OVNIs et Armée : L’expérience d’une pilote de chasse face à l’inconnu | Alex Dietrich

 

Introduction

La Lieutenant-Commander Alex Dietrich a servi pendant 20 ans en tant qu’officière de la Marine américaine et pilote de chasse embarquée sur F/A-18F. Au cours de ses affectations en escadron, elle a effectué deux déploiements en zone de combat, en soutien à l’Opération Iraqi Freedom et à l’Opération Enduring Freedom en Afghanistan. Elle a reçu la Bronze Star ainsi que la médaille du combat aérien.

Dietrich est sans doute plus connue pour son implication dans un incident lié à un PAN (phénomène aérien non identifié) survenu en 2004, au large de la côte sud de la Californie, alors qu’elle était affectée à l’escadron de chasse VFA-41 (Strike Fighter Squadron 41).
Au cours d’une mission d’entraînement de routine, Dietrich se souvient avoir aperçu « cet étrange objet volant en forme de Tic Tac ».
Elle a tenté de descendre pour obtenir un visuel rapproché, moment auquel l’objet a brusquement grimpé en altitude avant de disparaître de son champ de vision.

Dietrich a pris sa retraite après deux décennies de service au sein de la Navy.
Durant sa carrière, elle a cumulé plus de 1 250 heures de vol et effectué 375 appontages avec arrêt sur porte-avions.

Interview enregistrée le 9 novembre 2024.

Traduction

Je ne pense pas que le contrôleur s’attendait à ce que nous voyions quoi que ce soit, euh, et qu’il a été aussi surpris que nous lorsque nous avons eu cette interception, ce rendez-vous avec quelque chose d’étrange que, jusqu’à ce jour, je ne peux pas expliquer. Je ne peux pas l’identifier, et ce n’était vraiment pas clair comment cet objet se déplaçait de la manière dont il bougeait. Il changeait de vitesse, il changeait de direction, il changeait d’angles d’une manière qui n’avait aucun sens, euh, et qui ne respectait pas notre compréhension de la physique et de la gravité. Et par définition, c’est un objet volant non identifié.

Quand j’étais au lycée, j’avais un conseiller d’orientation universitaire qui m’a demandé de passer une série de tests. Tous mes camarades se préparaient à entrer à l’université et à choisir leur spécialisation, et il y avait une attente selon laquelle nous poursuivrions des carrières professionnelles. J’étais dans une académie de mathématiques et de sciences dans l’Illinois, un internat, et l’idée était que l’investissement dans notre éducation se traduirait par un retour pour le peuple de l’Illinois, euh, et pour les citoyens des États-Unis. On voulait donc que nous devenions ingénieurs, médecins, des professionnels.

Alors quand j’ai passé cette batterie de tests, les résultats étaient partout. Je voulais être garde forestier, architecte, promeneuse de chiens, et tout ce qu’il y a entre les deux. Et donc ce conseiller universitaire que j’avais m’a dit : « Écoute, tu dois juste déclarer une spécialisation, tu dois juste choisir une université. »

Et il a dit : « Représente-toi à 40 ans, regarde en arrière, qu’est-ce que tu veux avoir accompli ? Qu’est-ce que tu veux avoir fait de ta vie jusqu’à ce moment-là ? » Et j’ai dit : « Oh, M. Hernandez, c’est un super exercice. Tous les quadragénaires que je connais sont en train de divorcer, ils traversent une crise de la quarantaine, ils changent de carrière. » Il m’a répondu : « Non non non, ce n’est pas ce que je voulais dire. » Mais j’ai dit : « Non, en fait c’est un très bon exercice. »

Donc euh, j’ai eu un moment de clarté où j’ai réalisé que je voulais vivre une aventure. Je voulais voyager à travers le monde, et je voulais faire quelque chose que je ne pourrais faire que lorsque j’étais jeune, avec la force physique et la vue nécessaires. Et c’est ce qui m’a conduit à poursuivre un parcours via le ROC (Reserve Officer Candidate, programme universitaire militaire) pour obtenir mon diplôme et être nommée aviatrice navale, euh, et intégrer l’école de pilotage en mai 2001.

