu l'OVNI le long de la route 150. Il était 3h du matin. La nuit était claire, sans Lune, et les étoiles scintillaient dans le ciel. Emotionné, Muscarello était toujours très nerveux. Ils commencèrent à chercher des indices et pendant qu'ils examinaient le pré avec une lampe de poche, Bertrand expliqua au garçon qu'il avait peut-être observé un hélicoptère. Muscarello protesta vigoureusement, lui rappelant qu'il savait comment volait les hélicoptères. Il ne s'agissait pas non plus d'un avion de la base militaire toute proche.
Soudain ils entendirent les chevaux hennir et donner des coups de sabots dans leur box et les chiens se mirent à hurler. C'est alors que Muscarello s'écria : "Je le vois ! je le vois !". Bertrand se retourna et vit s'élever lentement au-dessus de la cime des arbres un objet rond et brillant d'une lumière écarlate. L'objet se déplaça dans leur direction en oscillant comme une feuille qui tombait d'un arbre. Bertrand, bien que vétéran de l'aviation, fut si effrayé qu'il porta la main à son revolver P38. Mais il arrêta son geste et courut avec le garçon se réfugier dans sa voiture pour se protéger des lumières.
Bertrand prit le micro et averti l'opérateur du poste d'Exeter : "Mon Dieu ! Je vois cette satanée chose de mes propres yeux, hurla-t-il". L'objet se trouvait à une centaine de mètres de distance et à environ 30m de hauteur. Il planait là, en se balançant silencieusement. Bertrand remarqua que l'objet était bien ceinturé de lumières rouges qui projetaient des éclairs par saccades. Les lumières étaient si intenses, "comme les phares d'une voiture qui vous arrivent droit dans les yeux", qu'il ne put évaluer la forme exacte de l'objet.
Un autre policier, David Hunt, qui avait entendu ces commentaires à la radio vers 2h55 arriva peu de temps après dans le pré. Il arrêta brutalement sa voiture et courut rejoindre Bertrand : "Je vis ces lumières qui clignotaient. J'entendis les chevaux ruer dans la grange. Les chiens hurlaient. Puis l'objet se mit lentement en mouvement, en survolant de très près la cime des arbres. Il se balançait tout en se déplaçant, comme s'il rampait. Les avions ne font pas ça."
Bertrand ne cessait d'interroger son collègue : "Qu'est-ce que c'est ?". Hunt lui répondit : "J'en sais fichtrement rien. Je n'ai jamais vu un avion comme celui-là. Et je suis drôlement bien placé pour savoir qu'ils n'ont jamais changé à ce point depuis que j'ai quitté le service."
Finalement, l'objet s'éloigna vers l'est, en direction de l'Atlantique. "Nous avons attendu un peu, dira Hunt. Un B-47 est passé et on pouvait bien se rendre compte de la différence; il n'y avait pas de comparaison possible."
Entre-temps, peu après l'appel de Bertrand, Toland reçu un coup de téléphone d'un homme qui était affolé et qui parvenait difficilement à construire ses phrases. Il appelait d'une cabine téléphonique à 11 km d'Exeter : "Il dit qu'une soucoupe volante fonçait sur lui. Mais, avant qu'il ait pu terminer son récit, la communication fut coupée." Toland décida d'en notifier l'aérodrome distant de 16 km et avertit le shérif de Hampton.
Ils ne retrouvèrent pas le témoin de la cabine téléphonique, mais durant la même nuit plusieurs autres témoins signalèrent la présence d'un étrange objet dans le ciel d'Exeter, ainsi que de plusieurs avions de chasse et cinq B-47.
Le lendemain, deux officiers de l'Armée de l’air interrogèrent Muscarello ainsi que les policiers Bertrand et Hunt. L'enregistrement de leur témoignage sera examiné par le Bureau du Secrétariat
Vers 2h25 du matin, Jupiter brillait dans le ciel (Mv. -2.2) un peu à l'est de la constellation d'Orion, tandis que Saturne, hors carte, se trouvait 100° plus au sud et brillait comme une banale étoile (Mv. 0.6). S'il fallait le démontrer, cette simulation contredit la conclusion du Pentagone, considérant que Muscarello et les policiers ont observés "des étoiles et des planètes en formations inhabituelles". Une nouvelle fois l'hypothèse "astronomique" proposée par les autorités est donc inacceptable. L'hypothèse du plasma par temps clair, cousin du feu de Saint Elme est plus rationnelle, mais pas plus convainquante.
de l'Armée de l’air, à Washington. Devant le nombre et la crédibilité des témoins, l'armée ne put éluder l'affaire et elle communiquera un bulletin d'information à la presse.
Bien qu'une base de bombardier stratégique soit située à proximité d'Exeter, étant donné que certains témoins avaient vu à la fois l'OVNI et les avions de chasse cette nuit là, l'Etat-major gardera une attitude neutre vis-à-vis de cet événement. A la question de savoir si ces chasseurs avaient été appelés tout spécialement pour intercepter l'objet, le Major Quintanilla resta évasif sur cet incident. Il rappela simplement qu’il y avait eu une opération “Big Blast” durant cette période mais que le personnel engagé dans cette opération aérienne n’avait pas observé d’OVNI. Les deux officiers de police rappelèrent toutefois à Quintallina que l’opération “Big Blast” eut lieu entre minuit et 2h du matin alors que l’observation de Muscarello n’a été portée à leur connaissance qu’aux environs de 2h. Finalement le secrétariat de l’US Air Force conclu qu’il s’agissait probablement d’un phénomène naturel 117 sans prendre la peine d’analyser rigoureusement toutes les données.
De son côté le journaliste J.Fuller mena sa propre enquête et publia un livre sur cet incident, que je référence en bas de page. Son article paru un mois après l’incident dans le Saturday Review du 2 octobre 1965.
Un autre journaliste ayant apprit qu'un avion-enseigne survolait souvent la région d'Exeter, traînant derrière lui une publicité lumineuse, il suggéra que les témoins avaient peut-être été abusé par cet avion. Mais cet "expert" n'avait pas fait son travail consciencieusement. On apprit plus tard que l'avion en question était au sol à l'heure de l'observation de Muscarello et des policiers.
Un troisième "expert", Philip J.Klass 118 , un ingénieur électricien directeur du magazine technique sur l'aviation et l'espace Aviation Week, dénigra l'hypothèse de l'OVNI, considérant que ce genre d'incident, où l'on retrouvait des objets sphériques, des déplacements erratiques, une lueur vive, des bruits stridents ou sourds (?) étaient également caractéristiques des feux de Saint-Elme : forme ovale, couleur rouge (?) intense, grésillement, apparition près des fils électriques (?), et mouvements imprévisibles. Klass fit en fait un amalgame de plusieurs phénomènes.
Pendant que je suivais des cours de météo à l’armée, j’ai appris que les feux de saint Elme sont en fait des masses de gaz ionisées qui sont créées pendant un orage, lors d'une décharge d'électricité très importante. Mon père, qui en vit un durant sa vie, pendant un orage, me rappella que cette boule de plasma peut effectivement apparaître à l'improviste, se maintenir un certain temps dans l'air et changer instantanément de trajectoire. Lorsqu'elle apparaît sur les lignes à hautes tensions (on parle de couronne électrique), elle peut suivre les fils électriques (alimentation, télédistribution ou téléphone) puis rentrer par une fenêtre ouverte. Si elle passe à proximité d'une personne, mon père a pu constater qu'elle est tombée évanouie sous le choc, que la montre de son ami s'était arrêtée et son alliance avait fondu sans brûler ses doigts (?). Cette boule de plasma brillait d'un éclat jaune vif et tourbillonnait sur elle-même. Elle laissa derrière elle une forte odeur d'ozone et une traînée noirâtre sur le sol.
Au demeurant, la plupart des feux de Saint-Elme apparaissent en général sur la carlingue des avions métalliques et sur les mâts ou les haubans des navires. Ils les entourent d'un halo ou de petites fumerolles évanescentes très spectaculaires, pouvant laisser penser que le bâtiment brûle.
Mais Klass ne put jamais convertir les témoins et les spécialistes à sa théorie. L'OVNI d'Exeter était bien plus grand que n'importe quelle boule de plasma et le ciel était clair pendant cette observation. Les procès-verbaux dressés après l'incident confirment également que l'OVNI est resté en vol bien plus longtemps que n'importe quel feu de Saint-Elme et ne laissa aucune trace de son passage et ne fit aucun bruit.
L'armée restait toutefois très intéressée par ce qu'on appela "l'incident d'Exeter". On rapporte que des témoins furent pris à partie par deux officiers de l'Armée de l’air, un colonel et un commandant, qui voulaient les convaincre que l'OVNI qu'ils avaient observé n'était rien d'autre que la lueur des balises des pistes d'atterrissages de la base. Pour accréditer leur version, ils firent allumer les balises de la piste et les firent clignoter pendant près d'un quart d'heure. Mais ni le colonel, ni aucun des témoins ne virent la lueur des projecteurs.
Finalement le Pentagone clôtura l'affaire et publia un bulletin le 27 octobre 1965 qui se moquait bien de l'avis des témoins, comme vous pouvez en juger. Ils expliquaient l'incident d'Exeter par des causes naturelles, évoquant tout d'abord que la base avait participé à des vols de nuit, dans le cadre de leurs missions d'entraînements. Il y avait également eu une inversion de température en altitude, donnant l'impression que les étoiles dansaient et scintillaient dans le ciel. Et de conclure : "Nous croyons que les témoins ont vu, cette nuit-là, des étoiles et des planètes en formations inhabituelles.". En comparant l'aspect du ciel simulé à cette heure là, tel qu'il figure sur la planche annexée, chacun pourra essayer d'apprécier la nature de ces "formations". Jupiter est le
117
J.A.Hynek, “The Hynek UFO Report”, op.cit., p165.
118
P.J.Klass, "Flying Saucers Identified", Random House, 1968 - P.J.Klass, "UFOs explained", Random House, 1974 - Consulter également les magazines "Skeptical Inquirer".
seul astre brillant du ciel et il n'a même pas été observé. Saturne est 100° plus au sud. Seule la constellation d'Orion se lève à l'est, Sirius n'est pas encore levée, et le petit amas des Pléiades est déjà haut dans le ciel. Il est difficile d'imaginer quelle lueur peut émerger d'un ciel si sombre... Une telle conclusion ne mérite tout simplement pas de réponse.
D'autant moins quand on sait que la base était fermée cette nuit là et que c'est un autre aérodrome, situé à plus de 150 km, qui resta ouvert tard dans la nuit. Mais il interrompit ses exercices vers 2h du matin, avant que les témoins n'aperçoivent l'OVNI. Les chasseurs ont donc été envoyés sur le site sur un ordre tenu secret.
Lisant les conclusions du rapport qui réduisaient l'observation extraordinaire des agents Bertrand et Hunt à un banal phénomène atmosphérique et astronomique, choqués par l'attitude des autorités, les deux agents écrivirent une lettre à l'Etat-major, dans laquelle ils expliquèrent en détails les conditions de leurs observations. Ils s'indignaient des réponses faites par les autorités militaires et attendaient une meilleure explication. Trois mois plus tard, ils reçurent une lettre signée d'un lieutenant-colonel, nettement plus nuancée, mais pas plus convainquante. Malgré les renseignements complémentaires qu'ils avaient put fournir au bureau d'enquête, les enquêteurs de l'Etat-major reconnaissaient leur incompétence : "Nous sommes dans l'incapacité d'identifier l'objet que vous avez vu le 3 septembre 1965...". Mais la lettre se poursuivait, en stipulant que la plupart des observations de ce genre se rapportaient à des objets de fabrication humaine ou à des phénomènes atmosphériques (météores, etc.). Affaire classée.
Le Dr.Hynek 119 cite également d'autres observations d'OVNI que les autorités militaires ont délibérément dénigrées. Ainsi ces échos radars relevés le 26 novembre 1968 par trois contrôleurs aériens qui, rappelle-t-il à l'intention des sceptiques, "sont capables de distinguer entre un phare d'atterrissage, Vénus ou un "engin aérien inconnu"". Voici leur récit.
A 17h40, à Bismarck, au Dakota du Nord, 3 contrôleurs aériens observèrent deux objets au crépuscule, dans un ciel bleu foncé, la lune étant déjà levée mais pas les étoiles. "Les deux objets n'étaient que deux points brillants de lumière blanche et on aurait pu les prendre pour des satellites si ce n'avaient été leurs manoeuvres soudaines, leurs changements de cap et leur disparition vertigineuse... L'un suivait un cap nord à 45° au-dessus de l'horizon, l'autre un cap sud à environ 30°. La lumière qui se dirigeait vers le sud a soudain exécuté un virage à 180°, s'est élevée, a rejoint l'autre objet, est demeurée en vol stationnaire dans ce qui semble être une formation puis est partie vers le nord-est". Hynek précise que l'auteur de la déclaration était opérateur de tour de contrôle depuis 27 ans et que la cible au comportement erratique avait été confirmée par la station radar de Great Falls.
Croyez-le ou non, "le lendemain écrit Hynek, le fait fut officiellement démenti, ajoutant ainsi à la masse de démentis que l'Air Force et l'Administration Fédérale de l'Aéronautique s'empressent de diffuser le lendemain ou le surlendemain de toute publication d'une confirmation radar".
Par contre le 17 septembre 1968, suite à l'observation pendant près de 40 minutes de lumières nocturnes au-dessus de la base de Nellis dans le Nevada, l'Armée de l'air reconnaissait son manque d'expertise : "Considérant l'expérience et le crédit des observateurs [contrôleurs du trafic aérien] on en conclut qu'un phénomène d'un genre quelconque a été observé dont la cause logique ne peut être déterminée".
Un autre cas relate le survol d'une base du NORAD située au Colorado par un OVNI en 1975 120 . Les autorités ont demandé aux dizaines de témoins d'agir "comme s'ils n'avaient rien vus".
Quand ils ne démentent pas sciemment les faits lorsqu'ils surviennent au-dessus de points chauds sur l'échiquier international, les autorités militaires considèrent avec désinvolture la démarche scientifique. Voyez plutôt le rapport d'un lieutenant-colonel de l'Armée de l’air juste après l'observation d'un phénomène radar confirmé visuellement, le 4 novembre 1957 121 : "L'opinion de l'officier qui prépara ce rapport est que cet objet peut avoir été un avion non identifié, trompé par les pistes de la base aérienne de Kirtland. Cette opinion repose sur les raisons suivantes :
Autrement dit, les observateurs et l'opérateur étaient compétents, mais puisque l'objet ne pouvait pas être identifié, c'était donc un avion ! "Devant un tel raisonnement conclut Hynek, on pourrait douter qu'il soit jamais possible de découvrir de nouveaux phénomènes empiriques dans n'importe quel domaine de l'expérience humaine."
119
J.A.Hynek, “Les Objets Volants Non identifié, mythe ou réalité ?”, op.cit., p70. 120 J.Vallée, "Confrontations", op.cit.
121
J.A.Hynek, “Les Objets Volants Non identifié, mythe ou réalité ?”, op.cit., p104.
Par ailleurs, on peut se demander si les pilotes d'avions ne seraient pas, eux aussi, victime d'hallucinations, comme en témoigne ce rapport ci, daté du 28 février 1968, et établit par un capitaine de la compagnie Eastern Airlines basé à Atlanta et transmis par un directeur de vol de cette même compagnie 122 : "J'ai pris mon micro et j'ai demandé : "Qu'est-ce qu'il y a à notre position 11 heures 30 ?" Le centre a répondu que l'avion avec lequel il parlait était à 25 km de nous. J'ai dit : "Eh bien, ce type-là n'est pas à 25 km de nous."
"Là-dessus je me suis préparé à me dérober. Le centre m'a avisé qu'ils ne voyaient toujours pas de cible, et j'ai dit : "Allons donc, il chemine exactement à côté de nous, à notre position 9 heures."
L’Angleterre mérite également d’être citée, non pas pour la qualité de ses observations mais à propos de la censure. Ce pays connu un regain d’intérêt avec une vague d’observations en 1967, lorsque des centaines de témoins observèrent une “croix volantes” dans le Devon. Des questions officielles seront posées à la Chambre des Communes. Malheureusement pour le Sous-Secrétaire d’Etat Merlyn Rees, “ces objets... sont après enquête soit des avions ou des lumières. Pour les lumières, la majorité d’entre elles sont la planète Vénus, mais la source de quelques autres n’a pas été parfaitement identifiée. Je peux dire, cependant, qu’aucune de ces lumières non identifiées n’est un objet étranger. Des accords ont été pris avec les stations de la RAF pour rapporter toutes les observations d’objets inhabituels et d’enquêter à leur sujet. Je ne pense pas que de futurs actions soient nécessaires”.
Le ministre de la Défense contactera sont homologue américain dans le but d’élucider ces observations mais ne voulu pas, par sécurité, collaborer avec le gouvernement soviétique, chose que l’on apprit par le biais de l’ambassade britannique à Moscou.
Finalement en 1968, à la demande d’Edward Taylor, MP, Merlyn Rees expliqua que 362 observations avaient été récoltées en 1967 et seulement 46 demeuraient inexpliquées car contenant “insuffisamment de données”.
En fait, au milieu des années 1970 les anglais purent constatés que le Ministère de la Défense essaya de faire pression sur les témoins afin qu’ils ne fassent pas de publicité ou refusent que l’on enquête sur leur observation. Certains témoins virent des hommes du gouvernement frappés à la porte de leur domicile leur demandant, au cours d’un interview de plusieurs heures, de dire qu’ils avaient bien vu un OVNI mais qu’ils préféraient ne rien dire aux médias. Ils leur présentaient ensuite trois documents à signer dans ce sens...
Pour David Ross du Secrétariat AS2 - le successeur de la DS8 - du Ministère de la Défense, cela n’avait pas de sens car personne dans ce ministère ou ailleurs n’avait l’autorité pour dire “ne discutez de ceci avec personne”. Un autre témoin, Joyce Bowles, qui reçu également un coup de téléphone anonyme l’incitant à se taire en 1976 raconta son aventure à la BBC dans l’émission “Out of This World”. Il est difficile de croire que si le témoin était sincère, le gouvernement ait pu tenter quoi que ce soit pour faire pression sur elle. En fait J.Bowles ne fut plus inquiétée par la suite.
En 1978, un membre du Ministère de la Défense demanda à l’ex-policier Maureen Hall qui travailla pour le BUFORA de laisser tomber une enquête concernant l’observation d’un objet de forme hexagonale au-dessus de l’Essex le 20 septembre de cette année.
Un peu plus tard, Charles Brown, ancien éditeur du magazine Flying Saucer Review apprit par un capitaine des British Airways que toutes les observations d’OVNI effectuées par les membres d’équipages devaient uniquement être rapportés au MoD et qu’aucune information ne devait être communiquée au public ou aux médias. Mais cette année là, le MoD reçu 750 notifications d’OVNI, deux fois plus qu’en 1967.
Le 18 janvier 1979, le sujet devint tellement controversé qu’un débat historique eu lieu à la Chambre des représentants (Lords) sous l’égide de Earl of Clancarty. Durant la séance, Earl of Kimberley souligna que “le peuple de Grande Bretagne a le droit de connaître tout ce que le gouvernement, non seulement de ce pays mais des autres tout autour du monde, savent à propos des OVNI”. Lord Rankeillour et plusieurs autres représentants supportèrent sa demande.
Mais en fin de compte le débat se termina en queue de poisson. Lord Strabolgi, représentant le Gouvernement de Sa Majesté insista pour conclure : “Il a été suggéré dans ce débat que notre gouvernement est impliqué dans une conspiration du silence alléguée. Je peux assurer ces seigneuries que le gouvernement n’est pas engagé dans aucune conspiration... Cela n’a rien d’une conspiration du silence” 123 .
Par la suite divers incidents eurent lieu, dont celui de Woodbridge/Rendlesham Forest 124 . Le 27 décembre 1980 des militaires arrivaient d’une clairière et entendirent des hélicoptères au
122
J.A.Hynek, “Les Objets Volants Non identifié, mythe ou réalité ?”, op.cit., p70. 123 The House of Lords UFO Debate, Pentacle Books, Open Press, 1979. 124 D.Street, B.Butler, J.Randles, “Sky Crash”, Neville Spearman, Sudbury, Suffolk, 1984. Ce livre fut réédité chez Grafton Books, London, en 1986.
dessus d’eux. Une caméra fut dirigée vers quelque chose qui ressemblait à une “tablette d’aspirine transparente” en suspension au-dessus du sol d’environ 15m de diamètre et de couleur rouge, entourée par des officiers de sécurité. Une lueur rouge s’approcha derrière les arbres et descendit silencieusement au-dessus de “l’aspirine” quand elle explosa dans une multitude de couleurs. Lorsque la lumière s’est évanouie, le sergent Larry Warren de Bentwaters et ces deux collègues découvrirent un large dôme sur lequel figurait de curieux motifs. La dernière chose que Warren se rappela ensuite était qu’il se trouvait dans son lit à la base de Bentwaters.
On leur ordonna de ne pas discuter de ce qui s’était passé car cela avait un “haut degré de sécurité”, statut que Warren crut difficilement. Leurs vêtements furent contrôlés pour la radioactivité. Warren appris des autres témoins que de petits êtres avaient été vus de l’autre côté de l’engin (côté opposé). On avait ensuite fait courir le bruit qu’un contact avait été établi avec les êtres afin de discréditer toute l’histoire.
Le sergent Adrian Bustinza de la police militaire de Woodbridge raconte : “Nous étions dans la zone d’alerte sur le chemin de la base de Woodbridge vers minuit. L’une des patrouilles observa un objet, comme celui qui avait été vu dans la forêt. J’ai prévenu le lieutenant Englund qui appela le colonel Halt qui reçu l’ordre de vérifier la situation. Accompagné du sergent Ball et du lieutenant Englunt, nous sommes retournés à la base chercher des lampes et refaire un plein de carburant. En cherchant à atteindre le point A où se trouvait l’objet, nous avons eu des problèmes pour allumer nos lampes de poche. Notre camion ne voulait plus avancer non plus. C’est comme si toute l’énergie des deux lampes avait été vidée.
Nous avons commencé à chercher... L’un d’entre nous dit qu’il venait de voir l’objet... comme s’il était posé sur le sol. On a regardé et nous avons trouvé des sortes de tripodes triangulaires...enfoncés dans le sol en trois endroits différents... C’était comme s’il y avait eu un objet lourd. Ils ont relevés la direction du bois, et je me souviens qu’il y avait un rayonnement. Nous avons traversé le bois et nous sommes revenu à nouveau sur nos pas. Et c’est alors que nous avons vu l’objet.
Nous avons essayé de le suivre car il bougeait entre les arbres. Nous avons pénétré dans un brouillard jaune qui flottait à environ un mètre du sol. Je n’avais jamais rien vu de semblable auparavant.
Nous avons retrouvé l’objet, il planait, montait et descendait entre 3 et 6m du sol, reculant puis avançant. Il y avait une lumière rouge au sommet et quelques lumières bleues en-dessous. Mais il y avait aussi une sorte de prisme... des arcs-en-ciel de lumière au sommet et d’autres couleurs. Sa taille était impressionnante. Il était de forme circulaire, plus épais au centre que sur les côtés.
On ordonna à Bustinza ainsi qu’aux autres témoins de former un périmètre autour de l’objet, à des intervalles d’environ 5 mètres. Après avoir observé l’objet durant 30 minutes, l’objet s’éleva en un éclair, comme s’il disparaissait. Quand il est parti nous avons ressenti un courant d’air froid durant 5 à 10 secondes. C’était vraiment une sensation effrayante. Je suis d’abord resté figé sur place : ma vie passa devant mes yeux”.
Bustinza ne put confirmer ni infirmer la présence des êtres. Un peu plus tard, Gordon Williams, commandant de la base arriva sur le site. Des clichés et un film furent pris sur les lieux par deux officiers américains, documents confirmés par Ray Boeche qui visita le Pentagone en 1985. Ces photos étaient pour la plupart floue. Le film fut immédiatement transporté au QG des forces américaines à Ramstein, en Allemagne. Depuis plus personne n’en entendit parler.
L’histoire fut brièvement racontée dans Flying Saucer Review 125 en 1981 et sera réellement connue du public en octobre 1983 dans les colonnes d’un journal local 126 . Jenny Randles et deux coauteurs publièrent ensuite un livre sur cet incident, référencé en bas de page, qui sera publié en 1984 et complété en 1986.
Le correspondant scientifique du Daily Telegraph, Adrian Berry tourna l’affaire en dérision, disant simplement que “des lumières inexpliquées avaient été aperçues dans le bois de Woodbridge”. Un point c’est tout.
Le major Sir Patrick Wall, MP, adressa une question au sujet de cet incident au ministre de la Défense, John Stanley, à la Chambre des Communes, rappelant que l’US Air Force avait étudié cette affaire et qu’un mémo avait même été publié dans le cadre du “Freedom of Information Act”, sur lequel nous reviendrons. Il demandait par ailleurs combien de notifications visuelles ou radars avaient été faites depuis 1980.
La réponse du gouvernement fut : “Depuis 1980, le Département a reçu 1400 rapports de notifications d’objets volants que les observateurs n’ont pas été capables d’identifier. Il n’y a pas eu de contact radar correspondants. Sujet aux contraintes de la sécurité ordinaire, je suis prêt à vous donner les informations à propos de telles notifications... mais il n’y en a aucune à ce jour”.
125
Flying Saucer Review, 26, 6, 1980 (publié en 1981), piii, “Military Contact alleged at Air Base”. 126 “News of the World”, article signé Keith Beabey du 2 oct 1983.
