Apparition de Marie à saint Hyacinthe selon
Lodovico Carracci.
Une apparition mariale est une vision de Marie, mère de Jésus. La tradition populaire rapporte de nombreuses apparitions mariales mais l'Église catholique romaine n'en a reconnu que seize jusqu'à présent.
Historique
Pendant son pontificat, Libère (352-366), à la suite de l'offre d'un
mécène de construire une chapelle dédiée à Marie, aurait vu cette dernière en un songe lui indiquer le lieu où il devrait construire l'édifice.
La basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome fut construite
par la suite sur le lieu de cette chapelle Sainte-Marie-des-Neiges.
Dès le Moyen Âge, les miracles attribués à la Vierge se multiplient et sont publiés dans de nombreux recueils, l'un des plus célèbres étant les Les Miracles de Nostre Dame de Gautier de Coincy, au début du XIIIe siècle.
Souvent, ces miracles aboutissent à la construction
d'églises ou d'ermitages, où d'autres miracles auraient lieu par la suite.
Dans la plupart des apparitions précédentes, la Vierge se manifestait généralement en rêve. À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, elle apparaîtrait « en personne » en divers endroits.
En 1251, à Londres, Notre Dame du Mont-Carmel apparaît à saint Simon Stock, supérieur général des Carmes, et lui remet le scapulaire avec cette promesse : « Quiconque mourra revêtu de cet habit sera préservé des flammes éternelles. »
Cette dévotion fut grandement encouragée et favorisée par l'Église au cours des siècles.
Notre Dame de Guadalupe aurait ordonné la construction d'une église en 1531 à un pauvre Indien à Tepeyac au Mexique.
En France, dans les Alpes, lors d'une apparition en 1664 à Saint-Étienne-le-Laus, Marie se serait présentée à Benoîte
Rencurel, une bergère de 17 ans et aurait dit : « Je suis Dame Marie, la Mère de Jésus. »
Au mois de mai 1682, à Alan (aujourd'hui Haute-Garonne), la Madone se serait présentée à la jeune Madeleine Serre, alors que celle-ci était tombée dans un trou, et elle lui aurait demandé de construire une chapelle ; la chapelleNotre-Dame-de-Saint-Bernard est finalement construite en août 1689.
Apparitions reconnues par l'Église catholique
Selon Frédéric Lenoir, l'Église catholique n'a officiellement reconnu que seize apparitions sur 21000 recensées
depuis l'an mille par les experts de la 42e semaine mariale à Saragosse en 1986 .
Selon l'historienne Sylvie Barnay, il n'y en aurait que douze .
D'une manière générale, selon le catholicisme, les « apparitions » ne constituent pas un « article de foi ».
Ainsi, le cardinal Roger Etchegaray a rappelé que la croyance en la réalité des apparitions mariales ne faisait pas partie des dogmes de la foi catholique :
« Nul chrétien n’est obligé en conscience de croire à une «
apparition », même officiellement reconnue.
L'Église ne se gouverne pas à coups d’apparitions et de révélations particulières. L’Église ne cautionne jamais des voyants mais des croyants ; elle reconnaît des lieux de pèlerinage et de renouveau de la foi mais se prononce très rarement sur l’authenticité des « apparitions » qui les ont fait naître. »
Des normes pour évaluer les apparitions ont été établies et approuvées par le pape Paul VI le 24 février 1978 .
Liste des seize apparitions reconnues par l'Église catholique
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Cette liste ne serait pas exhaustive, d'autres phénomènes sont parfois évoqués :
• L'apparition à saint Simon Stock en 1251, largement approuvée par les papes au long des siècles sur le rôle du
Scapulaire (vêtement).
• Notre-Dame-de-Grâces (Cotignac, aujourd'hui dans le Var) en 1519 ; le pape Léon X accorde d'importantes faveur au sanctuaire par une bulle de 1521 ; l'évêque actuel y préside fréquemment des cérémonies .