Donc, quand j’ai obtenu mon diplôme et que j’ai été officiellement intégrée en mai 2001, j’étais égoïste, centrée sur moi-même, je me préparais à partir pour cette grande aventure personnelle. Je voulais voir le monde, je voulais faire des choses excitantes et intéressantes pour moi. Alors je suis descendue à Pensacola, en Floride, pour notre formation initiale — ce qu’on appelle l’API (Aviation Preflight Indoctrination), c’est une formation au sol. On y apprend la navigation, les systèmes moteurs, la météo… mais on est en salle de classe, on lit des livres, on passe des tests.

Donc cet été-là, j’étais sur les plages de Floride, à attendre avec impatience cette grande aventure qui allait commencer. Et puis le moment du premier vol est arrivé. Et mon tout premier vol a eu lieu le 11 septembre.

— Raconte-moi ça.

Eh bien, évidemment, la journée a commencé comme une journée normale pour tout le monde. Il faisait beau sur la côte Est, ce genre de chose. C’était une belle journée. J’étais à Corpus Christi, au Texas, pour la formation de vol primaire. Il faisait beau, il faisait clair, c’était excitant. J’ai même une selfie devant l’avion, un T-34 Turbo Mentor, un petit avion à hélice qu’on pilotait.

J’avais fait les simulateurs, j’avais appris les check-lists par cœur, j’étais prête, j’étais excitée. Et encore une fois, j’étais très égoïste, très centrée sur moi-même, parce que pour moi, c’était le début de mon aventure, et j’allais faire quelque chose de génial.

Donc je pensais que j’allais faire quelque chose d’intéressant, quelque chose d’amusant.
Et tout a changé ce jour-là, à ce moment précis. Ça a été un véritable changement de paradigme. J’ai réalisé que… ce n’était pas à propos de moi. Que je faisais partie de quelque chose de plus grand que moi.

Et donc, à ce moment-là, et dans les heures qui ont suivi, alors qu’on essayait tous de comprendre ce qui se passait et ce que cela signifiait pour nous, en tant que nouveaux enseignes tout juste promus… J’avais prêté serment. J’avais levé la main droite et juré de soutenir la Constitution, de la défendre. Et je devais comprendre ce que cela signifiait vraiment.

Je suis donc retournée à ce serment, et je l’ai relu sous un nouveau jour. Et j’ai dû réfléchir à comment je pouvais contribuer de façon significative.
Ensuite, j’ai suivi la formation intermédiaire et avancée à Kingsville, au Texas. Et de là, j’ai obtenu mes ailes et j’ai rejoint l’escadron de remplacement de la flotte sur F-18 Super Hornet. Puis j’ai intégré le VFA-41 Black Aces — First to fight, first to strike — et j’ai été déployée à bord de l’USS Nimitz pour soutenir les troupes au sol en Irak et en Afghanistan dans le cadre de la guerre mondiale contre le terrorisme.

J’ai donc fait deux déploiements en zone de combat avec cet escadron, en 2005 et 2007.

— Revenons à 2004, quand tu volais au large de San Diego. Peux-tu nous planter le décor avant qu’on entre dans l’histoire du “Tic-Tac” ? Pourquoi les pilotes sont-ils là-bas ? Que faisaient-ils dans cette zone ?

On a, encore une fois, cet incroyable avantage d’avoir les ressources, l’espace, les zones de manœuvres, et la possibilité de faire des entraînements intensifs avant nos opérations.

Donc en novembre 2004, j’étais avec les VFA-41 Black Aces, volant depuis l’USS Nimitz, et on était en phase de préparation au déploiement. On se préparait à partir au printemps suivant, donc on s’entraînait, on répétait — exactement comme on le ferait dans un sport. On faisait des sortes de matchs d’entraînement entre nous, on simulait des scénarios, puis on regardait les enregistrements pour voir ce qu’on pouvait améliorer : nos manœuvres, notre coordination autour du porte-avions, les phases de lancement et de récupération des avions — tout est très technique et calibré pour être aussi efficace que possible.