Jusqu’en 1985 le Ministère dénia détenir toute notification ou enregistrement concernant cet incident. Cependant, le journaliste scientifique allemand Ian Ridpath et Harry Harris reçurent une copie de l’enregistrement audio fait par le colonel Halt suite aux événements de Woodbridge survenus la nuit du 29 au 30 décembre 1980. Cette cassette fut proposée à Harry Harris par le colonel Sam Morgan, commandant de la base de Woodbridge.
Véritable compte-rendu ou canular ? Le colonel S.Morgan ne croit pas que l’enregistrement soit un canular. L’enregistrement laisse en effet filtrer l’excitation qui régnait pendant leurs conversations et il considère que les hommes étaient effectivement sur place cette nuit là et ont vu quelques chose. Il subsiste cependant un problème : les dates sont confuses.
Le log book du poste de police de Woodbridge indiquait que des lumières furent aperçues dans le bois la nuit du 25 au 26 décembre. La police retourna le lendemain sur place pour y relever des “traces d’atterrissage”. Le jeune Warren parla de la nuit du 29 au 30 décembre et Bustinza n’indiqua aucune date.
En 1984, le journaliste Chuck de caro de CNN se présenta au Pentagone avec une liste de questions pour l’USAF.
Sur les 10 questions, le fonctionnaire répondit une fois sur deux : “inconnu” concernant le nombre de témoins, leur identité, la radioactivité, les preuves filmées, etc. Quant aux autres réponses, ou les témoins déclinaient les interviews, ou la loi les avait empêché d’enquêter !
Il est évident que l’USAF était responsable de l’attitude équivoque des autorités face à l’affaire de Woodbridge/Rendlesham Forest qui touchait visiblement la sécurité nationale.
Quant aux mobiles des OVNI, à première vue mieux vaut s'en méfier... Récemment, le 28 décembre 1988 127 , sur l'île de Porto-Rico une soixantaine de témoins ont assisté à la disparition de deux avions de militaires dans un immense OVNI, sans un bruit et sans laisser de traces. Les témoins eurent du mal à en croire leurs yeux. Voici un résumé de cette extraordinaire aventure.
Vers 19h45, monsieur et madame Wilson Sosa, toute la famille de Charles Manuel Mercado, Edgardo Plaza et son épouse Carmen ainsi que plusieurs autres personnes se trouvaient dans un magasin de la rue Luis Monoz Marin dans la région de Cabo Rojo, et d'autres tout le long de la route 101 qui relie Lajas à Boqueron, une station balnéaire.
Wilson Sosa, un enquêteur qui travaillait avec Jorge Martin raconte : "-Depuis 18h nous avions vu passer plusieurs avions à réaction au-dessus de la région [...] ils volaient très haut mais on entendait distinctement leurs moteurs. Je surveillais attentivement leurs évolutions car une semaine auparavant, un des ces avions (F-14 ou F-15) avait déjà poursuivi un phénomène OVNI, assez petit, au-dessus de la Sierra Bermeja et la Laguna Cartagena, deux régions très riches en observations d'OVNI depuis 1987. Je suis sorti pour mieux voir ce qui se passait et j'ai alors repéré un grand OVNI au-dessus de la montagne. Il était énorme ! De nombreuses lumières colorées clignotaient. J'ai vite couru chercher mes jumelles; j'ai ainsi pu voir nettement sa forme triangulaire légèrement incurvée à l'arrière... " - Il fit un tour puis revint, plus bas et paraissant encore plus grand. C'est alors qu'on constata que deux avions se trouvaient juste derrière lui. Quand l'OVNI se dirigea vers l'ouest, un des chasseurs essaya de l'intercepter et passa alors devant lui; à ce moment l'objet inconnu vira à gauche et fit demi-tour en réduisant sa vitesse. Il y eut trois tentatives d'interception. A Chaque fois l'OVNI ralentissait, s'arrêtant presque en l'air. C'était incroyable ! Comment quelque chose d'aussi gros pouvait-il ainsi rester en l'air ! Par rapport à sa taille, il devait vraiment être très lourd. Le deuxième chasseur restait à droite de l'OVNI tandis que le premier se positionnait plutôt à son arrière gauche. Alors... Je ne sais pas ce qui s'est passé exactement... Est-ce que l'avion est entré dans l'OVNI par l'arrière, la partie supérieure arrière. Ou autrement ?... Nous hurlions pensant bien entendu qu'il allait y avoir une collision imminente et une explosion juste après. Mais l'avion disparut seulement dans l'engin. J'ai bien regardé aux jumelles et je ne l'ai pas vu réapparaître, ni à l'arrière, ni sur les côtés de cet objet. Je me suis alors dit : "Mais bon Dieu ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Il a disparu...!" " - Le second appareil resta très près du côté droit de l'OVNI. Il paraissait minuscule à côté de cette énorme chose. Comme l'OVNI volait un peu vers l'ouest, le chasseur disparut à son tour, son bruit de moteur cessa immédiatement. Cet OVNI était vraiment énorme, bien plus grand que le stade de baseball local. On pouvait observer sa structure gris métallique, ainsi qu'une grosse lumière jaune centrale qui émanait d'une sorte de grand renflement concave. Ce triangle avait des lumières jaunes brillantes d'un côté de lui, et d'autres, rouges, sur le côté gauche.
L'immense OVNI triangulaire descendit et s'approcha de la surface d'un étang, appelé dans la région le lac Saman. Il stationna en l'air un moment puis se redressa et émit un grand éclair de lumière à partir de son centre. Des étincelles rouges tombèrent de l'objet et il se divisa en deux sections triangulaires distinctes. C'était tout à fait incroyable. Le triangle de droite était éclairé par
127 "MUFON UFO Journal", 261, january 1990, p20-23. Citer par la SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, op.cit., p304-309.
une lumière jaune, et celui de gauche en rouge. Les deux objets disparurent à toute allure, l'un vers le sud-est, l'autre vers le nord-est, en direction de Monte del Estado.
Appelé par les cris de sa femme, Carlos Manuel Mercado entendit Wilson Sosa l'appeler et il se précipita à l'extérieur du magasin : "-Je vis une grande chose comme une grosse lumière. D'abord je ne pus pas identifier ce dont il s'agissait. Il y avait une lumière jaune, très brillante, presque aveuglante, comme un gigantesque spot. Soudain, je vis deux avions à côté de cette chose. Un de ces appareils venait en face de l'objet par la gauche, et l'autre le croisait de gauche à droite. Ils s'approchèrent très près de l'OVNI et on a cru à une collision... C'est alors que l'OVNI s'arrêta pile ! Les deux avions semblaient pénétrer à l'intérieur, et ce fut la dernière chose que l'on vit d'eux. Alors cette chose... Comment dire, ce vaisseau peut-être, tellement c'était grand... vira et je vis alors qu'il s'agissait d'un triangle. Il y avait quelques lumières de chaque côté et une grosse sphère de lumière au centre; c'est de là que sortait la lumière jaune. Quand il tourna et s'arrêta au-dessus du lac Saman, il se divisa et une des parties s'en alla à toute vitesse vers l'est, tandis que l'autre s'éloignait vers le nord. Ces avions semblaient vouloir intercepter cette chose, de l'obliger à changer de direction, et ceci à trois reprises, avant que la chose ne s'arrête et les piège... J'étais vraiment nerveux, parce que cette chose était si énorme et qu'elle venait dans notre direction. Et puis ces avions qui allaient heurter cet objet et qui en fin de compte semblèrent passer au travers, et...disparurent ! D'ailleurs, au même moment le bruit de leur moteur cessa...
Un autre témoin, Ivan Cote, habitant le quartier de Saban Yeguas à Lajas explique ce qui se passa ensuite : "Alors un autre avion est apparu, mais il resta à l'écart, comme s'il avait vu ce que les deux autres venaient de subir, et il disparut dans les nuages tandis que les plus petits OVNI aux lumières rouges le chassaient. C'est tout ce que j'ai vu. Ma grand-mère, Josefina Polanco, l'a vu aussi..."
L'enquêteur Jorge Martin sera rapidement averti de l'incident et téléphonera aussitôt à la FAA qui disposait d'un bureau à Isla Verde. Son interlocuteur, un certain Ed Purcell lui déclara ne pas être au courant de l'affaire mais "qu'il y avait des manoeuvres militaires au sud-ouest de Cabo Rojo, avec, apparemment, du personnel venant de la base navale de Roosevelt Roads, à Ceiba".
Martin se renseigna également auprès de l'aéroport de la base de Muniz, également à Isla Verde, mis ils ne savaient rien à ce sujet, d'autant qu'aucun avion n'avait décollé ce soir là.
Il rencontra des représentant de la police de l'air (FURA) qui lui dirent qu'ils avaient constaté que beaucoup d'avions de combat survolaient la région ouest de l'île à basse altitude de manière tout à fait inhabituelle.
Le lendemain matin, Martin téléphona à la base de Roosevelt Roads et eut à l'appareil le directeur des opérations de la base, un certain Burdsey qui déclara : "C'est absurde ! ce n'est pas vrai, c'est ridicule ! De plus, comme preuve supplémentaire, je peux vous dire qu'il n'y avait personne de chez nous dans cette région hier. Ceux qui disent le contraire ont tort. Ils doivent être dans l'erreur...". Un certain Mirabal, de la FAA dit à Martin "qu'il y avait eu des mouvements aériens dans cette région de Cabo Rojo la nuit dernière; c'est ainsi tous les mercredi..." Mais il ne comprenait pas pourquoi les autorités de Roosevelt Roads avaient nié avoir envoyé des avions de ce côté là. Un autre officier de la FAA qui préféra garder l'anonymat lui confia que s'il s'agissait d'un OVNI ils n'étaient pas autorisés à enquêter et que ce travail serait confié à une division spéciale installée à Washington. Burdsey n'a jamais voulu en parler.
Suite à l'enquête de Martin, Aristides Medina, un vétéran de l'armée de Terre américaine lui déclara que la nuit suivant l'incident, "vers 20h20 une flottille d'hélicoptères noirs survolèrent la Sierra Bermeja et la Laguna Cartagena tout feux éteints pour ne pas être reconnus. Il restèrent là jusque vers minuit. On aurait dit qu'ils recherchaient quelque chose. Apparemment ils essayaient de ne pas trop se faire remarquer et ils volaient bas. Ils devaient être équipé d'un matériel infrarouge..."
A l'aube, après le départ des hélicoptères, cinq navires de l'US Navy ainsi qu'un porte-avions stationnèrent à environ 25 km au large des côtes de Cayo Margarita, dans l'océan Atlantique. Ils y restèrent quelques temps, attendant visiblement quelque chose.
Grâce à sa ténacité, Martin apprit d'un officier de la Navy qu'il y avait bien eu "des enregistrements au radar qui montraient ce qui s'était passé, mais ces documents sont classifiés et ont été envoyés à Washington DC pour analyse... On a vu sur les écrans le moment où les trajectoires des plus petits échos (les avions) ont rencontré celle d'un écho beaucoup plus gros (l'OVNI). Après que le gros écho eut paru de diviser, il disparut à grande vitesse. Le black-out a été demandé. D'autres affaires de ce genre se sont déjà passées mais nous ne sommes pas autorisés à en parler. Plusieurs événements étranges qui se sont déroulés dans les eaux de Porto Rico mériteraient d'être connus..."
L'incident de Roswell comme celui de Porto-Rico alimentent toujours les controverses car leurs dossiers font l'objet de polémiques, soit demeurent classifiés. Les témoins de l'époque, directs ou indirects, parlent aujourd'hui mais les preuves, si jamais elles ont existé, restent entre les mains des plus hautes autorités. Il est vrai que l'armée américaine manque de transparence, c'est une façon d'entretenir la désinformation.
Comment peut-on expliquer le black-out dans un pays qui se dit démocratique ? Il faut avant tout se demander quel est le rôle de l'armée la plus puissante du monde ? Cette attitude est en partie justifiée par le fait que le matériel dont ils disposent -parfois secret pour des raisons stratégiques - coûte des dizaines voire des centaines de millions de dollars et que tous les investissements, en temps comme en argent, doivent être justifiés. Ainsi que nous le verrons en annexe avec le cas de Roswell, si ces fonds sont détournés, la Cour des Comptes américaine à tous les pouvoirs pour poursuivre ses auteurs. S'ils sont judicieusement utilisés, mais si l'armée avoue son impuissance en relatant toutes les interceptions qui ont échouées face à des événements inhabituels, sa crédibilité serait une cible facile pour les opposants de tout bord. Comment pourrait-on soutenir une armée si elle n'est même pas capable de contenir un objet volant non identifié, entendons par là de maîtriser un quelconque projectile d'une puissance étrangère ?
Cette attitude persiste encore aujourd'hui. Aux Etats-Unis par exemple, les parlementaires ont découvert en 1986 l'existence de "programmes noirs" militaires. Il s'agit de programmes secrets dont seuls quelques fonctionnaires de Washington sont informés mais dont les sénateurs et les représentants qui votent le budget -jusqu’à 35 milliards de dollars par an ! -ignorent jusqu'à l'existence ! C'est ainsi que la presse américaine divulgua l'existence d'un nouvel avion-espion américain - le programme Aurora 128 - en remplacement du F-117. Jusqu'en 1991 le Pentagone et l'US Air Force avaient toujours niés son existence. Il fallut qu'un observateur découvre des traînées de condensation suspectes à l'altitude des cirrus pour questionner les autorités.
Mais ce n'est pas la seule raison. Les militaires, comme les industriels, sont très intéressés par les découvertes technologiques. Rappelez-vous ce qui se produisit avec la bombe atomique. En 1939, Einstein recevait un courrier signé Fermi et Szilard lui expliquant qu'ils avaient tout en mains pour réaliser une réaction en chaîne à partir de l'uranium et produire une nouvelle source d'énergie colossale. Einstein 129 précisa dans une lettre ouverte au président Roosevelt que "ce nouveau phénomène pourrait aussi conduire à la fabrication de bombes et on peut concevoir -bien que ce soit beaucoup moins sûr - que des bombes extrêmement puissantes d'un nouveau type pourraient être ainsi construites". Mais lorsque Hiroshima et Nagasaki furent bombardées le 6 et le 9 août 1945, Einstein 130 regretta amèrement ce qu'il avait osé demandé. Il devait avouer : "C'est moi qui ai appuyé sur le bouton [...] Si j'avais pu savoir que les Allemands ne parviendraient pas à mettre au point la bombe atomique, je n'aurais personnellement pris aucune décision relative à celle-ci."
Comme les scientifiques, les militaires sont motivés par la découverte, mais à l'image du Dr.Folamour, ils sont prédisposés pour tout détruire. Il serait puéril de considérer les "bêtes de guerre" que sont les militaires comme des membres du peuple s'apitoyant sur une humanité blessée. Si l'OTAN, en collaboration avec l'ONU métamorphose quelques fois ses hommes en chargés de missions humanitaires, sa vocation première est de maîtriser ses ennemis. Les ingénieurs et les polytechniciens qu'elle forme savent que ce qu'ils peuvent découvrir peut déboucher sur des applications extraordinaires, telles le Nylon, le radar ou le laser. Quand ils observent les évolutions d'un OVNI, ce n'est pas tant l'objet qui les intrigue mais ses performances. L'OVNI est un objet qui défie les lois de la physique, qui est capable de voler à des dizaines de km/s dans le plus grand silence, de changer instantanément de trajectoire, d'échapper à toutes les manoeuvres de "dog-fight" et de subir des changements de vitesse qui tueraient n'importe quel pilote d'essai.
L'ouvrage The UFO Evidence 131 publié par R.Hall pour le compte du NICAP présente à ce propos un diagramme très révélateur des performances des OVNI observés par radar : si l'on prend les performances des différents appareils volants pour l'année 1952 par exemple, on constate que les avions arrivaient juste à franchir le mur du son, les fusées allaient deux fois plus vite, alors que depuis le record de Yeager, les OVNI se déplaçaient sans vergogne à plus de 4 km/s!
Dans le même ordre d'idée, nous pouvons également citer ce cas survenu le 19 septembre 1952, au cours de manoeuvres de l'OTAN, où deux officiers et trois hommes de la Royal Air Force observèrent au-dessus de la base aérienne de Dishforth un phénomène qui depuis est devenu une
128 Ce nouvel avion furtif ressemble à une grande aile delta et est alimenté par un moteur pulsé. Il atteint 40 km d'altitude et vole à Mach 8.
129
Lettre au président Rooseveld, 2 août 1939, extraits de "Le Projet Manhattan", Les cahiers de Science & Vie. 130 A.Einstein, Newsweek, 10 march 1947.. 131 R.Hall, "The UFO Evidence", NICAP, Washington, 1964, p81.
description typique des performances des OVNI. Voici le compte rendu rédigé par le lieutenant John W.Kilburn tel que rapporté par le philosophe et ufologue français Aimé Michel 132 :
"Tandis que nous suivions du regard le disque qui poursuivait sa course, nous le vîmes réduire sa vitesse pendant quelques secondes, puis commencer à descendre. Quand il commença à perdre de l'altitude, il se mit à osciller en feuille morte, ou, si l'on veut, à la manière d'un pendule. Le "Meteor" obliqua pour faire le tour du terrain avant de se poser. L'objet commença à le suivre, mais, après quelques secondes, s'arrêta. Il sembla rester en suspension dans le ciel en tournant sur lui-même comme une toupie. Soudain il accéléra et fonça à une vitesse foudroyante vers l'Ouest où il disparut".
Cas d'école me direz-vous, mais cela signifie également que ce comportement est commun à beaucoup d'OVNI pour une raison que nous ignorons. Des centaines de descriptions similaires ont été faites, à toutes les époques et sur tous les continents. Il s'agit d'un indice objectif d'une performance inconnue de la science qui interpelle le physicien.
Comme on peut le constater, de toute évidence les militaires ont intérêt à désinformer le public. Si ce n'est pas pour "sauver la face", le fait de détenir un nouveau moyen de propulsion ou un matériau stratégique explique également cette désinformation. Le pays qui détiendrait cette formule n'aurait pas seulement un poids économique et politique mais il serait la cible de bien des convoitises.
On dit quelquefois que "toute vérité n'est pas bonne à dire". Cela permet d'éviter des réactions incontrôlées chez les personne sensibles mais cela permet aussi d'éviter le parjure, la violation du serment. A ce sujet, il est bon de rappeler un incident survenu pendant la vague d'OVNI américaine de 1952. Dun Kimball, Secrétaire d'Etat à la Marine, ordonna à ses services d'effectuer une enquête sur les observations de soucoupes volantes qu'il avait aperçu dans le Pacifique. Contré par l'US Air Force, le président Eisenhower exigea sa démission. Un peu plus tard, au mois d'avril 1953, les Etats-Unis et le Canada promulguèrent une réglementation 133 très précise visant à contrôler la rédaction et la diffusion interarmées des notifications d'OVNI. Ces recommandations stipulaient que la divulgation sans autorisation de ce type d'information au public, considérée comme vitale pour la sécurité, était punissable comme l'était une activité d'espionnage et était passible d'une amende de 10000 dollars et d'une peine de 10 ans de prison. Cette information parvint aux oreilles des officiers en retraite passionné par le problème OVNI.
En 1956 Townsend Brown, un ancien ingénieur de la Marine fonda le NICAP. Cette organisation, d'abord timide, recevra rapidement les cotisations de personnalités en vue. Parmi elles, citons le contre-amiral Delmer S.Fahrney, ancien chef du programme de missiles téléguidés de la Marine, deux autres amiraux à la retraite, R.H.Hillenkoetter, directeur de la CIA en retraite, un ancien général de l'infanterie de Marine, le sénateur Barry Goldwater, pilote de réserve de l'Armée de l’air, l'exubérant journaliste Donald E.Keyhoe, major de l'infanterie de Marine à la retraite qui finira directeur de l'organisation, ainsi qu'un professeur de physique, un professeur de théologie, deux pasteurs et un présentateur de radio et de télévision.
Keyhoe sera le porte-parole du comité car il était persuadé, sur bases des réglementations interarmées précitées, que le gouvernement gardait le secret sur tout ce qui concernait les OVNI : "L'Armée de l’air disait-il, n'est pas la seule en cause. La CIA, la National Security Council, le FBI et la Civil Defense sont tous liés au plus haut niveau. La Maison-Blanche décide en dernier ressort de ce qui pourra être dit à la population, et à quel moment". Vu l'attitude des autorités après les événements de Porto-Rico, la lucidité de Keyhoe paraît aujourd'hui prémonitoire 134 .
En tant que civils, nous sommes mal placés pour discuter de cette réglementation et il est certainement vain de vouloir la modifier. Reconnaissons objectivement qu'une découverte de cette nature, sans justifier la censure, ne peut pas être communiquée au public sans préparation. Rappelez-vous des événements de 1938. Orson Welles diffusa par radio le reportage de l'envahissement de la Terre par des Martiens sanguinaires. Peu informée des moyens techniques de son temps, un vent de panique souffla dans la population. Prenons un autre exemple, celui des comptes-rendus de la guerre du Golfe, au Koweït. Les responsables ont planifié des conférences de presse journalières avec les journalistes, qui d'un commun accord n'ont pas divulgué l'ensemble des informations qu'ils détenaient. L'annonce devait être crédible, sans être alarmante. Il a bien sûr désinformation. Mais peut-il en être autrement ?
L'attitude des militaires n’est pas particulière en soi. Les médias "désinforment" aussi involontairement leurs téléspectateurs car ils ne disposent que d'un temps d'antenne limité. Lorsqu'il s'agit de conflits mêlant la politique, les ethnies et la religion, il serait impossible de cerner cette problématique en quelques heures, voire quelques minutes.
132 A.Michel, "Lueurs sur les soucoupes volantes", Mame, 1954. 133 Air Force Letter 200-2 et JANAP 146.
134
D.Keyhoe, "Flying Saucers - Top secret", Putnam, 1960 - D.Keyhoe, "Flying Saucers Conspiracy", ed.Holt, 1955; Hutchinson, 1957; Fieldcrest, 1976 -D.Keyhoe, "Flying Saucers from outer Space", Tandem, 1973.
Cela dit l'armée cache également des affaires qui n'en sont probablement pas, entretenant du même coup la paranoïa chez les passionnés d'OVNI. Nous pouvons citer l'affaire de Roswell bien entendu ou celle de Rendlesham Forest vue précédemment (Angleterre, 1982) qui sont portées en épingle, alors qu'il s'agit probablement de méprises ou de canulars.
Il faut regretter de ne jamais connaître la véritable réalité des choses, mais si nous aimons la transparence et la démocratie, nous devons aussi nous plier à quelques règles de la vie en communauté. Nous verrons qu'en ce qui concerne la bioastronomie il existe un protocole d'annonce afin de prendre toute la mesure de la découverte d'une éventuelle civilisation extraterrestre. Ce protocole n'existe pas en ufologie.
Au crédit de l'armée américaine, nous devons toutefois signaler sa rapidité d'action et les moyens qu'elle met en jeu face à un danger potentiel inconnu. C'est la seule armée au monde qui consacre des millions de dollars pour que ses avions interviennent dès qu'un observateur a localisé quelque chose d'insolite dans un périmètre précis autour d'une base militaire. Les parlementaires s'étonnent même qu'avec tout cet argent investi le phénomène OVNI soit encore un mystère ! Partout ailleurs dans le monde, les armées ne courent pas après des lanternes car les contribuables demandent que le moindre franc investi ait une justification...tangible.
Mais cela n’implique pas nécessairement que toutes les manifestations d’OVNI dans lesquelles sont impliqués des militaires ne les concernent pas. Au jeu du chat et de la souris nous savons d’expérience que les militaires eux-mêmes, sans parler des populations civiles, ont déjà servi de “cobayes” pour tester certains armements chimiques ou nucléaires. De tels scandales se sont produits aux Etats-Unis, au Moyen-Orient et certainement ailleurs. Quand la “raison d’état” s’impose, le pire peut arriver.
Aussi nous devons saluer le courage d'une armée lorsqu'une décision ministérielle lui donne une certaine liberté d'action face au phénomène OVNI. Cette ouverture d'esprit, remarquée pour la première fois en Suède en 1933, a véritablement commencé au Brésil en mai 1986 135 . Un radariste de l'aéroport de Brasilia signala la présence d'un OVNI près d'un petit avion en phase finale. Celui-ci repris l'air et tenta de poursuivre la lumière rouge-orange mais sans succès. D'autres notifications d'OVNI apparaissant sur les écrans-radars, trois chasseurs F-5E de la base de Santa Cruz et trois Mirage III de la base d'Annapolis furent dépêchés sur place et tentèrent d'intercepter les lumières. Bien que les pilotes aient eu des contacts visuels et volaient à des vitesses supersoniques, les OVNI restèrent hors de portée. Par contre l'un des Mirage III fut escorté par plusieurs OVNI et le pilote ne parvint pas a les semer par des manoeuvres d'évasion. Finalement les OVNI lâchèrent leur proie. A leur retour, le ministre concerné et l'Armée de l’air brésilienne acceptèrent que les radaristes et les pilotes impliqués dans l'incident parlent librement de leur expérience devant la presse.
Comme nous le rappellerons en détail, la Force Aérienne belge entreprit une action similaire en 1990, permettant à la SOBEPS d'analyser toutes les images et les données radars qu'ils avaient récoltées. Mais notre armée ne savait peut-être pas tout.