• En 1536, apparition au bienheureux Antonio Botta à Savone[8] . Le pape Benoît XVI s'y est rendu le 17 mai 2008 .
• Paris, rue du Bac, en la Chapelle Notre-Dame-de-la-Médaille-miraculeuse à sainte Catherine Labouré en 1830.
• Le 9 octobre 1859, Adèle Brice, une jeune femme belge, affirme que la Vierge lui est apparue à Champion (Robinsonville) dans le Brown County, au nord-est de Green Bay dans le Wisconsin (États-Unis). Une chapelle est construite sur ce lieu en l'honneur de « Our Lady of Good Help ». La chapelle actuelle a été consacrée en 1942; elle est gérée par le diocèse. La dévotion populaire se maintient depuis cent cinquante ans, et l'évêque du diocèse de Green Bay a promulgué un décret d'approbation des apparitions le 8 décembre 2010 après une enquête de près
de deux ans.
• Tout au long de 1876, Notre-Dame de Pellevoisin apparaît quinze fois à Estelle Faguette, lui accorde la guérison et lui confie le scapulaire du Sacré-Coeur. Dès 1877, l’archevêque de Bourges autorise le culte public à Notre-Dame de Pellevoisin.
• En 1879, à Knock (Irlande), le curé, Monsignor James Horan, a fait construire un nouveau sanctuaire (1967). Le pape Jean-Paul II s'y est rendu pour commémorer le centenaire de l'apparition en 1979, et a érigé le sanctuaire en basilique.
Apparitions non reconnues par l'Église catholique
Les apparitions non reconnues sont en étude ou considérées par l'Église catholique comme pouvant être ou non l'oeuvre du diable, ou le fruit de l'imagination des « voyants », ou l'invention de mythomanes se faisant passer pour voyants.
Une centaine sont dans l'état d'« étude en cours » par l'ordinaire du lieu, puis par l'Église catholique.
Pour prononcer un tel jugement, l'Église se fonde sur quatre critères principaux :
• la conformité du message avec la Sainte Écriture ;
• la communion avec l'Église ;
• la cohérence entre messagers et message ;
• les fruits spirituels de conversion.
Certaines apparitions anciennes peuvent aussi comporter une
incertitude.
• Le 15 avril 1240, la Vierge serait apparue aux sept fondateurs de l'Ordre des Servites de Marie, leur aurait remis l'habit noir (et le scapulaire noir de Notre-Dame des Douleurs). Cet ordre (et le
scapulaire noir) ont été approuvés, et les sept fondateurs ont été
canonisés en 1888 .
• Bétharram
• Stanislas Kostka (1550-1568) s'est engagé dans la Compagnie de Jésus après une apparition mariale, selon la Vie de saint Stanislas Kostka parue à Lyon en 1836 .
• Le 23 juin 1859, soit un an après les apparitions de Lourdes, Marie, le Christ Bon Pasteur, saint Pierre et saint Jean seraient apparus à Arnaud-Guilhem, village du Comminges au nord de Saint-Gaudens, Haute-Garonne. Il y eut une affluence de pèlerins venus de nombreux diocèses. Le silence, la neutralité et la prudence furent imposés par l'archevêché de Toulouse le 5 octobre 1860. Il n'y eut pas d'examen approfondi. Par la suite, l'une des jeunes voyantes, devenue soeur Marie du Bon Pasteur au couvent du Dorat de Limoges (Soeurs de Marie Joseph et de la Miséricorde, visitant les prisonniers) aurait vu le Christ et la Vierge dans son monastère, entre 1870 et 1878, ainsi que le rapporte un manuscrit de 400 pages conservé à l'archevêché d'Auch. Le Christ aurait demandé que Marie de Nazareth soit invoquée sous le titre de « Notre-Dame d'Arnaud-Guilhem ».
• En 1900, à Liuhecun (dans le Shānxī, Chine), la Vierge Marie aurait été vue en haut des tours de l'église, et aurait repoussé à plusieurs reprises les attaques des Boxers. C'est le village le plus catholique de Chine .