Ce jour-là, c’était un vol tout à fait classique. On devait faire nos manœuvres, revenir, se poser, puis recommencer plus tard dans la soirée et le lendemain. C’était ce cycle permanent de préparation.

Mais on a été surpris lorsqu’après le décollage, on a reçu une consigne pour se dérouter de notre zone de vol prévue. Normalement, avant chaque vol, on définit des points de rendez-vous et des zones de combat simulé — genre “les bleus vont ici, les rouges vont là, on se fonce dessus, puis on retourne à nos positions”.

Donc là, on était encore dans la phase administrative du vol : vérification du niveau de carburant, des systèmes, une gorgée d’eau, on se préparait mentalement à entrer dans notre phase d’entraînement… quand on a reçu un vecteur vers une autre zone de l’espace aérien — toujours dans la région — pour aller observer un contact réel.

Et je ne pense pas que le contrôleur s’attendait à ce qu’on voie quelque chose. Je crois qu’il a été aussi surpris que nous quand on a intercepté — ou eu un “merge”, comme on dit — quelque chose de bizarre… que, encore aujourd’hui, je ne peux pas expliquer. Je ne peux pas l’identifier. Et donc, par définition, c’est un objet volant non identifié.

— Raconte-moi le moment où tu t’es approchée de cet objet. Qu’est-ce que tu as vu en premier qui t’a fait dire : « C’est quoi ce truc ? »

Alors, j’étais toute nouvelle dans l’escadron. J’étais lieutenant junior gradeet j’étais l’ailière du commandant de l’escadron, le commandant David Fravor. Il avait un lieutenant expérimenté dans son siège arrière, et moi j’avais un chef de département, un lieutenant-commandant, dans mon siège arrière.

Donc moi, j’essayais juste de rester accrochée, de ne commettre aucune erreur, d’être une bonne ailière — c’est-à-dire ne pas perdre de vue son leader, ne pas le heurter, ne pas se perdre, et être là comme soutien.

Quand on est arrivés sur le merge plot — c’est le point où les échos radar se rejoignent — on est passés d’une lecture des instruments à une recherche visuelle. On a commencé à scanner l’horizon, à regarder autour de nous.

Et là, l’un des quatre a crié : “Regardez dans l’eau !”

Et quand j’ai regardé vers le bas, j’ai vu une sorte d’agitation étrange à la surface de l’eauL’océan était par ailleurs parfaitement calme. Et au milieu, il y avait une zone de mousse blanche qui bouillonnait… sans source apparenteIl n’y avait ni navire, ni objet visible, rien qui semblait causer ce mouvement.

Et si ce n’avait été pour cette agitation dans l’eau — je ne sais pas si c’est lié — mais sans ça, je n’aurais probablement pas su où regarder pour repérer l’objet… ce fut mon point d’ancrage visuel.

Je ne pense pas que j’aurais repéré l’OVNI lui-même si je n’avais pas vu cette agitation dans l’eau, parce qu’il a volé très près de ce point, et c’est à ce moment-là que j’ai vu cette chose étrange qu’on a… affectueusement surnommée le “Tic-Tac”, parce qu’elle ressemblait à un petit bonbon à la menthe.

Et quand je dis “petit”, je parle de l’apparence à distance. En réalité, on a estimé que l’objet faisait à peu près la taille du fuselage de notre propre avion — donc environ 9 à 12 mètres de long. Il était lisse, exactement comme un bonbon Tic-Tac : blanc mat, sans fenêtres, sans surfaces de contrôle de vol visibles, sans aucune forme apparente de propulsion.

Quand on s’entraîne, on apprend à repérer des missiles sol-air, d’autres appareils, et on apprend à scanner avec attention pour identifier des motifs de peinture, des formes reconnaissables. On cherche des traînées de fumée, de condensation, des éléments qui nous aident à comprendre ce que c’est, d’où ça vient, et quelles sont ses intentions.