En effet, L.Brenig 136 pense que l'OTAN, dont le quartier général est à Bruxelles, nous cache quelque chose. L'ampleur de la vague belge n'a pu laisser cette organisation indifférente : "Il y a donc lieu de croire que l'OTAN a procédé à une enquête approfondie. Disposant de l'imagerie la plus précise fournie par les satellites, des données de son réseau de radars et des spécialistes capables de traiter ces informations, il me paraît exclu de croire que cette organisation n'en sache pas plus que le commun des mortels sur nos OVNI. Or, c'est le silence total ! Ce mutisme peut s'expliquer de deux façons : ou les objets en question sont de fabrication maison et nous aurions assisté à des essais de prototypes alliés sur des zones très peuplées, ce qui ne peut s'avouer facilement surtout si l'armée du pays concerné n'est pas au courant. Ou bien, autre possibilité, ces objets sont étrangers à l'OTAN, voire à la Terre et nos forces sont incapables de les contrôler, ce qui constitue une information qui pourrait déclencher la panique dans la population".
Nous savons très peu de chose de l'attitude de l'ONU face au problème OVNI, mais à chaque fois que la question lui fut posée, sa réaction fut claire et catégorique.
Le 1 février 1966, Colman S. VonKeviczky, de l'Office d'Information Publique (PIO) de l'ONU présente à U Thant un mémorandum visant à mettre sur pied une commission d'étude "dénationalisée" des OVNI, installée sur un territoire "dénationalisé" et publiant ouvertement les résultats de ses recherches ainsi disait-il, "le problème échapperait au contrôle des grandes puissances". A la demande de l’Administration Johnson, M.VonKeviczky fut congédié quinze jours plus tard et son contrat ne fut pas renouvelé.
135 W.Smith, "L'incident brésilien du 19 mai 1986", Lumières dans la Nuit, 283, p33, 1988. 136
SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, op.cit., p344.
En 1967 la Grenade réitère la demande du PIO mais le régime ayant été renversé peu de temps après, le projet fut suspendu.
Le 5 juin 1967, le Dr.James McDonald propose à l'ONU un plan d'examen global du problème OVNI; mais là encore, aucune suite pratique n'est donnée à sa demande...
Dans le même ordre d'idée, en 1992, suite à la vague belge et sous la pression du public, le Parlement Européen, à la demande du parlementaire belge Elio DiRupo, a examiné la possibilité de mettre sur pied un organisme de recherche européen. Les années passent et la réponse se fait attendre.
Cela dit, cette volonté de conjuguer les efforts de toutes les parties traduit au plus haut échelon l'existence d'un domaine encore trop méconnu de la science.
es autorités civiles ne semblent pas éprouver les mêmes sentiments que les militaires face aux manifestations d'OVNI. A plusieurs reprises des commissions ont vu le jour dans les universités (principalement américaines et japonaises) et dans les ministères, jusqu'au plus haut niveau. Alors que le nombre d'observations enregistrées à travers le monde augmente chaque jour, le problème de l'interprétation du phénomène OVNI reste entier. Certains astronomes refusent de parler d'extraterrestres comme d'autres sont persuadés que nous sommes visités. Ces positions sont constructives dans la mesure où elles alimentent les arguments des protagonistes. Les efforts confondus des chercheurs ont permis de poser les fondements d'une étude sur laquelle nous pouvons extrapoler des idées plus générales, sans pour autant verser dans la science-fiction.
En clôturant en 1972 une enquête mise sur le chevet 25 années plus tôt, le Dr.Hynek écrit dans son ouvrage à propos du phénomène OVNI : "Il existe un phénomène [qui doit faire] l'objet de recherche [...] systématique et rigoureuse. [C'est] un domaine du monde naturel non encore exploré par la science [qui peut] par sa valeur potentielle contribuer à éclairer le genre humain et le faire progresser".
Il est vrai qu'à cette date le phénomène OVNI était relégué aux disciplines des sciences humaines. Si le sujet n'a acquis que bien difficilement une certaine considération scientifique, c'est aussi selon le Dr.Hynek "parce que l'explication butait sur un phénomène qui refusait de s'intégrer au cadre scientifique du moment. Hors de tout contrôle, il est impossible de se baser sur les seules observations fortuites faites par des particuliers. Il s'agit d'observations empiriques, des observations effectuées directement par les moyens des sens [...] et dont la confrontation avec les théories scientifiques se révèle incapable de l'expliquer sans révisions ou modifications fondamentales".
En fait, les études entreprises dans les années 1950 ne reposaient sur aucun canevas. Peu d'associations travaillaient de façon systématique, tant dans le rassemblement des données que par l'adoption d'une terminologie uniforme des descriptions ou l'analyse des comptes-rendus. Les études les plus sérieuses ont été entreprises par le Dr.Hynek bien entendu, le Dr.David Saunders, Jacques Vallée ou Michel Bougard 137 . Il faut également citer le Dr.Donald H.Menzel, mais parti d'un préjugé défavorable, il "expliqua" toutes les observations. Aujourd'hui, en collaboration avec des professionnels et des journalistes, plusieurs groupes bénévoles se sont constitués : l'APRO, le NICAP, le MUFON 138 , le SEPRA, la SOBEPS, etc., qui tentent d'apporter leur modeste contribution à l'édifice de la science.
Pour le Dr.Hynek, "toute étude sérieuse doit comporter une recherche raisonnée des corrélations et des schémas". Il faut comparer les catégories d'observations, confronter les évolutions attribuées aux OVNI au sein de chaque catégorie et tenter de dégager des similitudes. Ce travail de bénédictin est aujourd'hui assuré. Mais un problème vient de suite se greffer sur cette recherche. Aux Etats-Unis la commission Condon de l'USAF dépensa en vingt ans, plus d'un demi-million de dollars (de 1970) pour son Blue Book sur les OVNI, sans même que ses membres n'aient pu envisager une étude systématique du problème qu'ils classaient quasi chronologiquement. Une telle tâche impose un budget 10 fois supérieur et ne pourrait être entreprise par des organisations privées. Si le phénomène OVNI n'accède pas un jour ou l'autre à la respectabilité scientifique, il est vain de vouloir élucider le problème.
Pendant la longue étude qu'il entreprit sur les cas notifiés par procès-verbal, le Dr.Hynek souligne une petite phrase très importante qui revient toujours dans la bouche des témoins-oculaires : "De ma vie je n'ai jamais rien vu de pareil ", qui traduit bien l'étonnement et l'incompréhension des témoins devant une apparition dont leur intelligence ne saisissait pas la signification. Incapables de décrire ce qu'ils ont vu, les témoins ne peuvent bien souvent pas l'expliquer rationnellement avec un vocabulaire adéquat, ils échafaudent des hypothèses, rendent compte d'une certaine naïveté, d'une candeur ou de réflexions qui soulignent l'authenticité de leurs dires.
137 J.Vallée, "Chronique des apparitions extraterrestres", Denoël, 1972 - D.R.Saunders et R.Harkins, "UFOs ? Yes !", op.cit. -M.Bougard, "La chronique des OVNI", ed.J.-P. Delarge, 1977, pour citer l'un de leurs meilleurs livres.
138
On peut douter de la grande rigueur de cette association quand on lit dans ses “Proceedings” annuelles des rapports détaillés faisant explicitement références aux “martiens” ou aux extraterrestres sans autre forme de procès. L’ouverture d’esprit ne doit pas signifier faire l’amalgamme entre science, pseudoscience et mythes. Heureusement, quelques pages plus loin, le Dr.Stanton Friedman vient nier ces soi-disants preuves que l’on retrouveraient un peu partout sur Terre et dans le Système solaire. Le MUFON devrait mieux définir les limites de sa démarche, il y gagnerait en crédibilité.
Ainsi que le rappelait fort opportunément l'astronome français Pierre Guérin 139 dans un article sur le problème OVNI : "Il n'y a que la façon de l'étudier qui est bonne ou mauvaise, et ce n'est pas manquer de sérieux que s'en occuper sérieusement". Que les scientifiques en prennent bien note.
Au fil du temps le Dr.Hynek put extraire un ensemble de données qui l'ont convaincu de l'existence d'un réel problème. Beaucoup d'observations d'OVNI font ressortir des invariants qui peuvent faire l'objet d'études. Deux exemples : les descriptions d'OVNI éloignés n'apparaissent jamais lorsqu'il y a de la brume. Le fait qu'il faille un ciel dégagé donne plus de crédibilité aux témoignages. L'observation répétée, sous toutes les latitudes et en tout lieu d'OVNI "triangulaires" ou en forme de "V", ou de lumières colorés accompagnées d'effets sur l'environnement ou les personnes n'est pas la signature d'un comportement hallucinatoire. Ces constantes confirment une fois encore que le phénomène OVNI existe bien, qu'il n'est pas apparu dans l'imagination des témoins.
Le phénomène est loin d'être incohérent, des enregistrements officiels civils et militaires ayant surmonté les épreuves du filtrage et de l'analyse existent, sans commun rapport avec les déclarations de fanatiques; des brûlés (sur la peau ou aux yeux) peuvent en témoigner et pourtant les explications restent irrationnelles. Depuis un demi-siècle il n'y a toujours pas de progrès dans ce domaine. Il n'y a pas que des astronomes ou des techniciens qui observent ces phénomènes; toutes les classes de la population sont touchées : des fermiers peuvent en témoigner, des écoliers, des routiers, des militaires, des pilotes de ligne, des gendarmes, des météorologistes,... Heureusement, aujourd'hui et plus qu'hier, le phénomène OVNI suscite la réflexion de centaines de scientifiques.
Sans mettre en doute le témoignage des personnes de bonne foi, une grande prudence s'impose avant d'interpréter les notifications d'OVNI. Ainsi que nous le verrons, Il faut savoir que nombreuses sont les observations erronées - les canulars étant plutôt rares -. Ne parlons pas des illuminés et autres sectes vouées corps et biens à la cause extraterrestre. Le Dr.Hynek précisa lui-même dans une lettre ouverte au magazine Physics Today 140 : "C'est une erreur trop répandue que de croire que tous les rapports d'OVNI émanent de "farfelus". Une étude des dossiers montre au contraire que ceux-ci sont l'infime minorité". Une génération plus tard, cette remarque est toujours d’actualité.
Dans des conditions météorologiques, astronomiques ou d'approches particulières, chacun de nous peut se méprendre sur la nature de certains phénomènes qui, il est vrai, sont parfois méconnus. Si l'observateur est conditionné par la lecture de romans ou de rapports “ufologiques”, de tels événements ne manqueront pas de le surprendre le cas échéant. C'est ici que la rigueur logique du témoin et la critique des sources interviennent, filtrant les données brutes afin que ne subsistent que le particulier et l'inexplicable. Nous verrons en détail, à la fin du livre, quelques unes de ces méprises.
Une autre source d'erreur peut apparaître lorsque des OVNI s'observent durant plusieurs mois dans une même région - citons les vagues américaines de 1952, 1965, 1983-1986, la vague française de 1954, la vague brésilienne de 1977 (qui se poursuivit jusqu'en 1988) et la vague belge de 1989-1991 141 : la rumeur peut véhiculer de faux témoignages, source d'interprétations sociopsychologiques. Aussi il importe d'éliminer les observations mal interprétées et les canulars avant toute étude.
Dans les années 1970, des enquêtes américaines et françaises avaient démontré que la sensibilisation du public par l'organisation de soirées d'observations, des émission radios et TV et des articles dans la presse ne provoquaient pas une augmentation des témoignages. Il faut aujourd'hui relativiser cette influence 142 car il faut croire que la SOBEPS fut la première victime de son succès. En organisant des soirées d'observations annoncées par voie de presse en avril 1990, elle constata que les témoignages avaient plus que décuplés. Précisons à toute bonne fin que les témoignages restaient malgré tout cohérent : le public faisait preuve d'un pouvoir de discrimination étonnant, faisant par exemple sans difficulté la différence entre l'OVNI triangulaire et la forme d'un AWACS. Revers de la médaille, en ameutant journalistes et observateurs, les enquêteurs doivent s'attendre à quelques nuits blanches et un dépouillement bien fastidieux des notifications qui peuvent en décourager plus d'un : un an après la vague belge, la SOBEPS n'avait toujours analysé qu'un tiers des documents récoltés.
139 P.Guérin, Science et Avenir, 307, septembre 1972, p696. 140
J.A.Hynek, “Les Objets Volants Non identifié, mythe ou réalité ?”, op.cit., p336. 141 Concernant la vague américaine de 1952, E.Ruppelt, "Report on Unidentified Flying Objects", op.cit. -Concernant la vague française de 1954, J.Vallée, "Chroniques des apparitions extraterrestres", op.cit. - Concernant la vague brésilienne de 1977, J.Vallée, "Confrontations", op.cit. - Concernant la
vague américaine de 1983-1986 , A.Hynek, P.Imbrogno et B.Pratt, "Night Siege: the Hudson Valley UFO Sightings", Ballantine, 1987 - Concernant la vague belge de 1989-1991, SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique" (2 vol.), 1991-1993. 142 LDLN, résultats de la veillée du 23 mars 1974 - R.Westrum, "Le facteur humain dans les observations d'ovnis", Inforespace, nov 1981, p7 - SOBEPS,
"Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, op.cit., pp340,440.
Dès qu'il enquêta sur les notifications d'OVNI, le Dr.Hynek utilisa une échelle quantifiée de crédibilité des témoins et détermina le degré d'étrangeté des observations pour parvenir à une définition claire du phénomène OVNI. L'étrangeté oscille de 1/10 à 10/10 en fonction du nombre d'éléments d'informations récoltés. La probabilité, qui juge la crédibilité des témoins, oscille entre 3/10 si le témoin est seul, 3.5/10 s'il y a plusieurs témoins, 5/10 si l'un des témoins à des connaissances scientifiques ou techniques, etc. Ainsi l'incident de Portage County est classé : Etrangeté 4/10, Probabilité 8/10, celui du père Gill : Etrangeté 5/10, Probabilité 8/10. Aujourd'hui tous les rapports mentionnent de telles échelles. Les témoignages se répétant, il demeure après analyses un pourcentage d'observations qui n'admettent aucune explication rationnelle.
Un témoin français rétorqua un jour à un journaliste : "C'est un danger public, il est bientôt temps qu'on s'en occupe !". Pour satisfaire cet observateur, la gendarmerie française a été sensibilisée au phénomène OVNI. Les procès verbaux qu'elle dresse sont transmis au CNES qui depuis 1967 a ouvert une section chargée de rassembler ces informations, le SEPRA, le Service d'Expertise pour les Retombées Atmosphériques. Noter que l’acronyme de ce service ne fait aucunement référence à une origine extraterrestre des OVNI. Dans leur esprit, tous ces phénomènes sont déjà classés dans la catégorie “Retombées atmosphériques” !
On peut essayé de comprendre que devant la difficulté de comprendre un phénomène évanescent, non reproductible et "irrationnel" dans une société à vocation de rationalité, les scientifiques aient cherché à classer les observations dans le but d'analyser statistiquement les comptes-rendus. Certains ont malgré tout des a priori bien malheureux.
Essayons pour notre part de rester objectif et tentons de regrouper les témoignages d'OVNI en catégories à partir desquelles nous pourrons essayer, si possible, d'extraire certaines corrélations.
L'étude systématique des comptes-rendus et leur analyse statistique conduisent à poser certaines conditions que devraient remplir tous les procès-verbaux. Sachant que le témoignage visuel est fragile, le témoin n'ayant en général pas l'habitude de l'observation, le doute occupe une place importante dans l'esprit des enquêteurs. C'est ici qu'intervient toute la "science" journalistique, que le doute sera évacué au fil des recoupements et des reconstitutions. C'est la critique des sources qui apporte son crédit au témoignage.
Pour donner au compte-rendu une valeur réelle en qualité et quantité, il faut rassembler de multiples informations, les contrôler, donner corps à une matière brute subjective, parfois incohérente, pour objectiver au maximum l'événement. C'est l'une des raisons pour laquelle tout témoignage aussi vieux qu'il soit, doit être porté à la connaissance des associations spécialisées.
Le témoignage doit être pris si possible, dans les quelques heures qui suivent l'observation, non pas pour éviter d'en perdre le souvenir précis mais pour pouvoir reconstituer les circonstances de l'incident. Si l'événement est fort inhabituel les témoins peuvent très bien se souvenir de leur observation bien des années plus tard, mais la difficulté sera alors de retrouver ces personnes. En outre, l'environnement et l'infrastructure publique peuvent être modifiés au fil des années et il pourrait s'avérer très difficile de reconstituer tous les événements.
Tout journaliste fait usage de la critique des sources. Sur les bancs de l'université ils ont appris qu'il faut impérativement obtenir d'autres comptes-rendus, trouver les témoins impliqués, leur nom et leur adresse, car le témoignage isolé est souvent imprécis, flou, contradictoire. Les questions ne peuvent pas être inductives, du style "était-ce un objet métallique ?" qui tromperait la cohérence du témoignage. Les enquêteurs doivent ensuite vérifier l'authenticité du document car il peut être manipulé depuis le début; il est plus facile de témoigner contre son intérêt pour confirmer un fait ou de devenir l'avocat de sa propre cause. L'état physique et mental du témoin est déterminant; il faut savoir s'il a ou non un intérêt professionnel à relater son observation. C'est dans ce cadre que le témoignage de personnes sensibles au ridicule (cadre, dirigeant d'entreprise, pilote d'avion par exemple) mérite toute notre attention, sans négliger une analyse scrupuleuse. Car quel directeur de société serait pris au sérieux s’il avouait avoir vu une soucoupe volante ? Qui voudrait dans son équipe un mythomane... Il faut également vérifier la convergence des témoignages. Quels sont les caractères constants, qui a relaté l'événement, l'a recueilli, par quel truchement ? Enfin, l'observateur a souvent peu de qualification dans l'appréciation visuelle ou sonore du phénomène. Contrôler les circonstances permet de dépister les canulars et les méprises : la nuit l'observation est rendue difficile et l'appréciation des distances ou des dimensions est quasi impossible.
Discutant avec l'auteur, L.Brenig confirme que pour la plupart des rencontres rapprochées à moins de 250 mètres, les observateurs font preuve d'une grande précision. Mais L.Brenig 143 ajoute en marge, "il faut reconnaître que dans l'infirmative ils auraient dû rester vagues..., ce qui malheureusement n'est pas souvent le cas ! " Chacun essaye de préciser les distances ou les dimensions qu'il n'a pu estimer. Le témoignage perd alors sa crédibilité, noyant l'observation dans
143 Communication privée avec l'auteur, janvier 1994.
un nuage d'incertitude tenace qui ne se dissipera peut-être plus dans l'esprit des chercheurs. Malheureusement cette observation sera perdue, car elle ne peut-être corroborée avec certitude, s'entourant d'une marge d'erreur trop importante. Comme bien d'autres notifications d'OVNI elle alimentera vraisemblablement la rubrique des faits divers et sera classée comme anecdote.
Celui ou celle qui observe un OVNI sera confronté à la présence d'un objet inhabituel. Si cela devait vous arriver -et vos chances semblent loin d'être nulles - autant que votre démarche soit la plus rigoureuse possible, si vous souhaitez retirer de votre observation autre chose qu'une simple anecdote. Votre observation peut révéler un phénomène que la science connaît déjà. Elle pourra essayer de l'expliquer et poser de nouvelles hypothèses de travail. Si le phénomène est inconnu, votre OVNI sera un défi pour la science.
Dans ce contexte voici quelques recommandations en complément de ce qui vient d'être énoncé. Sachez que la SOBEPS vous propose "un guide de l'enquêteur", un questionnaire d'environ 200 questions auxquelles doivent se soumettre les témoins.
Soyez très vigilant, tous vos sens doivent être en éveil. Aux moments clés (changements de couleurs, de position, etc.) noter l'heure, la durée du phénomène, sa position dans l'espace (par rapport aux points cardinaux, aux étoiles). Evaluer sa distance vis-à-vis de repères fixes, en fonction de l'ombre ou de la lumière qu'il porte sur les objets. Déterminer sa vitesse, ses dimensions, sa couleur. Le phénomène vous semble-t-il impalpable, vaporeux ou solide. Emet-il de la lumière ? D'où sort-elle ? Est-elle réfléchie par une autre source ou l'objet est-il intrinsèquement lumineux ? Faites attention à la présence ou à l'absence de bruit, vérifier son origine, évaluer sa progression. Sentez-vous une odeur, quantifier vos sensations. Voyez-vous de la fumée, un halo, quelle est sa couleur, son origine. Dégage-t-il des ondes de chaleur, tenter de localiser sa source. Vous rappelle-t-il un objet connu, essayer de comparer sa forme et ses déplacements à quelque chose que vous connaissez. Distinguez vous des détails ? Dessinez-le précisément, si possible sans interpréter ce que vous voyez; une ligne n'a jamais représenté une succession de points, un halo n'a jamais de contours bien défini. Si vous le pouvez photographier ou filmer le phénomène, ces documents compléteront vos esquisses. Si l'observation se répète la nuit, munissez-vous d'un film couleur rapide, d'une torche halogène ou d'une caméra professionnelle qui captera mieux qu'un système ordinaire la forme de l'objet ou sa faible luminosité. Prenez un trépied pour la stabilité de vos images.
Si vous pouvez disposer d'un équipement scientifique, enregistrer le phénomène dans différents rayonnements (infrarouge et monochromatiques visibles), placer un réseau de diffraction sur votre objectif et de nuit munissez-vous d’un amplificateur d'images. Si les moyens vous le permettent -avis aux universités - équipez une camionnette ou un avion léger d'un analyseur de spectre, de paraboles pour capter son spectre sonore, d'enregistreurs gravimétrique et magnétique. Communiquer votre témoignage à la gendarmerie ou auprès des groupements compétents. S'il s'agit d'une rencontre du 2e type, ne faites pas de prélèvements. L'objet que vous ramasserez peut-être contaminé par des résidus solides, un liquide ou un rayonnement. Laissez le soin de prélever des échantillons à des spécialistes mieux équipés que vous et moi. Localiser et déterminer les effets sur l'environnement, les réactions ou les symptômes éventuels sur les êtres vivants. Vérifier le fonctionnement des systèmes électriques ou magnétiques (lampe, moteur, boussole, radio, montre, téléphone, GSM, ordinateur, etc.). Délimiter la zone, recouvrez-la s'il fait pluvieux mais ne la couvrez pas avec des substances dégradables. Porter votre témoignage au plus tôt à la gendarmerie.
Dans le cas d'une rencontre du 3e type, vous serez peut-être seul à pouvoir juger de la situation et du comportement à adopter. Essayer d'identifier le phénomène car il pourrait s'agir d'un objet terrestre mais peu connu, un avion expérimental ou un débris par exemple. Il va sans dire que nous n'encourageons pas le contact mais si vous en avez le courage et sans témérité, il serait judicieux de trouver des "preuves" (photographiez-le, trouvez des fragments d'objet, des traces). Dans tous les cas examiner les alentours du mieux que vous pouvez. Dans ce cas précis, il est impératif de prévenir d'urgence les autorités, médias compris, car ce type de rencontre est exceptionnel et mérite le déploiement de toutes les ressources et instruments d'analyse. Il est donc légitime de prévenir les autorités, au risque de provoquer des "dérapages" dans les médias et dans l'esprit des gens. Se déroulant en temps réel, le témoignage de nombreux témoins-oculaires est primordial, et si possible de personnes de formation supérieure technique (ingénieur). C'est d'autant plus vrai si le témoin refuse de porter son témoignage par devoir de discrétion ou si sa fonction exige qu'il reste anonyme. Il sera aussi plus facile de confirmer vos dires si vous êtes accompagnés. Le fait de pouvoir recouper vos indices apportera du crédit à votre témoignage et permettront aux scientifiques de considérer ces valeurs empiriques comme suffisamment convaincantes pour ne pas les contester et ils pourront tenter de comprendre votre observation.
L'observation groupée permet également d'éviter de passer pour un "fou", car votre récit risque d'être très inhabituel. Surtout n'ayez pas peur du ridicule.
Il faut cependant souligner l'erreur souvent commise de considérer les témoignages comme réels puisque sincères, ils plongent les médecins psychiatres dans un abîme de réflexion. Ce comportement concerne tout le monde. Nous avons l'exemple récent du physicien français J-P. Petit. Il tenta d'expliquer le déplacement étonnant des OVNI par une théorie basée sur la magnétohydrodynamique qui, il est vrai, explique certains phénomènes et a déjà trouvé un certain crédit, notamment en propulsant un prototype de catamaran japonais. J.-P. Petit expliqua même, preuves écrites à l'appui, comment les extraterrestres, les "Umnites" comme il les appelle peuvent se déplacer plus rapidement que la vitesse de la lumière. Sans accorder de crédit à son travail, sachez que selon sa théorie dite gémellaire, les Umnites seraient capables de tirer partie des tunnels de l'espace-temps -les fameux "trous de vers" quantique mais à l'échelle astronomique profitant de ces raccourcis pour rejoindre des régions séparées dans l'espace, et ainsi apparemment se déplacer plus rapidement que la lumière... Cette imagination débridée va à l'encontre de la démarche scientifique car elle est fondée sur des travaux dont les sources discutables - sont, comme sa théorie, impossible à vérifier. Pour être tout à fait exact, les physiciens nous disent que ces fameux "trous de vers" n'existent qu'en-dessous de l'échelle de Planck, c'est-à-dire qu'ils ne concernent qu'un monde inférieur à 10-33 cm, de loin inférieure à la dimension des particules subatomiques ! Quant à imaginer que l'on puisse capturer et étendre un tel "trou de ver", restons sur Terre ! A d'autres époques des professeurs Nimbus moins loufoques ont déjà été remerciés par leur autorité. La communauté scientifique ne peut accorder son crédit à de telles élucubrations.