• Dans son livre "Quand La Gestapo Traquait Les Apparitions", Joachim Bouflet (qu'on ne peut suspecter de complaisance envers les apparitions) rapporte qu'il y a eu diverses apparitions de la Vierge en Allemagne durant la période nationale-socialiste (1933-1945) : complètement méconnues du public francophone, et pourtant remarquables ; les unes ont été discrètes, d'autres, aujourd'hui encore, attirent des dizaines de milliers de pèlerins
chaque année.
D'une manière générale, elles ont amené leurs protagonistes et ceux qui en étaient témoins, à s'engager contre le régime, parfois au péril de leur vie. Elles ont été pour beaucoup source de réconfort et d'espérance dans l'épreuve, et ont permis aux fidèles de faire une lecture spirituelle de leur histoire et de celle de
leur patrie, les encourageant à en défendre les valeurs contre le totalitarisme nazi.
• Des apparitions mariales sont rapportées à Garabandal en Espagne à partir de 1961. Après des années d'enquêtes, les évêques successifs de Santander concluent à leur non-existence et à leur explication naturelle . Le Saint-Siège, par le biais de la Sacrée Congrégation pour la doctrine de la foi, estima qu'il n'avait pas à intervenir puisque la question avait été « examinée minutieusement » . En outre, en 1984, une des voyantes, à ce moment âgée de 34 ans, signale une rétractation dans laquelle elle précisait que les apparitionsavaient été une plaisanterie montée par une autre des voyantes .
• En avril 1968, Marie de Nazareth serait apparue sur des églises
coptes à Zeitoun en Égypte. Ces apparitions qui furent photographiées ont duré trois ans, devant un public
atteignant jusqu'à 250000 personnes . Dix-huit ans plus tard, des apparitions similaires se produisirent toujours au Caire, mais cette fois dans une église du quartier de Shoubra, qui firent à nouveau l'objet de photographies.
• Des apparitions auraient lieu à El Escorial (à 45 kilomètres au nord-ouest de Madrid), généralement le premier samedi de chaque mois, sur le Pré Neuf (Prado Nuevo), depuis le 14 juin 1981, avec des messages pour le monde jusqu'en mai 2002. Depuis cette date, la Vierge continuerait d'apparaître à Luz Amparo Cuevas ; elle ne donnerait plus de messages pour le monde, mais tiendrait à faire sentir sa présence, et bénirait les personnes et les objets le premier samedi du mois. L'archevêque de Madrid est favorable, et a approuvé diverses fondations issues de ces apparitions : religieuses dévouées au soin des personnes âgées, nombreuses vocations sacerdotales, communautés de familles. Il a autorisé la célébration de la messe à côté du lieu des apparitions .
• La Vierge Marie serait encore apparue à partir du 24 juin 1981 à des jeunes gens de Međugorje, petit village de Bosnie-Herzégovine.
L'Église catholique romaine, concernant ces phénomènes, se réfère au « non-constat de supernaturalitate » de la Déclaration de Zadar donnée par la Conférence des évêques de l'ex-Yougoslavie dans son rapport du 10 avril 1991 :
« Sur la base des recherches effectuées jusqu'à présent, il n'est pas possible d'affirmer le caractère surnaturel de ces apparitions ou révélations. » . Toutefois, divers groupes de pression
tentent depuis cette date de faire croire le contraire, ce qui a conduit le cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, à publier un démenti : le 22 juillet 1998, il met un terme aux rumeurs de bienveillance papale dans une lettre en allemand :
« Je dois vous dire que toutes les déclarations (positives) sur Medjugorje, que certaines personnes attribuent au pape et à moi-même, sont de pures inventions. »
• À Schio, province de Vicenza, à l'ouest de la Vénétie (Italie), Renato Baron (1932-2004) aurait bénéficié de nombreuses apparitions de la Vierge Marie et de Jésus, de 1985 jusqu'à son décès. Plusieurs fois élu conseiller municipal de la ville de Schio, il fut aussi responsable des travaux publics de la ville. Autour de ces apparitions, un important sanctuaire (et un mouvement international) s'est développé à San Martino de Schio : Regina
dell'Amore] . Le 15 juin 1998, l'évêque de Vicence, Mgr Pietro Nonis déclare officiellement que l'enquête ecclésiale n'a pas permis de démontrer que le phénomène est d'origine surnaturelle.