Et dans ce cas précis, rien de tout cela ne faisait sens.
Donc on s’est tous très vite excités à la radio, on se parlait entre les deux avions, dans nos cockpits respectifs, et aussi avec les contrôleurs aériens responsables de la zone d’exercice militaire.

— D’après ce que je comprends (et corrige-moi si je me trompe), l’objet était juste au-dessus de la surface de l’eau, puis à un moment il serait monté à environ 80 000 pieds très rapidement. Tu peux me décrire ce moment-là ?

Non seulement cet objet avait une apparence étrange, mais en plus, on ne comprenait pas du tout comment il volait.
Encore une fois, on cherche normalement des ailes, des gouvernes, des traînées… des repères qui nous permettent de comprendre la direction de vol, la méthode de propulsion, et surtout de savoir comment nous, on pourrait prendre l’avantage tactique. Est-ce qu’il vire lentement ? Est-ce que je peux prendre un meilleur angle pour tirer, si jamais il le faut ?

Alors non, on n’était pas armés ce jour-là, on était en entraînement au large de San Diego. Mais ce sont des réflexes qu’on a tout le temps. On pense en permanence : Est-ce que je peux l’abattre ? Est-ce que je peux le prendre en chasse ?

Et dans ce cas-là… on ne comprenait pas ce que c’était, ni comment ça se déplaçait. Il changeait de vitesse, de direction, d’angle — d’une manière qui n’avait aucun sens. Ça ne respectait pas les lois de la physique, ni celles de la gravité, ni les règles d’aérodynamique qu’on étudie et sur lesquelles on fonde littéralement notre vie ou notre mort dans l’aviation militaire.

— Est-ce qu’il y a eu une estimation de la vitesse maximale qu’il a atteinte durant cette rencontre ?

Alors, dans notre avion, on n’a pas pu le “locker” au radar — on n’a eu qu’un contact visuel.
Un autre appareil de notre escadron a volé dans le cycle suivant et a obtenu les fameuses images FLIR (infrarouge), celles en noir et blanc, granuleuses, que vous avez peut-être vues.

Mais c’est un contrôleur radar à bord de l’USS Princeton (un autre navire du groupe) qui a détecté cette “anomalie” : une tache radar avec des vitesses et altitudes qui ne faisaient aucun sens. Et je regrette qu’on ne nous ait pas informés avant le décollage qu’ils voyaient ça.

Je pense qu’eux-mêmes pensaient que c’était un bug du système radar. À ce qu’on m’a dit, ils ont carrément redémarré le système, comme on le ferait avec un ordinateur.

Nous, on a été les premiers avions à décoller après qu’ils ont eu commencé à voir ces signaux bizarres. Et c’est pour ça qu’ils nous ont donné un vecteur vers cette zone — pour vérifier s’il y avait quelque chose. Et encore une fois, je pense qu’ils ont été aussi surpris que nous de découvrir qu’il y avait réellement quelque chose là-bas.

En ce qui concerne la vitesse et l’altitude…

Je ne peux pas vraiment parler des vitesses ou altitudes précises, sauf pour dire que c’était suffisamment étrange pour qu’ils nous redirigent vers cette zone afin de vérifier ce qu’il se passait.

— Tu disais que cet objet faisait des virages. De quel type de virages on parle ici ? Des virages serrés à angle droit ?

Alors, si tu as déjà conduit un bateau, ou même une voiture, tu sais qu’un virage prend de l’espace. Il y a un rayon de virage nécessaire pour changer de direction. C’est la même chose en vol. On peut tirer des virages avec beaucoup de G pour réduire ce rayon, mais il y a une limite à ce qu’un appareil peut encaisser.

Quand on parle de “pousser l’enveloppe” (pushing the envelope), ce n’est pas juste une expression : c’est littéralement un graphique dans nos manuels d’aérodynamique, qui montre jusqu’où on peut aller en fonction de la charge en G, de l’angle d’attaque, du poids, de la configuration de l’appareil, etc.

On est très sensibles à ces limites, parce qu’on vit (et meurt) en fonction de ces règles.

Et cet objet volant non identifié ne respectait aucune de ces règles.