Comme le dit avec humour et clairvoyance son collègue américain, le physicien théoricien Paul Davies 144 à propos de la possibilité d'entretenir des trous de vers, "aucune proposition pratique n'a encore été faite. Peut-être réside-t-elle au-delà des capacités des ingénieurs de la civilisation la plus avancée du cosmos, même considérant que les galaxies regorgent de vie". Plus sérieusement, il conclut : "En fait, la motivation réelle qui nous fait étudier ces sujets est de savoir si les lois de la physique permettent, en principe, d'explorer le temps. C'est une question très importante, car s'il est possible de voyager dans le passé dans n'importe quelle condition, cela pourrait concerner la physique elle-même". Adios Umnites, les pendules sont ainsi remises à l'heure !
Sans mettre en doute son travail de recherche, J.-P.Petit aurait mieux fait de ne pas s'écarter de son champ d'étude, qui reste un domaine passionnant. Comme le disait un jeune astronome dans une lettre à l'auteur "J.-P.Petit est à peu près aussi spécialiste de la magnétohydrodynamique que je le suis de l'observation des étoiles variables. Il s'est littéralement approprié le sujet ! Sa lucidité scientifique lui a d'ailleurs fait étudier des années (décennies) durant des manuscrits venus d'une autre planète, qui avaient été rédigés... par le KGB". Et de poursuivre, "Les rues de nos villes
- sans parler évidemment des asiles - regorgent de gens persécutés, futurs maîtres du monde, ou descendants de Ramsès 2, 3 ou 4. La paranoïa, est en l'occurrence, et J.-P.Petit en est, entre autres, un vibrant exemple, du côté des ufologues...". Ce cas n'est pas unique, le célèbre Adamski en est un autre. C'est la raison pour laquelle nombreux sont les chercheurs, et les astronomes en particulier qui, en attendant mieux, se rangent du côté des psychologues, étudiant les Umnites de J.-P.Petit et leurs soucoupes volantes comme ils auraient pu, en d'autres temps, s'intéresser aux lutins, aux fées ou aux sorcières... Nous devons toutefois insister sur le fait qu'il n'y avait pas alors, de F-16, ni de "lock-on", ni encore de radars. Ceux qui ont assisté à ce genre de démonstrations considèrent que leurs manifestations sur Terre, sont, elles aussi, bien réelles...
Si certains comptes-rendus prêtent à sourire, rappelons toutefois que le mépris des preuves peut avoir quelques fois des conséquences dramatiques pour son auteur. Je ne voudrais citer qu’un seul exemple, typique de cette attitude.
Le 17 août 1973 vers 22h, le seul policier de la petite ville de Falkville en Alabama, Jeff Greenhaw 145 reçu un coup de téléphone à son domicile. Une femme venait d’observer un objet muni de lumières clignotantes atterrir dans un champ à l’ouest de la ville. Etant donné qu’il y avait un certain nombre de notifications d’OVNI dans le conté de Morgan, Greenhaw pris avec lui son appareil Polaroïd et alla avec sa voiture jusqu’au lieu indiqué.
A 3 km de la ville, il rencontra au milieu de la route une créature toute de métal vêtue, de 2m de haut. Il sortit de sa voiture et salua l’étranger. Mais il ne répondit pas. L’agent retourna à sa
144
A propos de la notion de "trou de ver" lire P.Davies, "Wormholes and Time Machines", Sky & Telescope, jan. 1992, p20.
145
Saga, 49, 1, oct 1974, p35 et 48.
voiture, pris son Polaroïd et pris 4 photos du visiteur. Il retourna à sa voiture et déclencha son gyrophare bleu. A cet instant la créature se retourna et commença à courir le long de la route.
Greenhaw sauta dans sa voiture pour essayer de le rattraper. Roulant à 60 km/h, il ne parvint pas à le rejoindre. La créature courait plus rapidement qu’un être humain. Arrivé dans un tournant, la créature s’évanouit. Greenhaw se rappela que la créature se déplaçait comme un robot et courait à grandes enjambées.
Après avoir relaté son histoire à la télévision NBC, Jeff Greenhaw commença à avoir des problèmes. Endéans les 2 semaines qui suivirent, le moteur de sa voiture s’enflamma, sa femme le quitta et un incendie brûla sa caravane, détruisant les photographies. Sans parler des insultes et autres injures dont il fera l’objet, Greenhaw fut contraint de quitter son poste de Chef de la Police. Comme il le dira à ceux qui pensait qu’il s’agissait d’un canular : “Ainsi maintenant j’ai perdu ma voiture, ma femme, ma maison et mon travail. Je pense que j’irai là où je pourrai trouver un autre emploi”. Les canulars vont rarement si loin... Curieux paradoxe quand on sait que le but du pauvre Jeff n’était certainement pas de risquer son avenir en relatant cet incident.
Mais jamais les notifications d'OVNI n'ont apporté de preuves concrètes, de textes, de matériaux qui nous aideraient à trouver une ébauche de solution. Seules ci et là des herbes ont été calcinées, la peinture des voitures s'est oxydée ou le sol est devenu aride durant des années pour une raison inconnue. Les rares matériaux récoltés remontent à l'incident de Roswell (New Mexico, 1947) et restent controversés. Dans tous les autres cas, il s'agissait de vulgaire casque en cuivre, de boulons ou de crêpes. Plus rarement des personnes ou des animaux ont été brûlés, irradiés, intoxiqués ou ont disparu en s'approchant d'un OVNI. Il est difficile de s'imaginer que ces victimes aient prémédité leur action.
Quelques scientifiques, opposés au phénomène OVNI en général, en appellent à l'hypothèse "sociopsychologique", au fait que les témoins sont mis involontairement en conditions suite aux émissions télévisées, aux lectures des ouvrages de science-fiction, à leur bagage intellectuel enfin. Cette hypothèse considère toutes les notifications d'OVNI comme des hallucinations, des projections mentales d'images idylliques ou violentes issues de l'inconscient collectif. Ainsi que nous le verrons, cet argument n'est valide que dans les limites d'un témoignage empirique. Mais ici encore, il est difficile d'admettre qu'un ingénieur en aéronautique ou un météorologiste par exemple ait été trompé par un engin terrestre ou un phénomène atmosphérique, surtout si cette observation est rapprochée. Dans tous les cas il serait très mal placé de leur faire subir un examen psychiatrique pour confirmer leur bonne foi ! Dès le moment où des mesures sont effectuées, une analyse radar, un enregistrement magnétique ou spectral, pour peu que ces mesures soient répétées ou durent suffisamment longtemps, l'explication sociopsychologique sera écartée. Mais une photo ou un film aussi parfait soit-il ne prouve rien. Pour que ces documents aient un sens, il faut considérer leur contexte et analyser le récit des témoins. On considère en général qu'une observation sur dix est consignée dans les archives des associations. La majorité des observations échappe donc aux recherches et les scientifiques perdent là de précieuses informations. Cette raison s'ajoute aux autres pour confirmer une fois de plus que chacun devrait porter son témoignage aux associations compétentes.
Avec l'accumulation des témoignages et les progrès techniques, certains scientifiques se sont demandés pourquoi les OVNI n'étaient jamais détectés par les observatoires radioastronomiques, les cosmonautes ou les vigiles du NORAD ? Les OVNI ne doivent-ils pas venir du ciel avant de survoler nos cités?... Prenons le parti de croire que ces instituts n’ont effectivement presque jamais rien relevé d’anormal; quelques documents existent bien et furent publiés, quelques rapports ont été communiqués au public mais ils se comptent sur les doigts d’une main, officiellement. Bien que les réseaux de récepteurs utilisés par les professionnels de la surveillance soient en mesure de détecter les plus faibles signaux, allant du signal de la télécommande toute proche au réacteur d'un avion furtif qui vole aux antipodes, s'il est aussi vrai que le lobe de sensibilité maximale des radiotélescopes est orienté vers le ciel, la réponse à cette question est toute simple.
Chacun sait que la Terre toute entière émet en permanence des émissions radioélectriques, qu'elles soient issues d'une télécommande ou d'un satellite de télécommunication. Cinquante ans après les premières émissions, ces champs électromagnétiques s'étendent aujourd'hui jusqu'aux premières étoiles. A travers des milliers de services répartis sur toutes les fréquences du spectre, la Terre s'est transformée en un véritable brouilleur, diffusant ses messages jusqu'à plusieurs dizaines d'années-lumière, jusque βPictoris. A côté de ces émissions artificielles qui occupent les bandes radios et TV coexistent celles issues naturellement du cosmos : il s'agit des émissions issues du brasier solaire, de la Voie Lactée, du noyau des galaxies actives, etc. Tous ces rayonnements aboutissent aussi sur Terre. Dès lors, même si les satellites militaires de surveillance scrutent la Terre en permanence, leurs instruments ne pourraient jamais isoler l'écho d'un OVNI dans le tohu-bohu général qui règne sur les bandes. En outre, les signaux analysés sont déjà filtrés à la source pour justement éviter toute méprise. Si les radars étaient utilisés sans programmes de contrôle, la moindre voiture, le moindre arbre pliant sous le vent, le moindre nuage de grêle ou le moindre banc d'étourneaux serait une cible potentielle; leurs écrans brilleraient de faux échos.
Deuxième problème, sur base de quel protocole, par quels moyens et sur quelles fréquences allez-vous discriminer ce signal extraterrestre ? Car il ne suffit pas de “brancher sa radio” et d’écouter... Nous verrons un peu plus loin qu’il existe des protocoles en bioastronomie visant à définir le spectre et le type de signal à rechercher. De telles procédures n’existent pas en ufologie. Une chose doit toutefois être élucidée : les autorités nous cachent-elles des dossiers OVNI top secret ? Tout ce que l'on sait c'est que de temps à autre la NASA fut témoin de phénomènes inexpliqués et les contrôleurs aériens du NORAD ont enregistrés des "anges" et des échos non identifiés. Rien dans tout cela ne permet de corroborer la thèse extraterrestre.
Pourtant les comptes-rendus font penser que les OVNI nous visitent en permanence. S'ils existent comme nous l'entendons, on peut penser qu'ils devraient laisser des traces sur les bandes magnétiques à l'instant où ils entrent ou sortent de l'atmosphère. La meilleure preuve est que certains satellites de télédétection se sont photographiés entre eux car ils passent les uns au-dessus des autres, je pense en particulier à Spot 5. Quant aux traces d’OVNI, c'est ignorer que les observatoires orbitaux ne détectent que certains rayonnements émis par les objets du ciel ou par les sources terrestres. Rappelons que les détecteurs des sondes spatiales ou des radars ont tous été élaborés pour enregistrer certaines fréquences ou relever certains paramètres. Qu'un OVNI passe à côté d'eux, ils ne détecteraient peut-être même pas sa présence ! D'autres protagonistes considèrent que si les caméras embarquées peuvent détecter les pluies de météores ou la rentrée des engins spatiaux dans l'atmosphère, elles sont parfaitement capables d’enregistrer les traces laissées par les OVNI. Pourquoi ne le font-elles pas ? Une fois encore, la durée des missions orbitales et l'emploi du temps ne permettent pas de sacrifier ces instants privilégiés à la chasse photographique tout azimut, d’autant plus que rien ne vient corroborer la thèse extraterrestre.
Enfin se demanderont certains, comment cela se fait-il qu'avec un réseau mondial d'observateurs-météorologistes réalisant des observations synoptiques toutes les heures ou toutes les demi-heures, la rubrique "divers" de leurs rapports ne fasse jamais mention de notification d'OVNI ? Pour l’avoir été, il est vrai que ces professionnels du ciel sont aux premières loges, accumulant au fil des jours et des nuits des millions d'observations... mais très localement. De très nombreuses contrées, y compris en Europe, sont ignorées des météorologistes. En dehors des lieux peuplés, dans les contrées arides, en montagne ou en mer des balises automatiques enregistrent la température, la pression et la direction du vent. Ailleurs il faut attendre le passage d'un bâteau-météo ou d'une expédition scientifique pour recueillir ces quelques données. Les mailles du filet de détection restent donc très lâches, sans compter le problème lié à la détection d'un rayonnement inconnu.
Faudrait-il en conclure que ces manifestations d'OVNI n'ont rien de "matériel" dans le sens ordinaire ou n'obéissent pas aux lois physiques ? Mais est-ce seulement possible ? Dans l'état actuel de nos connaissances, tout objet qui se manifeste est matériel par définition 146 , y compris les boules de gaz ionisé : ces objets émettent et réfléchissent une partie du spectre électromagnétique. Si nous dédions des détecteurs à ce type de recherche, ils devraient en principe pouvoir enregistrer ces émissions. Les lois de la nature sont a priori universelles. Elles le sont en tout cas jusqu'aux confins de l'univers observable. Cela représente un volume de 15 milliards d'années-lumière de rayon !
Alors, existent-ils oui ou non ces OVNI ? Si on ne veut pas tomber dans l’argument du “complot organisé” tout semble indiquer que les OVNI n’ont rien d’extraterrestre, au grand dam des ufologues. N'ayons pas la prétention de résoudre en quelques lignes une question aussi difficile. Espérons déjà que cette problématique soit reconnue par la communauté scientifique. Pour les incrédules ou les rationnels "réfléchis" voyons ce que peuvent nous dire les statistiques.
Sur bases de sources objectives, nous pouvons présenter quelques données statistiques qui mettent en évidence une certaine constante dans les notifications d'OVNI. Cette liste est basée sur les données rassemblées dans le Project Blue Book par Edward Ruppelt (ER, 1593 cas), les travaux de Geoffray Falla (GF, 420 cas), Jader Pereira (JP, 230 cas), Claude Poher (CP, 1273 cas), John Schussler (JS, 1000 cas), Richard Varrault (RV, 27 cas), Eric Zurcher (EZ), Jacques Vallée (JV, 923 cas) et des conclusions du Dr.D.Saunders.
146 Si vous envisagez des mécanismes extraordinaires, trouver une théorie pour expliquer comment un paquet de neutrinos pourraient être détectés par écho-radar, comment survivrait des heures durant un triangle d'antimatière ou comment un nuage de plasma ferait-il pour "absorber" un avion de combat en vol sans le détruire ou sans qu'il ne s'écrase au sol. Non, restons-en à notre "bonne" veille physique...
Etant donné que plusieurs effets peuvent se produire lors d'une même observation, le total peut-être supérieur à 100%. Il faut cependant souligner que ce travail statistique basé sur les témoignages accidentels n'apporte rien !... Il ne fournit que des indices, pas des preuves. Son utilité doit donc être relativisée.
(Sources : ER, CP) Méprises : 75% Disques diurnes et lumières nocturnes : 60% Nombre de Rencontres du 1e type : 20% Nombre de Rencontres du 2e type : 10% Nombre de Rencontres du 3e type : 10% Objet silencieux en vol : 60% Objet bourdonnant : 10% Objet sifflant : 15% Bruits divers : 15% OVNI : 25% Fraudes et canulars (en général) : 1.7% des OVNI (?) "Soutenus" d'origine extraterrestre : 1.5% des OVNI (?)
(Source : ER, JP) Fréquence des observations : juillet (et avant Noël) Au sol : 60% Près du sol (cime des arbres) : 35% Autre lieu (mer, plein ciel, etc.) : 5% Observation en bordure de route ou de champs : 31% Observation dans des lieux ruraux isolés : 20% Observation sur la route même : 10% Observation au voisinage d'habitations : 10% Au sol, en d'autre lieu (ville, rivière, voie ferrées..) : 5% Lien avec l'activité du champ électromagnétique : traces Lien avec l'activité tectonique : traces
Les données statistiques donnent également une idée du type d'observations généralement récoltées.
(Source : ER, JS) Observé en l'air : 70% Observé au sol : 12% Repéré par radar : 10% Repéré par radar et visuellement : 8% Ballons : 19% Avions : 12% Fusées, corps en chute : 10% Effets optiques : 4% Objets astronomiques : 14%
(Source : ER, JS) Observation à moins de 150m : 25% Lieu et heure connus : 80% Météo connue : 99.5% Objet observé la nuit : 70% Ciel pur : 55% Autres (reflets, oiseaux, inversions, etc) : 4% Visualisation par écho radar (avion ou contrôleur) : 4% Objet proche de la forme circulaire : 50% Evaluation du diamètre métrique : 17% (entre 1-100m) Evaluation du diamètre angulaire : 42% (< 10") Présence de lumière sur l'objet : 35% Luminescent la nuit : 98%
Rouge-orangé la nuit et métallique le jour : 65% Lumière blanche : 10% Autre lumière : 41% Vol vertical : 11% Vol planant : 23% Vol erratique : 41% Objet Immobile : 14.5% Déplacements lents : 24% Immobile puis très rapide : 40% (0 à 2500 km/h) Vitesse variable : 24% Vitesse rapide : 61% Vitesse fulgurante : 11% Durée du phénomène : 2 à 10 min.
(Source : JF, CP) Nombre de cas analysés : 600+ Observation nocturne : 65% Atterrissage en un lieu relativement désert : 70% Trois traces physiques au sol : 50% Trace circulaire de 6 à 9 m de diamètre : 75% Effets thermiques (sol brûlé ou chaleur) : 5% Effets thermiques pour les OVNI ayant des couleurs changeantes ou métallique : 29% Effets électromagnétiques pour dito : 32% Pannes momentanées du moteur : 59% Perturbation de l'éclairage du véhicule : 30% Peur du témoin : 8% Effets psychologiques ou physiques (picotements...) : 25% OVNI vu au sol et traces résiduelles : 24% OVNI se tenant près de la cime des arbres : 6% Atterrissage avec créatures à proximité : 24% "Débarquement" : 8% "Humanoïdes" sans engin visible : 5% Petite taille des occupants, fuite lorsqu'on s'approche : 80% Plusieurs témoins de l'incident : 16% Durée du phénomène : env. 15 min.
(Sources : JP, RV, JV) Nombre d'atterrissages : 2000+ Nombre d'observations retenues (de 1948 à 1974) : 230 Humanoïdes vu à l'intérieur ou à l'extérieur de l'OVNI : 14% Nombre de pays concernés : 30 Pays latins (Brésil, F., Argentine, Venezuela, I.) : 5.6% Identification des témoins : 94% Plus d'un témoin : 33% Heure indiquée : 61% Observation de nuit : 43% Observation faite à mois de 50 m de distance : 49% Observation faite à mois de 5 m de distance : 39% Forme de l'engin connue : 71% Engin en forme de soucoupe (3 à 30m de diamètre) : 42% Engin en forme de cigare : 9% Engin ovoïde ou demi-oeuf : 8% Engin sphérique : 7% "Arme" ou tube émettant un rayon ou une lumière : 9% Forme "humaine" des visiteurs : 96% Humanoïde portant un scaphandre : 29% Humanoïde ne portant pas de scaphandre : 20% Taille des visiteurs entre 0.7 et 1.60 m : 62% Taille normale des visiteurs (1.65 à 1.85 m) : 22% Taille des visiteurs de 2 à 3 m : 12%
Mention de la peau (couleur) : 33% Peau blanche ou normale : 12% Peau sombre, noire, grise, basanée ou jaune : 12% Peau rouge ou pourpre : 2% Peau verte : 3% Etres velus : 3% Etres chevelus (majoritairement blonds) : 13% Visage normal : 9.5% Menton pointu : 3% Yeux normaux : 5% Yeux phosphorescents : 2% Yeux rouges brillants : 1% Oeil unique sur le front : 3% Absence de nez et d'oreilles : 0.9% Examen des environs par les visiteurs : 11% Refus des visiteurs d'entrer en contact : 100% Contact physique : 13% Dialogue entre les témoins et les visiteurs : 10% Dialogue avec les témoins en espagnol : 3.5% Dialogue avec les témoins en anglais : 3% Dialogue avec les témoins en portugais : 1.3% Dialogue avec les témoins en français : 0.9% Attitude hostile des visiteurs : 12% Attitude agressive des visiteurs : 4% Action paranormale des témoins, paralysie : 6% Brûlures légères sur les témoins : 0.9% Amaigrissement des témoins : 0.9% Maladies ou blessures chez les témoins : 4% Traces sur le sol : 24% Végétaux brûlés, calcinés ou aplatis, cercle de compression, 3 marques sur le sol ou Trous d'excavation : 12% Matériaux trouvés sur les lieux : 4% Matériaux analysé (Fe, Al, Mn, Sn, C, CaCO3, CaK) : 1.3% Traces de radioactivité : 1.3% Empreintes de pas : 2.3% Durée du phénomène : 5 min à 2 heures
(Source : sondage Roper) Nombre de victimes concernées : 2% (1 adulte américain sur 50) Réveil avec sensation de paralysie ou : 18% sensation de présence d’une autre personne Période d’amnésie d’au moins 1 heure : 13% S’est découvert en train de voler dans les airs: 10% sans comprendre comment ni pourquoi Présence de phénomènes lumineux inexpliqués : 8% Cicatrices inconnues sur le corps : 8%
(Sources : ER, JP, JV, EZ) Observations faites par des femmes (sur l'ensemble) : 66% Observations faites par des femmes (catég. OVNI) : 10% Observateurs civils et militaires de caractère général : 64% Techniciens : 19.5% Police : 15% Ouvriers, hommes d'affaire, employés, musiciens, artisans : 14% Radaristes : 12% Journalistes et techniciens membres d'une association d'ufologie : 11% Médecins, officiers, ingénieurs : 11% Chercheurs, professeurs : 11% Agriculteurs, marins, femmes de ménage : 10%
Militaires : 10% Pilotes civils : 10% Astronomes (parmi les chercheurs) : 6% Enfants, bergers, illettrés : 5% Opérateurs de tour de contrôle : 1%
(Source : CP) < 13 ans : 10% 13-20 ans : 18.5% 21-59 ans : 65.5% 60 ans et plus : 6%
Mis à part les caractéristiques bien particulières des rencontres du 3e type, les pourcentages évoqués se retrouvent dans les statistiques nationales (européennes, nord et sud américaines) avec très peu de variances (≈ 5%). Dans toute science expérimentale, de telles corrélations seraient tenues pour éminemment significatives car elles font ressortir l'existence d'invariants dans les observations d'une catégorie donnée. Les descriptions relevées pendant les vagues d'observations d'OVNI sont concordantes malgré le manque de précision. Ainsi des "triangles" ou des "boomerangs" nocturnes ont été observés de 1983 à 1986 aux alentours de la vallée d'Hudson aux Etats-Unis et au Canada, tout à fait similaires aux observations portoricaines de 1988, à celles de la vague belge de 1989-1991 147 , de Pennsylvanie en 1992 ou du nord de la France en 1998. A travers une variante peut-être subjective, il y a des caractères constants. Cela permet d'affirmer par exemple qu'il s'est produit tel jour un phénomène unique au-dessus d'une zone donnée, qu'un OVNI équipé de trois gros feux a survolé cet endroit à faible altitude ou qu'un objet sur lequel un lock-on radar fut effectué était bien présent à cet endroit. Preuve si cela était encore à démontrer, qu'il est nécessaire de rechercher les corrélations (couleur-vitesse, schéma mondial et local, distribution et lieux des conflits armés, distribution saisonnière et conditions météo, champs électriques ou magnétiques ou mouvements telluriques associés à des lumières...) et de confronter dans chaque catégorie les notifications d'OVNI.
Ayant virtuellement terminé son livre, le Dr.Hynek envoya une lettre ouverte au Courrier des lecteurs des magazines Science et Physics Today148 afin que lui soit transmis "toutes les notifications d'OVNI ayant eu pour auteur des personnes possédant une formation scientifique ou technique". Ayant préalablement reçu des rapports de chercheurs de MIT et du Pentagone, Hynek considérait que si les scientifiques reconnaissaient la réalité de ce phénomène, on pouvait espérer transformer cette pseudoscience en une science à part entière. Il recevra des comptes-rendus mais la communauté scientifique n'acceptera toujours pas de prendre des ufologues parmi ses membres.
Cette attitude persiste aujourd'hui encore. Dans leur ouvrage commun consacré aux OVNI, Michel Dorier et Jean-Pierre Troadec 149 de la Fédération Française d'Ufologie (FFU) citent Michel Aimé, philosophe et ufologue français en disant : "Aimé Michel a noté, très justement, que "l'ufologie n'est pas une science car elle ne possède pas de limites définies ni de méthodes adéquates". Elle est seulement une recherche qui, à partir de rapports d'observations, tente de retrouver la source émettrice du phénomène décrit; à défaut de méthodes définies, personnelles, elle emprunte les leurs à tous les secteurs de la connaissance humaine qui peuvent l'assister". Si les représentants même de la FFU croient ce qu'ils ont écrit - se référant à un article datant de 1976 - il n'y a effectivement aucune chance de transformer le statut de l'ufologie.
Depuis ce communiqué, vingt ans en effet se sont écoulés sans que l'ufologie ne change de statut 150 . Mais les méthodes ont heureusement changé et les responsables de la FFU devraient le savoir mieux que quiconque. A la fin des années 1970, le CECRU (Comité Européen de Coordination de la Recherche Ufologique) parvint à mettre sur pied un système de surveillance international du ciel. Mais les résultats furent maigres. Sans support financier, quelques années
147
Pursuit, 18, 2, 1985, p6; 18, 20, 1985, p166, "L'aile de Westchester", R.P.Collins -International UFO Reporter, July-aug 1986, pp9,22, "Triangle foncé et silencieux au-dessus de Lima (Ohio)", J.Timmerman ; Jan-feb 1988, p17, "Une structure triangulaire près de Chase Lumberyard", D.Schmidtt ; Jul-Aug 1990, p7, "Observation de boomerang nocturne au Canada" - MUFON UFO JOURNAL, 267, 1990, p3, B.Pratt , "The Belgium UFO Flap" (8 types d'OVNI photographiés au Brésil dont des objets triangulaires) - MUFON UFO JOURNAL, 290, 1992, p3, “Williamsport Wave”.