Aussi, les pèlerinages et les célébrations officielles n'y sont pas autorisés .
• Des apparitions mariales sont alléguées à Montréal (Canada) de 1998 à 2005 ?
• À Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise), en France, dans une famille orthodoxe, Mme Sevim (ou Samira en arabe)
Altindagoglu déclare avoir bénéficié en 2010 d'apparitions de Marie, ainsi que de Jésus et de saint Michel. Une icône de Marie pleurerait de l'huile depuis le 12 février 2010.
Apparitions condamnées par l'Église catholique
Plusieurs apparitions se présentant comme mariales ont été condamnées par l'Église catholique. Les condamnations
jugent :
• soit que l'apparition est en fait une hallucination ou un autre phénomène naturel,
• soit une supercherie,
• soit encore une apparition diabolique qui se fait passer pour mariale.
Citons pour exemple la prétendue apparition de Notre-Dame d'Espis qui a été condamnée par l'Église catholique le
10 avril 1947.
Le 1er mai 1950, le pape Pie XII reçoit en audience secrète Gilles Bouhours, le principal voyant d'Espis, mais il ne lève pas les censures. Le 7 décembre 1950, Mgr de Courrèges ordonne qu'on n'aménage pas de signe extérieur de culte sur les lieux des apparitions d'Espis sous peine d'excommunication. Récemment, les pseudo-apparitions suivantes se sont ajoutées à la liste des apparitions condamnées par l'Église:
• À Manduria, Italie, de 1992 à aujourd'hui, Debora Moscogiuri prétend avoir des visions de la Vierge de l'Eucharistie et de Jésus. Autour de ces soi-disantes apparitions, un sanctuaire appelé Celeste Verdura et un mouvement pour la jeunesse s'est développé . En 1997, l'évêque d'Oria, Mgr Armando Franco, condamne fermement l’authenticité du phénomène car, entre autres, plusieurs messages sont hérétiques. Il interdit toute
publicité et tout pèlerinage. Les religieux qui y administrent des sacrements ou célèbrent des messes s'exposent à des sanctions ecclésiastiques . Cette décision a été confirmée par ses successeurs .
• À Naju, en Corée, apparitions à Julia Youn Kim, une mère de famille. À partir du 30 juin 1985, une statue de Marie aurait pleuré des larmes de sang . Depuis cette date, des phénomènes extraordinaires auraient continué, y compris en février 2010 sur le territoire du Vatican. Cependant, après avoir étudié le phénomène, l'archidiocèse a interdit aux fidèles de se rendre aux cérémonies organisées par Julia Youn, à plusieurs reprises
(1998, 2003 et 2005). Le 21 janvier 2008, l'archevêque Andreas Choi Chang-Mou de Kwangju a publié le décret d'excommunication de Julia Youn et de ses adeptes.
Cette décision a été approuvée par la Conférence des évêques
de Corée .
• Veronika Lueken prétend voir apparaître la Vierge Marie et des saints catholiques à New York entre 1970 et 1995. Le 4 novembre 1986, l'évêque de Brooklyn Francis Mugavero publie une déclaration dans laquelle il conclue à l'inauthenticité du phénomène et évoque notamment des contradictions avec les enseignements de l'Église catholique .
Analyse des sceptiques
Pour certains sceptiques, de telles apparitions ne seraient que des hallucinations ou la « projection à l'extérieur, spatialisée, d'un contenu psychique », expressions de la croyance du
« voyant ».
D'autres encore les attribuent à un phénomène psychologique appelé pareidolie impliquant un stimulus vague et indéterminé, souvent visuel, faussement perçu comme reconnaissable.
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