Il tournait, de ce qu’on a vu à l’œil nu, de manière instantanée. Il changeait de vitesse, d’altitude et de direction… sans passer par les manœuvres habituelles, sans faire les contorsions qu’on est obligés de faire.

Il ne suivait pas le ballet aérien complexe qu’on répète en combat aérien rapproché (le Basic Fighting Maneuvering, le dogfighting).

Donc à la fois, on était inquiets, et en même temps, impressionnés, au point de se dire :

“Mais… qu’est-ce que c’est que ce truc ?
Comment il fait ça ?”
“Et… j’aimerais bien pouvoir faire pareil…”

— C’est intéressant, car on dirait que tu en parles comme si c’était un humain qui pilotait cet objet…

Je ne pars du principe que personne ne le pilotait. Je ne fais aucune hypothèse à ce sujet.

Les gens me demandent souvent : “Est-ce que c’était extraterrestre ? Est-ce que c’est autre chose ?”

Et je me tiens à la définition littérale : objet volant non identifié.

C’est non identifié.

On ne sait pas ce que c’était, ni ce que ça faisait là.

Mais ce qui est sûr, c’est qu’on a tiré la sonnette d’alarme sur le moment.

On criait à la radio, on essayait de joindre n’importe qui pour qu’on nous écoute.

Et une fois rentrés sur le porte-avions, on a tout rapporté, on a fait un débriefing, et on a dit :

“Il y a quelque chose là-dehors. On est en plein exercice militaire.

On est au large de la Californie.

On est après le 11 septembre.

C’est encore très réel et très présent dans nos esprits.

Est-ce qu’on ne devrait pas enquêter sérieusement ?

Est-ce qu’on ne devrait pas rediriger des ressources pour comprendre ce que c’est ?”

Parce que si c’est un adversaire qui nous espionne, ou qui fait de la surveillance (ISRintelligence, surveillance, reconnaissance), eh bien…On voudrait le savoir, non ?

Et si c’est hostile, alors là, on DOIT le savoir.

Je ne peux pas dire ce que c’était, ni d’où ça venait, ni comment ça bougeait de cette manière.

Tout ce que je peux dire, c’est : “C’était étrange.”

Et ça valait vraiment le coup d’être étudié.

Surtout à ce moment-là.

Je sais que j’ai parlé plus tôt de la compétence, du professionnalisme et de la supériorité de notre armée — mais ça, ça a été (et ça reste) une faille dans notre domination.

Parce que ça ne rentre dans aucune case classique.

Et je pense que c’est pour ça que la chaîne de commandement, à l’époque, a réagi comme elle l’a fait :

“Ouais… c’était bizarre.
On ne sait pas ce que c’était.
Mais on a un boulot à faire.
On a un déploiement à préparer.
Faut rester concentrés.”

Une des raisons pour lesquelles j’ai accepté de faire plusieurs interviews sur ce sujet, c’est parce que je veux défendre l’idée qu’un militaire, quand il voit quelque chose d’étrange, devrait avoir un moyen de le signaler.

Pas pour alimenter des théories du complot sur les extraterrestres ou autre, mais pour dire :

“Quand tu es en entraînement, ou en mission, tu devrais pouvoir signaler une anomalie.
Pas seulement ton expérience personnelle,
mais aussi les données radar, les images FLIR, les photos haute résolution, tout ce que tu as.”

Et comme ça, on pourrait créer une base de données, exploitable grâce à l’intelligence artificielle et aux technologies sophistiquées dont on dispose aujourd’hui — pour qu’on puisse trouver les aiguilles dans la botte de foin, et transformer les objets non identifiés… en objets identifiés.

— Qu’est-ce que tu penses que c’était ?

Je n’en ai aucune idée. Les gens me posent tout le temps cette question, et honnêtement, je ne sais vraiment pas.

Et… je m’en fiche un peu, en fait.

Sur le moment, oui, je m’en suis souciée, parce que ça pouvait représenter un risque pour la sécurité du vol, ou même un cauchemar à la 11 septembre.