148
J.A.Hynek, “Les Objets Volants Non identifié, mythe ou réalité ?”, op.cit., p72. La lettre ouverture à "Physics Today" est publiée p336. La lettre à "Science" fut publiée en 1966. 149 M.Dorier et J.-P. Troadec, "Les O.V.N.I.", PUF-Que sais-je, 2221, 1985/1992, p88. 150 S.McLver, Lumières Dans la Nuit, 247-248, 1985.
plus tard le groupement fut dissous. A son tour, portée par sa raison sociale et son comité directeur, comme elle le dit elle-même, "la FFU s'est volontairement mise en sommeil, pour des questions techniques de fonctionnement" à la fin des années 1980. Perte sèche pour les témoins car cette fédération née quelques années plus tôt, bien que n'étant plus du tout à la hauteur de la démarche scientifique qu'elle prétendait défendre, disposait d'une bibliothèque richement fournie.
A notre tour de relever le défi. Depuis la vague belge de 1989-1991, le public a interpellé les scientifiques des pays touchés par ce phénomène, en particulier en Allemagne, en France, au Luxembourg et en Belgique. Contrairement à ce qu'ont écrit certains journalistes jusqu'en 1995, les scientifiques ont reconnu l'existence d'un phénomène inexpliqué 151 . Ainsi que nous l'avons évoqué au chapitre consacré aux rencontres rapprochées du 1er type, le dossier est exceptionnel.
Alors que certains journaux et magazines belges et étrangers tournaient toute l'affaire en dérision et que certains scientifiques conservateurs n'y voyaient que des phénomènes d'hallucinations ou l'avion furtif F-117A et quelques méprises 152 , bref tous les arguments pour discréditer une "pseudoscience" et critiquer l'impérialisme américain, de nombreux scientifiques eurent le courage de reconnaître l'existence d'un phénomène inconnu. Le physicien L.Brenig 153 disait à ce propos : "...je tiens à me "mouiller" au risque de paraître quelque peu farfelu aux yeux de certains confrères. Il y a là une opportunité que le monde scientifique doit saisir". La bonne foi des observateurs fut même relayée dans la Pravda, le célèbre Wall Street Journal 154 , jusqu'à l'Université de Stanford. La vague d'OVNI touchant depuis fin 1989 plusieurs dizaines de témoins crédibles 155 (des gendarmes, des membres de la SOBEPS et des scientifiques en particulier), la SOBEPS sollicita l'aide de la Défense nationale en janvier 1990. Souhaitant la transparence de sa démarche, le ministre de la Défense en exercice à cette époque, Guy Coëme donna rapidement carte blanche à l'Etat-major de la Force Aérienne de manière à ce qu'il collabore dans la mesure de ses moyens avec les membres de cette association. Pour la première fois au monde, une armée reconnaissait l'activité scientifique d'une association de bénévoles passionnés par le phénomène OVNI.
Après avoir réussi le test d'une crédibilité bien fragile, la SOBEPS organisa un colloque scientifique sur le phénomène OVNI un mois plus tard. Fort de sa rigueur scientifique, l'association de bénévoles 156 conquit rapidement ses lettres de noblesse. En effet, le colloque de Bruxelles rassembla plus de 80 scientifiques belges et étrangers, provenant de l'Université Catholique de Louvain, de l'Université Libre de Bruxelles, de l'Université de Mons, de l'Ecole Royale Militaire, de l'Institut Royal de Météorologie, du CNRS, du CNES, des chercheurs des universités italiennes ainsi qu'un représentant du Parlement Européen, des sénateurs et des membres de l'armée. Tous, physiciens, astronomes, politiciens et militaires ont essayé d'examiner le problème sous un angle objectif et tentèrent de trouver une méthode de travail, des moyens d'actions pour expliquer ces observations.
Pour sa part, l'armée représentée par le Général-major aviateur Wilfried De Brouwer collabora avec la SOBEPS 157 et autorisa les observateurs à se placer sur des pylônes militaires d'où ils pouvaient observer de vastes étendues. Il était convenu que lorsque les observateurs le jugeraient opportun et sur les indications des radaristes, l'armée enverrait immédiatement deux avions F-16 de la base de Beauvechain survoler les zones d'apparition d'OVNI. C'est ainsi que des campagnes systématiques d'observation furent organisées 158 durant le mois de mars 1990. Pendant la nuit du 30 au 31 mars, le radar de bord d'un des F-16 participant à cette mission parvint à faire un "lock
151
Deux ouvrages de 500p font le point sur ces observations, SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", op.cit. 152 Deux articles de B.Thouanel parus dans Science et Vie sont révélateurs : "Les avions-espions qu'on prend pour des "ovnis" (les ailes volantes), S&V 890, 1991, p102 et "L'OVNI : c'est lui" (le F-117 !), S&V 873, 1990, p84 - H.Gallet, "Et si l'OVNI belge était le F-117 américain ?", VSD (F), 3-9 mai 1990 -L'Humanité (F), 7 novembre 1990 - A propos des méprises lire, La Nouvelle Gazette (B), 8 mai 1990, "L'OVNI belge n'est pas un F-117"; 7 novembre 1990, (désintégration d'un satellite ?); 14 mai 1991 (méprise avec un show laser de 4 kW) - M.Bougard , Inforespace, 8, HS, déc 1984, "Leurre de l'indiscernabilité (satellites) - J.Antoine, Inforespace, 80, avr 1991, p8, "OVNI : avions furtifs contre AWACS".
153
Le Peuple (B) du 13 avril 1990. 154 Pravda, 11 avril 1990 -MUFON UFO JOURNAL, 267, 268, 273, 286, 289 - Wall Street Journal, 6 et 10 octobre 1990 - New York City Tribune, 15 novembre 1990 - Stern, 8 mai 1991. 155 Vers l'Avenir (B), 1 déc 1989, "D'Eupen à Verviers, "ils" voient des OVNI partout" -La Libre Belgique (B), 1 déc 1989, "Des extraterrestres dans le ciel d'Eupen ?" - Le Soir (B), 1 déc 1989, "Drôle d'engin lumineux silencieux au-dessus de la Gileppe et de Spa" (cf également Le Soir du 2/3, 5, 6 déc) -L'Avenir du Luxembourg (B), 2 et 3 déc 1989, "Les OVNI persistent et signent" - La Dernière Heure (B), 15 déc 1989, "La chasse aux images exclusives" Le Vif-L'Express (B), 15 déc 1989, "La saison des OVNI". 156 La SOBEPS existe depuis 1971. Son président Michel Bougard est enseignant de profession et son secrétaire général Lucien Clerebaut, est un autodidacte passionné. 157 Emission "Contrepoint" sur RTL le 24 mars 1990 consacrée aux campagnes d'observations de la SOBEPS - La Dernière Heure (B), 25 mars 1990, "La Force Aérienne prend l'affaire au sérieux". 158 Le Jour, Vers l'Avenir et L'Avenir du Luxembourg, 6 mars 1990, "Que faire ce week-end ? Traquer l'OVNI" - La Dernière Heure, 17 et 18 mars 1990, "La SOBEPS chasse l'OVNI" - Le Soir,17 et 18 mars 1990, "Deux journées de chasse aux OVNI".
on" 159 très précis sur une cible non identifiée durant plusieurs dizaines de secondes. Mais arrivé sur place, le phénomène avait disparu. 18 gendarmes au sol avaient vu le phénomène : l'OVNI disparu ou s'éteignit lorsque le F-16 s'approcha de la zone. L'OVNI réapparu lorsque le F-16 retourna à sa base.
Après analyse il semblerait qu’il ait s’agit là, malgré tout ce que nos sens nous laisseraient supposer, d’un effet atmosphérique peut-être lié à une inversion de température 160 .
Ce genre d'incident est aujourd'hui classique. Nous avons vu plus tôt que durant la vague américaine de 1952, l'aéroport de Washington rapporta pendant quinze jours des phénomènes analogues : une fois les avions en vol, les échos radars disparaissaient pour se réallumer aussitôt les avions au sol. Dans un cas, l'un des pilotes eut un contact visuel avec les échos de son radar. Menzel invoqua évidemment une inversion de température.
Durant la vague belge, la Force aérienne joua carte sur table. Ainsi que le rappela le Général-major aviateur De Brouwer 161 :
"Après la première vague d'observations [d'OVNI] du 29 novembre 1989, la Force aérienne a ordonné aussi bien aux contrôleurs radar qu'aux pilotes de combat d'être vigilants et d'éventuellement passer à une procédure d'identification. A cette fin, seuls les moyens existants, c'est-à-dire deux radars au sol et les F-16, devaient être employés. Le but était de vérifier si les OVNI étaient réels ou non. Après confirmation, on passerait au deuxième stade, identifier, et déterminer si la sécurité du trafic aérien était menacée.
La coordination entre les observations au sol et le centre de contrôle radar de Glons posait, à ce propos, le plus grand problème.
La Gendarmerie est l'organisme auquel on pensa immédiatement pour la réaliser. A cet effet, le numéro de téléphone de la station radar de Glons a été communiqué aux brigades de gendarmerie concernées afin que celles-ci puissent informer les contrôleurs quant aux positions géographiques de certains engins observés [...].Tout comme la Force aérienne, la Gendarmerie ne pouvait mettre aucun moyen supplémentaire en oeuvre pour accomplir sa mission [...].
Les F-16 ont effectué plusieurs interceptions aidés par les directives du contrôleur radar de service. Certaines données furent enregistrées par les radars de bord des F-16; leur analyse techniques est décrite dans la contribution du professeur Meessen dans [l'ouvrage publié par la SOBEPS].
La Force aérienne elle-même approche l'affaire avec la plus grande prudence [...]. L'enregistrement de données identiques par trois systèmes différents à des moments donnés nous pousse à ne pas exclure qu'un ou plusieurs appareils non identifiés aient effectivement évolué dans l'espace aérien belge.
Il faut préciser immédiatement que ce fut la première fois qu'on analysa en profondeur des données qui sortent complètement du domaine des performances connues en matière d'aéronautique. S'agissait-il vraiment d'appareils ou avions-nous affaire à une interférence électromagnétique exceptionnelle ?
Les pilotes eux-mêmes n'ont pas eu de contacts visuels concrets [malgré le verrouillage du radar (lock-on)]. Mais, dans sa fonction d'interception, le radar d'un F-16 ne peut pas détecter d'objet statique pour la bonne et simple raison que le système rejette tous les échos d'objets qui se déplacent à une vitesse relative de moins de ±100 km/h. Ce filtrage a été incorporé au système pour éviter que le radar de bord ne repère toutes les voitures ou autres objets au sol et que le radar ne soit donc brouillé par un trop grand nombre d'échos [...].
Du point de vue technique, il était donc impossible de détecter des objets lumineux avec le radar de bord dans le cas où ceux-ci restaient immobiles ou se déplaçaient à faibles vitesses.
Jusqu'à présent, aucune trace d'agressivité n'a été signalée; le trafic aérien militaire ou civil n'a été ni perturbé ni menacé. On peut donc avancer que les activités présumées ne constituaient aucune menace concrète [...].
Comme les experts de la Force aérienne ne pouvaient pas se concentrer complètement sur une analyse profonde de toutes les données vu leurs autres activités professionnelles, toutes les informations ont été remises à la SOBEPS. Cette décision s'appuyait sur la preuve qu'avait apporté cette organisation d'être capable d'une approche objective et scientifique.
La Force aérienne aurait-elle pu faire plus ? Sans doute, mais uniquement à condition d'un effort particulier et de l'engagement de plus de moyens et de personnel [...].
Le dilemme est le suivant : comment peut-on identifier ces OVNI sans l'engagement de moyens supplémentaires alors qu'une telle identification est la condition sine qua non pour justifier leur engagement. Le jour viendra sans doute où le phénomène sera observé avec des moyens
159 Le radar de bord était parvenu à "accrocher" la cible en mode ACM, (Air Combat Mode, le plus précis) durant plus de 29 sec - La Dernière Heure (B), 11 avril 1990; 19 mai 1990 - Le Soir (B), 10 avril 1990, "OVNI, film troublant et armée en chasse".
160
SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.2, p394-414, op.cit.
161
SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, postface, p488, op.cit.
technologiques de détection et d'enregistrement qui ne laisseront aucun doute quant à son origine. Ceci devrait lever une partie du voile qui couvre le mystère depuis longtemps. Un mystère qui reste donc entier. Mais il existe, il est réel, et c'est déjà une conclusion importante”.
Voilà une contribution militaire officielle et une reconnaissance publique de l'utilité d'une association de bénévoles qui ne manqueront pas d'être applaudies et citées à l'avenir en exemple, en prenant soin bien sûr de définir les limites de sa démarche et les erreurs à ne plus commettre.
Pour Auguste Meessen, physicien de l'UCL chargé de dépouiller les comptes-rendus radars, la première conclusion était qu'il y avait bien eu corrélation entre la mesure radar du F-16 et celle d'un radar au sol. Etant donné que les échos répondaient aux mêmes normes préprogrammées (exclusion de l'enveloppe de vol de l'objet, analyse des faux échos en mode "raw video", etc), il devait conclure dans son rapport : "Toute autre hypothèse que celle des OVNI est exclue à pratiquement 100%" et plus loin "Au bout de 20 ans de recherches et de réflexions sur ce phénomène, y compris la "vague belge", je peux dire tranquillement que l'hypothèse extraterrestre est la plus probable".
Trois ans plus tard, une deuxième analyse méticuleuse conduisit A.Meessen a revoir ses positions. Aujourd'hui il ne croit plus dur comme fer à la thèse des "petits hommes verts" et serait plus enclin à évoquer des perturbations d’ordre météorologique. Toutefois certaines observations diurnes relevées en 1990 162 confirmeraient en tous cas, selon les membres de la SOBEPS, "la présence d'un objet matériel au-dessus du Brabant wallon" à cette époque. Mais comme le fait remarquer M.Hallet, "quelle preuves avance-t-elle pour soutenir pareilles affirmations ?" Pour l'heure la Force Aérienne a suspendu sa participation puisque tout est calme au-dessus de la Belgique 163 .
A.Meessen représente l'ouverture d'esprit que devrait avoir tout scientifique. Nous ne sommes pas obligé de le suivre dans la voie extraterrestre - ce que de nombreux chercheurs lui ont reprochés - mais ses explications théoriques méritent que l'on s'y attarde. A.Meessen insiste sur la méthode scientifique et sur le fait qu'il ne faut jamais placer la théorie avant les faits. Les a priori, les préjugés ont des conséquences logiques qui ruinent la réflexion. Il est un fait qu'étant donné que le phénomène est continu, il interpelle aujourd'hui plus que jamais les scientifiques.
En 1991 les notifications d'OVNI "triangulaires" s'accumulèrent en Belgique. Sur l'initiative de L.Brenig, la SOBEPS mis sur pied durant le mois avril une campagne d'observations à long terme, équipant les observateurs d'instruments d'analyse (caméra, amplificateur de lumière et analyseur de spectre). Mais nos amateurs manquent toujours d'outils pour mener à bien leurs projets. Ils n'ont pas de camionnette de transport, ni d'avion léger, ni de caméra infrarouge, ni d'amplificateur d'image, etc. Si les instruments d'analyse parvenaient à détecter un rayonnement particulier ou une forme inhabituelle se serait la preuve suffisante d'une origine extraterrestre. Alors l'ufologie changerait de statut.
En 1979, le professeur Bruce Maccabee, physicien de l'Université de Washington fonda le Fond pour la recherche des OVNI (FUFOR) car il était scandalisé par l'attitude désinvolte des scientifiques : "Bien que l'information soit maintenant disponible disait-il, elle est restée ignorée par la communauté scientifique. A l'évidence on cherche à étouffer le "problème OVNI" depuis belle lurette". Maccabee s'en prenait ouvertement au Dr.Menzel et à toutes les personnes "digne de confiance" qui proposaient des explications globales.
Comme vous l'avez déjà constaté en parcourant ce livre, un certain nombre de scientifiques 164 reconnaissent l'existence du problème OVNI. Le physicien L.Brenig 165 par exemple, spécialiste de la dynamique non linéaire, s'est intéressé au phénomène OVNI pour une simple et bonne raison: "Je ne m'étais pourtant pas intéressé auparavant aux phénomènes de type OVNI. Je classais ce genre de préoccupations dans la catégorie des parasciences pour lesquelles je n'avais, et je n'ai toujours d'ailleurs, que peu d'affinité ! Ce qui changeait était la proximité géographique du phénomène permettant un contrôle personnel des allégations des témoins et éventuellement la possibilité d'observer et mesurer soi-même le phénomène. Les conditions semblaient réunies pour qu'une démarche scientifique soit entamée avec toute la prudence nécessaire
Bien sûr une autre motivation me taquinait. Quoique très sceptique sur les chances d'une rencontre avec des êtres venus d'autres systèmes stellaire durant ma courte vie, je ne pouvais
162
SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.2, ch.10, p394-414. 163 Journal offiicel du Moniteur Belge (Annales Parlemantaires de la Chambre des Représentants), 45, 1991, p2096, "Question de M.Daems au Ministre de la Défense Nationale sur les OVNI en Belgique".
164
MUFON Symposium Proceedings, 1992, “Global Ufology - Wolrdwide cases, official policies and ufological attitudes”, p174-193.
165
SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, p333 et vol.2, ch.11, p433-453.
m'empêcher d'être tenté de vérifier si le moment n'était pas venu...Je suis de ceux qui considèrent qu'une telle rencontre serait un événement majeur pour l'humanité et que, si minime que soit sa probabilité, tout doit être mis en oeuvre pour ne pas le rater.[...]
La curiosité est un vilain défaut sans lequel aucune recherche scientifique n'est concevable. J'y cédai donc avec volupté en maintenant néanmoins mon potentiel de rigueur et de prudence en éveil !"
Si le pari pascalien de L.Brenig est attirant - ignorer et passer à côté d'un élargissement fondamental de notre univers ou agir en espérant comprendre ce phénomène - , il faut en effet garder son sang-froid et être prudent dans un domaine tel que celui-ci. Avant d'échafauder des hypothèses et des explications théoriques rationnelles, il faut définir les limites du problème et réunir suffisamment de données objectives.
Or tous les ufologues reconnaissent que les notifications d'OVNI sont très insuffisantes pour cela ! Il faut aller au-delà du témoignage accidentel. L.Brenig 166 confirme à cet sujet : "Le problème ne peut pas progresser si on se limite aux observations accidentelles. Je suis partisan d'une action volontaire et organisée de collecte systématique de données. Il est nécessaire d'entreprendre des campagnes de détection et de mesures physiques. Ces mesures doivent être complétées par celles provenant de réseaux d'enregistrements automatiques utilisant la télédétection par satellite et par radar. Le premier travail du scientifique n'est pas d'imaginer des théories explicatives mais plutôt de tout mettre en oeuvre pour collecter des mesures physiques et des images fiables du phénomène. Ensuite, après avoir collecté un matériel suffisant il pourra enfin élaborer les hypothèses et les modèles explicatifs !".
166 Communication privée avec l'auteur, janvier 1994.
Cette méthode est la seule qui rendrait crédible auprès des scientifiques des comptes-rendus empiriques, dont la science pourrait enfin se préoccuper sans réticences. Bientôt espérons-le, nous pourrons comprendre ce qui se passe et soulager l'anxiété et l'effroi des témoins.
Mais en entamant cette démarche, on constate rapidement les différences d'approche et les a priori négatifs des personnes susceptibles d'apporter une réponse à ce problème, qu'elles soient civiles ou militaires, et dont la presse se fait l'écho. La plupart des scientifiques ne répondent pas à l'inquiétude du public, prétendant sans même avoir ouvert les dossiers, que les témoins ont été "les jouets de leur imagination !"
D'un autre côté, bien que plusieurs chercheurs soient en faveur de cette étude, en ce qui concerne la vague belge, les physiciens A.Meessen et J.-P.Petit étaient a priori en faveur de la thèse extraterrestre, une hypothèse de travail bien peu scientifique dans le chef de deux chercheurs qualifiés : "Mon attitude écrivit L.Brenig 167 , se démarque de la leur que je respecte pourtant. Tout d'abord, l'explication en terme de visites d'extraterrestres, quoique enthousiasmante, ne s'impose pas en ce qui concerne la vague belge. Pour tout avouer, aucune hypothèse ne me semble émerger plus qu'une autre actuellement". Voilà une attitude qu'il convient d'applaudir, qui ne fait aucunement une relation entre les OVNI et les extraterrestres.
Certains journalistes 168 , intolérants et en mal d'imagination, amplifient le manque d'ouverture et les allégations gratuites de certains "experts" quand ils considèrent les observateurs avec condescendance, les qualifiant de "gentils amateurs d'OVNI", plaçant leur ignorance et leurs préjugés en manchette des journaux. Sans même prendre la peine de reconnaître le courage des scientifiques qui s'attaquent au problème OVNI, à l'image de Science & Vie ils tirent à boulets rouges sur les témoins et les chercheurs rationnels, sans beaucoup d'objectivité. Ainsi L.Brenig écrit : "J'osai écrire une lettre de réclamation au journal (Le Monde) : inutile de dire qu'elle ne fut suivie d'aucun accusé de réception ! Voilà qui nous mène loin du climat de tolérance et d'objectivité qui règne en Belgique".
Se greffe sur cette réticence bien maladroite de certains milieux, la médiatisation d'un tel phénomène. Ainsi que l'écrit Marc Hallet 169 : "La SOBEPS se vante aujourd'hui d'avoir été extrêmement prudente. Faut-il que ses membres aient la mémoire courte quand les journaux et les bandes vidéos sont là pour témoigner très rapidement, MM.Clerebaut et Meessen ont parlé ouvertement d'une vague d'observations d'engin venant très probablement d'un autre monde !". Ces rumeurs tapageuses auprès d'un public crédule et peu informé en matière scientifique ne peut que nuire à la bonne fin d'une telle étude.
Durant la vague belge, L.Brenig 170 a constaté qu'une masse énorme d'appels téléphoniques concernaient des phénomènes qui n'avaient rien à voir avec le ou les OVNI recherchés : "Que de fois des gens nous avaient téléphoné pour nous décrire, en fait, une étoile particulièrement brillante. J'appris à cette occasion qu'une fraction importante de la population ne sait pas que les étoiles se déplacent par rapport à la Terre !" Et de constater, impuissant, en suspens : "Cela est à mettre au "crédit" de la culture scientifique dispensée dans l'enseignement primaire et secondaire de notre pays...". Le public est en effet impatient de conforter ses impressions au risque de se méprendre sur la nature véritable de ce qu'il observe. S'il était scientifiquement mieux informé, s'intéressant un peu plus aux "choses du ciel et de la terre" les enquêteurs devraient dénouer beaucoup moins de méprises et pourraient se consacrer à plein-temps à l'analyse des véritables phénomènes inexpliqués.
En attendant de comprendre ce qui se passe au-dessus de nos têtes, plusieurs chercheurs analysent méticuleusement les données recueillies par les groupements amateurs et les militaires, quand ces derniers le veulent bien. Puisqu'il semble exister certaines relations objectives entre classes de phénomènes OVNI ainsi qu'au sein même d'une catégorie précise, on peut rationnellement s'interroger sur l'origine de ces manifestations.
Parmi les réflexions et les questions qui suivent certaines ont déjà fait l'objet de recherches (référencées), apportant la preuve que ces manifestations sont dignes de l'intérêt des scientifiques. Ayons la curiosité de leur demander ce que nous apportent leurs analyses. Ont-ils des résultats probants et quelles sont les hypothèses pouvant expliquer ces mystérieux phénomènes ?
Méprises
167
SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, p336.
168
J.-F.Augereau, ,"Les visiteurs du ciel", Le Monde (F), 9 mai 1990.
169 M.Hallet, "Le rapport de la SOBEPS : Au sujet de la "vague d'OVNI belge", Ciel et Terre, 107, 1991, p169. 170
SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, p341.
Citons tout d'abord l'hypothèse universelle qu'il s'agit d'une mauvaise interprétation d'un phénomène naturel ou artificiel connu 171 , écartant pour l'instant l'aspect sociologique du problème. N'oublions pas que statistiquement 75% des observations font l'objet de méprises. Plusieurs phénomènes peuvent se "liguer" et produire un OVNI : la réverbération d'une lumière brillante oscillant dans une atmosphère chaude peut provoquer un scintillement coloré, une lumière vive projetée dans votre dos sur de la brume ou du brouillard peut créer des silhouettes étranges et des faisceaux lumineux, etc. Si la personne est psychologiquement "préparée", les extraterrestres se matérialiseront vite !
Parmi les méprises habituelles citons pêle-mêle quelques grandes catégories de phénomènes:
Ceci dit, cette liste n'est pas exhaustive et même un nuage d'eau libéré par une cheminée de refroidissement d'une centrale nucléaire peut, dans une atmosphère calme et limpide, prendre une forme ovoïde et se déplacer lentement au gré des vents pendant quelques minutes.
Il est évident qu'il faut comprendre ces méprises dans le sens où chaque phénomène touche certaines manifestions d'OVNI bien particulières. Il faut pour cela effectuer un travail d'enquête minutieux sur le terrain et prendre en considération toutes les données disponibles, c'est-à-dire non seulement les témoignages, mais également les paramètres météos, astronomiques, astronautiques, etc. Vénus n'a jamais empêché un moteur de tourner mais a déjà fait tourné la tête de quelques pilotes.
Comme nous l'avons dit, c'est votre expérience de l'observation, votre culture et votre sens critique face à la réalité qui pourront vous aider à faire la part des choses. Des spécialistes viendront ensuite expertiser la situation. A défaut de bénéficier de la science infuse, ne vous étonnez pas, comme tout le monde, de vous méprendre quelquefois en prenant des vessies pour des lanternes. Reconnaître que l'on se trompe est un signe d'intelligence.
Maintenant, il ne faut pas non plus concevoir de méthode "à la Condon", et tomber sur l'écueil consistant à utiliser ce genre de confusion comme une "recette" pouvant expliquer tous les phénomènes. La plupart des gens ont heureusement du bon sens, même s'il s'agit de méprises. Lorsque certains pilotes d'avions pensent que l'OVNI qu'ils voient est un reflet, ils s'en assurent en cherchant par exemple un angle de réflexion qui leur permet de s'en débarrasser, d'autres plongent en piqué pour s'assurer que la position relative de l'OVNI se modifie ou éteignent l'éclairage de leur cockpit pour s'assurer qu'il ne s'agit pas de lumière parasite. Des photographes amateurs ont la précaution de signaler leur observation à des astronomes ou discutent avec des physiciens pour tenter d'expliquer ce qu'ils ont pu voir. Enfin, dans la plupart des cas, les scientifiques doutent d'eux-mêmes et se posent des questions, confirmant leur honnêteté intellectuelle.
171 B.Thouanel, "Science et Vie", 890, 1991, p102; 873, 1990, p84 -I.Ridpath, "The Skeptical Inquirer", automn 1986 - J.Oberg, "The Skeptical Inquirer", winter 1978. - V.Mézentsev, "Phénomènes étranges dans l'atmosphère et sur la Terre", Mir, 1970, etc.
172
MUFON Symposium Proceedings, 1992, p133-165, J.Sainio, “Photo analysis : a pictorial primer”.
Echos radars
Sans discréditer les témoins, les signaux radars si déconcertants sont peut-être de faux échos, ce que l'on appelle des "anges", un phénomène connu des radaristes 173 , dû par exemple à des inversions thermiques (détente non adiabatique, mirage et cellules convectives). Plusieurs phénomènes astronomiques peuvent occasionnellement altérer les communications radioélectriques dans l'ionosphère. Les perturbations radios engendrées par l'activité solaire 174 par exemple, sont capables de provoquer des échos répétés et décalés en fréquence entre 60 et 600 MHz. Les aurores, qui sont la manifestation visible des particules chargées du vent solaire piégés par le champ magnétique terrestre, peuvent provoquer beaucoup de parasites sur les fréquences décamétriques et transporter des signaux de haute fréquence à des centaines de kilomètres de leur source d'émission.
L'ionisation des gaz autour de la traînée des météores a également la propriété de réfléchir les ondes-courtes. Ces zones ionisées se situent à une très haute altitude, dans les couches D ou E de l'ionosphère et réfléchissent les ondes radios pendant une durée qui varie selon la densité des particules, pouvant aller jusqu'à plusieurs minutes avec une puissance qui peut dépasser plusieurs dizaines de décibels au-dessus du bruit normal s'il s'agit d'un bolide (c'est ainsi qu'il est possible d'établir des communications intercontinentales en ondes décamétriques en "sautant" d'un météore à l'autre). De tels nuages d'ionisation temporaire peuvent perturber les systèmes radars et peuvent évoluer au gré des vents s'ils se manifestent dans la troposphère. Les "anges" peuvent également être des signaux mal filtrés par les systèmes informatiques, des bancs d'étourneaux, des nuages de grêle ou des nuages très humide par exemple. Mais ils n'ont pas les mêmes durées que ces leurres ni les mêmes propriétés.
Les échos radars relevés par les pilotes de chasse avec contacts visuels au sol par exemple, semblent voler à des vitesses fulgurantes. En quelques secondes ces OVNI atteignent des vitesses supersoniques sans provoquer d'onde de choc 175 ou subir de réaction thermique; ils peuvent se déplacer verticalement sur plusieurs milliers de mètres et supporter une accélération de plusieurs centaines de "g" durant quelques secondes, a priori sans dommages ! Les échos s'éteignent lorsqu'ils sont repérés et réapparaissent lorsque l'avion de reconnaissance retourne à sa base. Lorsqu'un radar de bord est verrouillé sur l'un de ces échos, l'ordinateur pouvant effectuer une série de mesures dynamiques, la cible change d'ordinaire instantanément de cap et d'altitude sans que les pilotes ne puissent la suivre. Un tel comportement d'évasion semble intelligent mais il est inexplicable en vertu des lois de la dynamique que nous connaissons. Selon A.Meessens 176 il s’agirait “d’anges” à persistance exceptionnelle, explication beaucoup plus logique que celle des extraterrestres !
A l'inverse, les observations d'OVNI stationnaires ou très lents (20 km/h) de grandes tailles vont à l'encontre de tous les principes de l'aéronautique, mis à part les propriétés particulières de nos hélicoptères, des avions à décollages verticaux ou des dirigeables. Mais tous les engins volants connus prennent appui sur l'air. Ils créent des turbulences et dégagent de la chaleur. Les "plus lourds que l'air" font également du bruit, autant d'effets que ne provoquent pas les OVNI, bien au contraire 177 .
Les prototypes
Venons-en justement aux prototypes d'appareils volants en tout genre. Une nouvelle fois la réalité ne se trouve pas là où on l'imagine. Depuis que l’homme a appris à construire des machines volantes, les spécialistes de l'aéronautique savent que l'armée, les grandes agences gouvernementales et certains industriels procèdent à des vols d'essais de divers prototypes d'appareils.
173 Concernant les échos radars : P.James, "Radio Science", 15, 1980, p147 - V.Plank, Geophysical Research Paper, 52, p117, 1956; 62, p51, 1959 (les anges atmosphériques)-C.Vaughin, Proceedings of IEEE, 73, p205, 1985 (la signature radar des oiseaux et des insectes) - D.Fritts et al., "Radio Science", 20, 1985, p1247 - K.Gage et B.Balsley, "Radio Science", 15, 1980, p243 -E.Gossard et al., "Journal of Geophysical Research", 75, 1970, p3523 - K.Hardy et al., "Journal of the Atmospheric Science", 26, 1969, p666 - D.Atlas, Radio Science Journal of Research, 69D, p871, 1965 - J.Land et R.Weadows, "Nature", 197, 1963, p35 - D.Hay et W.Reid, Canadian Journal of Physics, 40, p128, 1962 (les anges radars dans la basse troposphère) - "Electronics", 31, 14 mars 1958. 174 Cf l'ouvrage consacré au Système solaire, "La banlieue terrestre" (le Soleil et Histoire d'impacts).
175 Lors d'un lock on effectué à bord d'un F-16, un écho passa en 4 secondes de 570 à 1010 noeuds (1000 à 1700 km/h) et chuta de 6000 pieds (de 3000 à 1200 m d'altitude) sans produire le "bang" caractéristique en passant le mur du son.
176
SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.2, p394 et suivantes. 177 Durant la vague belge, la plupart des témoins ont signalé une absence totale de bruit, alors qu'ils entendaient bien le bruit des avions. Dans certaines notifications d'OVNI les témoins ont entendu un léger bruit électrique et exceptionnellement un bruit infernal. Lors des rencontres rapprochées, ils n'ont par contre jamais ressenti de turbulence sous l'OVNI. Certains témoins ont ressenti un rayonnement chaud ou senti l'odeur de la chaleur.
En 1912 déjà, Amos A. Wyckoff construisit à Oakland en Californie un “aéroplane dirigeable” constitué d’une soucoupe gonflée à l’hydrogène maintenue dans une structure tubulaire et disposant d’une petite dérive.
Selon W.Harbinson, auteur de la nouvelle “Genesis”, les scientifiques allemands auraient construits une soucoupe à la fin de la Seconde Guerre mondiale sur le site de BMW à Prague. Elle aurait effectué un vol test en février 1945. Malgré la réussite du projet, l’objet fut apparent détruit lorsque la ville tomba aux mains des Alliés. Selon Harbinson, la soucoupe était propulsée par un moteur à réaction. Elle mesurait 40m de diamètre et était surmontée d’une coupole centrale faisant office de cockpit. Des ailes orientables se déplaçaient autour du dôme. L’information semble avoir été confirmée et recoupée par les forces armées britanniques et américaines qui envahirent les bases secrètes allemandes en 1945.
En 1945 et 1946 Northrop Aeronautical construisit plusieurs ailes volantes en forme de boomerang, baptisées N1M, N9M, MX-324, XP-79 et XB-35. Les deux premières présentaient les caractéristiques de vol des futurs B-35 et B-49 et volaient à une vitesse subsonique. La N9M, d’une envergure de 20m, ressemblait en vol à une manta. Elle transportait une personne et fut utilisée pour entraîner les pilotes de B-35 et les stylistes. Le prototype MX-324 utilisait un moteur-fusée mais n’eut pas le succès escompté car il manquait de puissance. Le prototype XP-79 surnommée “Flying RAM” volait à plus de 800 km/h. La XB-35, très spectaculaire, était un bombardier équipé de 4 moteurs propulsifs à double hélice. Ce fut la plus grande aile jamais construite.
La firme d'aéronautique Gray Goose Corporation, fondée par Jonathan E.Caldwell à Baltimore, mis également au point deux soucoupes-hélicoptères dont la superstructure était recouverte de toile, propulsées par un rotor et disposant d'un empennage de plus d'1.5m de hauteur. Mais ces machines volantes ne volaient pas à plus d'un dizaine de mètre d'altitude pendant quelques minutes. Elles furent retrouvées en pièces détachées en 1949.
Citons également le prototype en demi-lune, le V-173 “Flying Flapjack” de Chance Vought. Il s’agissait d’un avion à hélice. A l’arrière de l’aile porteuse était fixés deux flaps et deux petites dérives d’où il tira son surnom. On n’en construisit qu’un seul exemplaire. Il vola en 1952 mais manquant de puissance, il restait très lent.
L’allemand Jaeger construisit une aile delta à réaction baptisée P-13. Caractérisée par des angles très arrondie, elle disposait d’une dérive assez importante mais n’a probablement jamais dépassé le stade expérimental. On estima sa vitesse entre 2400 et 3500 km/h. Ce fut en fait une RAM Jet sans partie mobile.
Dans les années 1960, la Marine américaine et l'Armée de l’air canadienne développèrent plusieurs avions originaux, les uns en forme d'aile volante, les autres en forme de soucoupe et propulsés par une turbine centrale. Le modèle le plus connu est l'AVRO DISC VZ 9V ou sa copie l’AVRO AV-7055 “Avrocar” construite par la société canadienne A.V.Roe spécialisée en ingénierie aéronautique. Il s’agissait d’une soucoupe biplace carénée de métal à réaction. Ses performances étaient toutefois médiocres. Elle fit son premier vol en 1960 et fut abandonnée en 1965 car elle n’a jamais put s’élever au-dessus de la clôture de l’aérodrome. Elle manquait cruellement de stabilité et ne se déplaçait, avec hésitations, qu’à quelques dizaines de centimètres du sol. Elle n'atteignait que 65 km/h. Une autre soucoupe, américaine celle-ci, le modèle XF-5-U ne vola jamais.
En 1959 Otis T.Can de Baltimore essaya de construire une soucoupe de 13.5m de diamètre mais devant les difficultés il abandonna finalement son projet. A la même époque l’ingénieur
mécanicien Paul S.Moller de l’Université de Californie à Davis projeta également de construire une soucoupe. Après 20 ans d’effort, son projet aboutit avec le prototype Moller 200 X. Munie de neuf propulseurs, d’un mince arceau de sécurité et d’une caméra, il vola en 1986 et atteignit la hauteur de 12 mètres.
En 1962, le français Jean Grimaldi construisit une soucoupe en Normandie équipée de deux propulseurs verticaux et deux propulseurs horizontaux. Son constructeur proclamait qu’elle pouvait voler à 150 km/h.
Au milieu des années 1960, la NASA et la société anglaise Westlands plc développèrent à leur tour plusieurs prototypes de soucoupes volantes, les unes télécommandées et équipées d'une grande voilure circulaire, les autres ovoïdes, à double système de rotor externe. Toutes étaient reconnaissables par la population dans la mesure où celles qui dépassaient les limites des centres d'essais devaient porter une immatriculation officielle.
Parmi les autres projets, à la fin des années 1960 Nick Stasinos, élève de Northrop construisit pour le musée de Ripley à New York une soucoupe baptisée “Experimental N.S.97”. Très aérodynamique elle ne fut cependant pas construite dans le but de voler.
De l’autre côté du “mur de fer”, l’URSS ne demeura pas en reste et imagina des prototypes fantastiques. En 1957, soit 11 ans après les premières notifications d’OVNI au-dessus de l’Union soviétique, le magazine “Sovietskaya Rossiya” 178 publia le dessin d’une soucoupe en cours de construction. Ce n’était rien d’autre qu’un objet circulaire muni de quatre prises d’air. Rien n’indiqua par la suite qu’elle vola. Mais étant donné qu’elle précéda l’avènement de la conquête spatiale soviétique, il put s’agir de propagande précisément orchestrée. Le Pr.S.Zonshtein 179 qui participa à sa construction disait en effet à ce propos : “Les soucoupes volantes existent et les Russes en ont!”
En 1964 l’organe de vulgarisation scientifique “Techologie et Jeunesse” du Komsomol (Comité Central de l’Organisation de la Jeunesse Communiste) tirait en couverture de son deuxième numéro “Une soucoupe volante ? Oui !” On y trouvait dans les pages intérieures un article signé d’un certain M.Suchanov intitulé “L’homme maîtrise la gravité”. Il divulguait les secrets d’une soi-disant découverte scientifique. Il s’agissait d’un immense disque à réaction capable d’emporter des passagers d’une ville à l’autre. Assez anachroniquement, ce gigantesque disque futuriste disposait encore d’un nez et d’un fuselage conventionnel, comme si une soucoupe volante s’était glissée par erreur dans un avion long courrier ordinaire.
Ce type de profil était connu en occident depuis plus de 20 ans mais fut abandonné en 1942 pour la simple raison que des moteurs à réaction ou turbopropulsés rendaient une aile circulaire impropre au vol. Seule donnée intéressante, l’article semblait indiquer que des témoins soviétiques connaissaient les caractéristiques de vol des OVNI. Il mentionnait par exemple la succion de l’air par le champs gravitationnel d’un avion, et la contre-réaction sous certaines conditions de vols, phénomènes qui ne seront pas étudiés outre-Atlantique avant 1953-54 par des spécialistes tels le Dr.Smith ou le Dr Oberth.
Le magazine “Technologie et Jeunesse” réimprima ensuite un article publié en 1960 dans Aviation Week 180 qui listait les différents programmes de recherche sur la gravité entreprise dans ce pays. Ces programmes subsistèrent quelques années puis firent long-feu. En fait rien de concret n’en sortit jamais.
Après réflexion, cette propagande soviétique était à l’image de celle du Pentagone. En 1953 par exemple, le personnel de l’Air Force Intelligence recevait un manuel intitulé AFM 200-3 contenant des illustrations de soucoupes volantes afin qu’ils se familiarisent à leurs différentes formes. L’article américain était intitulé “AF Intelligence Manual Shows Flying Discs... Never made public before”. Suivait quelques commentaires de pilotes ayant observé ces OVNI.
En fait tous ces documents indiquent que les soviétiques étaient face à la même problématique que les Etats-Unis ou les autres pays. Bien que les objets allégués soient considérés la plupart du temps comme des hallucinations, les notifications d’OVNI étaient bien prises en charge par les autorités dans le plus grand secret.
En 1994, Science & Vie 181 publia la photographie d’une soucoupe volante soviétique conçue du temps de la guerre froide. Son nom de code : Ekip L1. Elle ressemblait à une carapace de tortue de 15m de large sur 11m de long, sur laquelle on avait accolé deux petits flaps sur les côtés et deux dérives d’avion à l’arrière. Cet objet cocasse disposait de deux prises d’air à l’avant. Des turbines assuraient l’éjection du flux sur l’extrados, provoquant une aspiration d’air sur la partie supérieure du profil. A haute vitesse la portance était assurée par le déplacement même de la
178 Sovietskaya Rossiya, 5 oct. 1957. 179
F.Edwards, “Flying Saucers - Serious Business”, op.cit., p276 180 Aviation Week, 15 Aug. 1960. 181 G.Chambost, “De vraies soucoupes volantes”, Science & Vie, 921, juin 1994, p125-6.
soucoupe. Une partie du flux entrant était également orientée vers le sol, permettant à l’Ekip d’atterrir et de décoller sur quelques centaines de mètres.
Testée au centre astronautique de Saratov, ce modèle est aujourd’hui à sa troisième génération : Ekip L3 mesure 36m d’envergure pour 25 m de long et pourrait transporter 400 passagers à des vitesses de l’ordre de 650 km/h, une altitude avoisinant 10000m et sur une distance de 8000 km. Pardons du peu. Décidément les soviétiques ne manquent pas d’imagination.
Fin 1995, le magazine Scientific American 182 publia la photographie d’une soucoupe en forme d’anneau mise au point par Sikorsky Aircraft, de 2m de diamètre et 60cm d’épaisseur, montée sur 3 béquilles. Equipée de deux rotors coaxiaux à quatre pales, le Cypher était actionné par un moteur deux temps de 52ch. Capable de décoller verticalement, il pouvait atteindre 2400m d’altitude et parcourir 30 km. Son intérêt résidait avant tout dans le fait qu’il pouvait être équipé de caméra de surveillance et d’un radar, le rendant indispensable pour surveiller des sites inaccessibles aux autres véhicules aériens sans pilotes (UAV).
Le même numéro publia la photographie d’un prototype de soucoupe lenticulaire construit par Lockheed Martin et Boeing. Aucune information technique n’a cependant filtré. Cette photographie me rappela le Thermoplane ALA-40 soviétique : une soucoupe volante géante lenticulaire des plus traditionnelles, de 40m de diamètre mais... bien terrestre !
En 1998 la chaîne de télévision BBC World diffusa une rétrospective sur le sujet dans son émission Future Fantastic. L’actrice Gillian Anderson (Scully) présenta en autres choses des prototypes de soucoupes volantes. L’un des modèles faisait une cinquantaine de centimètre de diamètre et était propulsé par un puissant rayon laser tandis qu’une autre soucoupe, d’environ 1m de diamètre, se maintenant en l’air grâce à la force d’un champ magnétique. Mais vu leurs dimensions, aucun modèle ne pouvait transporter de passager. Ces engins étaient encore loin de pouvoir remplacer les avions conventionnels.
Observé en vol ou sur le sol, le cas échéant tous ces prototypes bizarroïdes pouvaient laisser des traces analogues à celles décrites par les témoins d'observations d'OVNI. Mais tous ces objets présentaient des caractéristiques bien de chez nous : rotor, hélice, voilure, tringles, empennage, cockpit, train d'atterrissage, etc. A distance toutefois, ils pouvaient donner l'impression d'être extraterrestre 183 .
Les avions furtifs
Aujourd'hui, alors que la population est plus éveillée qu'il y a quarante ans, plus critique et mieux informée, pensez à celui qui voit pour la première fois un avion-espion Northrop TR-3 Black Manta (celui qui participa probablement aux opérations "Desert Storm" en Arabie Saoudite en compagnie des F-117A) ou un Avenger II de McDonnell-Douglas. Vous ignorez probablement quelle forme ils peuvent avoir car seuls les spécialistes connaissent les silhouettes et les performances de ces deux avions furtifs stratégiques. Observés en vol, ils ont l'aspect d'une aile triangulaire aux bords arrondis et présentent un profil très peu épais; volant à des vitesses supersoniques, éclairés à contre jour et réfléchissant le Soleil ou volant de nuit, on peut facilement les prendre pour des "OVNI". A courte distance cependant, de jour comme de nuit, leur origine ne fait plus aucun doute. Couvert d'une peinture claire ou foncée, ils sont équipés de petits feux de navigation blancs, rouges ou ambres en bout d'aile, d'un petit clignotant rouge sur l'intrados et de puissants feux d'atterrissage. Ils sont loin de faire leurs approches en silence (les derniers modèles restent toutefois sous les 100 dB). Aujourd'hui, avec un peu d'habitude chacun reconnaîtrait un SR71, un F-117A ou un B2 en vol, comme il peut reconnaître un AWACS ou un autogire.
Mais l'objet de ce livre n'est pas de démontrer que les "Black programs" participent aux vagues d'OVNI et auraient pu servir à tester la réaction de la population ainsi que l'a écrit Bernard Thouanet 184 . Il faut simplement savoir que ces programmes existent (son article est par ailleurs intéressant à ce sujet) et qu'il n'est pas impossible d'observer de tels engins, principalement au Nevada et en Californie, au-dessus des bases d'Edwards et de White Sands ou, si vous avez de la chance, lors d'exercices de nuit dans les régions de Reno, Las Vegas, Los Angeles, San Francisco, Lancaster ou Palmdale. D'anciens modèles peuvent être présentés à l'occasion des salons de Farnborough (GB) ou du Bourget (F). Exceptionnellement, en étant équipé de moyens ad hoc, au Nevada des spécialistes en ont observé en haute altitude (10-15000 m) volant entre Mach 0.9 et Mach 5 dans des régions peu surveillées. Ayant un rayon d'action compris en 5 à 12000 km, ces avions furtifs peuvent également passer au-dessus de votre tête sans que vous le sachiez, observant les régions du globe géopolitiquement chaudes. Certains sont reconnaissables aux contrails particulières qu'ils laissent derrières eux, mais la plupart du temps l'atmosphère n'est pas
182 Scientific American, 273, 6, Dec 1995, p76. 183
Penser également à celui qui voit pour la première fois une personne équipée d'un propulseur individuel, d'une combinaison antifeu ou anti radiation. "Look Martien" garanti ! 184 B.Thouanel, "Les avions-espions qu'on prend pour des "ovnis"", Science et Vie, 890, op.cit.
suffisamment humide pour qu'ils signent si facilement leur passage, sans oublier que les ingénieurs ont tout imaginé pour qu'ils passent inaperçu (additif dans le carburant pour réduire la traînée de condensation, réduction des signatures infrarouge, électro-optique et radar). Enfin, ne soyez pas (trop) étonné de voir passer toute une escadrille d'ailes triangulaires à grande vitesse : le 1er Wing de Whiteman dans le Missouri dispose de 132 avions furtifs B2 !
Il n’est donc pas exclu, ainsi que nous l’avons déjà évoqué, que certains OVNI triangulaires observés ces dernières années soient en réalité des avions furtifs. Il serait intéressant de réaliser une étude sur la relation éventuelle qu’il y aurait entre les périodes durant lesquelles des OVNI triangulaires sont signalés et les dates des frappes armées dans les pays du Moyen-Orient, de l’Europe de l’est ou d’Amérique latine. Je crois personnellement que cette relation existe sans qu’elle corrobore pour autant toutes les manifestations d’OVNI. Cela dit, si les faits sont patents, rien n’explique la raison pour laquelle un pilote militaire survolerait des petites villes et mêmes des villages durant plusieurs minutes ainsi que l’on observé les témoins durant les manifestations d’OVNI de 1990 et 98 en Belgique et en France. Ce comportement, sans parler des caractéristiques de vol de ces OVNI, ne cadre ni avec le plan de vol d’une mission militaire ni avec le comportement en vol d’un avion militaire connu.
En ce qui concerne la vague belge, tous les ingénieurs en aéronautique vous diront qu'il est impossible qu'un biréacteur ou tout objet de 15 m d'envergure, pesant 30 tonnes, ayant 15 tonnes de poussée puisse voler à 20 ou 80 km/h ou faire du vol stationnaire. Il aurait autant de performance qu'un fer à repasser ! Quant au fameux F-117A qui a certaines ressemblances superficielles avec l'OVNI triangulaire, les journalistes qui ont vu l'un n'ont certainement pas vu l'autre. Savent-ils que les OVNI triangulaires ne présentaient pas la queue d'hirondelle typique de l'avion furtif ? Ces soi-disant journalistes ont-ils seulement pris contact avec la SOBEPS, ont-ils pris connaissance du dossier ou n'est-ce que la paresse intellectuelle qui les a guidé ? Je crains qu'une fois encore leur démarche n'ait pas été très objective... Car il faut également savoir qu'un avion furtif de cette génération est paradoxalement très bruyant et le F-117A effectue ses approches à environ 280 km/h !
Plusieurs témoins ont vu un OVNI qui parvenait à se maintenir immobile malgré un vent de tempête. Si certains avions monoréacteurs peuvent voler très lentement, ils sont alors cabrés un court instant à la limite du décrochage : c'est la figure de cobra qu'affectionne le public lors des meetings aériens. Quant à supposer comme l’on écrit certains journalistes de Science et Vie que les OVNI dressés verticalement étaient des avions furtifs en position de cobra... je préfère ne pas relever leur remarque mais je reste pantois devant si peu de sens critique. A leur charge ils devraient savoir que si les pilotes d'essais s'aventurent parfois dans de telles acrobaties sur des jets mono ou plus couramment biréacteurs, il s’agit d’une figure très risquée, tant sur le plan technique que humain, qui ne se réalise jamais sans l’approbation des autorités militaires et encore moins dans de mauvaises conditions météos.