Tous ces gens à San Diego, à Los Angeles, au large de la Californie… ça donne un sentiment de vulnérabilité extrême de savoir qu’il y a quelque chose dans notre espace aérien qu’on ne peut pas identifier, surtout quand un contrôleur te dit :

“J’ai besoin que tu ailles voir ce que c’est, que tu aies un visuel, et que tu me dises ce que tu vois.”

C’est très déstabilisant dans l’instant.

Alors on y est allés, on a vérifié, et on a dit :

“C’est bizarre. On ne sait pas ce que c’est, ni ce que ça fait, ni comment ça le fait.”

On est revenus sur le porte-avions.

Rien ne s’est passé de grave.

Personne n’a été blessé.

Aucun dégât.

Et j’ai continué ma vie, ma carrière.

Donc non, je ne perds pas le sommeil à cause de ça.

On me demande souvent : “Est-ce que ça te hante ?”
“Est-ce que tu as mené ton enquête perso après ?”

Non.

Je ne l’ai pas fait.

J’ai fait plein d’autres choses dans ma vie.

J’ai été déployée en Afghanistan, les pieds sur le terrain.

J’ai eu trois enfants.

J’ai eu un cancer du sein.

J’ai vécu beaucoup de choses qui, pour moi, méritent toute mon attention.

Mais quand on me le demande, je parle.

Je donne des interviews.

Je raconte l’histoire.

Et je défends l’idée qu’il faut avoir un bureau — une structure — pour ça.

Aujourd’hui, on l’appelle l’AARO (All-domain Anomaly Resolution Office) — c’est la version actuelle du bureau du Pentagone qui enquête sur les OVNIs.

Et je pense que c’est une bonne idée.

Je ne sais pas s’ils ont encore trouvé la bonne formule, mais au moins, on essaie de combler cette faille de vulnérabilité qu’on a connue il y a 20 ans.

Il faut se demander :

Comment faire en sorte que les militaires se sentent soutenus et encouragés à signaler ce genre de chose ?

Est-ce qu’il y a un numéro d’urgence, façon 911 ?

Un portail web ?

Et qu’est-ce qui se passe une fois que l’info est envoyée ? Où est-ce que ça va ? Qui l’analyse ? Que fait-on avec les données ?

Et c’est là que je boucle la boucle, et que je reviens à mon lycée en sciences et mathématiques.

On pourrait croire que ça nous a appris à ne croire qu’en ce qui est prouvé scientifiquement. Et c’est vrai.

Mais on a aussi appris que la science naît de la curiosité.

Qu’on ne peut pas se reposer sur nos acquis.

Et qu’on ne doit jamais être arrogants au point de croire qu’on comprend déjà tout.
Sinon… on n’avance pas.

Je pense aux premières greffes d’organes humains.

Elles n’ont eu lieu que dans la seconde moitié du XXe siècle. Avant ça, c’était de la science-fiction, du Frankenstein.

L’idée de prendre ton cœur et de le mettre dans ma poitrine ? C’était vu comme une folie, une hérésie. Le complexe de Dieu.

Et maintenant ? Je vais au bureau du permis de conduire, on me demande : “Tu veux être donneuse d’organes ?”

Et je coche la case comme si ce n’était rien du tout.

Je ne renverse pas la table en criant à l’atteinte à la dignité humaine.

C’est normal, presque banal.

Donc ce qui était impensable pour une génération devient évident pour la suivante.

Et moi, je souhaite — je ne fais pas que l’imaginer, je souhaite vraiment — qu’on ait encore plein de miracles à venir.

En découvertes.

En technologie.

En compréhension.

Je ne sais pas ce qu’on a vu ce jour-là.

Tu ne vas pas m’entendre dire : “C’était extraterrestre”, ou “C’était ceci ou cela.”

Parce que je ne sais pas.

Mais… ça ne veut pas dire que je ne suis pas ouverte d’esprit.

Et si un jour, on découvre que c’était quelque chose d’extraordinaire, d’un autre monde, d’une autre dimension, quelque chose qui brise les paradigmes actuels

Eh bien, je serais prête à l’accepter

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