Les plus légers que l'air
Si certains se sont parfois amusés à lancer des ballons lumineux pendant la nuit en attendant la réaction du public et des médias, la plupart des OVNI n’obéissent pas à la dynamique de vol des plus légers que l’air.
Pour expliquer la lenteur des déplacements des OVNI ou leur silence, l'hypothèse du dirigeable est peu crédible car le montage d'une telle structure ne passerait pas inaperçu et si même il l'était, le matériel embarqué serait bien trop conséquent quand on le compare à certaines observations qui relatent des OVNI grands comme des terrains de football ou des courts intérieures d'usines.
L'idée du dirigeable ne peut cependant pas être écartée. Il est toujours possible de monter une telle plate-forme volante car elle procure bien des avantages pour la surveillance ou les opérations aéroportées.
De tels dirigeables ont été construits un peu partout dans le monde, sans parler des nombreux dirigeables publicitaires. Parmi les prototypes originaux, citons l’Aereon 26 et l’Helitruck du canadien L.R.Vivian Associated Ltd, deux dirigeables à structure rigide, sans oublier le ballon géant de Goodyear Tire & Rubber Company.
Mais si cette explication s'applique à certaines observations de la vague belge, elle n'explique pas les phénomènes lumineux. Cette hypothèse tombe à son tour lorsqu'il s'agit d'expliquer les accélérations soudaines des OVNI, phases durant lesquelles aucune structure membranaire ne peut résister.
Les dirigeables étant disqualifiés, reste les "coucous" de nos grands-parents ou un ULM sophistiqué. Nous savons tous que ces appareils sont bruyants et leur vitesse ne dépasse pas quelques centaines de km/h. Même à leur vitesse de croisière les haubans et la voilure sont toujours forts sollicités et subissent les aléas des conditions météos. Ils ne peuvent en aucun cas rivaliser avec les prouesses des OVNI. Ils ne disparaissent pas non plus en plein vol après avoir été accroché par un radar de bord de F-16 et ne virent pas de 90° en l’espace de quelques secondes ! Il faut donc chercher l'explication ailleurs.
Toute la lumière
L'éclairage 185 pose également d'autres difficultés. Jamais les avions n'utilisent de lumière mobiles, qui tournoient comme un chenillar autour de la structure ou vont et viennent à partir du centre de l'aile, s'écartent physiquement de leur structure pour explorer le sol en-dessous d'elle ou, projettent un faisceau lumineux tronqué à son extrémité. Aucun feu anti-crash ou de navigation ne change de couleur, passant du bleu clair à l'orange avec une période de 2 secondes ou de bleu vire au rouge lorsque l'engin accélère. Aucun avion ne ressemble à une boule de feu verte ou rouge dans un ciel clair, et même si cela était envisageable “sous certaines conditions de réfraction atmosphérique pouvant créer temporairement une aberration chromatique” - avis de l'US Air Force -, l'objet aperçu ne resterait pas immobile près des témoins fort longtemps ou ne ferait pas un va-et-vient au-dessus de l'horizon à plus de 1000 km/h ou des piqués à 2700 km/h...
Devant les descriptions répétées d'objet "brillant" et "énorme" ou "allant à une vitesse fulgurante", l'hypothèse qu'il ait pu s'agir de Vénus, d'un météore sporadique ou d'une balle de tennis fluorescente (!) s'écroule à son tour sous les témoignages.
Enfin, n'oublions pas de dire que les risques encourus par les OVNI sont multiples : de façon générale des OVNI ont eu la témérité de suivre une route d'abordage, évitant de justesse la collision avec des avions de chasse ou des avions de ligne (les fameux “airmiss”), certains ont blessé mortellement des témoins, d'autres sont entrés et sortis de la mer ou ont pris l'air pendant des tempêtes, ils se sont arrêtés au-dessus des villes, sont passés sous des lignes à haute tension, au-dessus des cheminées de refroidissement des centrales nucléaires ou ont pénétré sans y être invités dans l'enceinte des bases militaires, parfois secrètes, ou dans les centres névralgiques de l'OTAN. Les risques d'électrification, la turbulence, la panne ou l'emprisonnement n'en valent pas la chandelle. Ceci pose la question des mobiles qui sous-tendent les cas réellement énigmatiques. Nous y reviendrons dans un instant.
Quelques initiatives
Que peut-on ajouter de plus quand toutes nos explications s'écroulent ? Ces descriptions vous ont convaincu, je l'espère, de la nécessité qu'il y a d'étudier les OVNI, objectivement et sans idées préconçues. Il n'est pas dans mes attributions de définir le champ de recherche des scientifiques ni même de leur dire sur quels sujets ils devraient se pencher. Chacun sait que le scientifique défend âprement sa liberté et tolère difficilement une autorité. Loin de moi donc cette idée. Interrogeons-nous seulement sur les quelques indices que nous avons pu relever au fil de la compilation des différentes notifications d'OVNI. Comme nous en avons déjà eu l'impression en analysant diverses statistiques, elles font ressortir, comme il fallait s'y attendre d’un phénomène réel, une certaine invariance dans les descriptions qui ne sont certainement pas fortuites.
Voici quelque sujets de réflexion qui ont parfois aboutit à des recherches précises en la matière : -Que savions-nous au début du siècle de l'influence du rayonnement infrarouge sur l'image latente des émulsions photographiques 186 (l'effet Herschel) ?
185 M.Persinger, Science & Vie, 932, 1995, p82; Fate, july 1986 (effet piézo-électrique) - Y.Ohtuski et H.Ofuruton, Nature, 350, 1991, p139 (météores de plasma) - "Phénomènes Spatiaux", 11, (source des lumières rouges et bleues).
186
SOBEPS, ""Vague d'OVNI sur la Belgique", op.cit. - J.Herschel , Phil. Trans. of the R. Soc., 131, 1840, p1. 187 A.Meessen, Inforespace, 10, 1973, p30; 9, 1973, p10; 8, 1973, p31 - Travaux de Jean Goupil, cité dans J.-C.Bourret, "La nouvelle vague des soucoupes volantes", op.cit., p201.
- Comment expliquer qu'un peu partout dans le monde des témoins décrivent des OVNI évoluant comme des "feuilles mortes" ou "sautillant comme une soucoupe ricochant sur l'eau" ? -Y a-t-il une corrélation entre la description d'OVNI en forme de V, de "triangles" ou de "boomerang" et certains frappes armées de l’ONU ou des Etats-Unis ? -Comment décrire la relation qui semble exister entre les accélérations soudaines des OVNI et leur changement de coloration ?
-N'y aurait-il pas une relation entre l'effet piézo-électrique pouvant apparaître suite à un tremblement de terre et certaines lueurs évanescentes que certains ont pris pour des OVNI ? -Quelle est la source de toutes ces "lumières", s'agit-il d'une fluorescence, d'une phosphorescence, d’une action chimique, d’un effet de loupe ? -La foudre, les couronnes électriques, le feu de saint Elme ou les feux follets peuvent-ils expliquer toutes les "boules lumineuses", colorées, ne laissant pas de traces ni d'odeurs ni bruits, même par ciel clair ? -Les cônes lumineux tronqués peuvent-ils être induits par des émissions de très basses fréquences ? -Est-il possible d'entretenir des plasmas lumineux de grande dimension au moyen de générateurs “portables “ ?
- Y a-t-il une relation entre les "lumières vertes" et les effets "meurtriers" constatés sur certains témoin touchés par des "rayons verts" ?
Qu'a donc découvert le Pentagone depuis qu'il enquête sur tous ces événements, tant sur son territoire qu’à l’étranger ? Est-il aussi impuissant à cerner ce phénomène qu'il semble le dire ? Si tous les scientifiques assaillaient les autorités officielles de questions de ce genre et que ces derniers les relayaient sous forme de questions parlementaires à leurs dirigeants, je pense bien que nous en saurions un peu plus.
Autant de questions pour un sujet qui ne mérite soi-disant pas d'être étudié, reconnaissons que cela fait beaucoup. Il est malheureux de constater qu'il fallut attendre des vagues de notifications d'OVNI pour que les scientifiques les plus ouverts tentent de rapprocher ces théories et les phénomènes extraordinaires observés ou enregistrés par les témoins. Reconnaissons ici l'utilité des associations bénévoles, à défaut d'avoir trop peu de professionnels sous la main. Ce n'est pas faute de ne pas le savoir; la matière de leurs recherches est là, disponible; elle n'attend que leur bon vouloir depuis un demi-siècle, que dis-je, depuis l'éveil de notre conscience !
n marge du débat strictement scientifique sur le problème OVNI et de la collecte des mesures physiques, Uranie, la muse de l'astronomie ne pouvait pas rester indifférente devant notre perplexité. Ainsi que nous allons le voir, les découvertes de l'astronomie peuvent nous apporter quelques éléments d'explications, tout en restant bien dans les limites de la connaissance rationnelle. Cette parenthèse n'est pas inutile car l'astronomie est le seul domaine en dehors de la physique et de la biologie qui, par ses découvertes, est en relation directe avec notre sujet : la vie dans l'univers existe-t-elle, est une question qu'elle essaye de résoudre depuis longtemps.
Si l'hypothèse de l'existence d'une civilisation extraterrestre est peu appropriée au débat qui nous occupe, les progrès scientifiques nous forcent à énoncer des idées qu'un homme du siècle passé ne pouvait même pas imaginer. A notre tour, nous sommes bien incapables d'imaginer ce que sera la technologie du futur. Par contre certaines conclusions s'imposent déjà, grâce auxquelles nous pouvons véhiculer des idées qui orienteront la recherche de demain. Si pour une personne sur deux le mot OVNI équivaut à extraterrestre, c'est bien la preuve qu'il est difficile de se faire une opinion. Pour le scientifique il n'existe pas immédiatement de relation entre ces deux concepts. Certains auteurs spécialisés en bioastronomie ont écrit que la probabilité que nous soyons visité est nulle tandis que les chances qu'elle soit différente de zéro ne sont pas très élevées. Dans ce genre de domaine, se hasarder à estimer une probabilité devient une chose extrêmement suspecte. Cela dit, ces chercheurs ont pu recourir à cette idée parce qu'il n'y avait aucune autre explication valable, pas de solution plus simple.
Ici nous n'offrons aucun défi à la science, mais il s'agit d'anthropocentrisme car nous nous basons sur les canons humains et en l'état actuel de nos connaissances. Ce n'est en théorie pas la bonne façon d'approcher le problème. Le physicien L.Brenig confirme qu'il n'y a en réalité rien à expliquer car nos preuves sont encore insuffisantes. C'est évident. Mais nous devons nuancer ces propos. En d'autres temps de nombreux savants ont découvert des théories à partir d'hypothèses librement inventées. Les chercheurs qui "aiment les idées" savent qu'il suffit d'un point de départ, une base solide pour extrapoler des hypothèses. Einstein, encouragé par sa théorie de la relativité, s'était fâché plus d'une fois avec Heisenberg 188 parce que ce dernier fondait ses propos sur l'expérience, sur des "grandeurs observables" comme le disait Einstein, alors que selon lui, c'était "la théorie qui décide de ce qui peut être observé". Certains physiciens, tel Andreï Linde confirment ce point de vue, en rappelant que partout dans l'univers les lois de la physique semblent respectées. Mais la majorité des astronomes ou des physiciens refusent d'imaginer de tels procédés qui ne relèvent que de la spéculation pure, rejoignant l'idée de L.Brenig. C'est pourtant une bonne raison pour engager des fonds dans la recherche, car plus d'un chercheurs ont émit des hypothèses très intéressantes sur certaines particularités des OVNI (lumière tronquée, sustentation, déplacements, etc).
Le paradigme actuel de la science est une normalité rationaliste dans laquelle le paranormal ou la libre pensée non contenue n'a pas sa place. Mais "changer de lunettes !" comme le dit Thomas Kuhn. Cette attitude intransigeante, conservatrice d'un grand nombre de scientifiques se rapproche de la philosophie d'Ernst Mach qui disait ne pas croire à la théorie des atomes parce qu'ils n'étaient pas observables...
Si l'apparition d'extraterrestres est une hypothèse dérangeante pour certains détracteurs notre civilisation serait trop fragile par rapport à une civilisation avancée -pour certains chercheurs c'est une hypothèse de travail séduisante, une approche prudente d'un contact amical. Mais penser de la sorte reflète peut-être à nouveau une attitude anthropocentrique. En tous cas c'est un a priori qui ne plaît pas à la majorité des scientifiques. Quoi qu'il en soit, en l'état actuel de nos connaissances les mobiles d'une visite extraterrestre ne seront toujours que des hypothèses.
Grâce aux découvertes de l'astronomie spatiale, nous savons que les OVNI ne peuvent provenir du Système solaire, quoiqu'en disent Adamski et ses amis. Si la vie existe, celle-ci ne pourrait se développer que sous la forme de protéines ou de micro-organismes, telles les bactéries. Aucun cliché amateur, aucun enregistrement professionnel n'ont encore mis en évidence de feu-de-camp extraterrestre, de lumières artificielles dans l'espace, une quelconque soucoupe volante sur une planète extérieure ou des traces visiblement artificielles sur un quelconque astre de notre Système solaire, mise à part les dizaines des sondes spatiales construites de la main de l'homme et aujourd'hui écrasées sur les surfaces planétaires et lunaire. Mais il est aussi vrai que la résolution de nos instruments ne permet pas toujours de discerner de petits objets. S'ils en sont
188
W.Heisenberg, "La Partie et le Tout", op.cit, p94.
capables ils ne sont de toute façon pas tournés vers les sites d'atterrissages d'OVNI mais plutôt vers les confins de l'Univers ! Les rares traînées ou lumières que l'on a pu photographier présentent trop peu de détails pour faire l'objet d'une étude sérieuse.
Même si les astronomes ne pensent plus trouver de "petits hommes verts" sur Vénus, Mars ou Titan, d'autres tel Michael Papagiannis de l'Université de Boston croient que des extraterrestres peuvent vivre dans la ceinture d'astéroïdes. Si même une "base avancée" se trouve à cet endroit, avec un peu de bon sens les OVNI que nous apercevons doivent provenir de l'extérieur du Système solaire, c'est-à-dire au plus près de l'étoile Proxima du Centaure à 4.3 années-lumière sachant que la lumière se propage à près de 300000 km/s, encore que cette étoile n'abrite aucune planète viable. Une petite dizaine d'étoiles disposant d'un cortège planétaire (au moins 1 corps en orbite) existent à moins de 30 a.l. mais aucune n'offre des conditions de viabilité telles que nous les connaissons sur Terre.
Encore faut-il connaître le procédé qui permettrait à nos visiteurs d'atteindre cette prodigieuse vitesse de la lumière. Certains laboratoires imaginent déjà des turbines atteignant cette vitesse, grâce aux ions et aux photons qui peuvent se déplacer à une vitesse voisine de celle de la lumière. Aujourd'hui des vitesse de 10% de celle de la lumière sont envisageables. Nous pourrions y parvenir avec une propulsion à antimatière. Reste le problème du confinement, du stockage de l'énergie et quantités d'autres problèmes techniques. Nous savons qu'il existe un "mur de la lumière"; la mécanique relativiste traduit mathématiquement et physiquement l'impossibilité d'atteindre et de dépasser une telle vitesse. Peut-être un jour parviendrons-nous à contourner cette limitation en utilisant une propulsion plus exotique...
Nos éventuels visiteurs, même s'ils se déplacent à des vitesses proche de la lumière se trouveront également confrontés aux problèmes du temps. Les plus proches étoiles qui pourraient entretenir la vie se situent à des distances de l'ordre de 20 à 10000 années-lumière. Bien que la mesure de l'écoulement du temps doive être considérée relativement à un référentiel, d'après la multitude des témoignages que nous possédons, ce serait par milliers que ces visiteurs se
Durée de l’aller-retour (années) Distance atteinte (a.l.) à bord sur Terre
5 6,5 1,7 10 24 9,8 20 270 137 30 3000 1450 40 36000 17600 50 420000 208000 60 5000000 2400000
Durée relative d’un voyage interstellaire pour une fusée propulsée à une vitesse relativiste et subissant une accélération constante de 1g jusqu’à mi-chemin, puis décélérant jusqu’à l’arrivée.
Extrait de E.Davoust, Silence au point d’eau.
sacrifient : ils préfèrent perdre des dizaines d'années d'une vie plutôt que d'établir un contact ! A moins qu'ils n'utilisent des vaisseaux télécommandés, automatiques, des techniques d'hibernation voire cryogéniques comme le sous-entendent Papagiannis et certains fervents...
Mais si ces civilisations galactiques existent comme le sous-entend la formule de Drake, durent-elles assez longtemps que pour nous faire signe ? Car jamais encore aucun télescope ou radiotélescope n'a pu en voir ou même en écouter, alors qu'on sait que des sites comme le Mauna Kea, Cerro Tololo ou le désert du Nouveau Mexique sont des endroits privilégiés pour scruter le ciel. La réponse est malheureusement indéterminée et chacun peut exprimer ses convictions pour peu qu'elles soient rigoureuses et convainquantes.
Une civilisation extraterrestre peut ne souffrir aucune comparaison avec la nôtre. Dans ce cas, il serait vain de poursuivre une étude quelconque sur le sujet car toutes nos références seraient inappropriées. Si par contre les lois de la nature sont identiques partout dans le cosmos, -le spectre d'un atome d'hydrogène ici sur Terre est identique à celui que l’on photographie à 15 milliards d'a.l. - on peut imaginer avec raison que quelque part nous pouvons prendre l'exemple de la Terre et extrapoler certaines observations, qui expliqueraient peut-être pourquoi nous sommes ou ne sommes pas visités.
En 1946 Enrico Fermi, le fameux physicien qui contribua à mettre au point la pile atomique, s'est demandé "Mais où sont-ils donc ? " à propos des émissaires extraterrestres. Si aucun contact n'a encore été établi, si l'on écarte le problème lié au temps, de nombreux scientifiques de renom considèrent qu'il se peut très bien que ces sociétés aient choisi d'autres voies que l'essor technologique, quitte à y venir par après. A la "question de Fermi" Newman et Sagan 189 répondent que ces civilisations ne se montrent pas au vu de notre immaturité ou nous considèrent comme un "zoo galactique". Pour Sébastien Von Hoerner (1961), ces civilisations n'ont peut-être pas envie de communiquer ou n'en ont jamais eu l'intention car leur planète est perpétuellement couverte de nuages; elles sont peut-être en proie à l'autodestruction, provoquée par un plafonnement de la science et de la technologie, par une dégénérescence biologique ou une stagnation volontaire du progrès. Ces solutions sont forts pessimistes. A l'inverse, si ces civilisations existent bien et depuis des millions d'années, il devrait être possible de détecter des signaux dans un rayon de quelques milliers d'années-lumière. Mais le temps de réponse atteint des formes vraiment inadaptées : déjà la liaison Terre-Mars exigeait 21 minutes d'interruption. Pour les amas d'étoiles proches cela demanderait 40000 ans. Si notre but est de dialoguer, ce moyen de communication est irréaliste.
N'ayant pas encore rencontré de civilisations extraterrestre, quelques conclusions apparaissent déjà dans les esprits les plus pessimistes :
Pour les physiciens Michael Hart et Franck Tipler, ils pourraient coloniser toute la Voie Lactée en quelques centaines de millions d'années après avoir fait le premier bond en dehors du système
189 W.Newman et C.Sagan, "Galactic civilizations : population dynamics and interstellar diffusion", Icarus, 46, 1981, p293. W.Newman et C.Sagan, Icarus, 46, 1981, op.cit.
planétaire. Pour James Trefil, coauteur avec Robert T.Rood d'un célèbre livre 191 sur la question, cette colonisation pourrait s'effectuer en 30 millions d'années. Notre Galaxie existant depuis 10 milliards d'années, cette évolution a donc bien eu le temps de se manifester et plusieurs vagues colonisatrices auraient déjà dû atteindre la Terre. La mise en quarantaine de notre planète est envisageable s'il n'existe qu'une ou deux civilisations extraterrestres. Mais si ces civilisations pullulent, l'une d'entre elle peut parfaitement décider de visiter le "zoo" terrestre. Les guerres sont peu probables, le plus fort empêchant cette situation de se produire.
Un argument plus sérieux met en évidence la singularité de notre existence. La vie émergea sur Terre il y a quelques milliards d'années. Aujourd'hui il n'existe aucune trace du passage de civilisations extraterrestres sur notre sol, ni "soucoupe volante", ni usine, ni déchet, ni empreinte, ni quoi que ce soit qui n'ait été fabriqué par l'homme. Si la probabilité de cet événement est quasi nulle -nous y reviendrons plus tard à propos des énigmes archéologiques -, elle est d'autant plus infime si l'on considère la probabilité de l'existence de deux civilisations technologiquement avancées au même instant dans l'Univers. C'est pourquoi de la bouche même de Tipler 192 , "si nous n'avons jamais rencontré ces visiteurs, c'est qu'ils n'existent pas". Quelques années plus tard, Trefil et Sagan exprimaient le même sentiment.
Pour Robert T.Rood de l'Université de Virginie, une civilisation se développerait dans la Galaxie tous les 1.7 millions d'années. S'ils ne prennent pas contact avec nous conclut-il, "c'est que, franchement, ils s'en moquent ". Si de son propre aveux il ne croit pas vraiment tout ce qu'il dit, il ajoute cependant, "Tout ce que je me risque à dire, c'est que le nombre de civilisations est indéterminé. [...] En l'absence de preuves concluantes, je demeure agnostique, tout en estimant que la recherche d'intelligences extraterrestres est légitime et doit être poursuivie". Son collègue James S.Trefil est moins optimiste, estimant qu'il ne doit pas y avoir grand monde dans la Galaxie eut égard à l'extrême lenteur de l'évolution. A son avis N = 1, c'est-à-dire que nous sommes seuls, mais vu le degré d'incertitude sur chaque facteur de l'équation, N peut-être égal à 2 ou 3. Comme son collègue toutefois, il "préconise de poursuivre un modeste programme de recherche des intelligences extraterrestres [...] puisque dans un cas pareil, il est toujours bon de risquer un pari, surtout lorsque les coefficients d'incertitude sont élevés". Appuyée par des astrophysiciens et des biochimistes, leur idée a fini par recevoir un écho favorable auprès des responsables de la NASA et du Congrès. Aujourd'hui nous tentons officiellement d'écouter les signaux de l'espace. Des périodes de deux mois comme le fit Franck Drake en 1960 sont bien sûr trop brèves pour réussir une entreprise de cette envergure. Les scanners d'Horowitz (BETA) et le projet Cyclops 193 sont nos seuls moyens. Si le moindre mot était entendu, il vaudrait plus que tous les bruits de couloirs et les expériences de laboratoire.
L'exploration de la Galaxie est un sujet porteur. Sans fondement expérimental, il a matière à spéculation. La logique nous permet cependant d'évaluer une nouvelle fois une limite inférieure de vraisemblance. S'il existe un système planétaire pour chaque million d'étoiles dans la Voie Lactée (1/106), si l'on estime qu'il existe une civilisation technologiquement avancée pour 1000 systèmes planétaires, selon la formule de Drake, il peut exister 100 civilisations dans notre Galaxie. Considérons que chaque planète habitée de notre Galaxie lance un vaisseau tous les 5 ans (soit 20 lancements par an) et qu'il n'y ait qu'une chance sur mille pour qu'il vienne sur Terre. A partir d'une cité orbitale, il suffirait de lancer de petites sondes dans le Système solaire ou dans la banlieue terrestre pour expliquer les observations actuelles.
Quant à l'hypothèse tendancieuse exprimée dans l'ouvrage Cosmic Connection 194 , Carl Sagan cite le physicien Hong-Yee Chiu qui a calculé les besoins qu'entraînerait une exploration spatiale intergalactique pour expliquer les observations auxquelles nous assistons. Il arrive aux conclusions invraisemblables que les planètes de 100000 galaxies seraient nécessaires pour satisfaire cette industrie. L'exploitation des couches superficielles des étoiles jaunes et rouges épuiserait 1% des étoiles de la Voie Lactée ! Cette démonstration est non seulement irréaliste mais elle confirme l'improbabilité physique de telles visites. Il est aussi évident que l'on peut concevoir le monde extraterrestre à partir de conceptions non conventionnelles, mais ce serait rejeter en masse les lois qui gouvernent le monde. Jusqu'à ce jour il est vain de vouloir modifier le monde sans rejoindre les projets de Merlin l'Enchanteur.
191 R.Rood et J.Trefil, "L'Univers : sommes-nous seuls", Belfond-Science, 1985, p230-245.
192
F.Tipler, Quaterly Journal of the Royal Astronomical Society, 21, 1980, p267.
193
Le programme "Cyclops" définit en 1971 consistait à bâtir pas moins de 1000 antennes semblables dont la parabole ferait 100 mètres de diamètre, identique à celle de l'Effelsberg en Allemagne, la plus grande orientable à ce jour ! Ce projet nécessitait un investissement colossal : 10 milliards de dollars... Si l'on sait que le radiotélescope le plus performant à l'heure actuelle, l'interféromètre en Y du Very Large Array (VLA) dont les bras de 20 km s'étendent dans le désert du Nouveau Mexique a une résolution de la seconde d'arc à 6 cm de longueur d’onde et que l'antenne d'Arecibo peut détecter une civilisation à 15000 a.l., ce Cyclops en serait la synthèse. Cf B.Oliver et J.Billingham Eds, “Project Cyclops”, NASA-Ames, CR 11445, 1973. 194 C.Sagan, "Cosmic Connection ou l'appel des étoiles", Le Seuil, 1975, p243.
Mais comment cela se fait-il qu'ils ne nous aient pas encore trouvés parmi les 100 milliards de soleils que contient la Galaxie ? S'il existe d'autres êtres pensants, nous avons matière à nous émerveiller. Mais dans ce cadre cosmique on se sent seul. Carl Sagan disait juste : "la recherche d'une civilisation intelligente extraterrestre, c'est la recherche de nous-mêmes".
Observées en lumière blanche, plus les étoiles sont éloignées, plus l'éclat des planètes qui les entourent s'estompe. Dans ces conditions, pour détecter d'éventuels signaux extraterrestres les astrophysiciens et les radioastronomes doivent compter sur les perturbations orbitales que subissent les étoiles doubles ou celles qui cachent la présence d'un corps massif. Il existe heureusement une signature radio propre aux planètes qui traduit leur activité sur certaines fréquences (présence des ceintures de Van Allen, etc.). Mais rien ne permet de certifier que la vie existe sur ces planètes.
Au cours des quelques veilles SETI (Search for Extraterrestrial Intelligences) qui subsistent encore, comment être sûr que le signal détecté soit bien artificiel 195 ? Il faut se rappeler qu'en 1964, le radioastronome russe Nikolaï Kardashev avait confondu les émissions d'un quasar avec celles d'une civilisation extraterrestre. En 1967 les assistants du Pr. Hewish de Cambridge pensaient également avoir découvert des "petits hommes vert" tant les émissions des premiers pulsars étaient puissantes et régulières !
Selon le radioastronome François Biraud 196 , "similaire à un problème d'anticryptographie, le signal doit pouvoir être différencié des autres bruits de l'espace en le rendant évident, artificiel, sans noyer son contenu". Les programmes SETI recherchent d'office trois signatures : un signal continu, des bips continus à certaines fréquences, des bips qui changent de fréquence. Mais on peut aussi détecter le nombre π ou tout un message. Mieux encore, nos invités peuvent fabriquer un signal à bande étroite. Dans l'espace tous les objets émettent avec une largeur de bande minimale due à la diffusion interstellaire. Elle est d'environ 0.1 hertz vers 1420 MHz pour un trajet d'environ 100 parsecs. Il n'existe pas de spectre inférieur à environ 500 hertz. Si nous localisons un signal qui émet dans une bande beaucoup plus étroite que cette valeur, ce serait la preuve d'une origine artificielle.
Il reste à distinguer cet éventuel signal extraterrestre du bruit de fond engendré par les composants électroniques, mais également par les objets du ciel, les interférences provoquées par les objets que nous utilisons et les parasites naturels en tout genre. Le raisonnement qu'il faut tenir pour déterminer les fréquences favorables se base sur les zones peu brouillées par les émissions des particules. La fréquence ne peut pas être trop haute à cause du fond cosmique à 2.7 K et du bruit quantique et elle ne peut pas être trop basse non plus à cause du rayonnement galactique non thermique provoqué par l'émission synchrotron des électrons relativistes. En tenant compte des propriétés d'absorption et de dispersion du rayonnement électromagnétique dans l'espace, l'intersection de ces différentes courbes indique que la gamme de fréquences favorable au programme SETI est comprise grosso modo entre 1 et 10 GHz. Dans ce spectre, le milieu interstellaire ne présente aucune absorption, sauf éventuellement sur des raies moléculaires. Sur certains canaux H et OH se trouvent dans le creux de cette fenêtre, formant le "point d'eau". Mais cette bande de fréquences contient au moins 20 milliards de canaux... Il existe aussi une fenêtre hertzienne cosmique entre 101-120 GHz et 197-220 GHz mais où le bruit quantique s'accentue.
Bien que la raie à 21 cm de l'hydrogène baigne tout l'univers et reste un canal prédestiné d'écoute, il n'en reste pas moins vrai que le choix de la fréquence pose un problème : la simple exploitation des bandes radios à raison d'une minute d'écoute par canal de un hertz exigerait deux cents siècles ! Le spectre électromagnétique s'étend aussi dans le rayonnement infrarouge, X et gamma. Mais il se peut aussi que ces civilisations extraterrestres connaissent les mêmes problèmes que nous sur Terre en ce qui concerne l'absorption atmosphérique des longueurs d'ondes du spectre.
Selon Carl Sagan l'évolution impliquant une certaine convergence des découvertes, nos éventuels contacts devraient par définition appartenir à une civilisation au moins aussi technologiquement avancée que la nôtre et probablement même, en maîtriser quelques subtilités. Carl Sagan insiste sur le fait qu'"ils savent que nous le savons. Ils savent que nous savons qu'ils le savent, etc.". Cette intelligence facilitera les relations. La compréhension de l'autre permet de déduire des événements. Ils peuvent donc en déduire qu'il existe des fréquences prédestinées d'émissions et d'écoutes. Dans ce cas il est fort probable que l'émission de la raie de l'hydrogène à 21 cm soit choisie par tous comme la fréquence universelle. Cette fréquence est également peu parasitée par le bruit de fond cosmique. L'hydrogène est l'élément le plus abondant de l'univers, raison de plus pour le choisir. Mais il y a aussi celle de la vapeur d'eau (13.5 mm) dont la molécule
195 F.Drake, J.Wolfe et C.Seeger eds, “SETI Science Working Group Report”, NASA, Technical Paper 2244, 1983. 196 Communication privée avec l'auteur, 1990.
conditionne la vie sur Terre et la molécule hydroxyle OH (18 cm) qui dessine toute la Voie Lactée et qui fut de toute évidence l'une des briques qui façonna la vie sur Terre. La raie spectrale du formaldéhyde (H2CO) est également une fréquence remarquable. Mais il y a d'autres façons de
définir des fréquences SETI, par exemple à partir d'une fréquence basée sur le rythme de pulsation des pulsars. Ces étoiles à neutrons émettent avec la régularité d'une horloge atomique des ondes radios parfaitement stables à travers la Galaxie depuis des millions d'années. Mais si ces civilisations existent depuis fort longtemps, peut-être utilisent-elles des notions physiques dont nous ignorons jusqu'à la formulation.
S'il est raisonnable de penser que le signal proviendra d'une distance comprise entre 20 et 10000 a.l, nous savons d'expérience qu'il est difficile d'avoir des crédits pour une recherche qui s'étalera sur plusieurs générations. La seule entreprise de cette envergure que nous n'ayons jamais mise sur pied fut la construction de la célèbre muraille de Chine qui fut achevée au bout de 12 siècles... Faute de pouvoir patienter, notre seule chance fut ce puissant détecteur MegaSETI, le premier scanner à l'échelle planétaire dont nous disposions. Mais le Congrès américain en décida autrement et interrompit ses activités en 1993, un an après sa mise en service. Après 22 ans d'activité, le plus ancien programme SETI qui était dirigé par Robert Dixon de l'Université d'Etat d'Ohio perdit également ses crédits de recherche et se vit refuser l'accès au radiotélescope Big Ear le 30 juillet 1995.
Aujourd'hui le programme BETA de l'Université d'Harvard et de la Planetary Society, PHOENIX de l'Institut SETI et SERENDIP IV de l'Université de Californie à Berkeley sont nos seuls espoirs. BETA (Billion Channel Extraterrestrial Array) est capable d'analyser simultanément 250 millions de canaux dont la résolution atteint 0.5 Hz, ce qui lui donne une bande passante de 40 MHz, juste assez pour détecter tous les effets Doppler. La bande de fréquences pouvant être balayée s'étend entre 1.4 et 1.7 GHz, autour du "trou d'eau" des radicaux H et OH.
Ainsi que le dit Steve Nadis 197 , il est important que survivre quelques programmes SETI, tout spécialement ceux utilisant différentes stratégies de recherche. "SETI est insuffisamment subsidié dans le monde entier, reconnaît Horowitz, mais la détection d'un seul signal d'origine extraterrestre, et artificiel, serait la plus grande découverte dans l'histoire de la race humaine". Robert Dixon
197
S.Nadis, Nature, 374, 1995, op.cit.
partage son sentiment : "C'est l'une des plus importantes questions à laquelle les humains on tenté de répondre, et nous avons à peine gratté la surface. Mais nous savions depuis le commencement qu'il s'agirait d'un problème difficile à résoudre".
Le problème de l'existence et de l'évolution d'une forme de vie intelligente dans l'univers est d'une énorme importance scientifique et philosophique. Il fut une époque où l'anthropocentrisme avait des relents de scientisme. La science moderne ne soutient plus cette thèse et il n'y a, à l'heure actuelle, aucune preuve de l'existence d'une vie organisée dans l'univers.
Reste un sujet qui nous interpelle tous : que ce passerait-il si le premier message radio d'une civilisation extraterrestre était capté ? Devons-nous y répondre, si oui comment ? Pour faire face à cette éventuelle situation, l'Union astronomique internationale (UAI) en collaboration avec l'Académie internationale d'astronautique et l'Institut international de droit spatial ont adoptés en 1989 une déclaration 198 visant à poser quelques principes de forme. L'un d'eux stipule que "la recherche d'intelligences extraterrestres [...sera entreprise] dans des buts pacifiques et dans l'intérêt commun de toute l'humanité". Ouf ! Que le message capté devra être confirmé par des radioastronomes équipés pour détecter de tels signaux. Il devra être évalué par un comité d'experts -astronomes, psychologues, biologistes, planétologues - afin de situer la découverte dans son contexte général. Enfin la découverte sera communiquée par l'intermédiaire des Nations Unies. La découverte appartiendra à l'Humanité entière. Ce protocole d'annonce traduit bien l'esprit qui règne dans la communauté scientifique en faveur de cette recherche et le désir d'éviter toute méprise...
Cela dit, il est certain que chacun serait surpris d'apprendre ce premier contact et nous réactions seront inattendues. Dans son dernier livre Contact - qui fut porté à l’écran en 1997 quelques mois après son regretté décès, Carl Sagan 199 imaginait quelles seraient nos réactions dans une telle éventualité. Pour préparer cet événement, le sociologue Donald Tarter de l'Université d'Alabama a analysé par sondage les réactions des médias, des magazines spécialisés, des journaux et de la télévision. Il considère qu'un comité d'experts devra vérifier le phénomène. Ce comité aidera l'interprétation et l'analyse des annonces. Car une fois connue du public, les scientifiques s'accordent pour dire que l'annonce d'une telle découverte marquera le seuil d'une nouvelle compréhension de l'humanité. Dès lors, le comité de vérification qui sera mis en place et qui transmettra l'annonce aux Nations Unies, autres institutions scientifiques et finalement aux médias, devra agir comme s'il s'agissait d'une situation de crise.
Dans la population, après une excitation certainement inqualifiable, certains auront un sentiment de crainte ou d'incrédulité. D'autres seront enthousiastes de savoir qu'il existe une autre forme de vie dans l'univers. Des entreprises exploiteront le phénomène sans oublier les sectes fanatiques, etc. Même si le message reste incompréhensible et si notre réponse devra mettre des milliers d'années avant de retourner à son émetteur, l'essentiel serait acquis : nous aurions la preuve irréfutable qu'il existe, quelque part dans l'univers, une autre planète sur laquelle vivent des êtres dotés d'une conscience au moins équivalente à la nôtre... et malgré l'inquiétude de nos peuples, que l'irrémédiable apocalypse n'est pas le seul destin.
Cette échéance fait partie d'une philosophie très appréciée à l'est, complémentaire de l'idée de la vie extraterrestre occidentale. Pour le Pr. N.Kardashev, aujourd'hui directeur du télescope millimétrique Ouzbek de Samarkande, ces messages proviendront d'une "super-civilisation" de type III, capable de maîtriser l'énergie de sa galaxie; nous détecterions sur Terre des "fuites technologiques" telles que des ondes radios, des faisceaux lasers ou d'autres rayonnements.
Kardashev divise les civilisations techniques en quatre catégories 200 :
198 Jill Tarter et Michael Michaud, "SETI Post Detection Protocol", Acta Astronautica, Numéro spécial, vol.21, Pergamon Press, 1990. 199
C.Sagan, "Contact", Mazarine, 1986.
200
Cf C.Sagan, “Cosmic Connexion”, Seuil Points-Science, 1975, p277 et suivantes. Ce choix est arbitraire et exclusivement fondé sur la recherche SETI. Il serait tout aussi intéressant et plus objectif comme le propose Carl Sagan d’amender ce classement en combinant la puissance rayonnée ou l’énergie avec la quantité d’information qu’une civilisation est capable de traiter. Carl Sagan estime que la Terre est actuellement capable de gérer 1014 bits d’information. Il répartit ainsi les civilisations entre les types 0.0 A et 9.9 Z. L’Athènes du Ve siècle fut probablement du type E. L’humanité est actuellement au stade 0.7H et serait peut-être capable de communiquer avec une civilisation extraterrestre du type 1.5 J à 1.8 K.
- Civilisation de type III : la civilisation consacre toute l'énergie d'une galaxie, soit environ 1036 watts aux communications. L'astrophysicien Richard Gott III complète cette définition en plaçant une sphère de Dyson autour de chaque étoile (voir plus bas). Ses signaux seraient détectables en tous lieux de l'Univers observable.
-Civilisation de type IV : capable de maîtriser l'énergie de l'Univers, elle ne pourra vraisemblablement jamais dialoguer avec les civilisations primitives. Perdue dans l'harmonie de ses vibrations cosmiques, seul le rythme de son pouls galactique signalera son existence.
Les radioastronomes sont unanimes pour considérer qu'il est évidemment beaucoup plus facile de détecter des civilisations de type II et III, qui ont un rayonnement galactique ou extragalactique intense et structuré, que d'essayer de détecter ponctuellement une civilisation de type I parmi les milliards d'étoiles qui constituent chaque galaxie.
Mais une civilisation avancée de type I ou supérieur peut avoir réussi à maîtriser la dispersion du rayonnement issu de son activité ou de sa banlieue galactique. Sur Terre, les émissions TV qui sont localement câblées ont interrompu les puissantes émissions transhorizon qui se propageaient ensuite dans l'espace. Sans contrôle, des outils fonctionnant grâce au rayonnement cohérent ou exploitant des émissions synchrotrons, le rayonnement stellaire, etc., peuvent se propager à de grandes distances sans être fortement absorbés ou déviés. Si une société a pu canaliser de telles énergies pour assurer son développement les fuites provenant de leurs activités seront réduites.
Le travail des collaborateurs de Kardashev et de plus en plus de radioastronomes consiste donc à détecter des émissions très ponctuelles de rayonnements qui n'obéissent pas nécessairement aux lois qui gouvernent les processus naturels existants dans le cosmos. Il peut s'agir par exemple d'un rayonnement laser très puissant et focalisé sur une infime fraction de seconde d'arc.
D'autres "fuites technologiques" sont peut-être plus facile à détecter. Si une civilisation avancée utilise une sphère de Dyson, les fragments mis en orbite autour du Soleil rayonnant assez bien en infrarouge, ils portent la matière à plusieurs centaines de degrés. Si aujourd'hui nous sommes capables de détecter des étoiles naines brunes à quelques centaines de milliers d'années-lumière, demain nous serons peut-être en mesure de localiser une civilisation de Dyson.
Les chances d'une telle découverte sont faibles si l'on se limite à un espace de 10 ou 1000 a.l. Les chances deviennent plus raisonnables à mesure que notre sphère d'écoute augmente, même si le temps que mettra le rayonnement à se propager nous empêchera de connaître la réponse. Quoi qu'il en soit ce serait la conclusion d'une aventure.
Aujourd'hui, la seule réponse envisageable est évidemment par le biais d'un radiotélescope, les techniques lasers ou plus sophistiquées étant à peine ébauchées. Comme l'a bien exprimé Donald Goldsmith, directeur de l'Interstellar Media pendant le Symposium Balaton en 1987 201 , les avis divergent déjà quant au contenu. Faut-il dialoguer malgré la barrière spatiale et temporelle, le message doit-il être à la mesure de l'intelligence de nos correspondants, faut-il le censurer en ce qui concerne toute déviance théologique, militaire ou autre ?
Dans l'état actuel de notre culture, les scientifiques ont proposé que le contenu du message soit à charge de la Commission 51 de l'UAI dévolue à la bioastronomie. Le message doit être à la mesure de ses "concurrents" éventuels, clair, intelligent, donc bien préparé. Cette idée n'est pas récente. En 1960 déjà, un langage cosmique universel avait été mis au point par Hans Freudenthal 202 : LINCOS 203 . Purement logique, c'est un langage non verbal dont le but est d'enseigner un savoir à autrui. Le message est enfoui dans des procédures codées, distinctes du symbolisme de la langue, ce qui permet tout à la fois au lecteur de traduire le message et d'apprendre un concept particulier (cela va d'une information scientifique à une pensée ou une émotion). Une autre façon de travailler est d'envoyer un message encyclopédique sous forme binaire. Cela pourrait se réaliser en quelques minutes. Après, il faudra beaucoup de patience jusqu'à la rencontre...
La situation serait toute différente en cas de "débarquement". Pure spéculation pour certains scientifiques, d’autres y croient fermement ou sont mal à l'aise et ne voudraient pas faire le premier pas à leur rencontre. Tout scientifique qu'ils soient, certains auteurs de fiction n'ont pas attendu cette annonce pour imaginer les scénarios des premiers contacts avec une civilisation venue de l'espace. Des astronomes s'y sont prêtés, tels Arthur C.Clarke, Isaac Asimov, Fred Hoyle, Carl Sagan et bien d'autres scénaristes qui ont imaginé des conversations avec des civilisations très avancées. Leurs connaissances scientifiques, quoique extrapolées, feront le délice des amateurs.
201
"Bioastronomy. The Next Steps", IAU Colloquium, 99, G.Marx Ed., Balaton Hungary, Kluwer Ac.Publ., 1987. 202 H.Freudenthal, "LINCOS: Design of a Language for Cosmic Intercourse", North Holland Publishing Company, 1960 -H.Freudenthal - Nature, 192, 1967, p826.
203
Pour comprendre le fonctionnement de ce langage cosmique, lire en particulier C.Sagan et S.Shklovsky, "Intelligent Life in the Universe", Holden-day, 1966. Bien que dépassé en ce qui concerne la recherche en bioastronomie, c'est l'un des rares ouvrages qui discute du LINCOS.
Le côté négatif d'une "invasion" extraterrestre trouve son origine dans l'histoire même des hommes. A l'époque du Project Blue Book, si les OVNI étaient examinés de près par le Pentagone, c'était selon le général Ferguson "afin de déterminer si ces objets représentent une menace pour la sécurité nationale et pour décider si ces objets présentent quelque information technique ou scientifique avancée pouvant nous intéresser". La menace était prise très au sérieux, autant pour ce qu'elle représentait en soi qu'en raison des conséquences de la politique américaine sur l'escalade de l'armement.
Au XVIe siècle, nous savons combien fut malheureuse l'attitude des premiers explorateurs lorsqu'ils débarquèrent dans le Nouveau monde. Plus récemment, les guerres entre cow-boys et indiens renforcèrent à leur tour notre peur face à nos ennemis La science-fiction enfin peupla l'univers d'Alien et de Visiteurs qui jouèrent un rôle analogue aux "mauvais" dans les westerns. Toutes ces images inquiétantes sont enfouies dans l'inconscient collectif et resurgissent dans notre esprit lorsque nous évoquons le débarquement d'éventuels extraterrestres.
Des événements récents nous en apportent la preuve. Rappelez-vous les événements de 1938. On relata sur les ondes de la radio le récit de Orson Welles, rapportant aux auditeurs l'envahissement de la Terre par des Martiens géants, sanguinaires et monstrueux. A l'époque son récit fut perçu dramatiquement par le public, dupé et peu au courant des moyens techniques de son temps. Byron Haskin fera de même en 1952, portant à l'écran La guerre des mondes de H.G.Wells. En 1977 Ed Hunt tourna le célèbre film L'invasion des soucoupes volantes, dans lequel des extraterrestres aidaient les Terriens à repousser des envahisseurs d'outre-espace. Nous pouvons également citer les séries télévisées, telle UFO - Alerte dans l’espace ou la série culte Les envahisseurs diffusée en 1967 et 1968, ces derniers se voyant contrer dans leurs manoeuvres par le célèbre David Vincent ou la série V plus récemment. Mais ces récits ont des relents d'anthropocentrisme.
Chacun de nous accepte de s'aventurer hors des sentiers conventionnels à condition de calculer les risques qu'il prend. Toute société doit avant tout survivre et nous ignorons tout de ces éventuels visiteurs envoyés d'une lointaine civilisation extraterrestre. Certains sont tout à fait pessimistes quant aux intentions de ces éventuels ambassadeurs. Ils rétorquent aux amateurs de sensations que si ces visiteurs sont capables de venir à notre rencontre d'aussi loin, ils peuvent tout aussi bien nous considérer comme des cobayes de laboratoire ou être avides de nos précieux biens, tout comme il y a 500 ans, Cortez et Pizarre conquirent le Nouveau monde.
Nous pouvons toutefois leur rétorquer que s'ils sont arrivés jusqu'à nous, il ont certainement trouvé le moyen de sublimer ou de neutraliser leurs sentiments belliqueux et de limiter l'emploi des armes, discipline que nous ne savons pas encore respecter. Nous trouverons certainement plus de réconfort et de sécurité auprès d'eux que dans les abris anti-atomiques de certains de nos voisins. Mais rétorquent-ils, sommes-nous seulement immunisés contre les spores de leur monde, que savons-nous des conséquences d'un éventuel contact physique, etc, etc. Rassurez-vous, même s'ils débarquaient demain et en imaginant que les autorités puissent les contenir, elles ne les relâcheraient pas sans précautions. Il est également vraisemblable que nos visiteurs ne viendraient pas contaminer sciemment une autre planète où la vie intelligente apparut. Celui qui connaît l'hostilité de l'espace sait mieux que quiconque combien la terre ferme d'une planète habitée est hospitalière et mérite d'être préservée.
Il est vrai que sur Terre tous les êtres vivants ne sont pas innocents et que les prédateurs existent. Il est aussi faux de croire qu'il s'agit d'une minorité d'espèces, l'homme n'est-il pas prédateur pour l'homme ?... Cela dit, dans l'ensemble une majorité d'avis converge pour l'optimisme - que l'on retrouve également dans les sondages de Donald Tarter. On parle déjà de contact. Celui-ci sera forcément établi par la civilisation la plus avancée.
Mais une remarque pertinente s'impose. De tout temps, l'homme s'est "hissé sur des épaules de géants" pour explorer les mondes que sa nouvelle dimension technique lui permettait de regarder. Chacun est né avec une soif insatiable de curiosité. Toute notre vie, nous accumulons un savoir que rien nous empêche d'accumuler. Comment réagirons-nous le jour où une société extraterrestre viendra à notre rencontre ? Bien plus intelligente que la nôtre, accepterons-nous qu'ils dispensent leur savoir parcimonieusement où allons-nous nous battre pour tout savoir tout de suite? Objectivement, pourriez-vous envisager un instant de rester intellectuellement inférieur à ce peuple extraterrestre ? Déjà actuellement nous devons accepter certaines tolérances dans nos calculs pour comprendre la réalité. La vie en société exige également que l'on se méfie des attitudes marginales et que l'on définisse une éthique et une morale. Nous nous accommodons de nos échelles de valeurs, bien que nous sachions que les forces de la nature nous échappent encore.
Si dans un lointain futur nos relations avec cette société avancée se passent bien et si la méthode d'apprentissage est aisée, il est certain que notre culture gagnera rapidement ses galons. Par contre, si les méthodes sont celles que nous connaissons, où l'intelligence et le caractère de chacun conditionneront ses facultés, nous aurons du mal à retourner sur les bancs d'école sans nous interroger sur notre évolution. Cette remise en question sera critique.
Dans tous les cas, malgré les priorités socio-politiques de nos gouvernements, nous adopterons d'office la culture la plus riche. Nous garderons peut-être nos principes éthiques et quelques autres particularités de nos sociétés (politique, philosophie, etc.) mais pour longtemps nous serons "soumis" à ce peuple. Finalement nos coutumes deviendront un folklore local et l'histoire humaine sera gommée. Les modifications intellectuelles seront tellement profondes que nous oublierons vite l'obscurantisme d'où nous sommes issus, que les génies me pardonnent.
Ainsi que le disait un rapport 204 de la NASA : "Les dossiers anthropologiques contiennent de nombreux exemples de sociétés, persuadées d'avoir leur place dans l'univers, qui se sont désintégrées lorsqu'elles durent s'associer avec des cultures précédemment étrangères, en adoptant des idées différentes et d'autres façons de vivre. D'autres qui ont survécu à une telle expérience, payèrent généralement la rançon sous forme d'une évolution dans l'échelle des valeurs, dans leurs attitudes et leur comportement". Joie ou panique ?... L'avenir en décidera.
Vu les conditions d'organisation de la matière inerte et devant la prolifération de la vie dans les milieux propices à son développement, tous les hommes de science sont d'accord sur le fait qu'il devrait exister une vie extraterrestre, mais ils ne parlent pas d'intelligences. Ceux qui parlent ainsi se trompent. Simplement parce que leurs approches sont guidés par des a priori, leur subjectivité et le manque d'idées clairvoyantes.
Bien sûr, si nous pouvions être sûr du phénomène, le fait d'apprendre que nous ne sommes pas seul dans l'univers serait fondamental pour notre survie. Cela reste cependant difficile à concevoir même si l'hypothèse, elle, est rationnelle.
© LOMBRY, 2000